
Bonne fête la France ! Les 5 auteurs de jeux de société qui ont marqué l’histoire
Aujourd’hui, 14 juillet, c’est la Fête nationale française. Focus sur le monde du jeu de société en France avec 5 de ses auteurs connus.
Bonne fête, la France !
C’est donc il y a 233 ans que le 14 juillet 1789 les Françaises et les Français ont pris la Bastille. Mais pas seulement. Ce jour, devenu fête nationale, commémore aussi la fête de la Fédération, l’année suivante.
C’est la loi du 6 juillet 1880 qui a fixé la date de fête nationale au 14 juillet. Il y a 142 ans. Le 21 mai 1880, Benjamin Raspail, député de Paris, a déposé un projet de loi. La loi sera ensuite promulguée le 6 juillet 1880, soit dix ans après la IIIe République. La Première fête nationale ne sera célébrée que le 14 juillet 1880 après l’entrée en vigueur de la loi du 6 juillet 1880. Depuis, le 14 juillet est un jour férié.
Comment tout a commencé. Le 14 juillet 1789, prise de la Bastille
Le 14 juillet est lié dans un premier temps à la date de la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789. Cette date marque le début de la Révolution française, qui aboutira à l’abolition de l’Ancien régime et à un siècle d’instabilité politique qui conduira à la République.
Ce jour-là, les Parisiennes et les Parisiens ont envahi la forteresse de la Bastille, prison royale, symbole de l’arbitraire du pouvoir. Ils voulaient y récupérer de la poudre et des armes.
Quelques prisonniers sont libérés, les archives pillées. Une centaine de personnes décèdent dans la journée (avec, en face, notamment, des soldats… suisses à combattre… Le régiment suisse de Salis-Samade).
La tête du gouverneur de la prison Bernard-René Jourdan de Launay est tranchée. Ce qui allait également arriver au Roi Louis « Croix-V-Bâton » quatre ans plus tard. L’homologue du maire de Paris aujourd’hui, Jacques de Flesselles, est aussi assassiné. Leurs têtes sont plantées sur des piques et promenées dans Paris jusqu’au Palais Royal. Bon appétit. Ce n’est que le lendemain que le roi Louis XVI apprend les faits. Cet événement historique signera alors le début de la Révolution française et la fin de la monarchie absolue.
Oui mais pas seulement. Le 14 juillet 1790 : la fête de la Fédération
Si le 14 juillet est associé à la prise de la Bastille et son image sanguinaire, c’est dans les faits, le 14 juillet 1790, fête de la Fédération, qui est commémoré en France depuis plus d’un siècle. Un an après la Révolution, le nouveau commandant de la garde parisienne, La Fayette, nommé par Louis XVI, décide de célébrer la Nation en mémoire de la prise de la Bastille. C’est la fête de l’union de tous les Français et toutes les Françaises, celle de la fédération, qui a donc lieu le 14 juillet 1790.
Ce grand événement signe la réconciliation, mais alors très, très temporaire, du roi et du peuple français. Lors de cette grande fête, l’Armée révolutionnaire par la voix de La Fayette, le Parlement par la voix du président de l’Assemblée nationale, le roi, la reine et le dauphin ont prêté serment de fidélité à la Nation et à la Constitution. Trois ans plus tard, bim.
La France, l’autre patrie du jeu de société
Après ce court intermède culturello-historico-poterie, revenons à nous moutons pions. Pendant longtemps, c’est l’Allemagne qui a, en quelque sorte, dominé le monde du jeu de société. L’Allemagne, dans les années 1970 à 1990, était ce que l’on pouvait considérer comme la patrie du jeu de société. La majorité des jeux publiés étaient allemands, créés par des auteurs allemands, à la clientèle surtout allemande.
Et puis, patatras. Avec la fin des années 1990 et l’émergence des jeux de société dits modernes, avec Catane en figure de proue, le marché français du jeu de société a pris son envol. Depuis une vingtaine d’années, on assiste à l’essor du marché du jeu de société français, aujourd’hui vibrant et prolifique. De plus d’auteurs et autrices françaises créent des jeux, de plus en plus d’éditeurs français montent leur structure, et de plus en plus de joueuses et de joueurs français découvrent ce loisir.
Aujourd’hui, la France, comme d’autres pays, n’ont plus rien à envier à l’Allemagne. Si les jeux dits à l’allemande sont plutôt froids et… comment dire… laids, ou disons à l’esthétique plutôt austère, les jeux de société français misent, eux sur un équilibre entre richesse des illustrations, recherche de thèmes originaux et mécaniques ripolinées.
Aujourd’hui, pour fêter la Fête nationale française, penchons-nous sur 5 noms, 5 auteurs de jeux de société qui ont marqué l’histoire du loisir à travers les années d’une manière ou d’une autre. Les… « poids lourds » (au sens figuré bien sûr) de l’industrie. Des noms d’auteurs qui, par leurs jeux, souvent nombreux, ont changé le paysage du jeu en France et dans le monde.
Nous n’avons retenu que 5 noms. Il y en a bien sûr de nombreux autres, autrices, auteurs, qui méritent amplement leur nom dans cette liste.
Les 5 auteurs de jeux de société qui ont marqué le jeu de société en France (et ailleurs)
Croc
Croc, de son vrai nom Christophe Réaux, a marqué le monde du jeu de société de deux manières. La première, car il a créé des jeux emblématiques dans les années 80, et notamment des jeux de rôle connus, pour certains encore publiés et joués aujourd’hui, dont Bitume, Animonde, In Nomine Satanis/Magna Veritas ou encore Bloodlust.
Côté jeux de plateau, il n’en a sorti qu’une dizaine, dont le jeu de figurines Claustrophobia sorti en 2009. Comparé aux 4 autres noms cités plus loin dans la liste, une dizaine de jeux, en plus de 30 ans de carrière, c’est… peu. Alors pourquoi le placer dans cette liste des noms qui ont marqué le jeu de société en France, et ailleurs ?
Parce que Croc a créé Asmodee. En quelque sorte. Ou aider à la création, en vrai. Pour être précis, avant Asmodee, aujourd’hui géant des jeux en France, en Europe et dans le monde, à l’origine la société s’appelait Siroz Productions, créée en 1986 par Nicolas Théry et Eric Bouchaud
Fin 1989, elle est toutefois en dépôt de bilan. Mais l’équipe relance une nouvelle société grâce au jeu In Nomine Satanis/Magna Veritas de Croc, justement. Qui devient un incontournable du jeu de rôle, redonnant des ailes (et des pépètes) à la société. Qui change alors de nom, pour s’appeler désormais Idéojeux, puis elle change à nouveau de nom sous l’impulsion de son président, Marc Nunès, pour devenir Asmodee Éditions en 1995. Croc est donc, en partie, aux origines du géant des jeux. Qui, au passage, vient d’être racheté pour la coquette somme de 3 milliards d’euros à un éditeur suédois de jeu vidéo.
Enfin, last but not least, Croc lance, toujours avec Marc Nunès, dans le giron d’Asmodee, le studio de création Space Cowboys en 2013. Un éditeur parisien qui caracole en tête du marché du jeu de société aujourd’hui, avec Unlock ou Sherlock Holmes Détective Conseil.
Si Croc n’est pas l’auteur de jeux de société le plus prolifique de cette liste, c’est, toutefois, l’une des figures incontournables et emblématiques du monde du jeu.
Antoine Bauza
Né en 1978 à Valence dans la Drôme, Antoine Bauza est sans conteste l’un des auteurs les plus reconnus du monde du jeu de société.
Professeur des écoles, donc instituteur primaire, il a commencé sa carrière d’auteur en 2007 avec Chabyrinthe. Aujourd’hui 15 ans plus tard, l’auteur Valentinois a plus d’une centaine de titres a son palmarès. Nombreux de ses jeux sont devenus cultes et plusieurs ont raflé des prix : 7 Wonders, 7 Wonders Architects, Hanabi, Takenoko, Tokaido, Oltréé,
Ludovic Maublanc
Après Antoine Bauza, enchaîner avec Ludovic Maublanc dans la liste semble cohérent. Les deux auteurs ont collaboré sur plusieurs titres.
Né en 1975 à Lons-le-Saunier dans le Jura français, Ludovic Maublanc a créé son tout premier jeu en 2004 avec Killdog, puis c’est l’année d’après son Cash’n Guns qui le propulse au rang des auteurs incontournables de la scène du jeu de société en France.
Depuis bientôt vingt ans, Ludovic Maublanc a, comme Antoine Bauza, plus d’une centaine de titres publiés, dont la très grande majorité co-créés avec d’autres auteurs.
À relever que beaucoup de ses jeux sont plutôt… fun, farfelus, iconoclastes et originaux : Rampage, Casse-Toi Pov’ Con, Cyrano, Le Donjon de Naheulbeuk, Attack On Titan: Le Dernier Rempart, Bingo Island, Cyclades ou Mr. Jack édité par un éditeur genevois.
Bruno Cathala
Deux Bruno pour le prix d’un…
Commençons par Bruno Cathala. Auteur Haut-Savoyard né en 1963 qui fêtera ses 60 ans l’année prochaine, Bruno Cathala est sans doute l’auteur le plus prolifique de toute cette liste, avec près de 200 jeux publiés. Il a commencé sa carrière il y a exactement 20 ans cette année, avec Drake & Drake en 2002.
Sa ludographie compte aujourd’hui parmi les jeux les plus culte du marché en France et partout dans le monde. Plusieurs de ses jeux ont obtenu des prix.
Et comme Ludovic Maublanc, avec qui il a collaboré sur certains titres, Bruno Cathala apprécie les collaborations. Il a sorti de nombreux jeux avec d’autres auteurs.
Citons certains de ces jeux, créés seuls ou en collaboration : Velonimo (Bruno Cathala est féru de cyclisme), Kingdomino, Five Tribes, Mr. Jack, 7 Wonders Duel, Dragomino.
Bruno Faidutti
Deux Bruno pour le prix d’un…
Bruno Faidutti est né en 1961, est un professeur agrégé de sciences sociales et auteur de jeux de société. Il a signé sa thèse de doctorat en histoire en 1996 sur la… licorne. Si si.
Ayant commencé sa carrière d’auteur de jeux en 1985 avec Baston, il a poursuivi sa carrière avec une centaine de titres, dont plusieurs sont connus encore aujourd’hui : La Vallée des Mammouths, le cocasse et truculent Tempête sur l’Échiquier, Citadelles, Mascarade. Et comme la plupart des auteurs de jeux de société en France, Bruno Faidutti collabore avec d’autres auteurs pour créer des titres. La co-création est, peut-être, l’une des grandes spécificités françaises du monde du jeu de société.
Et si vous voulez entendre l’auteur, historien, parler de jeu de société à travers les âges, il a répondu à l’invitation de la Radio Suisse Romande ici pour 5 émissions fort intéressantes :
Et encore une fois, si ces 5 auteurs ont marqué le milieu du jeu, d’autres personnalités méritent également et amplement leur place ici.
Et bon 14 juillet à vous toutes et tous, voisins et voisines Françaises et Français ! Profitez bien de votre fête nationale. Et dire qu’on aurait aussi pu devenir français, si on n’avait pas eu la… soupe.
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Article écrit par Gus. Rédacteur-en-chef de Gus&Co. Travaille dans le monde du jeu depuis 1989 comme auteur et journaliste. Et comme joueur, surtout. Ses quatre passions : les jeux narratifs, sa ménagerie et les maths.


8 Comments
carine laurent
Merci de nous faire découvrir ses personnes que je ne connaissais pas du tout ! Très intéressant et enrichissant !
d'Epenoux Matthieu
Belle liste mais je pense qu’on pourrait y rajouter Roberto Fraga qui a ouvert de nombreuses portes sur le party-game avec matériel et a pas mal de jeux notables à son actif.
Gus
Très juste, merci Matthieu ! Roberto est clairement l’une des personnalités du jeu de société les plus incontournables du milieu, et ceci depuis plus de vingt ans ! Je m’étais arrêté à ses origines galicienne. Alors qu’il est également Français. Au temps pour moi.
Comme indiqué dans l’article, de nombreux autres noms mériteraient également et amplement leur place dans cette liste. Je pense notamment à des autrices françaises de jeux de société, dont Marie Fort et Annick Lobet.
Hugo
C’est vraiment un excellent blog. J’ai rarement vu ailleurs autant de contenu de qualité aussi régulièrement. Les éléments de contexte dans chacune de vos publications ajoutent du corps, un fond à vos textes, qui sont très appréciables, et permettent d’en apprendre plus toujours autour du jeu. Un énorme merci de la part d’un lecteur assidu depuis quelques années.
Gus
Un très, très, très grand MERCI pour votre commentaire Hugo. Il nous va droit au cœur.
Votre fidélité nous honore !
Alfa
Merci pour cet article ! Je me permets de citer un de mes favoris : Sébastien PAUCHON (yspahan, metropolys, Jaipur ,jamaica). Mais peut être n’est-il que francophone … ^^
Gus
Un compatriote helvétique. Pas français. Ça sera pour le 1er août, notre fête nationale à nous 😀
Aurelien
J’ai commencé mes longues années de rôliste avec Heavy Metal de Croc dont j’ai précieusement gardé les livres. Et j’ai eu la chance de le rencontrer dans les locaux d’Asmodee (merci Pokémon). Il avait été très sympathique et très accessible !