Critiques de jeux,  Jeux de plateau

Affinity. Un jeu fun, triste, glauque, beau

Des phrases à construire pour retrouver des émotions. Affinity, comme une machine à empathie fun et loufoque. Un carton de cet automne 2018 déjà bien chargé

  • Date de sortie : 12 septembre 2018 pour la VF
  • Auteurs : Jean Philippe Sahut, Davy Bernard, Clément Leclercq, Roméo Hennion
  • Illustratrice : Emma Ferraro
  • Editeur : Game Flow
  • Nombre de joueurs : 3-8 (optimum 4-6)
  • Age conseillé : dès 8 ans (très juste!)
  • Durée : 30′
  • Thème : féerie, émotions
  • Mécaniques principales : communication, coopération, empathie

Affinity, de quoi ça parle?

D’un univers féerique aux créatures qui représentent les émotions, avec la discorde qui couve et menace

Bon, on ne va pas se leurrer, le thème d’Affinity n’a aucune importance ici

Affinity est surtout un jeu de communication et d’interprétation. L’univers fait partie du packaging, il n’a aucun impact ni importance dans le jeu

Et comment on joue?

Chaque joueur et joueuse reçoit 3×3 cartes. 3 cartes débuts de phrase, 3 milieux et 3 fins. Puis une carte « émotion »

Le but est de réussir à construire une phrase grâce à ces cartes pour que les autres devinent l’émotion suscitée par la phrase, l’objectif

Il y a quatre «  » »émotions » » » (entre guillemets, vous verrez plus bas pourquoi):

Fun

Glauque

Triste

Beau

Une fois sa phrase construite et complétée, on la passe à son ou sa voisine. Chaque joueur et joueuse lit alors la phrase ainsi reçue. Les autres doivent ensuite se mettre d’accord pour retrouver l’émotion

Simple

Et c’est tout?

Non

Si on est coincé avec des cartes toutes moisies, on peut en échanger autant qu’on le désire. Mais que trois fois en tout dans la partie

Et comment on gagne? Ou comment on perd, puisque c’est du coop?

Affinity est un jeu coopératif. On perd, ou on gagne contre le jeu

On utilise la boîte du jeu pour marquer son avancée. L’harmonie d’un côté, la discorde de l’autre. A chaque fois que l’émotion a été correctement trouvée, on avance le jeton sur la piste « harmonie ». Et vice versa

Dès qu’un jeton arrive dans le « camp adverse » c’est la victoire ou… l’échec

Des règles aux objectifs qui s’expliquent en trente secondes, tout public dès 8 ans

Et c’est tout?

Il y a également la possibilité d’adapter la difficulté du jeu en fonction de l’âge des participants ou de la config. Il y a un ou plusieurs couples dans le groupe? Paf, la discorde commence plus loin, parce que les couples se connaissent tellement bien qu’ils seront raccord et trouveront plus facilement. En principe. De jeunes enfants dans le groupe? Paf, l’harmonie peut avoir un avantage. Etc

Le jeu propose plusieurs adaptations pour moduler la difficulté. Mais rien d’obligatoire, ces critères étant vraiment subjectifs

Interaction?

Affinity est un pur jeu coop, donc oui, l’interaction est très forte

On s’amuse à interpréter, deviner l’émotion derrière la phrase construite. Et les discussions alors soulevées sont inépuisables

A combien y jouer?

On peut y jouer de 3 à 8

A 3, les interactions sont moins fortes

Mais c’est vraiment à 4-6 que le jeu est le meilleur, sinon le jeu et les discussions s’enlisent

Alors oui, on pourrait y jouer à beaucoup, à 8, voire même plus, pourquoi pas, à 10-12, mais à 6 chaque manche ne dure pas 600’000 heures

Alors, Affinity, c’est bien? Critique

Terrible

D’une simplicité déconcertante. Construire des phrases grâce à des cartes pour faire deviner une émotion. C’est tout simple et extrêmement efficace. Il fallait y penser

Il va falloir faire preuve de créativité pour jongler entre ses neuf cartes et trouver la bonne combo pour répondre à l’émotion-cible. Pas facile. Ultra-fun. Surtout au moment de la résolution et des discussions désopilantes et très souvent contradictoires

Un excellent jeu. Et attention aux fous rires

Ma belle-mère fait des acrobaties dans un cimetière. De quelle émotion s’agit-il? Vas-y, devine 😅

Mais

⚠️ Pensez bien de passer la phrase à votre voisin·e et à ne pas lire votre propre combo. Vous risqueriez d’y rajouter un ton, une émotion en lisant. Ça serait alors beaucoup trop simple

En jouant à Affinity, les psys pourraient tiquer. Fun, glauque, beau, triste, des… émotions? Ça se discute. Il s’agit plus de critères, de situations, d’ambiances qui pourraient alors générer leur propre émotion. « Beau » n’est pas une émotion en soi, ni « fun » d’ailleurs

Mais bon, on ne va pas couper les cheveux en quatre non plus, cette précision ou manque de précision n’entache en rien le jeu

Score:

Anticipation: 5/5: Game Flow signe ici son deuxième jeu. Après leur déjà très réussi Chimère, l’anticipation était déjà élevée, surtout après un hiatus de deux ans (!). D’ailleurs, on reconnaît l’inspiration de leur Chimère dans Affinity avec les « morceaux » d’animaux à recomposer. Dans Affinity, il s’agit de phrases

Pendant la partie: 5/5. Créativité, communication, interprétation, fous rires. Un concentré de plaisir

Après la partie: 5/5. On rejoue vite? Quand? Maintenant? OK

Score: 5/5. Un excellent jeu. Simple, créatif, fun et intelligent. Et bienveillant, surtout, ce qui manque cruellement dans les jeux de société. On parlait de la bienveillance dans les jeux ici il y a tout juste une année.  Dans Affinity, pas de donjon à explorer, de créatures à défourailler, de ressources à exploiter et de bâtiments à construire. On passe sa partie à essayer de se mettre dans la tête, et le cœur des autres personnes à la table. Affinity, comme une machine fun et loufoque à empathie. Merci Game Flow

Et encore une toute dernière chose

Le sujet des émotions dans les jeux de société vous intéresse? Nous y avons consacré un dossier spécial:

L’Émerveillement

La Peur

La Frustration

Le bonheur

Une reco jeu?

Vous aimez les jeux qui travaillent sur les émotions? Une petite reco pour vous:

Feelings. Notre critique complète ici.

Dans Feelings, les joueurs et joueuses réagissent à des cartes « situations » et indiquent l’émotion qu’elle suscite. Les autres doivent alors deviner l’émotion

Plus qu’un jeu, un outil pour apprendre l’empathie

Vous pouvez consulter les règles d’Affinity ici

Vous pouvez trouver Affinity chez Philibert ici

Et encore une toute, toute dernière chose

Pas besoin d’attendre deux ans pour apprécier le prochain jeu de Game Flow

Leur tout nouveau est déjà censé sortir dans… quelques semaines. 1d6+2 pour être très, très précis

En Quête du Dragon est dispo ici

Un livre dont vous êtes le héros, pour les tous, tous petits, dès 4 ans. Top moumoute!

Nous vous en reparlerons pour sûr!

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3 Comments

  • Super Canard

    « Affnity est un jeu coopératif. On perd, ou on gagne contre le jeu » Mmh pas vraiment d’accord. Car le jeu n’a pas un systeme contre lequel on se bat. En fait, c’est plutôt on gagne contre nous même, contre la discorde.

    • Gus

      OMG, c’est une putain de bonne idée d’article ça Julien! Les jeux coopératifs sont-ils vraiment coopératifs? Car dans n’importe quel jeu coop on se « bat » d’abord contre soi-même. Et jamais « contre le jeu », c’est juste impossible, forcément. Au contraire des jeux vidéo, les jeux de plateau n’ont pas d’IA. Du hasard, oui, dés, cartes, etc. Mais c’est d’abord et surtout contre soi-même et ensemble qu’on gagne « contre le jeu »

      Merci Julien

      Je vais me lancer dans la rédac

      Ça fera une augmentation de salaire pour toi 😅

  • Berzingh

    Je l’ai testé à Paris est ludique avec mon conjoint et mes deux enfants de 6 et 8 ans. Nous avons, sur les conseils des auteurs, appliqué les deux adaptations pour jeunes joueurs : enlever l’émotion « glauque » et pouvoir défausser puis piocher gratuitement dès qu’on ne comprend pas une carte. Alors que je m’ennuie fermement sur les jeux de type Dixit, ou plus largement les jeux d’ambiance, j’ai passé un excellent moment avec celui-là, de même que les enfants et leur père.
    C’est simple, c’est malin, c’est extrêmement drôle, c’est fluide, et tous les joueurs, quelque soit leur âge, y ont trouvé leur compte. La gestion des morceaux de phrases à combiner pour essayer tant bien que mal de correspondre à l’émotion marche parfaitement bien.
    Par contre, je pense que 6 ans (modulo l’enfant concerné), c’est vraiment un minimum, et ce n’est pas qu’un problème de savoir lire. C’est là qu’on peut croiser avec les stades de développement de l’enfant, et notamment le développement de l’empathie et des normes sociales. Mon jeune de 6 ans était souvent à contre-courant même sur des combinaisons évidentes : il a part exemple trouvé drôle ce qui était certainement la phrase la plus triste qu’on puisse faire avec ce jeu (c’était genre, de mémoire et donc très approximativement, « Une jeune orpheline est morte ce matin après avoir vécue dans la rue »). Ou alors j’ai découvert grâce à ce jeu qu’il est psychopathe. Allez savoir.
    Bref, dès que je m’auto-autoriserai à acheter à nouveau des jeux, celui-là sera sans conteste dans ma liste de courses tellement il nous a plu (alors qu’encore une fois, nous sommes plutôt des joueurs clients de gros jeux de réflexion).

    Seul défaut que j’ai trouvé au jeu : un léger agacement que la seule émotion ayant un personnage identifiable comme spécifiquement féminin soit le beau…

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