
Les Aventures de Robin des Bois. Le meilleur jeu de l’année
Sorti toute fin décembre 2021, Les Aventures de Robin des Bois est notre gros, gros coup de cœur de 2021.
Les Aventures de Robin des Bois
Les Aventures de Robin des Bois est créé par Michael Menzel, le même auteur que le jeu Andor.
Andor. Ce nom vous dit forcément quelque chose. Rappelez-vous. C’est ce jeu d’aventures coopératif sorti en 2012 chez Iello. Nous y incarnions des aventurières et aventuriers devant protéger le pays d’Andor contre l’invasion de créatures maléfiques : exploration, baston, récupération d’objets, la totale.
Le jeu mise beaucoup sur l’accessibilité en proposant aux joueuses et joueurs de lancer leur première partie très rapidement, de nouvelles règles étant ajoutées au cours de la partie.
À sa sortie il a près d’une dizaine d’années, Andor a été bardé de nombreux prix ludiques : As d’Or en 2013, Spiel des Jahres pour connaisseurs la même année… Depuis 2012, Andor a eu plus d’une demi-douzaine d’extensions, dont une très bonne version pour enfants sortie plus tôt cette année.
Et là, bim. Michael Menzel, illustrateur de jeux de société devenu lui-même auteur de jeux de société remet le couvert, avec un autre jeu, puissant, passionnant, surprenant, Les Aventures de Robin des Bois.
Les Aventures de Robin des Bois, un Andor 2 ?
Les Aventures de Robin des Bois reprend le même principe que Andor. Les règles ne tiennent que sur… 3 lignes. Mais vraiment ! C’est juste hallucinant.
- Vous ne jouez pas les uns contre les autres, mais en équipe contre le jeu !
- On nous explique la mécanique de déplacement sur le plateau, à coup de 3 figurines qu’on juxtapose
- Si on n’utilise pas la figurine la plus longue pour se déplacer on place un petit cube blanc dans le sac
Et. C’est. Tout. Mais vraiment.
Tout comme Andor, une fois lancés, on va peu à peu découvrir de nouvelles règles qui vont peu à peu se rajouter. À son tour, on va pouvoir explorer ou combattre. Et d’autres nouvelles actions supplémentaires ultérieures. Mais tout est successif. Les Aventures de Robin des Bois peut se lancer en 1 minute, montre en main.
Même la mise en place du jeu est inouïe. Car le matériel en soi est inouï !
Est-ce que Les Aventures de Robin des Bois est un Andor 2 ? Non. Clairement pas ! Plus simple, plus fluide, plus surprenant, on y retire, selon moi, plus de plaisir.
La bourse ou la
Ce qui détonne dans le jeu, c’est son matériel, limité au strict minimum. Quelques cubes de couleur, quelques figurines en bois, un épais vrai livre, avec ses deux filins de couleur en guise de marque-pages, et un gros plateau démontable.
Ce plateau déroule tout le récit de l’habitant de la forêt de Sherwood et ses compagnons : le château et le village de Nottingham, la forêt, une rivière, et de nombreux autres lieux emblématiques.
À son tour, donc, on se balade sur le plateau pour remplir diverses missions selon le chapitre, l’aventure en cours.
Oui, mais.
Car il y a un gros, gros MAIS.
Le plateau est troué. Ou plutôt, le plateau est truffé de petites alcôves aux tuiles numérotées qui se retirent, se retournent, et laissent découvrir certains éléments, certains nouveaux lieux. Il y en a une centaine, de taille variée.
Pour vous donner une petite idée, et parce que c’est justement de saison, pensez à un calendrier de l’Avent (ure). Qui a forcément dû inspirer l’auteur. On ne voit qu’une planche, illustrée, avec des petites fenêtres numérotée. Chaque jour, pour suivre la date et marquer la progression avant Noël, et réjouir les enfants, on en retourne une.
Chez nous en Suisse, de nombreuses localités font pareil avec les fenêtres. Chaque soir, une fenêtre d’une maison différente est allumée, décorée. C’est un peu le même principe que le calendrier, mais avec de vraies fenêtres… Bref.
Dans Les Aventures de Robin des Bois donc, plongés dans le récit du célèbre voleur, selon les événements, on va devoir retirer, retourner l’une de ces tuiles. Le plateau évolue. Le récit évolue. Les Aventures de Robin des Bois est un jeu en mode Legacy. Et c’est la surprise à chaque fois ! De quoi nous motiver et nous surprendre à chaque fois.
Surpriiiiise !
Pour faire simple, la surprise est une émotion provoquée par une information ou un événement inattendu. Elle est généralement de courte durée, puis finit par s’estomper et quelques fois laisser place à une autre émotion comme la peur, la colère, la frustration, l’émerveillement, la joie… Dans Les Aventures de Robin des Bois, c’est un puissant mélange de ces deux derniers.
La surprise est un sentiment d’émerveillement que nous ressentons face à l’inattendu. Elle est un facteur clé important qui encourage l’intérêt et motive notre curiosité. Et, la curiosité est un facteur de motivation clé pour apprendre. Et ici, pour jouer. Et nous le savons bien, l’émotion de surprise se manifeste par une bouche ouverte et des yeux écarquillés en réaction à une augmentation de l’excitation et de l’attention.
Dans Les Aventures de Robin des Bois, préparez-vous à ressentir souvent cette émotion !
Lorsqu’un événement surprenant se produit, deux processus cérébraux sont déclenchés : une réponse de réaction rapide et une réponse de réflexion plus lente.
Notre cerveau aime les surprises. La preuve avec Les Aventures de Robin des Bois
C’est de saison. Nous avons reçu des cadeaux. Nous en avons offerts. Et à chaque fois, c’était la surprise de déballer, de découvrir le cadeau. Notre cerveau aime les surprises. Et pourquoi ?
La surprise est une émotion de base causée par un stimulus imprévu. Lorsque la surprise n’est pas agréable, elle devient une émotion négative telle que la peur ou la tristesse.
Mais lorsque la surprise est positive, comme de recevoir un cadeau (quand il n’est pas pourri) ou de retourner une tuile du plateau dans Les Aventures de Robin des Bois, cela déclenche une activation intense dans certaines zones du cerveau. Ces zones sont responsables d’autres émotions, telles que le plaisir.
Le noyau accumbens, qui fait partie des systèmes neurologiques centraux, joue un rôle important dans le traitement des surprises. Ce noyau accumbens joue un rôle central dans le circuit de récompense.
Il s’agit d’un ensemble de neurones situés à l’intérieur de la zone corticale prosencéphalique.
Deux neurotransmetteurs jouent alors un rôle majeur : la dopamine qui favorise l’envie et le désir, la sérotonine qui agit sur la sensation de satiété et qui joue un rôle inhibiteur. Celui-ci s’active lorsque nous nous trouvons, lorsque nous vivons une situation imprévisible. Cela se produit parce que notre cerveau, inconsciemment, attend une récompense.
Comme dans d’autres émotions, l’amygdale joue également un rôle important dans la surprise. Cela nous aide à décider si ce que nous avons découvert est bénéfique ou non. À cet égard, deux groupes différents de neurones s’activent :
D’une part, un groupe de neurones s’active lorsque nous obtenons une récompense. D’un autre côté, d’autres neurones s’activent lorsque nous obtenons quelque chose de désagréable. Comme deux factions opposées, l’une ne s’active pas si l’autre le fait.
Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, dans le cas où la surprise n’est pas agréable, elle conduit à des émotions négatives. Toutefois, lorsque la surprise n’est pas mauvaise, elle conduit à des émotions positives que nous pouvons ressentir pendant longtemps. Qui nous font ressentir alors calme et bonheur !
Curieusement, le noyau accumbens est une zone de plaisir extrêmement importante dans le cerveau. C’est probablement la raison pour laquelle notre cerveau aime les surprises. Peu importe que la surprise soit bonne ou mauvaise, car cette région s’illumine à chaque fois, activant les mécanismes du plaisir.
Comment générer un effet de surprise ?
Dans Les Aventures de Robin des Bois, et dans la vraie vie aussi, la surprise est provoquée quand :
- On s’y attend le moins.
- Le statu quo est remis en cause. La surprise provient d’un décalage entre un résultat réel et une connaissance existante.
- Une nouvelle expérience est vécue. La surprise accompagne souvent la nouveauté, car la nouveauté hacke les attentes. La nouveauté capte notre attention.
- On devine, on déduit. On aime deviner, découvrir par soi-même. C’est tout l’intérêt des polars, livres, films ou séries, ou des jeux de déduction, de détectives. Leur attrait semble souvent provenir de leur pouvoir de susciter des sentiments de tension et de suspense. Spoilez quelqu’un et vous allez vous faire lyncher !
- Il y a un effet de contraste. Le plaisir de la surprise est accru lorsqu’une réponse positive succède à une réponse négative. Pour nous sentir excité et motivé, nous devons parfois nous… ennuyer. Ce qui n’est pas le cas dans Les Aventures de Robin des Bois. Puis paf ! Surprise !
On retrouve tous ces éléments de surprise dans ce tout nouveau jeu coopératif et narratif.
Robin d’émois
Tout est dans le titre. Dans le jeu Les Aventures de Robin des Bois, on incarne pour la millième fois le fameux bandit.
Millième fois ? Pas vraiment non plus. Si on explore la base de données des jeux de société de BGG, on y découvre « seulement » 65 jeux de société qui placent l’univers du hors-la-loi. C’est finalement assez peu.
Robin des Bois est un personnage fictif britannique, héros légendaire du Moyen Âge anglais. D’abord sujet d’une tradition orale, il devient un personnage littéraire au XIVe siècle, avec des œuvres telles que Piers plowman (« Pierre le Laboureur ») de William Langland, puis le héros de diverses récits du XVe siècle.
Selon la légende telle qu’elle est répandue aujourd’hui, Robin des Bois était un brigand au grand cœur qui vivait caché dans la forêt de Sherwood. Habile braconnier, mais aussi défenseur avec ses nombreux compagnons, des pauvres et des opprimés, il détroussait les riches au profit des pauvres ou rendait au peuple l’argent des impôts prélevés, selon les idéaux des auteurs.
Robin des bois a-t-il existé ?
Cette question n’a jamais été réellement tranchée par les historiens qui sont arrivés à la conclusion que Robin des bois était né de la fusion entre plusieurs personnages. Mais le brigand justicier détroussant les riches pour nourrir les pauvres tel que nous le connaissons dans la littérature et les films est très différent de la figure du hors-la-loi et du proscrit de l’Angleterre du Moyen Âge.
Son nom anglais, Robin Hood, signifie « Robin la Capuche » et non, Robin des bois. La proximité des mots « hood » et « wood » a certainement conduit à cette confusion.
L’historien et archiviste Joseph Hunter a relevé la présence d’un certain Robyn Hode, valet de chambre du roi Edouard II qui décida en 1324 de quitter la cour pour aller vivre en forêt. Nous sommes bien loin ici du justicier mais cette mention évoquant un personnage pouvant être Robin des bois est ici une première.
Les historiens Graham Phillips et Martin Keatman ont quant à eux estimé que Robin des bois était un mélange de trois personnes : Robert Hood de Wakefield (qui pourrait être le même que celui de Joseph Hunter), Fulk FitzWarin l’un des opposants au roi Jean au début du XIIIe siècle et enfin un paysan proscrit de la forêt de Barnsdale.
Robin des bois aurait ainsi pu, non pas être le nom d’une personne, mais bien un surnom donné à des proscrits, des braconniers et des criminels dans l’Angleterre médiévale.
La Geste de Robin des Bois met également en scène le célèbre hors la loi en compilant plusieurs ballades et poèmes des siècles précédents. Robin y est un bandit au grand cœur maniant l’épieu, une lance typique du Moyen Âge, avec brio. Robin des bois devient dans les années qui suivent un personnage très apprécié du théâtre populaire britannique.
C’est d’ailleurs à l’occasion des fêtes de printemps, notamment des « Jeux de Mai » où les aventures du bandit étaient jouées sur les planches, que la figure de lady Marianne va faire son apparition. Le fameux roi Richard Cœur de Lion, autre personnage emblématique de l’histoire de Robin des bois, n’apparaît quant à lui qu’à partir de la fin du XVIe siècle lorsque le récit est déplacé au XIIe siècle.
Le personnage de Robin des Bois n’a cessé d’inspirer les cinéastes et il existe plusieurs dizaines d’adaptations de ses trépidantes aventures sur grand écran. Il faut remonter en 1908 pour découvrir le premier film mettant en scène le célèbre justicier avec Robin Hood and His Merry Men, film muet du réalisateur britannique Percy Stow.
Mais le premier film a avoir véritablement marqué l’imaginaire collectif est celui de 1922 avec Douglas Fairbanks. Un film d’aventures à grand spectacle, avec un budget colossal et des décors pharaoniques réalisé par Allan Dwan.
Si d’autres versions, notamment avec Errol Flynn ou Russel Crowe, ont une place de choix dans le cœur des cinéphiles, les deux plus célèbres adaptations du mythe sont à n’en pas douter celle réalisée par les studios Disney en 1973 dans lequel Robin est un séduisant renard, et le film Robin des Bois, prince des voleurs de Kevin Reynolds avec Kevin Costner. Des films qui ont à n’en pas douter contribué à populariser la figure de Robin des bois auprès des jeunes générations. Le dernier film Robin des Bois remonte à 2018.
Dans le jeu de plateau Les Aventures de Robin des Bois on y incarne donc le célèbre bandit, accompagné de quelques-uns de ses compagnons, en prise avec ses adversaires « habituels ».
Robin et moi
Les Aventures de Robin des Bois est un jeu d’aventure, coopératif, narratif, immersif. Toutes les parties sont découpées en chapitres, des… aventures. On en dénombre 7 seulement, avec un choix qui en propose 2 différents. Donc 9 différentes aventures en tout. Selon les événements et les tuiles explorées, retournées sur le plateau, on se saisit de l’épais livre, qui fait très « roman d’aventure », puis on lit la page correspondante.
Et selon l’aventure en cours, selon ses choix, selon l’objet possédé, il se passe ceci ou cela. Un peu en mode Livre dont vous êtes le Héros. Et l’aventure continue ou se finit.
Il faut compter environ 45 minutes par aventure. Tout dépend du scénario et de ses compétences. Il y en a donc 9 différents dans le jeu. Et il va parfois, souvent, falloir s’y prendre à plusieurs fois pour les réussir.
Comptez donc bien une dizaine d’heures pour jouer toute la campagne. Avec la possibilité de re-re-rejouer au jeu une fois les 9 scénarios terminés. Les Aventures de Robin des Bois, un jeu Kleenex ? Non, pas du tout !
On gagne ou on perd, ensemble. On gagne si on résout l’aventure, aventures qui se complexifient à mesure que l’on joue, ou on perd si le temps est écoulé. On ne joue toutefois pas en temps réel avec un véritable chronomètre, mais avec des jetons « sabliers » que l’on défausse selon les événements et lorsqu’on tire un disque rouge du sac.
Robin aboie
Le cœur du jeu repose dans l’action de piocher des éléments d’un sac. Les disques de couleur, représentant ses propres personnages ou les méchants. Une fois pioché, le disque active l’un ou l’autre personnage, l’une ou l’autre faction. Parfois on joue avant les méchants, parfois pas.
Ce qui permet de créer à chaque fois la surprise (voir ci-dessus) et ne pas créer de mécanismes automatiques que l’on retrouve partout dans tous les jeux de société coopératifs : une phase d’activation des méchants, suivie par une phase des gentils, ou le contraire.
Dans Les Aventures de Robin des Bois, tout est aléatoire. C’est fun. C’est frais. C’est surprenant, surtout. On comptait faire ceci avant cela, et il va falloir s’adapter à la situation. Comme dans la vraie vie, somme toute.
Et comme on joue les « vraies » aventures de Robin des Bois, il va forcément y avoir des affrontements. Le système est simplissime. Là aussi on pioche des éléments du sac. Des cubes, cette fois.
Si on en pioche 3 violets, le combat est perdu. Et c’est tout. On rate son tour. La partie n’est toutefois pas perdue. En revanche, si on pioche un et seul cube blanc, la confrontation est remportée. Voilà. c’est tout.
Tout l’intérêt, donc, de placer le plus de cubes blancs dans le sac pour augmenter ses chances. Alors oui, il y a du hasard, mais un hasard tempéré.
Et à combien y jouer ?
Toutes les configurations tournent bien. À deux le jeu est très bon. À plus aussi. La difficulté s’adapte en fonction du nombre de personnes à la table.
On peut même y jouer en solo, sans problème, en gérant deux personnages.
Les Aventures de Robin des Bois, à partir de quel âge y jouer ?
Le jeu indique dès 10 ans. Mais comme les aventures ne sont pas véritablement anxiogènes, on peut très bien y jouer dès 8 ans. Il suffira d’un adulte pour lire les textes du livre.
Quand sortir un jeu dans l’année ? Pas à ce moment-là !
Nommé pour la VO pour le Spiel des Jahres en mai de cette année, la VF des Aventures de Robin des Bois ne pouvait pas tomber plus mal ! Ce n’est évidemment pas la faute de Iello.
Quelle est la meilleure date de l’année pour sortir un jeu ? Et pourquoi ? C’est une question que les éditeurs se posent au moment de planifier leurs sorties. Quel moment de l’année préférer pour sortir son jeu ? Pour toucher le plus grand public possible et s’assurer les meilleures ventes ?
Avec en 2021 plus de 4 000 jeux qui sont sortis sur le marché, extensions non incluses, la fenêtre de tir d’un jeu fond comme neige sous la pluie de décembre 2021. Les éditeurs doivent de plus en plus faire preuve de stratégie pour ne pas « rater » la sortie de leur jeu. Rater ? Oui, parce que si c’est le « mauvais » moment, le jeu risque de faire un flop et, ou de connaître des ventes décevantes.
Quelle est LA date ultime la plus efficace et la plus rentable pour sortir un jeu ? Clairement pas fin-décembre, comme ici pour Les Aventures de Robin des Bois.
Évidemment, il n’est pas toujours facile pour un éditeur de contrôler la sortie exacte de son jeu. Surtout s’il est produit en Chine, puisqu’il faut rajouter les délais de production et de livraison.
Et avec le nouvel-an chinois qui a toujours lieu fin-janvier début-février, ça se complique, car les usines et transporteurs sont alors parfois en vacances pour deux semaines, ce qui modifie les délais de sortie des jeux.
Alors, à quelle date, à quelle période, à quel mois sortir un jeu ? 5 possibilités s’offrent aux éditeurs :
Septembre
Septembre est un mois intéressant, pertinent.
Certains éditeurs vont sortir leur jeu en août en grande avant-première à la Gen Con, et 1d4 semaines plus tard en Europe.
Les avantages ? Bénéficier du tremplin comm de la Gen Con, les joueurs européens auront déjà entendu parler du jeu. Et surtout, septembre est avant octobre. Et octobre, c’est Essen. Et Essen, ce sont plusieurs centaines, plusieurs milliers de jeux qui sortent EXACTEMENT en même temps. Autant, si possible, éviter d’être noyé dans la masse.
Depuis 7-8 ans, la Gen Con attire de plus en plus d’éditeurs européens, septembre s’est imposé comme un mois favori pour de nombreuses sorties.
Octobre
Octobre, c’est Essen. La méga-foire du jeu. Comme vu plus haut, de nombreux sortent en même temps Il est alors tentant de faire pareil. Et comme Essen attire près de 200 000 visiteurs sur 4 jours, avant COVID, ça en fait des clients potentiels. Avec le risque évident d’être noyé dans la masse, encore une fois.
Mais pour un éditeur, sortir un jeu pour Essen vise deux buts :
- Être présent sur le salon, et attirer les clients pour leurs nouveautés.
- Préparer le terrain pour décembre. Oui, car octobre, c’est deux mois avant Noël. Et Noël, avec les cadeaux, est la période commerciale la plus choyée.
Décembre, justement
Décembre. Noël. Les magasins de jeux réalisent leur plus gros chiffre d’affaires juste pour les fêtes. Un jeu de société est toujours un cadeau bienvenu.
Février
Le creux du mois de janvier est… creux, justement.
C’est l’après-Noël, les bourses ne sont plus trop remplies et surtout, les soldes attirent le chaland. Difficile de concurrencer les prix cassés.
Fin-février et mars devient à nouveau un mois intéressant, surtout avec le deuxième événement annuel important pour tout éditeur francophone, le FIJ à Cannes.
Juin
Juin est un mois plutôt calme. Les plus grands salons, Essen, Cannes, étant passés depuis un bon moment, il y a un creux dans le calendrier ludique à saisir.
Et juin, c’est juste avant les vacances d’été. Une période idéale pour passer ses soirées à jouer. Et puis, juin, c’est aussi le PEL, Paris Est Ludique, donc un tremplin comm intéressant pour la sortie d’un jeu.
Renégat
Alors évidemment, si tous les éditeurs attendent ces cinq mois pour sortir leurs jeux, cela crée une sorte d’ « embouteillage commercial ». Comme Essen. Tout le monde sort son jeu en même temps.
Une autre option s’offre aux éditeurs. Jouer la carte du « renégat ». De la surprise. Sortir son jeu à un moment de l’année quand personne ne s’y attend. Tout seul. Ce qui présente l’avantage de surprendre et donc d’intéresser.
Mais
Reste encore un tout dernier aspect, presque un impératif, que certains éditeurs essaient de respecter (cf. plus bas), c’est la tradition, les habitudes.
Certains éditeurs apprécient en effet suivre le même calendrier de sorties, peut-être pour fidéliser, peut-être aussi pour mieux gérer leur temps de travail sur leurs différents projets.
Avec un marché de plus en plus tendu, de plus en plus saturé, depuis plusieurs années on constate une nouvelle tendance.
Les éditeurs ont tendance à « damer le pion » à la concurrence en essayant de prendre de l’avance et les autres par surprise.
La plupart des jeux sortent en octobre ? Eh bien nous, nous sortirons notre jeu en septembre. Beaucoup de jeux sortent en septembre ? Eh bien nous, nous sortirons notre jeu en août. Beaucoup de jeux sortent en août ? Eh bien nous, nous… Etc.
Le but étant d’éviter la déferlante et de la devancer.
Les Aventures de Robin des Bois, l’exemple à ne pas suivre
Sortir un jeu fin-décembre, juste quelques jours avant Noël et la fin de l’année, c’est chaud !
Après la grosse vague de sorties en octobre-novembre, les gens ont déjà commandé leur jeux et leurs cadeaux, et les regards ne sont désormais plus tournés vers les nouveautés. On relâche son attention, sa curiosité, pour se concentrer sur les jeux achetés. Et prendre des forces, ludiques, pour la nouvelle année qui s’annonce.
Lancer un jeu au « bon » moment est un exercice fragile, périlleux, sensible. Tôt dans l’année, et c’est… trop tôt, on l’oublie. Le jeu est bien vite remplacé par le tapis roulant d’autres sorties. Tard, comme ici avec Les Aventures de Robin des Bois, et le jeu n’a pas le temps de s’installer, de faire sa comm, son buzz.
Victime collatérale de la crise maritime mondiale mouvementée de 2021, fabriqué en Chine, Les Aventures de Robin des Bois aurait pu, aurait dû sortir bien avant. Et c’est dommage. Il risque de faire les frais de cette sortie tardive, perdu dans les brumes de ces jeux peu buzzés, trop discrets.
Et le jeu est tellement passionnant qu’il serait vraiment dommage qu’il ne trouve pas son public !
Et pourquoi est-ce que, selon nous, Les Aventures de Robin des Bois est le jeu de l’année ?
Pour mille raison, environ. En voici quelques-unes :
⏱ La mise en place prend 2 minutes.
⏱ Le jeu s’apprend en une minute avec ses 3 règles.
🔩 Le matériel est somptueux : plateau, illustrations et le livre, surtout !
🔩 Le matériel est tout simple, fonctionnel, sans chichi.
🎁 On passe sa partie à être surpris grâce aux éléments cachés sur, sous, dans le plateau.
⚔ Les aventures sont épiques et tendues. On gagne ou on perd sur le fil.
🚀 Les aventures sont diversifiées et peu répétitives.
💾 On peut facilement « sauvegarder » sa progression et continuer plus tard.
❤️️ Les aventures sont riches et excitantes et donnent vraiment envie .
🎒 Un monde ouvert. On peu explorer ceci, aller là-bas, rencontrer ce personnage-ci, faire cela. On se sent libre !
📕 La mécanique des marque-pages dans le livre est ingénieuse.
📕 Les textes sont riches et lyriques. Et sans aucune faute d’orthographe (pas le cas de tous les jeux…).
📈 Le jeu est évolutif et donne envie de jouer, de progresser.
⚙ Les mécaniques de jeu sont fluides, dynamiques et épurées : ordre du tour, actions, résolution des combats.
💬 Les scénarios sont interactifs. On va pouvoir rentrer en interaction avec des personnages et des éléments présents sur le plateau, avec des réactions logiques qui s’ensuivent.
👥 Le jeu est tout public. Mais vraiment. Autant les familles que les publics plus joueurs y trouveront leur compte et plaisir.
Les Aventures de Robin des Bois, verdict
Sorti quelques jours avant la fin de l’année en outsider que plus personne n’attendait, passionnant, immersif, narratif, surprenant, c’est, pour nous, clairement le meilleur jeu de 2021 !
S’il vous reste encore quelques euros dans votre escarcelle et que vous n’avez pas tout grillé pour vos cadeaux (ou tests PCR), ou que vous disposez de bons d’achats dans votre boutique préférée de jeux, foncez !!! Ou économisez pour janvier.
Grandiose !
⚠️ Attention toutefois
Le jeu comporte 3 petites coquilles. Rien de méchant. Iello a déjà publié un petit erratum. À noter si vous achetez, jouez au jeu.
Et encore une chose
Est-ce que, comme Andor, le jeu sera suivi de multiples extensions ? Peut-être. Mais comme il s’agit d’un seul et unique récit, celui de Robin des Bois, il est peu extensible à l’infini.
Toutefois, avec sa mécanique originale et disruptive de plateau évolutif et surprenant, on pourrait imaginer, espérer d’autres héros et récits légendaires adaptés à la même « sauce » Les Aventures de…. Un peu comme Pandemic décliné en de multiples versions qui conservent quelques éléments du jeu d’origine.
Alors, à quand un « Les Aventures de Sherlock Holmes » sur un plateau urbain représentant le Londres du 19e ?
- Date de sortie : Décembre 2021
- Langue : Française
- Assemblé en : Chine. C’est dommage. Pour un jeu qui ne compte que des jetons en bois et du papier.
- ITHEM : 5 sur 5. Pour en savoir plus sur l’ITHEM dans les jeux de société, c’est ici.
- IGUS : 5 sur 5. Pour en savoir plus sur l’IGUS dans les jeux de société, c’est ici.
- Ecoscore : C. Si vous voulez en savoir plus sur l’EcoScore dans les jeux de société, c’est ici.

- Auteur : Michael Menzel
- Illustrateur : Michael Menzel
- Éditeur : Iello
- Nombre de joueurs et joueuses : 2 à 4 (tourne bien à toutes les configurations. On peut même y jouer sans difficulté en solo en gérant deux personnages)
- Âge conseillé : Dès 10 ans (peut très bien aussi se jouer dès 8 ans, avec un adulte lisant les textes)
- Durée : 45 minutes par aventure. Il y en 9 dans le jeu. Et il va parfois, souvent, falloir s’y prendre à plusieurs fois pour les réussir. Comptez bien une dizaine d’heures pour jouer toute la campagne.
- Thème : Robin des Bois
- Mécaniques principales : Coopératif, narratif
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7 Comments
amnesix77
Bonjour Gus,
merci pour ce coup d’éclairage sur ce jeu ; j’avais vaguement lu quelques infos dessus et « ha, encore un coop’, vite on oublie », votre article me fait réfléchir et je vais garder le jeu dans ma potentielle wishlist car oui les achats de Noël sont finis depuis longtemps.
L’idée de l’ordre aléatoire des affrontements me plait beaucoup de même que les « surprises » scénaristiques. Vous n’avez pas parlé de l’effet leader si souvent omniprésent dans les copératif ni de la manière dont chacun joue un rôle « différents », je creuserai cet aspect avant de me décider. Sinon j’aime bien l’aspect « démarrage imminent » et la durée maîtrisée d’une aventure.
Et comme toujours merci pour les disgressions, c’est bien ce qui fait le sel de nos lectures.
Pouch1
Merci pour l’article
Si j’ai bien compris c’est un coop legacy. Mais faut-il jouer toujours avec le même groupe de joueurs pour suivre l’histoire… ou peut-on facilement changer ?
Hanareck
Non le jeu n’est pas legacy il est possible de rejouer, il n’y a pas de destruction de matériel et il est possible de rejouer une deuxième fois sans répétition (avec autres ? textes peut être variations de scénarios ?
Laurent
Après deux scénarios le jeu est vraiment super !
Ne pas lire avant de jouer le chapitre 2.
J’ai une interrogation sur la corne : est-ce qu’on remet le disque ignoré immédiatement dans le sac (on retarde donc juste son effet) ou est-ce qu’on l’enlève comme les autres jusqu’à tous les remettre dans le sac ?
Wayne
Bonjour,
Pour moi telle que la règle est écrite on remet le disque immédiatement dans le sac puis on re-tire un disque (qui peut donc être le même). Ça rebat donc un peu les probabilités, sans être trop puissant.
Laurent
Bonjour,
Oui en effet en relisant la règle c’est très clair, on retarde juste éventuellement l’événement.
GroTroll
Bonjour,
Après une critique aussi dithyrambique, je n’ai pu que craquer et commander le jeu.
J’ai eu la surprise de découvrir qu’il était catégoriser dans les livres (tva 5,5%), trop de narratif et pas assez de coopératif ? ^^
Je me réjouis à l’avance de faire jouer ces aventures à mes enfants.
Encore merci Gus pour cette revue !