Critiques de jeux,  Jeux de plateau

Le jeu du jour : Hadara

Hadara, de quoi ça parle ?

D’une civilisation à faire fleurir au fil de trois époques, de l’antiquité à l’époque moderne. Voilà, c’est tout. Dans les règles de jeu, le thème tient dans l’intro sur quelques lignes à peine, on voit bien ici que le thème est ténu. On passe sa partie à acquérir, aligner les cartes, Hadara n’offre pas de souffle, d’aventure épique. Tout y est mécanique. Un ITHEM à 2 sur 5

Et comment on joue ?

Hadara est certes un jeu de civilisation, mais c’est surtout un jeu de gestion de cartes et de pistes de points. Hadara se joue sur trois époques, trois manches, chacune séparée en deux phases assez similaires. Le plateau est séparé en cinq régions, cinq spécificités de cartes, de civilisation : commerce (jaune), culture (bleu), militaire (rouge), agriculture (vert) et pouvoirs spéciaux (violet). À son tour, on commence par piocher deux cartes dans l’une des cinq régions. On repose l’une d’entre elles face visible, comme une défausse mais pas vraiment, et on peut acheter ou vendre l’autre. Du mini, mini draft, mais pas vraiment non plus. Si on achète la carte, on augmente alors aussitôt le marqueur sur la piste correspondante sur son plateau perso

C’est là que réside tout le sel, tout le cœur du jeu. Sur son plateau perso on dispose de quatre pistes, rouge, bleue, verte et jaune. Ce sont ces pistes qu’on va passer sa partie à faire augmenter. Elles pourront parfois débloquer certains contenus, et la piste verte, l’agriculture, la nourriture, permet de sustenter, de posséder un nombre de cartes correspondant

La piste jaune permet de recevoir un revenu, qui permet alors d’acheter d’autres cartes plus tard, sachant que pour chaque carte déjà possédée d’une couleur on obtient une réduc

La piste rouge, militaire, permet, elle, d’obtenir, d’envahir ou de faire une alliance avec une colonie

Le jeu paraît complexe, mais en réalité, une fois la toute première phase de la première époque passée, le jeu file, fonce ! Il est beaucoup plus fluide et logique qu’il n’y paraît. Tout est question de faire augmenter ses quatre pistes. Il va falloir encore choisir laquelle, lesquelles

Et comment on gagne ?

Une fois les trois époques passées, on procède au décompte final. Comme le jeu est livré avec un carnet de points, attention, grosse, grosse salade de points de victoire de tous les côtés !!! PV pour ses pépètes restantes, PV pour ses cartes jouées, PV pour ses bonus, PV pour ses colonies… Bref, des PV, il en pleut de tous les côtés

Ce qui finit par noyer la fin de partie et empêche de véritablement savoir, suivre, qui a combien. Pareil pour ses propres points. De la pure salade de points de victoire à l’aveugle ! Bref, on essaie de faire au mieux pendant la partie, avec la surprise finale qui s’ensuit. Une mécanique qui pourra refroidir. Ou pas, si on préfère éviter les situations de blocage pour empêcher les autres d’avancer dans les points

Interaction ?

Sur l’IGUS, l’échelle de mesure de l’interaction dans les jeux, Hadara atteint un 1/5

Pourquoi ?

Parce que dans Hadara, on joue dans son coin, parfois en simultané, et même si on peut toujours surveiller l’avancée des autres sur leurs pistes, on ne peut pas trop influer sur leur jeu, à peine dans le pick / contre-pick lorsqu’on prend, achète, vend des cartes

Et le militaire, dans tout ça ? Si dans les « vrais » jeux de civilisation ça bastonne (hello Scythe), dans Hadara, le militaire n’a aucun impact sur le jeu des autres

Donc au final, dans Hadara on a véritablement affaire à une interaction en mode indirecte, polaire, on fait sa petite cuisine dans son coin, en essayant de pécho les cartes les plus lucratives sans les laisser aux autres

À combien y jouer ?

Le jeu se joue de 2 à 5

À 2, le jeu file à une vitesse incroyable et il est vraiment, vraiment bien ! On a presque (presque, j’ai dit) l’impression de surveiller le jeu de l’autre

À 3-4, le jeu est également excellent et tourne très bien

À 5, c’est la configuration à éviter ! La partie a tendance à ralentir, à s’enliser, surtout lors de la prise des cartes de la phase 2. On attend son tour

À partir de quel âge y jouer ?

Le jeu indique 10 ans, mais c’est peut-être optimiste. Si la mécanique principale des pistes est plutôt évidente à comprendre, il y a beaucoup, beaucoup de possibilités stratégiques qui s’offrent au cours de la partie. À 10 ans, cela peut paraître compliqué de tout suivre, de tout faire. Un enfant de 10 ans pourra certes y jouer, mais il risquera de se faire laminer par un adulte

Comptez plutôt 12 ou même 14 ans pour apprécier Hadara à sa juste valeur

Alors, Hadara, c’est bien ?

Hadara est une riche expérience ludique. Une fois le rythme de croisière pris, les tours s’enchaînent à grande vitesse. Deux cartes : on en garde une, on en laisse une autre. Reste à savoir laquelle garder, et laquelle laisser, sachant que cette carte pourra ensuite être ramassée par quelqu’un d’autre. Que prendre, que laisser, c’est tout le dilemme du jeu. Et sur quelle piste avancer, quelles stratégies favoriser ?

Comme tout (bon) jeu de stratégie, on passe sa partie à s’interroger : faut-il se spécialiser, ça sera moins onéreux et plus facile, ou au contraire « ménager la chèvre et le chou », grappiller quelques points par-ci par-là, « manger à tous les râteliers » et j’arrête d’utiliser des expressions imagées

Mais surtout, ce qui fait d’Hadara un excellent jeu, c’est l’impression de progresser, sur les pistes, avec ses cartes. On a véritablement l’impression de voir grandir sa civilisation. Même si, au final, on ne fait que poser des cartes les unes après / sur les autres

C’est cette sensation de progression qui donne envie de jouer, de rejouer, de re-rejouer à Hadara et d’essayer d’autres stratégies. Dans Hadara, on ne s’embête jamais !

Hadara fait quelque peu penser à 7 Wonders pour ses différentes époques, ses différentes couleurs et stratégies possibles, et à Through the Ages, pour son système de cartes, mais en beaucoup, beaucoup plus fluide et rapide

Bref, Hadara est un très, très bon jeu ! À essayer de toute urgence si vous appréciez les jeux qui allient fluidité, optimisation et profondeur de jeu. Hadara, un gros jeu de civilisation en tout petit

🔴 Hadara, score final : 4/5

Ce qui nous a plu ❤️️

✅ Un jeu fluide qui fonce, une fois la toute première manche de la toute première époque passée

✅ L’envie d’y re-re-rejouer pour tenter diverses stratégies : spécialisation ? Diversification ? Quelles voies, couleurs favoriser ?

✅ Un matériel tout simple, beau, coloré et fonctionnel

✅ Un EcoScore de ouf : A ! Tout a été assemblé en Allemagne. OK, soyons lucides. Il y a un gros thermo en plastique, certainement pas fabriqué en Allemagne ! Mais le reste du jeu ne propose pas de déluge de plastique inutile !

✅ Une ergonomie top : picto, etc.

✅ Un thermo de science-fiction, avec une page dans les règles uniquement dédiée à l’explication du rangement du matériel dans la boîte. Pratique pour classer toutes les cartes des différentes couleurs des différentes époques

Ce qui nous a moins plu ⛔️

❌ Une interaction indirecte et distante. 1 sur l’IGUS. On joue le nez sur son plateau, avec 2-3 regards de côté pour savoir où les autres en sont, mais c’est tout. C’est peu

❌ Un décompte final en mode salade de points de victoire indigeste, et le tout à l’aveugle. On croise les doigts, les orteils pour espérer que ça passe. Et au moment du décompte, c’est SURPRISE !

❌ Des parties à 5 pénibles

Et encore une chose

Vous pouvez trouver Hadara chez Philibert ici

Pour une lecture plus agréable, plus confortable, notre blog ne vous propose aucune publicité, aucun contenu sponsorisé ! Nous espérons que vous appréciez. Dans un souci de transparence, pour votre information, Gus&Co entretient des relations d’affiliation avec Philibert. Ainsi, si vous achetez un jeu en cliquant sur nos liens, nous pouvons obtenir une (minuscule) part des revenus, ce qui nous permet d’acheter d’autres jeux et de continuer à pouvoir vous proposer de nouveaux articles

Et également chez Magic Bazar ici

Et si vous habitez en Suisse, chez Helvétia Games shop ici.

  • Auteur : Benjamin Schwer
  • Illustrateur : Dominik Mayer
  • Éditeur : Z-Man, EDGE, Asmodée
  • Nombre de joueurs et joueuses : 2 à 5 (évitez 5, comptez plutôt 2 à 4)
  • Âge conseillé : Dès 10 ans. Mais c’est plutôt optimiste. Comptez plutôt dès 12-14 ans
  • Durée : 30-45′ minutes à 2, jusqu’à 90′ à 5
  • Thème : Civilisation
  • Mécaniques principales : Draft, cartes
Votre réaction sur l'article ?
+1
3
+1
0
+1
0
+1
0
+1
0
+1
0

6 Comments

  • Phil

    Marrant, en lisant la description, on aurait presque pu croire à un jeu inspiré de CIV : même couleur de cartes, même nombre d’ages,… comme quoi les jeux se ressemblent de plus en plus mais heureusement n’offrent pas les mêmes sensations !

    • Moyocoyani

      Inspiré de CIV ? Ce sont surtout les 3 âges et couleurs de 7 Wonders, qui ont inspiré CIV, dans une moindre mesure Genesia, évidemment Hadara… Ça a quelque chose de très amusant (et d’assez passionnant) je trouve, que des auteurs trouvent des modèles si stimulants qu’ils en copient éhontément des éléments formels très reconnaissables pour un fond finalement très différent et bien plus personnel 🙂

  • Pierre

    Testé et approuvé.
    Un mot sur l’âge auquel jouer. Nous sommes une famille de 5, l’ainé a 13 ans, le dernier des enfants n’a pas tout à fait 7 ans, et il n’est pas toujours facile de trouver des jeux qui rassemblent tout le monde. Alors bien entendu le petit dernier n’a pas gagné. Mais il a joué tout seul, en faisant ses propres choix et ça lui a plu. Comme les interactions sont limitées, ce n’est en rien gênant pour les autres. Bref, n’hésitez pas si vous cherchez un vrai jeu familial capable de rassembler parents & jeunes enfants. 🙂

  • Lebesgue21

    J’arrive après la bataille, mais : « Un EcoScore de ouf : A ! Tout a été assemblé en Allemagne. », ça m’a fait un peu (beaucoup) tiqué : l’Allemagne a un bilan CO2 / personne catastrophique, pire que la Chine (+40%). De fait, il vaut probablement mieux assembler en Chine puis transporter en France que assembler en Allemagne puis transporter en France (le transport représentant en moyenne 10% du cout CO2).

À vous de jouer ! Participez à la discussion

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

%d blogueurs aiment cette page :