
Cascadia. Tuiles sublimes
Cascadia, petit jeu de tuiles qui sublime la nature. Simple, mais efficace. Extrêmement efficace.
Cascadia
Est-ce que vous avez aussi remarqué, vous, que les jeux qui mettaient en avant la nature devenaient de plus en plus fréquents ? Hasard des coïncidences des calendriers, en quelques jours à peine, on vous a présenté Le Murmure des Feuilles, puis la gamme Fun by Nature de chez Helvetiq. Hasard, ou tendance ? Selon le FIJ qui s’est tenu à Cannes il y a quelques semaines à peine, tendance. Et bim. Voici un autre jeu, tendance, Cascadia.
Cascadia coche tous les poncifs de la check-list ludique : un marché de tuiles, des jetons / espèces aux pouvoirs spécifiques, des objectifs communs, majeurs. Jusque-là, rien de très original.
Et pourtant. Derrière ses aspects austères, classiques, Cascadia camoufle un jeu touchant, attachant, passionnant. Pour agrandir son domaine, quelle tuile prendre, sans la contrainte du domino. Sachant que chacune d’entre elles présente sur le marché propose également un jeton animal, que l’on va alors placer dans son petit coin de Cascadia.
Cascadia, mais qu’est-ce que c’est ?
Le nom Cascadia vient de la chaîne des Cascades (Cascade Range en anglais), une chaîne de montagnes s’étendant sur la côte ouest des États-Unis entre les États de Californie, l’Oregon, Washington (l’État, pas la ville) et la Colombie-Britannique au Canada.
Il s’agit d’une écorégion, i.e. une région écologique spécifique se distinguant par le caractère unique de sa géomorphologie, de sa géologie, de son climat, de ses sols, de ses ressources en eau, de sa faune et de sa flore. Tous des éléments que l’on retrouve dans le jeu de plateau.
Alors certes, on n’est pas là pour vivre une épopée épique et narrative. Cascadia reste un jeu de tuiles, de jetons, d’objectifs, mais le tout propose une petite virée dépaysante dans cette région dans le nord-ouest sauvage et primal américain.
Cascadia, un jeu en cascade
Tout le sel du jeu réside dans ses objectifs communs. À chaque début de partie de Cascadia, on en tire plusieurs, allant des plus simples à réaliser aux plus complexes. Ici ainsi comme cela pour marquer autant de points. Jusqu’ici rien d’original.
Il faut toutefois relever que la plupart de ces objectifs sont souvent en porte-à-faux l’un de l’autre. Celui-ci ainsi et celui-là comme cela. Mais pas ensemble. On passe donc la partie à opérer des choix, cruels. Faut-il poursuivre cet objectif-ci, ou celui-là ? On a envie de tout faire, tout le temps. Mais on n’y arrive juste pas, jamais.
Entre-deux suave
Proposer des jeux qui vont plaire à la fois aux publics non-initiés et initiés représente un réel défi. Parfois trop complexes, parfois trop légers, avoir le « cul entre deux chaises » reste un équilibre fragile, un exercice périlleux. Nombreux jeux ont essayé. Nombreux jeux se sont cassé les dents.
Et pourtant, à l’instar du tout récent First Empires, Cascadia y parvient, aussi. Si le jeu est simple, et court, il n’est pas nigaud pour autant. Le jeu parvient à proposer des défis, stratégiques, tactiques, intéressants, qui sauront ravir des parterres d’expériences ludiques intenses et complexes. Cette tuile ici, avec ce jeton-là, pour cet objectif. Et après ?
Un gameplay qui me plaît
Le gameplay de Cascadia est super simple. Vous commencez votre petite région des Cascade avec trois hexagones de terrain, dont chacune a des icônes indiquant lequel des cinq types d’animaux peuvent y vivre. À votre tour, vous choisissez du marché une des quatre paires tirés au hasard de tuiles et des animaux à ajouter à votre carte. Un jeton, une tuile. La paire étant tirée au hasard. L’un n’allant pas forcément avec l’autre. Vous pouvez ensuite les placer où vous le souhaitez.
Encore une fois, il n’y a pas besoin de respecter quelconque adjacence. Mais on aurait tout intérêt, pour pouvoir marquer des points supplémentaires en fin de partie.
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En effet, la mécanique de points repose sur deux piliers : les objectifs, par animal, et les régions, par tuile. On gagne un point par tuile pour sa région la plus grande. Autant en construire une la plus vaste possible. En jouant au Domino. La seule contrainte est que l’animal, son jeton, doit se placer sur un hexagone qui l’indique. C’est tout.
Inter action
Disons-le tout de suite, l’interaction est plutôt… polaire. On passe sa partie à construire son petit bout d’écorégion dans son coin. Mais pour peu que l’on lève le bout de son nez pour voir ce que font les autres, on pourra leur chouraver cette tuile, ce jeton du marché.
Cascadia propose enfin un petit décompte de majorité par région. Pour tempérer, ce n’est pas la mécanique principale, mais broutille, comme une petite épice qui vient relever la sauce.
Cascadia, verdict
Pour toutes les raisons explicitées plus haut, Cascadia est un très grand jeu dans une petite boîte. Un jeu qui réussit le grand écart, entre petit jeu simple, léger, à sortir entre deux plus gros jeux ou pour lancer une petite partie entre potes, mais également comme proposition ludique de toute une soirée. On y joue, puis, sans s’en rendre compte, les partie s’enchaînent, avec jubilation.
Un jeu qui a tout pour plaire. Simple, et pourtant pas simpliste. Petit, et pourtant pas nunuche. Chaque tour nous jette dans les affres, cruels, de dilemmes cornéliens : cette tuile-ci avec cet animal-là pour cet objectif-ci ? Passionnant !
- Date de sortie : Fin 2021
- Langue : Française
- Assemblé en : Chine
- ITHEM : 3 sur 5. Pour en savoir plus sur l’ITHEM dans les jeux de société, c’est ici.
- IGUS : 2 sur 5. Pour en savoir plus sur l’IGUS dans les jeux de société, c’est ici.
- EcoScore : C. Si vous voulez en savoir plus sur l’EcoScore dans les jeux de société, c’est ici

- Auteur : Randy Flynn
- Illustratrice : Beth Sobel
- Éditeur : Lucky Duck Games
- Nombre de joueurs et joueuses : 1 à 4 (tourne bien à toutes les configurations)
- Âge conseillé : Dès 10 ans (voire 8-9)
- Durée : 45′
- Thème : Nature
- Mécaniques principales : Tuiles, objectifs
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Article écrit par Gus. Rédacteur-en-chef de Gus&Co. Travaille dans le monde du jeu depuis 1989 comme auteur et journaliste. Et comme joueur, surtout. Ses quatre passions : les jeux narratifs, sa ménagerie et les maths.


3 Comments
xbrossard
je confirme: pour moi, c’est un futur classique, à l’instar de Kingdomino
Youm
Pour ma part, j’ai un autre avis plutôt opposé.
J’ai fais quelques parties, et j’ai trouvé ca relativement moyen et loin d’être fifou.
Ce n’est pas mauvais et c’est plutot amusant au début, mais après 2-3 parties on a un peu l’impression d’en avoir fait un peu le tour.
Pour ma part, je dirai que c’est juste un jeu moyen avec une bonne comm’.
Si vous voulez essayer le jeu en ligne, histoire de vous donner un premier avis : https://cascadiagame.github.io/
Nicoel974
Un jeu très agréable et où il y a un bon suspens sur le décompte final des points. On peut l’anticiper mais c’est plus marrant de ne pas le faire (?). Un indice de sa qualité à notre modeste échelle de joueurs occasionnels : ma femme demande ce jeu, ce qui n’est pas le cas pour bcp d’autres 🙁