Critiques de jeux,  Jeux de plateau

Disney: Shadowed Kingdom, larme fatale

Disney: Shadowed Kingdom nous emmène dans l’univers Disney. Un bonneteau, de trop.


Disney: Shadowed Kingdom

Ça y est, la boîte de Pandore de Disney est bel et bien ouverte. Décidément, Disney a la cote dans le milieu du jeu de société. Après Villainous, et toutes ses extensions, après une nouvelle version des Loups-Garous en mode méchants de Disney, voici Disney: Shadowed Kingdom, un tout nouveau jeu de société Disney vient tout juste de sortir.

C’est l’éditeur de The Thing: Infection at Outpost 31, Mondo Games, qui s’y colle. Il s’agit d’un pur Mixi. Petite boîte, petit prix, grand jeu. Ou presque. Dans Shadowed Kingdom, un jeu de cartes coopératif à deux uniquement, vous allez pouvoir déplacer les personnages Disney connus, tels que Mickey, Minnie, Donald, Daisy et Goofy, et unir leurs forces pour rechercher la magie dans un pays appelé Le Royaume qui se trouver sous la menace d’une ombre rampante. Récupérez suffisamment de magie, blanche, sacrée, bénéfique, sauvez le Royaume et remportez la partie. Et vice versa, avec des cartes Ombres, négatives, maléfiques et surtout, plus nombreuses que les autres. Donc gaffe !

Dans Disney: Shadowed Kingdom, à votre tour, vous ne faites qu’une seule et unique chose : ajouter une carte à une matrice commune de 2×2 de cartes cachées. Et, parce que ça serait trop simple sinon, vous n’avez pas le droit de communiquer.

Vous allez devoir choisir vos mouvements et vous coordonner en silence pour poser vos cartes et déplacer votre carte, en mode Labyrinthe. Je pose, je pousse. À vous de bien choisir. Avec une poussée horizontale, l’autre dévoile la carte poussée et en applique les effets. Avec une poussée latérale, la carte qui dépasse est défaussée, sans être jouée, mais l’autre doit toutefois en piocher une nouvelle et appliquer ses effets. Tout le cœur du jeu réside dans le fait de retrouver la Magie et éviter les Ombres. Et encore une fois, tout ceci en évitant de (trop) parler.

Le jeu ne dure que 15 à 20′ et propose des règles hyper simples : on pousse, on révèle, on applique les effets, et puis c’est tout. Disney, coopératif, à deux uniquement, un (plus ou moins) petit prix, Disney: Shadowed Kingdom a tout pour plaire. Mais non, le jeu se prend les pieds dans le tapis (d’Aladin).

Disney Moins

Je dois vous avouer une chose. Je n’aime pas les jeux à communication limitée, à l’instar de The Crew ou Hanabi. Dans Disney: Shadowed Kingdom, et ces autres titres, j’ai l’impression qu’on passe sa partie à éviter de trop en dire, et parfois être tenté par « tricher » par contourner les règles pour quand même en dire un tout petit peu, un tout petit plus. Juste pour y arriver, mieux.

Le problème de cette mécanique, c’est qu’on ne sait jamais trop exactement ce qu’on a le droit de dire et ce qu’on n’a pas le droit de dire. Ce qu’on gagne en contrainte, on le perd en fluidité. Et donc pas en plaisir. Alors oui, The Crew et Hanabi ont connu des succès retentissants, indéniables, mais perso, je ne suis pas fan. Je ne dis pas que ce sont de mauvais jeux. Je dis juste que c’est une mécanique qui ne me plaît pas, parce que je ne m’y retrouve pas. J’ai l’impression de me battre trop contre le jeu, de manière artificielle. Avec le désir présent, pressant, de lâcher le mot, de trop.

Disney: Shadowed Kingdom met également un autre écueil en place, l’aspect « bonneteau ». Des cartes qui filent, qui défilent. Chaotique, pénible. Après quelques minutes de jeu, on ne sait plus la carte qu’on va révéler. La mémoire aide à se souvenir, au début, mais certaines cartes demandent de tout mélanger. Elle est où, la reine de cœur carte Magie ? Ici ou ici ? En fin de compte, on joue, on gagne, on perd, on ne sait ni trop comment, ni trop pourquoi.

Disney: Shadowed Kingdom est symptomatique de ce marché du jeu de société, saturé, avec plusieurs milliers de titres sortent chaque année. Sur toute cette quantité, il faut bien s’attendre à ce que certains soient des succès retentissants et tonitruants, alors que d’autres, en revanche tombe à plat. Le cas ici aujourd’hui avec ce jeu.

Ce Disney: Shadowed Kingdom soulève toutefois une réflexion intéressante et une discussion nécessaire à avoir. Faut-il, ou pas, parler des mauvais jeux ? Ou ceux qui ne nous plaisent pas ? Est-ce qu’un blog ou un média doit forcément ne parler que des bons jeux et faire l’impasse des jeux moyen ou des jeux mauvais ? C’est une question qui apparaît de manière régulière sur les réseaux sociaux.

En ce qui nous concerne, sur Gus & Co, depuis la création de notre blog en 2007, nous allons fêter nos 15 ans l’année prochaine, nous avons fait le choix de parler de jeux. De tous les jeux. Qu’importe qu’ils soient bons ou moins bons. Le risque de ne parler que des bons jeux c’est de donner l’impression que tous les jeux sont excellents. Et le risque, également, c’est de ne pas se positionner comme média ou comme plateforme avec un minimum de finesse critique.

L’autre question que l’on pourrait se poser, c’est pourquoi est-ce qu’on ne parlerait que des bons jeux et pas des autres. Est-ce par peur de fâcher les éditeurs où les auteurs ? Car oui, ceux peuvent parfois exercer une influence, malsaine, sur les médias.

À cela il faut reconnaître que de nombreux médias, plateformes, chaînes YouTube, blogs, influenceurs, reçoivent des jeux, ou autres, gratuits, de la part des éditeurs. Comment faire alors pour en dire du mal ? Pas une question facile. Préfère éviter de dire que certains jeux sont moins bons, c’est éviter de se mettre en porte-à-faux avec les éditeurs ou la communauté ludique.

En ne disant que du bien de tous les jeux, ou en ne parlant que des bons jeux, on reste lisse. On cultive une bonne image auprès des éditeurs, qui vont continuer à envoyer des jeux, gratuits. C’est tout bénef.

Sur Gus& Co, encore une fois, nous avons opéré le choix de parler de jeux. De tous les jeux, même s’ils sont parfois moins bons ou qu’ils nous ont déçus. Notre objectif ? Partager avec vous notre passion, celle du jeu de société. Même si, comme avec ce Disney: Shadowed Kingdom, le jeu tombe à plat. Et vous, qu’en pensez-vous, faut-il parler de tous les jeux même ceux qui sont moins bon laissez-nous un petit commentaire en bas.

Disney: Shadowed Kingdom, verdict

Décevant

Chaotique, insipide. Le Disney de trop

Note : 1 sur 5.
  • Auteur : Darth Rimmer
  • Illustrateur : Marcel Mercado
  • Éditeur : Mando Games
  • Nombre de joueurs et joueuses : À 2 uniquement
  • Âge conseillé : Dès 8 ans (bonne estimation)
  • Durée : 15-20′
  • Thème : Médiéval fantastique
  • Mécaniques principales : Dungeon Crawler, coopératif, narratif, numérique, jeu de rôle

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13 Comments

  • Atom Chris

    Je vous suis depuis peu et trouve les newsletter toujours très intéressantes et engagées. Celle ci n’y fait pas exception. Continuer avec cette transparence et cette sincérité est pour moi gage de qualité. Que celui qui ne partage pas vos idées, votre ligne éditoriale se désabonne. Point.

  • david

    Pour moi, la question n’est pas faut il parler ou non des mauvais jeux mais plutôt faut il dire qu’on n’a pas aimé un jeu…et là la réponse est un grand OUI.
    J’apprécie beaucoup Gus and Co pour ses articles de fond, les nombreuses photos, sa mise en page soigné…mais j’avoue être un parfois choqué de la tournure « jeu de massacre » que peux prendre certaine critiques..la dernière en date étant pour Glory (que nous apprécions quant à nous mais là n’est pas le débat).

    Je préfèrerai lire dans un article que vous n’avez pas du tout aimé plutôt que le jeu est nul. Y a un coté péremptoire qui me choque un peu. Car certain je pense ne feront pas la distinction, il ne faut pas sous estimé l’influence d’un média comme le votre sur les ventes d’un jeu (et tout le travail qui a pu être fait en amont).
    J’avoue, si j’étais un auteur, éditeur, je ne vous porterai pas dans mon coeur 🙂
    Mais oui, je suis intéressé d’entendre parlé aussi des jeux que vous n’avez pas aimé ;o)
    Et votre article sur Brasil Impérial (du même éditeur que Glory) n’a fait que décupler mon envie de l’acheter 🙂
    Merci pour votre site !

  • Vincent

    Dans un monde idéal, chaque bloggeur, youtuber devrait donner un avis critique sur chacun des jeux qu’il a eu l’opportunité de tester. Que cet avis soit bon ou mauvais du moment qu’il est argumenté.
    Pour les raisons que vous avez décrites dans votre article, ça ne se passe malheureusement pas ainsi. Et je dirais que les perdants dans cette histoire, c’est nous, les joueurs. Finalement nous ne voyons passer que de bonnes critiques et souvent des jeux identiques.
    J’attends pas moins de Gus and Co un fonctionnement à l’identique pour les 15 prochaines années.

    • Gus

      Pourquoi seulement pour ces 15 prochaines années, Vincent ? On continuera en Ehpad, ou ce sont mes enfants qui s’en chargeront. Gus&Co, bientôt dans le Metaverse 😜

      Merci pour votre réaction Vincent !

  • Le courant

    Bien sûr qu’il faut parler des mauvais jeux selon moi! Pour les arguments que tu cites, mais aussi car cela nous permet de mieux appréhender l’ensemble des critiques en cernant mieux « l’opinion » de celle ou celui qui les fait. La neutralité est impossible, mais l’objectivité en cadrant la critique et une certaine partialité deviennent alors des gages de sincérité bienvenus…

  • patrikcarpentier

    Ce que j’aime chez G&Co, c’est le côté pragmatique des critiques. Quand c’est bien, il convient de le dire. Quand c’est mauvais, il convient de le dire aussi. Quand c’est moyen, aussi.

    Il y a un certain nombre d’années, voire de décennies, j’ai été « victime » d’une louange-copinage dans la presse. De ce fait, j’ai acheté en toute confiance le produit qui était si magnifique, si extraordinaire. Résultat : une énorme déception, et le sentiment d’avoir été trahi. Depuis, je suis devenu plus méfiant.

    Bonne continuité pour les lustres à venir 🙂

  • Jamois

    Bravo, et merci infiniment pour cet article.

    Personnellement je travaille dans le milieu du cinéma et dans ce monde là il y a les medias qui disent du bien de tout et de tout le monde, et les journalistes spécialisés que l’on appelle critiques de cinéma qui donnent un avis éclairé même s’ils deviennent une cible de rancoeur. Rappelons qu’une critique peut-être positive, négative ou nuancée.
    Mais c’est bien ces avis qui ont forgé les cinéphiles et c’est ce qui donnera aux ludophiles l’envie de continuer….
    Parce que C’est affligé, qu’hier encore, mes yeux vagabondaient sur les rayonnages ludiques débordant de party games douteux et de vieux dinosaures persistants d’avant les jeux modernes, de la Fnac puis de cultura.
    Car le drame c’est que l’offre ludique des grandes surfaces n’évoluera que si les journalistes ludiques évoluent d’annonceurs à critiques.
    Désormais dans les grandes surfaces on trouve les chtis, mais aussi soy cuba (classique de la propagande russe), le dernier Lars von trier, le dernier polar coréen…

    Pensons à tous les joueurs qui ignorent encore les jeux modernes parce qu’on ne leur propose que des trivial poursuit Avengers, monopoly special danny boon, des blanc mager coco extention leche mon cul, et le nouveau risk Avatar…

    a moins que l’envie des lufophiles ne soit de rester tranquille entre eux dans leur petit coin… À collectionner des boites sans pouvoir les sortir faute de partenaires, accumulant des kilos de plastique acheté 2 ans à l’avance sur KS.

    Pour moi le monde ludique est aussi important que le cinéma. Jouer rend moins con, jouer élève les êtres, fait réfléchir, rire, pleurer et pourquoi pas bander… Peut-être devrions nous aussi sortir de cette dénomination de « jeu » qui minimise et s’inscrit dans le registre enfantin ou régressif… C’est idiot. Un adulte qui se surchauffe l’esprit 4 heures sur un core game part d’une démarche aussi intellectuelle que de regarder un film expérimental ou de lire un roman exigeant comme un Ellroy ou un Damasio.

    J’aime les jeux de société et je voudrais que ce 10e art (classé avec les jeux vidéo et le multimédia) soit mieux partagé et appréhendé.

    Merci Gus de cet effort supplémentaire.
    Hjamois

  • L'abscisse qui prend

    Que vous le pensiez bon ou mauvais il faut le dire. C’est au lecteur ensuite de faire la part des choses. Aujourd’hui vous devez être trois médias à oser réellement « taper » sur des jeux (Vous, Ludovox et Try Game ayant heureusement remporté son procès suite à une mauvaise critique !) Et c’est trop peu.

    Pourquoi le faut-il ? Par simple honnêteté envers soi-même, le lecteur, l’éditeur et les auteurs et artistes. Parce qu’en atténuant notre « rejet » d’un jeu, on le met presque au même niveau qu’un autre que l’on a adoré.
    C’est ne pas féliciter un auteur d’un jeu dont les mécaniques sont très réussies de dire que son jeu est bien mais de dire pareil d’un autre jeu (dont les mécaniques ne fonctionnent pas aussi bien).
    Idem pour les illustrations. Idem pour l’iconographie qui est très importante dans la compréhension d’un jeu. Si on ne soulève pas les points qui dérangent et qui nuisent à l’expérience d’un jeu, cela devient problématique.
    Bien-sûr une critique repose sur une analyse qui se veut objective mais dont l’expérience de jeu reste personnelle et donc confère à l’avis son côté subjectif…
    C’est alors au lecteur et au joueur de faire la part des choses sur ce qui a dérangé le critique, si lui aussi ça le dérangerait et s’il veut bien tester le jeu tout de même.
    Il ne faut pas oublier que le jeu de société représente un budget, qu’il faut faire des choix et donc en connaître les avis positifs et négatifs.

  • Jo

    Votre choix de parler des jeux dans leur ensemble, qu’ils soient excellents, bons, moyens, médiocres ou mauvais, est une décision très honorable. C’est quelque part une marque de respect, de transparence et d’honnêteté envers votre public. Ce qui est louable et qui est peut-être devenu rare pour un média. Parler en bien ou en mal (avec toutes les nuances entre les deux) d’un jeu, permet aux lecteurs de se poser des questions et de prendre du recul par rapport à ce que lui-même attend d’un jeu en termes de mécanique, design, interactivité, rejoibilité, etc… et ce recul n’est pas toujours facile à prendre face à l’influence que peuvent exercer les médias (revues, blogs, influenceurs, YouTube,…)
    En tout cas, bravo et surtout merci pour votre esprit !

  • FanofGus

    Bonjour,

    Il est très important de poursuivre sur cette voie, c’est ce qui fait l’intérêt du site: le côté honnête des critiques.
    Elles ne font peut-être pas plaisir aux éditeurs mais avec du recul, cela leur permet sûrement de rectifier le tir les fois suivantes. Sans critique, il n’y a pas d’amélioration possible.

    Bonne continuation!

  • Vincent

    En tout cas, cet article a bien « buzzé » sur le site de la communauté des ludistes francophones. 145 commentaires quand je l’ai vu passer dans mon fil FB. J’aurais aimé pour ma part que le débat se déroule ici, c’eut été plus courageux.
    Car c’est un débat à avoir. Gus and Co est-il critique ou influenceur ? Où est la frontière ? Est-elle perméable cette frontière ? Quelle est l’indépendance d’un média comme le votre vis à vis d’Asmodee par exemple ?
    Vous avez trois heures 😂

    • Gus

      Influenceur ? Jamais. Juste une bande de passionnés qui partagent leurs découvertes, bonnes et moins bonnes. Ni plus, ni moins.

      Nous sommes un modeste blog, sans aucun revenu ni pub. Rien de plus.

      Ce que nous faisons, nous le faisons avec plaisir sur notre temps libre. Rien de plus.

      Nous revendiquons ce que nous sommes, des petits Suisses (sans sucre ajouté). Rien de plus.

      Cette réponse nous a bien pris 3h 😀 Vincent

À vous de jouer ! Participez à la discussion

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