
Backerkit, nouvelle plateforme de précommande participative
On connaissait Kickstarter, Ulule et Gamefound. Il faudra désormais compter sur une nouvelle plateforme de crowdfunding, Backerkit.
Backerkit
Avant l’avènement de Kickstarter et Backerkit, ce nouvel entrant, tout était plutôt simple. Un ou une autrice avait une idée de jeu, en créait un prototype, le présentait à un ou plusieurs éditeurs, pour finir par décrocher, peut-être, un contrat. L’éditeur développait alors le jeu, le faisait produire puis le revendait à un distributeur. Qui lui, allait donc le distribuer dans les boutiques, qui le mettaient enfin à la vente pour la clientèle (nous).
Mais ça, c’était avant 2009.
Le crowdfunding est devenu une nouvelle forme, alternative, de financement. L’objectif est de collecter des fonds publiquement par le biais d’un site internet dans le but de financer un projet. Le Crowdfunding, littéralement « financement par la foule », ou financement participatif, ou encore précommande participative, est devenu une tendance lourde du marché du jeu de société. Aujourd’hui, Kickstarter vient « brasser les cartes ». Désormais, grâce au crowdfunding , on peut créer un jeu et le proposer à la vente à la clientèle en précommande participative.
Le crowdfunding est un terme général qui couvre en réalité plusieurs formes de financement. On citera en premier lieu le crowddonating, lequel consiste en une donation en faveur d’un projet, sans contrepartie pour l’investisseur. Cette forme de financement est utilisée par exemple dans le domaine social, culturel (littérature, musique, cinéma) et politique (campagnes politiques). Le crowdfunding est également utilisé à des fins lucratives, sous forme d’investissement en actions (equity crowdfunding) ou de prêt (crowdlending).
Le financement participatif, un modèle d’avenir
Contrairement à ce que l’on peut penser, le crowdfunding n’est pas né avec Internet. Au XVIIIe siècle déjà, certains auteurs, compositeurs ou artistes sollicitaient de nombreux investisseurs pour soutenir leur projet. Ce fut le cas, par exemple, d’Alexandre Pope qui réalisa en 1713 la traduction en anglais d’un poème grec, et de Wolfgang Amadeus Mozart qui offrit, en 1783, des manuscrits signés de sa main à ceux qui acceptaient de financer ses concertos joués dans une salle de concert viennoise.
Mais le projet le plus ambitieux de l’époque fut lancé en 1885 par Joseph Pulitzer, éditeur de The New York World, qui leva des fonds auprès de 120 000 personnes du monde entier pour financer la construction du piédestal de la statue de la Liberté.
Naturellement, Internet et les réseaux sociaux ont révolutionné le crowdfunding en lui donnant une autre dimension. Venue des États-Unis, la finance participative comprend trois modèles désignés en anglais : crowdfunding, crowdlending et crowdinvesting. Le plus connu, le crowdfunding, permet à l’initiateur d’un projet de soumettre celui-ci à des donateurs qui reçoivent en contrepartie divers avantages ou cadeaux. Les Stretch-Goals, ou SG, comme on dit dans le milieu du jeu de plateau.
Le principe est de faire appel à «la foule» (the crowd) en vue de financer un projet commercial qui sera concrétisé si un montant global minimum est atteint dans un certain délai. Ce montant global minimum est déterminé à l’avance et librement par l’exploitant de la plateforme ou l’entrepreneur concerné, en fonction des besoins de financement du projet. Cette forme de financement convient tout particulièrement aux jeunes entreprises innovantes (start-up). Et donc aux projets de jeux de société.
Fondée en 2009, Kickstarter est devenue l’une des plateformes de financement participatif les plus prolifiques au monde. Le site permet aux créatrices et créateurs de générer des financements pour leurs projets, contournant les voies traditionnelles d’investissement et ouvrant le marché aux productions de niche, dont fait partie le jeu de société. Chaque projet a une date limite et si l’objectif de financement prédéfini n’est pas atteint, aucun fonds n’est collecté. Si le montant minimum est atteint, le jeu part donc à la production et est ensuite livré aux souscripteurs.
Depuis 2009, le jeu de société, i.e. jeu de plateau et jeu de rôle, connaît des chiffres de campagnes de levées de fonds plutôt incroyables. Rappelez-vous Frosthaven début 2020. En plein début de pandémie, le jeu a réussi à soulever la somme historique de… 13 millions.
Ces dernières années, le crowdfunding a connu une très forte croissance mondiale, avec toutefois un petit ralentissement récent dû, en partie, à la crise sanitaire.
Les jeux continuent toutefois de représenter une part importante, jusqu’à un tiers, du revenu annuel total de Kickstarter. Un tiers. Juste pour un secteur. C’est énorme !
Bienvenue à Backerkit

C’est sur Twitter que la jeune start-up Backerkit a annoncé le lancement de la nouvelle plateforme de crowdfunding ce mardi 14 juin.
Backerkit lance donc sa propre plateforme de crowdfunding avec près de 40 projets prévus. Pour l’instant, Backerkit est actuellement ouvert dans une période bêta avec 4 projets en cours, et prévoit de se déployer complètement en 2023. Et ceci avec une exclusivité pour Gloomhaven.
Plusieurs éditeurs, auteurs et développeurs ont déjà annoncer vouloir collaborer avec Backerkit. On peut voir sur le site quelques noms connus, dont Leder Games (Root, Oath), Cephalofair (Gloomhaven) ainsi que Restoration Games (Unmatched, Return to Dark Tower) en tant que futurs créateurs.
Le créateur, auteur + éditeur, du, des blockbusters Gloomhaven et Frosthaven, a profité de l’annonce du lancement de Backerkit pour communiquer avec une collection de figurines spécifiques pour Gloomhaven. Cette collection sera donc financée sur Backerkit en 2023. Plus de 500 (!) figurines remplaceront les standees dans le jeu de base, ainsi que plus tard pour Frosthaven et Les Mâchoires du Lion.
Cette toute « nouvelle » plateforme se veut simple d’utilisation, autant pour les backers que pour les créateurs.
En réalité, Backerkit n’est pas tout nouveau, tout jeune, tout frais. Depuis de nombreuses années maintenant, Backerkit gère toute la logistique pour les campagnes Kickstarter.
Désormais, la société basée à San Francisco lance sa propre plate-forme de financement participatif, en concurrence directe avec le géant du crowdfunding Kickstarter basé à Brooklyn. Comme on dit, on n’est jamais si bien servi que par soi-même.
Kickstarter et la Blockchain VS le reste du monde
L’annonce de Kickstarter en décembre 2021 de se lancer dans la blockchain a refroidi beaucoup de studios de création de jeux. Plusieurs voix connus dans l’industrie ont d’ailleurs appelé au boycott de la plateforme.
C’est bien pour cette raison que l’éditeur Gloomhaven passe à Backerkit après les velléités blockchain de Kickstarter.
Depuis 2015, Cephalofair Games a levé plus de 17,9 millions de dollars sur Kickstarter. Sa campagne la plus récente, pour Frosthaven, est la plus grande campagne pour un jeu de plateau dans l’histoire de Kickstarter et le quatrième projet le plus financé sur cette plateforme.
Le fondateur de Cephalofair, Isaac Childres, dit qu’il en avait assez de Kickstarter, et ceci à cause de la blockchain et tout ce qui peut aller avec, NFT etc.
En embuscade
On ne parle que de Kickstarter. Et aujourd’hui de Backerkit. Ce ne sont pourtant pas les seules plateforme de précommande participative. Gamefound, plateforme polonaise, est également sortie du bois il y a quelques mois.
Gamefound est une autre plateforme de précommande participative qui monte, qui monte. Et qui a bien l’intention de devenir un sérieux concurrent. On attend ainsi en 2023 le lancement de Thorgal, l’adaptation de la bande dessinée culte en jeu de plateau
En France, on a Ulule ou Game On, et Hasbro a même lancé Haslab, sa propre plateforme pour lancer leurs propres jeux, comme le reboot de Heroquest par exemple. En se passant ainsi d’un intermédiaire qui se prend une belle comm au passage de 5%.
Sur un jeu comme Frosthaven et ses 13 millions levés, cela représente tout de même un beau pactole de… 650 000 dollars, récupérés par la plateforme au passage. On comprend les ambitions de Backerkit.
Article écrit par Gus. Rédacteur-en-chef de Gus&Co. Travaille dans le monde du jeu depuis 1989 comme auteur et journaliste. Et comme joueur, surtout. Ses quatre passions : les jeux narratifs, sa ménagerie et les maths.
Backerkit, une nouvelle plateforme de financement participatif, ça vous inspire quoi ?


2 Comments
Stephen Sevenair
super clair !
Merci
« Le financement participatif, un modèle d’avenir
Contrairement à ce que l’on peut penser, le crowdfunding n’est pas né avec Internet. Au XVIIIe siècle déjà, certains auteurs, compositeurs ou artistes sollicitaient de nombreux investisseurs pour soutenir leur projet. «
Raidden
Tout le monde veut sa part du lion hein…
Le roi Kickstarter est-il voué à mourir ? J’en doute un peu pour tout de suite mais les autres plates-forme vont grignoter de plus en plus le marché de big K.