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New Eden : Plongée dans les profondeurs d’un monde englouti

Explorez les profondeurs de New Eden, un jeu de stratégie et de construction sous-marine 🌊🔧 Gérez votre station et sauvez l’humanité 🌍🐙.


New Eden

⚠️ Avertissement : Dans le cadre de notre démarche de transparence, nous tenons à vous informer que nous n’avons pas reçu ce jeu. Nous l’avons acheté ou emprunté nous-mêmes et nous vous partageons ici notre expérience sans filtre. Nous vous indiquons les points positifs et négatifs du jeu selon de nos attentes, critères et expériences.


New Eden est le tout nouveau jeu de l’éditeur allemand Schmidt, contenant des règles en français (mais aïe. On en parlera plus bas !). Il s’agit d’un jeu de Benjamin Schwer qui se déroule dans une cité sous-marine où les joueureuses doivent gérer les ressources naturelles sans endommager la station.

Dans New Eden, nous sommes projetés dans un avenir lointain où la vie sur Terre n’est plus possible en raison de la montée des océans, et nous devons chercher des solutions. New Eden se positionne clairement comme un jeu de science-fiction axé sur le climat. Coucou Cli-Fi !

L’objectif est de plonger dans les profondeurs de l’océan pour y construire New Eden, c’est-à-dire une station sous-marine.

Chaque joueureuse construit sa propre station et la développe. New Eden est un jeu de construction et de gestion dans lequel on élabore de nouveaux modules. Chaque personne est maître·sse de sa propre station et tente de gagner des points. Ces points sont représentés de manière thématique sous l’eau par des symboles de coquillages.

Et comment on joue ?

Les stations, qui sont les plateaux individuels, présentent plusieurs zones correspondant aux effets des cartes que l’on va acheter et placer à ces endroits. On trouve des cartes avec des symboles de coquillages pour accumuler des points de victoire (PV), des cartes avec des sous pour générer de l’argent, des cartes avec des meeples deeples, des meeples des profondeurs, pour obtenir plus de travailleur·euses permettant d’activer les cartes, et ainsi de suite.

Au cours du jeu, vous allez placer de plus en plus d’éléments, comme des… pieuvres de réparation. Ces dernières permettent aussi de remettre les marqueurs de menace à zéro. J’y reviendrai plus tard.

Vous avez également des pieuvres collectrices qui rassemblent des ressources pour vous, représentées par des pièces de monnaie. De plus, vous disposez d’une centrale électrique située sur un mont fumeur des profondeurs marines, où vous pouvez aussi obtenir des pièces.

Cependant, cela signifie que vous intervenez dans la nature et que votre station est menacée d’instabilité. C’est un élément intéressant, car cela peut décider à la fin du jeu, si le marqueur dépasse cette limite, que vous ne participez pas du tout au décompte final et que vous ne pouvez pas obtenir de points supplémentaires. Malgré tout, vous accumulez de nombreux points durant la partie, et cela offre un mécanisme interactif plaisant car le jeu se déroule en trois manches. C’est court. C’est bien !

À chaque tour, vous proposez des modules à différents endroits. Il y a d’abord un marché où vous disposez de différentes rangées, plus ou moins chères, et vous pouvez décider librement d’acheter, mais cela peut coûter cher. Vous pouvez aussi réduire les menaces ou en accumuler. C’est ici que l’interaction commence, car on observe les autres.

On se demande quels sont les stratégies suivies par les autres. Peut-être qu’il leur manque de l’oxygène ou des pieuvres de réparation. Le marché peut rapidement se tendre du slip !

Une fois la phase d’action achevée, le cœur du jeu, achat de cartes pour développer sa station, son jeu, son développement, placement de ses ouvriers (plongeurs) pour activer ses cartes ou passer, on passe alors à la phase suivante, celle du marché noir.

Chacun·e reçoit trois cartes du marché noir que l’on examine et on réfléchit à celles que l’on veut garder et celles que l’on ne souhaite pas conserver. Toutes celles que l’on ne garde pas sont mises aux enchères lors de la troisième phase. Il est possible d’acquérir des cartes à un prix avantageux, de manière à obtenir de nouvelles cartes et à effectuer des actions supplémentaires lors de la vente aux enchères, en utilisant le dos du plateau.

New Eden, verdict

New Eden offre des mécaniques extrêmement fluides et bien pensées. La première manche, sur trois, est flinguée. On nage (c’est le cas de le dire) dans un déluge de pictos, de cartes, de stratégies. Puis, peu à peu, le jeu commence à devenir clair, fluide et limpide. Mais c’est véritablement lors de sa deuxième partie que l’on parviendra à saisir tous les pictos, tenants et aboutissants du jeu. Surtout ce satané aspect d’instabilité qui peut nous coûter cher, et la victoire.

Dans New Eden, les mécaniques s’imbriquent de manière harmonieuse les unes dans, les unes avec les autres. Pour explorer les stations sous-marines, vous devez utiliser un sous-marin, qui navigue à travers les profondeurs de l’océan. Avec celui-ci, vous devez vous rendre sur les modules pour les activer, qui possèdent des surfaces d’activation. Pour vous y rendre, vous avez besoin d’oxygène. Par exemple, pour déplacer un module de deux cases, vous devez utiliser deux réservoirs d’oxygène.

Une fois un module activé, vous pouvez déplacer votre marqueur de menace de trois cases et potentiellement stabiliser à nouveau votre station. Vous pouvez également construire des cartes pour obtenir plus de deeples. Dans la station, il y a aussi des espaces de base à améliorer que vous pouvez utiliser, acheter pour avoir directement plus de sous-marins, par exemple.

New Eden se présente comme un jeu familial avancé (=Familial++) ou un jeu pour publics experts. Malgré une iconographie qui peut paraître complexe au début, dès que l’on a joué deux manches, il devient facile à comprendre et on progresse rapidement au cours des trois manches.

La durée de la partie dépendra du temps que les joueureuses prendront pour choisir leurs cartes. On accumule beaucoup de points pendant la partie, mais aussi lors du classement final où il est possible de ne pas être classé·e si le marqueur de menace dépasse la limite.

Car oui, il va non seulement falloir gérer son développement, mais également son niveau d’instabilité. En toute fin de partie, son pion doit se trouver avant son marqueur. Sinon on ne marquera pas les derniers points affichés sur les cartes, souvent synonyme de victoire. Une indication à gérer tout au long de la partie. De quoi se sentir le couteau sous la gorge, la corde au cou, le sous-marin en manque de rustines.

New Eden est clairement un jeu qui se bonifie avec le temps, avec les parties. On a le sentiment de nager, de couler à la première manche, partie, puis finalement tout devient clair et limpide et les tours, les parties s’enchaînent. Quelle stratégie suivre ? Usine, coquillages, crabes, deeples ? De nombreuses voies stratégiques s’ouvrent à nous. Avec le petit soupçon d’inconnu quand arrive la deuxième et la troisième phase qui nous permettent d’obtenir de nouvelles cartes, de nouvelles voies de développement. Pour autant que l’on ait encore de l’argent pour en profiter.

New Eden est un pur, pur jeu de gestion ! Il va falloir gérer son instabilité, son argent, son oxygène, ses deeples, sans parler de ses points de victoire qui finissent un peu par devenir le cadet de ses (nombreux) soucis.

Mais attention

New Eden propose trois livrets de règles séparés dans trois langues, en allemand bien sûr, en anglais et en français.

⚠️ Mais. Attention ! Les règles en français font parfois preuve d’imprécisions.

Nous avons relevé deux erreurs de traduction, subtiles, qui pourraient quelque peu venir fausser le jeu. En tout cas dans la toute première édition que nous nous sommes procurée. Peut-être que cela sera corrigé dans les prochaines.

Voici les éléments :

Comment comprenez-vous cela ? La première personne à passer son tour et à arrêter de jouer gagne 3 PV, puis l’autre deux points supplémentaires, donc 5, puis l’autre un point supplémentaire, donc 6 ?

En anglais, la règle nous donne ceci :

Et en allemand :

On comprend bien la nuance. En passant en premier, on gagne plus de points que les autres. Ça paraît logique, vous allez me dire.

Oui mais, la VF peut largement induire en erreur avec l’utilisation du terme « supplémentaire » qui n’est pas du tout employé dans les deux autres langues.

Si vous suivez les règles, et vous devriez, sinon à quoi ça sert d’en avoir, le jeu pourrait être faussé. On essaierait ainsi de passer son tour le plus tard possible, et non le contraire.

L’autre erreur de traduction peut également prêter à confusion :

Comment comprenez-vous cette règles ? Le mot clé est « par-dessus ». Quand on achète une carte, on doit alors la placer par-dessus l’autre. Par-dessus. Faut-il alors la… recouvrir ? Selon le dictionnaire, « par-dessus » signifie « au-dessus », « sur ». Le terme de « rayon » vient pourtant jouer ici les trouble-fête.

En anglais, la règle nous donne ceci :

« Next to the previous card ». À côté de la carte précédente. Et non « par-dessus ». C’est plus clair ainsi.

En allemand :

On place à côté, encore une fois. Et non « par-dessus ».

Un détail ? Si on ne lit pas l’anglais ou l’allemand, ces subtilités, nuances, imprécisions ou différences peuvent conduire à des erreurs. Ce terme peut prêter à confusion, à interprétation

Peut-être existe-il d’autres imprécisions, mais après les avoir découvertes, nous avons vite balancé les règles françaises pour « switcher » en anglais et ainsi éviter d’autres difficultés.

Dans des règles de jeu, chaque mot compte ! Non, il n’est jamais facile de bien traduire une règle de jeu. La preuve ici avec New Eden. Je vous invite à découvrir cet excellent article (au titre cocasse) sur la question : Pourquoi les règle de jeu sont parfoi tellement mal traduit

Et enfin, mini-détail, le code QR des explications de règles en vidéo disponible sur le boîte renvoie chez l’éditeur à une page… vide. Et la vidéo est introuvable.

Verdict final

Malgré ces quelques imprécisions ou maladresses, New Eden reste un jeu de gestion captivant, qui impressionne par ses mécaniques fluides et bien pensées. Malgré un début quelque peu déroutant, avec un déluge d’icônes et de stratégies, les joueureuses parviennent rapidement à maîtriser les tenants et aboutissants du jeu. Lors de la deuxième manche, tout devient clair et limpide, et on apprécie la diversité des options stratégiques qui s’offrent à nous.

Les mécaniques s’imbriquent harmonieusement pour nous plonger dans l’univers sous-marin des stations de New Eden. Que ce soit l’utilisation d’oxygène pour déplacer les modules ou la gestion de l’instabilité de la station, tout contribue à créer une expérience immersive et palpitante. Accessible autant aux familles qu’aux expert·e·s, New Eden se révèle être un jeu riche et stratégique qui demande de gérer efficacement ses ressources pour l’emporter.

En somme, New Eden est un jeu de gestion passionnant qui se bonifie avec le temps. Malgré une prise en main qui peut sembler complexe au départ, les joueureuses se familiarisent rapidement avec les mécaniques et se laissent captiver par les différentes stratégies possibles. New Eden est un pur plaisir pour les fans de jeux de gestion, offrant des défis et des choix cornéliens tout au long de la partie.

Très bon !

Note : 4 sur 5.


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Article écrit par Gus. Rédacteur-en-chef de Gus&Co. Enseigne à l’École supérieure de bande dessinée et d’illustration, travaille dans le monde du jeu depuis 1989 comme auteur et journaliste.

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6 Comments

  • LordLudo

    Pour les points « supplémentaires », la traduction VF est bien correcte (« noch » dans la VO »), c’est la version anglaise qui n’est pas bonne.

    • Gus

      Wow, tempête dans le cerveau ! C’est trop tôt le matin pour moi 😅. Ça voudrait dire que :

      Les règles anglaises sont elles aussi imprécises ?
      On gagnerait donc 3, 5 et 6 points en passant ? Ça change toute la dynamique du jeu !

      Merci pour votre intervention. Qui vient donc confirmer tout le reste. Non, il n’est pas facile de (bien) traduire des règles de jeu…

      • Theoven

        Alors je pense que c’est votre version dans l’article qui est la bonne (et du coup celle de la version anglaise). Simplement parce qu’en termes de jeu la logique 3,5,6 n’a aucun sens. Alors que la logique 3,2,1 (0 à 4) est tout à fait compréhensible.

        On ne peut pas du tout écarter l’hypothèse que la règle allemande ait été écrite au bazooka, et que la traduction française (souvent faite mot à mot), ait conservé l’erreur.

        Sinon, je demande à ce qu’on m’explique quel sens ça peut avoir, dans la mécanique, de donner des points au premier joueur qui passe, d’en donner plus au deuxième, encore plus au 3e (et pourquoi 6 ? pourquoi pas 7 ?), et rien au dernier dans le cas d’une partie à 4.

        • Gus

          Je retiens : « la règle allemande ait été écrite au bazooka ». Je retiens, et me permettrai de réutiliser l’expression à l’occasion. Oui, promis, je vous verserai 17kg de fondue suisse au passage pour le copyright.

          Qui a raison ? Vous ? Nous ? Règle allemande ? Le flou règne et n’aide pas. Nous avons poké Schmidt France sur les réseaux lors de la publi, mais ils n’ont pas daigné répondre à cette question. Dommage. Un bon sujet d’article ça. Le SAV (parfois tout pourri) des éditeurs…

          Pour répondre à votre question, « je demande à ce qu’on m’explique quel sens ça peut avoir, dans la mécanique, de donner des points au premier joueur qui passe, d’en donner plus au deuxième, encore plus au 3e (et pourquoi 6 ? pourquoi pas 7 ?), et rien au dernier dans le cas d’une partie à 4. » selon nous, lors de nos parties à la rédac, le fait de donner des points aux personnes qui passent fait penser à Caylus. On passe, on joue moins que les autres, on reçoit par conséquent une (maigre) compensation. Avec l’idée également de pousser les joueuses et les joueurs à raccourcir certaines manches qui pourraient peut-être s’éterniser. Et tant pis pour la dernière personne. Il faut donc se dépêcher de « se coucher avant les autres ». Qui va ouvrir les feux en premier (réponse : moi, souvent, parce que je gère mes tours comme une pive. Et je finis par perdre. Quelle surprise…).

          En tout cas un grand merci pour votre message !!!

  • Bigue

    Je partage également tout l’article et j’ai un peu souffert à là lecture des règles traduites.
    Un autre point mal traduit sur les trois cartes recherches page 9, en bas à droite. Il faut bien se fier aux cartes et pas aux icônes.
    Mais faut il comprendre 1 dommage par emplacement de deeple ou par carte deeple, idem pour les crabes de récolte . Puis tout faux avec l’oxygene (et non maison’coquillage)

    La centrale, comme nom d’action libre qui aurait pu s’appeler : Produire des ressources ou Actuver la centrale.
    Centrale qui devient Coupole aussi …

À vous de jouer ! Participez à la discussion

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