Analyses & psychologie du jeu,  Écologie,  Jeux de plateau

Jeux Kleenex : Rentabilité ou Mirage Économique ?

🌿 Jeux Kleenex : Rentabilité et écologie en question. Décryptez cette tendance des jeux de société jetables et leurs enjeux. 🕵️‍♂️


Les Jeux Kleenex

La question s’est peu à peu imposée à moi depuis quelques mois. Ne nous voilons pas la face : pour la plupart d’entre nous, l’argent reste le nerf de la guerre. Je vais donc parler d’argent et creuser le sujet en vous proposant ma vision très, voire trop, subjective. Très pragmatique sur l’ensemble, je nuance toutefois en conclusion de l’article.

N’étant ni auteur ni éditeur, mais simplement passionné de jeux, cette analyse ne peut être que partielle sur certains points qui me sont clairement inconnus. J’attends donc avec impatience vos commentaires, certainement plus éclairés, sur ces zones d’ombre.

Je vous propose donc un billet d’humeur plutôt qu’une analyse professionnelle. C’est mon ressenti de joueur qui parle ici.

Un jeu Kleenex : c’est quoi ?

Un jeu de société Kleenex est un jeu qui se joue une seule fois ou un nombre limité de fois, car il perd de son intérêt ou de sa rejouabilité après avoir découvert son scénario ou ses énigmes. C’est une expression qui fait référence à la marque de mouchoirs jetables Kleenex. Par exemple, certains jeux de société à usage unique demandent aux joueurs et aux joueuses de découper, de coller, de gratter ou de déchirer des cartes, des pions, des plateaux, etc.

Je simplifierai en utilisant le terme « Kleenex » pour la suite.

La genèse : mais pourquoi cette question ?

L’origine de ce questionnement remonte juste après le premier confinement de 2020. Travaillant en restauration, devant rester chez moi sur ordre de l’exécutif, je me suis mis à jouer plus qu’à l’habitude.

Histoire de tenter quelque chose d’inconnu, je me suis lancé dans Time Stories avec ma compagne et notre fille aînée. Cette dernière n’étant pas fan des jeux compétitifs, la coopération semblait une bonne idée.

Me voici donc en recherche de la boîte de base, lorsque je découvre qu’il n’y a qu’un scénario dedans. Et une fois joué, l’histoire étant connue, quoi en faire ?

À l’époque, la boîte de base se trouvait aux alentours de 44€. Sachant que chacun des 8 scénarios suivants étaient vendus environ 24€, le budget total pour le jeu complet avoisinait les 235€. Pour 9 parties et ensuite… sur les étagères !

Je n’avais ni l’envie ni le budget jeux pour investir une telle somme. Donc je me suis mis en quête de perles rares sur le marché de l’occasion. Cela m’a pris 9 mois au final pour obtenir, lors de négociations serrées et avec un peu de chance, l’ensemble de la gamme. Pour environ 130€ quand même !

Je ne parle pas ici de la qualité du jeu mais de sa « valeur ludique » au final. Deux choses différentes.

C’est justement le point de départ de ma réflexion en deux temps : les jeux Kleenex sont-ils rentables, d’abord pour les joueureuses que nous sommes et ensuite pour les éditeurs.

Une règle générale

Hormis son côté utilisation unique, l’une des grandes idées de ce type de jeu c’est d’avoir des règles minimes. Pas de pavé de 30 pages à lire en amont, à comprendre, à intégrer, et surtout à expliquer en détails aux autres joueureuses.

Les jeux kleenex : pour qui ?

Quel est le public de ce genre de jeux ?

  1. Les joueureuses aimant le jeu narratif tout d’abord, avec les ancien·ne·s rôlistes reconvertis en tête. Le ton est lancé avec notre article sur le sujet. Parmi ceux que je connais dans la liste proposée, 8 peuvent être classés en Kleenex. Vivre un scénario, une histoire de l’intérieur en ayant chacun·e sa part d’influence. L’imagination est au programme et les histoires du coucher de notre enfance ne sont pas très loin. Madeleine de Proust garantie !
  2. Les joueureuses plus casual. Les « purs et durs » préfèreront plutôt un jeu stratégique avec une montée en puissance de la difficulté et un contrôle quasi chirurgical de leurs actions. On en connaît de notre côté des comme ça ! Pour profiter d’un petit jeu de temps en temps, même si les plus gros peuvent durer quelques heures, c’est une bonne solution. Je validerais surtout pour ne pas avoir de règles, ou très peu, à lire en amont.
  3. Le public familial. Pour passer un bon moment en famille sans trop se prendre la tête. Faire découvrir à la famille ou aux enfants autre chose que Trivial Pursuit, Cluedo et Monopoly. Pour les bouts de chou en particulier, les aider à développer leur réflexion, leur perception, leur culture générale (qui semble fortement en baisse !…) ainsi que leurs capacités oratoires.
  4. Les curieux. Dont je fais partie. Explorer régulièrement de nouveaux mondes, de nouvelles idées, avec de nouveaux systèmes les mettant en œuvre; c’est franchement top !

Les jeux Kleenex : comment ça marche ces trucs ?

Je vous propose un classement en 3 types de jeux Kleenex :

Jeux Kleenex jetables : 2 catégories ( petits & gros )

Unlock!, MicroMacro City Crimes, Exit, Time Stories, Mortum, Roll Player Adventures, Cartaventura, Gen7, et autres Sherlock Holmes Detective Conseil. Tous en sont de bons exemples, qu’ils soient courts ou beaucoup, beaucoup plus longs… La plupart ont été chroniqués dans nos colonnes. Ce sera donc l’unique fois où je mettrais les liens.

L’ensemble de ces gameplays tourne autour d’un même principe : l’exploration d’un deck ou d’un livret à multiples entrées numérotées dans une ambiance Livre Dont Vous Êtes Le Héros.

On joue une aventure scénarisée qui nous sera connue par la suite : donc impossibilité d’y rejouer sans perdre en immersion/implication et seulement quelques fois de plus.

Le terme de kleenex reprend le principe de l’utilisation unique puis de la mise au rebu…je schématise, mais cela pose le principe ainsi que le problème : qu’en faire une fois la partie terminée ? J’y reviendrai un peu plus loin.

La rentabilité est en rapport avec le temps passé sur le jeu et le nombre de joueureuses autour de la table. Je prends l’exemple de Time Stories sur 2 différents scénarios pratiqués lors du Cycle Blanc (la première mouture du jeu). Il est particulièrement parlant et c’est aussi parce que, pour moi, c’est clairement LE jeu ayant lancé la tendance kleenex.

The Marcy Case : scénario joué en 2 Run, sur un temps global d’environ 1h30 pour 2 joueureuses .

La Prophétie des Dragons : scénario joué en 5 ou 6 Run (et oui…on peut ramer certaines fois…) sur environ 4h30 pour 3 joueureuses.

Le prix des boîtes neuves est le même, environ 22€. Le premier nous est revenu à 7€/h de jeu chaque joueureuse. Le second à environ 1,60€/h.

Je ne parle ici que de temps de jeu pur.

Jeux Kleenex réutilisables (Aka les Legacy)

Ces jeux narratifs racontent une histoire complète, changeant les règles et les enjeux en cours de partie. Une fois terminé, le jeu se transforme alors en une version très personnalisée du jeu de départ avec l’avantage de pouvoir en profiter encore et encore.

Mes trois exemples phares : Betrayal Legacy, Charterstone, Clank! Acquisitions Incorporated

Cette fois, on peut profiter du jeu pleinement et sereinement. Une fois la campagne finie, on range le jeu dans les étagères avec l’option de pouvoir y rejouer avec le même groupe ou un autre. Les règles seront cette fois à ingurgiter en une seule fois pour le néophyte, mais les joueureuses historiques n’auront qu’une piqûre de rappel à subir pour replonger dedans avec bonheur.

Les ressort-on ?

Pour ma part, c’est un oui pour la plupart d’entre eux et avec grand plaisir à chaque fois. Qu’en est-il pour le reste des joueureuses ?

On est ici dans une rentabilité classique de jeu de plateau : plus on l’utilise et plus il est rentable.

En revanche, puisque que nous sommes sur du Legacy, des éléments du jeu ont été modifiés parfois de manière irréversible (marquage au stylo, destruction de cartes, collage de stickers sur le plateau de jeu). Ce type de jeu est donc plus difficile à revendre. En effet, l’aspect immersion nous a été spoilé par un autre groupe de joueureuses. On n’est pas forcément motivé·e pour ce type d’achat d’occasion…

Ultime désavantage de ces jeux : on ne connaît qu’une partie de l’histoire. Nos choix auront mis directement hors jeu certains éléments créés auxquels nous n’auront plus accès par la suite… Hormis le fait de détester ne pas tout savoir d’une histoire, fabriquer des éléments pour les mettre directement à la poubelle sans les utiliser n’est franchement pas une démarche actuelle. Ce n’est pas du wokisme, c’est juste du bon sens !

Une bonne idée intermédiaire est la non-destruction des éléments retirés, mis à part, et la remise à niveau possible après la campagne.

Jeux Kleenex 2.0

Ces jeux qui nécessitent une connexion internet ou une application pour être joués.

À mi-chemin entre les kleenex jetables et Matrix. Jetant un pont encore plus ténu entre le monde des jeux de plateau et celui des jeux de rôle.

Destinies, Detective, Dune House Secrets, Erune, Chronicles of Crime et ses suites. Bientôt The Dark Quarter et bien d’autres. Ce qui est nommé « Digital Hybrid » par Lucky Duck Games, un pionnier du genre, est en passe de prendre de plus en plus de place sur nos étagères…oups pardon, sur nos tables.

Ils racontent eux aussi une histoire scénarisée avec encore plus de détails que leurs grands frères.

Leurs différentes applications, nécessaires pour jouer, permettent une immersion plus profonde. Musiques, détails visuels, renseignements supplémentaires à trouver, background plus profond, arborescence plus large sur les possibilités de décisions, gestion des règles par IA. Ils apportent des facilités d’utilisation aux joueureuses de tout bord. Mais une fois l’aventure terminée, on se retrouve dans le même cas de figure qu’avec les jeux kleenex classiques : stocker, jeter ou recycler ?

À cette même question, des réponses plus nuancées dans les deux directions.

Le mauvais côté : Ils nécessitent un accès à un site (le plus souvent celui de l’éditeur ou créé par ce dernier) ou une application via smartphone ou tablette. Lorsque les différents supports ne sont plus entretenus, le jeu est amené à disparaître…

Autant si je laisse les boîtes d’Unlock! sur mes étagères les 25 prochaines années, je pourrais les ressortir pour y jouer avec mes petits-enfants. Je ne suis pas sûr de pouvoir faire la même chose avec ce type de jeu. Franchement dommage au vu de l’investissement.

Le bon côté : La mise à disposition de la communauté des clés des applis par les éditeurs eux-mêmes. Les exemples les plus parlants restent pour moi Chronicles of Crimes et Destinies, tous deux chez Lucky Duck Games. Pour chacun de ces jeux, un éditeur de scénario existe. La communauté peut ainsi développer ses propres histoires avec tout le matériel physique existant et les mettre ensuite à disposition d’autres joueureuses.

Pour CoC, il existe une trentaine de scénarios supplémentaires en croisant les langues anglaise et française.

Pour Destinies, il en existe pour le moment 5 sur les mêmes bases (les 3 autres en polonais sont problématiques pour moi… )

Pour en revenir à la question de la rentabilité purement pécuniaire : boîte de base de Destinies 45€ pour 5 scénarios auxquels on ajoute les 5 supplémentaires « fanmade ». En terme de jeu : 45€ pour environ 15 à 20h de jeu pour 1 à 3 joueureuses. Entre 1 et 2€ l’heure de jeu par personne en moyenne.

Avec CoC et son amas de scénario bonus, la rentabilité est encore meilleure.

Beaucoup plus rentable qu’un film au cinéma avec le bonus d’être acteur de l’histoire et pas simple spectateur. Ce qui est essentiel pour le joueur que je suis.

Marché de l’occasion et impact écologique

On a beau se dire que c’est un loisir, à l’heure actuelle avec une crise écologique doublée d’une crise économique, l’impact d’une obsolescence programmée claire porte à réfléchir.

Pour reprendre le principe de l’EcoScore de notre site, cela n’est pas gratuit. Il y a plusieurs facteurs qui contribuent à l’impact écologique des jeux de société.

Les ressources utilisées pour leur fabrication comme le bois, le papier, le plastique et le métal, ont un impact environnemental important. De plus, les emballages et les déchets générés par la production et la vente des jeux peuvent aussi être problématiques. Les émissions de gaz à effet de serre liées au transport et à la production d’énergie sont également un facteur important, ainsi que la pollution de l’eau et des sols causée par les encres, les colles et les vernis.

Les jeux sont fabriqués le plus souvent en Chine pour des coûts de production plus rentables, puis importés par containers chez nous après avoir fait la moitié du tour de la planète en navires. Distribution par transporteurs routiers chez les logisticiens puis vers les différents points de ventes, virtuels ou en dur (brick & mortar, pour reprendre l’expression des foulancements).

Heureusement, les éditeurs de jeux de société peuvent prendre des mesures pour réduire leur impact écologique. Ils peuvent utiliser des matériaux plus écologiques, comme des matériaux recyclés, recyclables ou biodégradables. Ils peuvent également optimiser le design des jeux, en réduisant leur taille, leur forme ou leur quantité. Les circuits courts et les modes de transport moins polluants sont également à privilégier. Enfin, les éditeurs peuvent sensibiliser les joueurs à l’éco-responsabilité, en les encourageant à réutiliser les jeux, à les recycler ou à les donner plutôt que de les jeter.

Je pense tout particulièrement au label Eco Friendly Games. Il garantit une plus grande attention aux différents composants d’un jeu. Une petite goutte qui peut en rejoindre d’autres. Allez donc jeter un œil sur leurs propositions.

L’option la plus simple, une fois le jeu utilisé, est alors de le revendre via un site d’occasion. Cette pratique a le vent en poupe ces dernières années, je l’utilise d’ailleurs à loisir afin de ne garder en stock que des jeux nous plaisant.

C’est facile, rapide. Un peu comme un film ou un livre : après l’avoir consommé, on passe à autre chose, au suivant.

On joue et plutôt que de jeter, pas top pour la nature, on recycle à la revente ce qui nous permet de récupérer une partie de notre investissement de départ. Carton et scotch pour l’emballage, étiquette à imprimer, camion pour le transport à l’autre bout de la France. Et on peut ainsi recommencer le même cycle une nouvelle fois…plusieurs fois.

Je ne critique pas, puisque j’en suis moi-même un acteur, je me contente de mettre en lumière un paradoxe moderne touchant notre loisir mais aussi d’autres secteurs comme les vêtements, par exemple.

Une autre idée serait de recycler le jeu. Carton, métal et plastique séparés et direction la déchetterie… Chose totalement impossible pour ma part. Un jeu est une création artistique au même titre qu’un livre. Je fais attention à mes livres et je ne peux pas les détruire. Ce serait comme faire disparaître une petite part d’imagination, d’expérience ou de savoir. Je préfère donner à des amis, de la famille ou des associations qui les utiliseront à bon escient que ce soit en revente ou en dons.

Même combat pour les jeux !

Le temps passé à la création

Un auteur de jeu, professionnel ou amateur, consacre de nombreuses heures au développement de sa création. Système, équilibrage, twist, visuel – pour les jeux kleenex proposant du contenu narratif ou des énigmes, il faut également prendre en compte une histoire en arborescence bien construite et des énigmes plus ou moins complexes qui suivent une courbe d’apprentissage. Cela demande donc encore plus de temps et une approche différente dans la réflexion.

On retrouve ici le travail d’un scénariste de jeu de rôle (ou d’un MJ dans la plupart des cas). La différence majeure est qu’à la différence d’un MJ qui peut s’adapter à ses joueureuses en direct et éventuellement modifier son histoire, l’auteur·ou l’autrice doit penser à toutes les possibilités en amont et avoir une réponse quantifiable en termes de gameplay pour chacune d’entre elles. Après avoir surmonté le défi de la page blanche, il ou elle doit réfléchir à toutes les implications de son histoire. Le temps consacré à cette tâche est considérable.

Et une fois que la création est prête pour la publication, il faut trouver l’éditeur, si ce n’était pas déjà fait…

Le nombre de jeux à produire

C’est maintenant au tour de l’investisseur dans le jeu, celui ou celle qui doit prendre des décisions. Direction artistique, format, qualité du matériel, lieu de fabrication, prix de vente et nombre de jeux à produire.

Les cinq premiers sujets semblent classiques pour le métier, mais le dernier peut être une question importante qui nécessite une réponse nuancée.

Avec le développement du marché de l’occasion, la donne s’en trouve modifiée. En sachant délibérément que le jeu une fois utilisé risque d’être revendu. En sachant que certains acheteurs potentiels préféreront attendre 6-10 mois pour trouver le produit moins cher en occasion. En 2015, à la sortie de la première boîte de Time Stories, l’éditeur Space Cowboy ne devait pas avoir pris ce genre de problématique en compte. Il est probable que cela ait changé aujourd’hui.

Comment un éditeur décide du nombre d’exemplaires à produire ? Il semble évident que cette production sera moindre que pour un jeu « classique ».

Comment rémunérer un créateur ou une créatrice à la hauteur du temps investi ?

Comment proposer un prix « juste » pour l’acheteur ou l’acheteuse qui permet ainsi une rémunération digne de l’auteur ou autrice et rentable pour l’éditeur ?

Il est courant de trouver la plupart des prix de ce type de jeu trop chers. Pourtant, il est important de se rappeler qu’un éditeur doit vivre de ses productions. C’est une entreprise et non une association. Derrière le nom d’une société, quelle que soit sa taille ou son chiffre d’affaires annuel, il y a des personnes qui doivent pouvoir en vivre. Elles ont aussi des familles à élever et des crédits à honorer. Les bénéfices pourront être réinvestis dans de nouveaux jeux, avec de nouveaux auteurs et autrices, pour notre futur plaisir ludique.

Le suivi d’une gamme

Une dernière question essentielle me semble-t-il.

Pour qu’une gamme vive et perdure, elle doit avoir une vision sur le futur pour alimenter sa communauté.

Les gammes qui fonctionnent (Unlock, Cartaventura et autres Exit) peuvent envisager un avenir radieux. L’éditeur sait que cela fonctionne et peut donc prévoir d’étoffer la gamme en élargissant les possibilités. La plupart des jeux kleenex jetables sont dans cette catégorie.

Les kleenex réutilisables se suffisent à eux-mêmes, mais on a vu les dérivés sur Pandémie, par exemple. On adapte le système sur d’autres époques, d’autres objectifs.

La véritable obligation devrait concerner les kleenex 2.0. Tous les supports devraient être entretenus. Je pense, par exemple, à l’échec de Dune : House Secrets. Le jeu n’a pas vraiment trouvé son public ludophile, et je me demande ce que va donner la base de données via le site de l’éditeur, obligatoire pour jouer.

Le service après-vente se doit d’être à la hauteur, mais pour combien de temps ?

Les jeux Kleenex : alors, rentables ou pas ?

La rentabilité est toute subjective. La plupart de mon propos se développe autour d’une rentabilité sous forme pécuniaire. Et je pourrais m’arrêter là… mais ce serait une erreur.

On ne peut pas mettre de côté le plaisir du jeu en lui-même. Je dirais que c’est même la partie la plus importante. Dans le monde ludique, le plaisir est LA part essentielle.

Un jeu nous plaît-il ? A-t-on apprécié la partie ou alors l’ennui l’a-t-il emporté ? A-t-on envie d’y retourner ou de passer à autre chose ?

C’est une variable à intégrer obligatoirement dans une vision de rentabilité d’un jeu.

Pour ma part, certains jeux sont revendus (ou offerts) après quelques parties s’ils ne nous plaisent pas, si je sens qu’ils ne seront plus sortis du tout. D’autres, comme Time Stories par exemple, ne quitteront pas notre ludothèque de sitôt. L’objet est beau, unique et totalement immersif. Je compte bien y retourner d’ici quelques années en ayant presque tout oublié des histoires précédemment vécues. Avec l’âge, Alzheimer risque de me faciliter la tâche…

Si on considère qu’un jeu a été rentabilisé par son utilisation, qu’elle soit unique ou multiple, alors le choix était le bon.

Et vous, quelle est votre expérience avec les jeux kleenex ?

Vous pratiquez le jeu Kleenex pour le fun et vous vous en séparez immédiatement après, ou la collectionnite aigüe vous rattrape-t-elle trop souvent ?

Vous fuyez car trop chers, peu intéressants ou sans grande stratégie ?

Vous êtes auteur, autrice ou éditeur et vous voulez répondre à certains des questionnements posés ?

Précipitez-vous sur la section commentaires et apportez votre pierre à l’édifice : We need you !

Avertissement : aucun kleenex n’a été utilisé, et donc jeté, durant la rédaction de cet article. Et aucunes royalties n’a été touchés par l’auteur de la part de la société Kleenex pour ce placement de produit (bien dommage ! Je serais ravi de fournir mes coordonnées bancaires à Kleenex, je suis en train de planifier mes prochaines vacances).

Comme quoi, non, les jeux Kleenex ne sont vraiment pas rentables !

Avertissement 2 : Bien que cités plusieurs fois, je n’ai pas de liens avec Lucky Duck Games et nous ne recevons rien de leur part, ni jeux ni thune. Que cela soit bien clair ! J’ai vu vos mines chafouines !


2007. Wahou ! Nous avons de la peine à croire que cela fait depuis 2007 que nous sommes derrière l’écran à écrire sur ce blog que nous aimons tant ! Cela n’aurait pas été possible sans votre fidélité.

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Article écrit par Chab. Rôliste devenu platoïste par manque de temps. Pâtissier initié et fan de Robbie Williams. Patriarche de cœur d’un troupeau de gremlins. Aime qu’un jeu lui raconte une histoire.

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14 Comments

  • Sarah

    C’est simple, je passe mes nuits à écumer Internet à la recherche de legacy et autre jeux « kleenex ». Si quelqu’un sait quelque chose (quoi, on ne m’a pas prévenu qu’il y en avait un nouveau qui était sorti?!?) qu’il parle sans hésiter. Parmi mes préférés, le Dilemme du roi, Time stories, Clank legacy ou encore dans un autre genre de kleenex le Codex Da Vinci. Exit les exit (huhuhu c’est trop mauvais) et malheureusement, j’ai tenté l’achat de jeux en Vo, c’est chaud de ne pas être tous bilingues autour de la table, je regrette mes achats.
    Alors oui, on ne joue qu’une fois mais sinon en vrai, à part Terraforming Mars, on joue combien de fois à un jeu? On prête (si c’est encore possible) on collectionne (c’est tellement beaux tous ces jeux alignés, mes précieux) et surtout que de souvenirs émus d’expériences ludiques incroyables (comme pour du jdr, comme pour du GN, un parc d’attraction…) qu’on évoque encore et encore ensemble comme après nos plus grandes aventures.
    Longue vie aux jeux kleenex!

    • Chab

      Et oui Sarah, tout pareil pour Exit et Unlock…mais parceque c’est moi qui suis une bille en énigmes !
      Sinon heureusement qu’on peut ressortir un jeu plusieurs fois. Notre ludothèque en est un bon exemple et certaines de nos boîtes en portent les stigmates…

  • Rody Sansei

    Bonjour,
    J’ai toujours refusé de jouer et d’acheter à des jeux Kleenex (escape games ou jeux narratifs). Je veux pouvoir rejouer comme je veux à un jeu que j’achète.
    Digression n°1 : parlons des Roll/Flip & Write et leur blocs de fiches qui n’existent pas toujours à l’achat quand on n’en a plus : c’est simple, je plastifie quelques feuilles dès l’achat et je ne joue qu’avec celles-ci. La revente est ainsi aisée, feuilles plastifiées incluses.
    Digression n°2 : les JCC. Je n’ai jamais pu investir un seul franc/euro dans un JCC (et pourtant j’ai vu arriver Magic en anglais sur les bancs de la fac et beaucoup de mes potes y engouffrer des sommes folles pour amasser au final des quantités invraisemblables de cartes inutiles).
    Bref, le jetable est un concept incompatible avec mon cerveau.

    • Chab

      Pour la digression #2, Rody, je pense avoir rentabilisé à l’extrême mes deck Magic et L5R (grandiose de tactiques) dans les années 90 & 2000….il est vrai qu’aujourd’hui ils sont stockés dans des boîtes au sous-sol et que je n’y joue plus.
      Mais je ne lâche pas l’idée d’y retourner d’ici quelques années, avec ma chérie très joueuses, lorsque notre troupe de gremlins aura quitté le nid vu qu’on joue beaucoup avec eux !

    • Bis

      Pour moi ça va même plus loin. Sans parler de jeu narratif, campagne ou autre legacy, on parle de plus en plus de jeux à rejouabilité réduite.

      On achète plus de jeux pour le olaisir de la découvert que son approfondissement ce qui personnellement me gène beaucoup. Je mets un point d’honneur à jouer au moins 5 parties (gros jeu) à 10 parties (les plus petits) avant de me dire « bon et si j’aggrandissais ma ludothèque ? » Et je sais bien que mon fonctionnement est assez rare dans la communauté des joueureuses.

      Pourtant, j’en vois souvent des 4/5 ou 5/5 étoiles en précisant tout de même « pour decouvrir c’est génial, après les strats se ressemblent il est vrai a fil des parties » (ou remarques du genre qui le sous entend. Donc ma supposition ; on crée aussi des jeux plus pour le plaisir de découvrir que d’approfondir, c’est un problème pour ma part mais beaucoup moins objectif à argumenter car forcément « ça depend des goûts et des gens ».

      On est dans une ère de boulimie du jeu le fameux FOMO (fear of missing out) assz connu dans le monde du jeu vidéo et c’est mon plus gros regret. Bien plus que les jeux legacy je trouve.

      • Chab

        Tout à fait d’accord Bis.
        On est dans une ère de consommation et c’est à nous, consommateurs, de modérer cela pour que l’information remonte vers les éditeurs…mais l’époque n’est pas à cela.
        Perso, pour les tests que je commente ici, il y a eu entre 5-6 parties minimum pour le jeu. Je mets juste un bémol sur les gros gros jeux ( 2-3h de jeu ) où je suis plus proche des 3-4 à minima.
        Il faut savoir se montrer raisonnable au final. Je devrais peut-être dire « adulte » mais dans le monde ludique c’est presque un paradoxe…

  • viggo19

    Je suis moi même revendeur de jeux de société et lorsqu’on me demande régulièrement si tel ou tel jeu est « rejouable » j’essaye au maximum de nuancer mes propos.
    Evidement des jeux comme Exit, nécessitant une destruction partiel du matériel ne sont pas rejouables…Certes, On a toujours la possibilité de copier/scanner les éléments de jeux demandant à être détruit mais, pour l’avoir expérimenté plus d’une fois, cela casse l’ambiance et l’immersion dans le jeu…Le fameux « attendez je vais photocopier cette carte »…
    De plus, on passe selon moi à côté du plaisir (un peu sadique ?) de déchirer/couper/trouer pour arriver à la solution d’une énigme qui fonctionne nettement mieux avec le matériel prévu par l’éditeur dans ce but, plutôt qu’avec une copie faite « à la va-vite ».
    Mais. Pour 15€ le jeu, divisé par le nombre de joueur et au vu de l’expérience vécue, cela revient nettement moins cher qu’une place de cinéma ^^.

    D’ailleurs le parallèle avec le cinéma ou la littérature me semble intéressant. On ne parle pas de livres kleenex, de film kleenex, ou même de jeux-vidéo kleenex…Pourtant une fois lu/vu et l’histoire connue ils perdent tout autant d’intérêt qu’un jeu comme Unlock! ou Time Stories. Certes le budget n’est pas le même (quoi que…) mais combien de livres ou de places de cinémas achetés en comparaison de quelques pépites ludiques comme Time Stories. Le tout, encore une fois, divisé par le nombre de joueurs et le temps/plaisir que l’on y consacre. Et si l’histoire et l’émotion vécues nous ont plu, il y a de grandes chances que l’on ne s’en sépare pas, au même titre que nos livres/dvd préférés restent en notre possession et sont ressortis occasionnellement par nostalgie, plaisir de transmission à quelqu’un (enfants, amis) etc.

    Finalement, je pense que les habitudes de consommation sont le principales freins lorsque un client évoque la « rejouabilité » d’un jeux. Pour quelqu’un d’extérieur au monde ludique et qui ne connait que les Monopoly Cluedo and cie, parler d’un jeux jouable qu’une seule fois est une aberration. Peu importe son prix.

    C’est donc à nous, revendeurs, journalistes, blogueurs, et à tous les acteurs du monde ludique d’apporter la clarté nécessaire (ce que votre article fait très bien) sur ces expériences ludiques que nous offrent ces jeux et ne pas les réduire à ce terme peu flatteur de « kleenex ».

  • Chab

    Merci Viggo19 !
    Je fais partie de ces personnes ayant du mal avec ce principe de destruction…je préfère écrire sur une carte, pour la nommée par exemple, que la détruire.
    Un bon exemple de jeu me convenant est Gen7. Certaines cartes ne seront pas utilisées, d’autres seront sorties du jeu après utilisation, mais à la fin de la campagne de 7 scénarios tout peut être réinitialisé en réintégrant tous les éléments évincés. Et c’est possible d’attaquer ainsi une nouvelle campagne, avec de nouveaux choix et de nouvelles aventures. Et le cycle peut reprendre ainsi de suite puisqu’il existe 7 fins différentes.

  • Gilles

    @Viggo19: je regarde régulièrement les films que j’adore, de même que je lis régulièrement les livres que j’adore. Pour la beauté de l’image ou de la langue, le déroulement de l’histoire, la fascination pour les mondes et personnages décrits etc… Tous les livres et les films et livres ne sont pas Kleenex.

  • Manuel Rozoy

    Merci pour cet article ! En revanche, j’ai une question qui moi aussi me taraude depuis 2015 😉 Pourquoi utiliser ce terme affreux de « Klennex » ? Rien ne va dans cette appellation : c’est une marque, cela qualifie un objet qui sert à recevoir de la morve et à finir aux ordures… Ne pourrait-on pas trouver un terme qui entre dans un champ lexical plus proche de celui de la création et du ludique plutôt que de la sécrétion et du consumérisme ? Un peu de poésie dans ce monde de brutes 😉

    • Chab

      Merci pour le petit commentaire Manuel. Au cas où vous ne l’auriez pas compris entre ces lignes…j’aime beaucoup ce que vous faites !
      Sinon, je pense que le terme kleenex parle facilement et à tous, en plus ils sont rangés dans des boîtes et servent beaucoup les jours maussades…
      Personnellement je proposerais bien le terme plus délicat « éphémère » qui correspondrait bien au concept. En simplifiant en FMR cela pourrait aussi nous donner « Franchement Moyennement Rejouable »…
      A vos plumes, le concours est lancé !

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