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Platypus. Un jeu pour ornithorynque

Platypus, un jeu de mots et de déduction subtil, malin et coopératif. Mais du déjà-vu. Un jeu tiède et réchauffé.


Platypus

Quand on vous disait que 2022 serait l’année Phil Walker-Harding. Cet auteur de jeux australien sort cette année toute une ribambelle de jeux aussi divers que hétéroclites : Fjords, Sushi Go ! Party, Super Mega Lucky Box, Museum Suspects, Adventure Games, et ce Platypus, qui vient tout juste de sortir chez Matagot.

Platypus est un jeu d’ambiance, de mots, de déduction. Que dire d’autre ? Ah oui. Il est coopératif. Le but étant de trouver le plus de mots. Ensemble. Enfin, par équipe, mais ensemble.

Platypus, comment on joue ?

Platypus, ça veut dire ornithorynque, en anglais. Un animal que l’on retrouve en Australie, le pays de l’auteur. Sinon, aucun rapport. C’était juste pour mettre un « thème », une ambiance, avec les illustrations, cocasses, de Monsieur Dupont.

On commence par placer une matrice de cartes face visible.

Deux personnes connaissent, en secret, l’un de ces mots à retrouver. Souvent des objets ou des personnalités. Ils donnent un ou deux indices par manche. Des adjectifs, des qualificatifs : agressif, bruyant, bienveillant…

Les autres doivent ensuite éliminer entre une ou deux cartes. Le but ? Réussir à avoir éliminé toutes les cartes pour ne laisser que la bonne, celle connue en secret au début.

Si les autres se trompent, ce n’est pas grave. On continue la partie. Le but étant d’en trouver le plus possible pour tenter le sans-fautes.

Pareil, mais semblable

Ça ne vous rappelle rien ? Oui, vous l’aurez peut-être remarqué, Platypus reprend les mêmes mécaniques de déduction de mots par élimination que One Key chez Libellud, Similo chez Gigamic ou Inspecteur Leflair chez Oya qui se joue avec dés plutôt que des cartes, mais le principe est le même.

Pour son rapprochement à tous ces jeux, Platypus tombe un peu à… plat et n’apporte pas grand-chose de nouveau.

Quoique.

À y regarder de plus près, Platypus réussit toutefois à infuser quelques subtilités. En effet, on commence par une main de cartes Indice. Et on en pioche de nouvelles tout au long de la partie. On sait ce qu’on a. On voit bien qu’il sera impossible de jouer ses cartes pour aider les autres dans leur déduction.

On peut temporiser, risquer. Mais surtout, plus les cartes seront éliminées et plus ses cartes Indice deviendront « faciles » (vous apprécierez les guillemets) à poser.

Il faudra donc faire très attention à suivre le jeu, de près, pour savoir ce qui est dit, et comment est-ce que la matrice de cartes disponibles évolue au fil de la partie. Ce qui reste, ce qui est éliminé. Tout ceci pour réussir à jouer ses meilleures cartes, ses meilleurs indices. Malin.

Platypus, verdict

Platypus est encore l’un de ces jeux d’ambiance de déduction de mots, par élimination et coopératif. Peut-être pas suffisamment innovant pour faire sa place au soleil cet été. Pour peu que sa ludothèque croule déjà sous ces jeux, presque doublon, Platypus n’est clairement pas un indispensable. Si vous ne possédez aucun titre de cet acabit, Platypus pourrait toutefois être un bon ajout.

Platypus réussit toutefois à susciter une discussion. On sait très bien que la créativité ne se produit pas ex-nihilo. Elle est le fruit de multiples inspirations. Créer = copier et mixer. Nanos gigantum umeris insidentes, Des nains sur des épaules de géants.

Si tous les jeux s’inspirent d’autres, toute la question, et la créativité, est de savoir comment faire pour se démarquer. Pour proposer autre chose, avec la même chose. Dans Platypus, la nuance, la différence, les différences sont peut-être très fines, trop fines pour convaincre, surprendre ou passionner.

Mais attention

Le jeu indique qu’on peut y jouer dès 8 ans. C’est FAUX ! 8 ans est beaucoup trop jeune pour connaître les personnalités à faire retrouver. Ce n’est pas donné à tous les enfants de connaître Bill Gates ou Charles de Gaulle. Et pareil pour les cartes Indice. Il faut pouvoir faire des liens et bien saisir les nuances possibles des adjectifs.

Donc non, non, Platypus n’est pas un jeu familial. Oubliez d’y jouer avec des enfants. Dès 12 ans semble être une indication plus pertinente.

Alors certes, en amont on pourra s’amuser à trier les cartes pour permettre aux enfants d’y jouer, quand même, mais les cartes Indice peuvent elles aussi devenir trop subtiles pour un public jeune. Toutefois, si c’est pour tellement « écrémer » le jeu pour le rendre accessible aux familles, autant jeter son dévolu sur un autre.

Sympathique. Efficace, mais du déjà-vu.

Note : 3 sur 5.

  • Auteur : Phil Walker-Harding
  • Illustrateur : Monsieur Dupont
  • Éditeur : Matagot
  • Nombre de joueurs et joueuses : 3 à 8 (tourne mieux à 4-6)
  • Âge conseillé : Dès 8 ans (JAMAIS ! Les enfants n’auront pas assez de connaissance sur les noms à retrouver, sur les indices. Comptez plutôt 12 ans)
  • Durée : 30 minutes
  • Thème : Aucun
  • Mécaniques principales : Déduction, mots, coopératif

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Article écrit par Gus. Rédacteur-en-chef de Gus&Co. Travaille dans le monde du jeu depuis 1989 comme auteur et journaliste. Et comme joueur, surtout. Ses quatre passions : les jeux narratifs, sa ménagerie et les maths.

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