Analyses & psychologie du jeu,  Jeux de plateau

Où sont les femmes? Pourquoi il y a plus d’hommes que de femmes auteurs de jeux de société. On a peut-être enfin trouvé l’explication

FYI: cet article a été rédigé par un homme, puis relu et validé par l’unE des membres de notre collectif

C’est un constat étrange et peut-être amer

Sur le marché du jeu de société, il y a beaucoup, beaucoup plus d’auteurs masculins. Et peu de femmes auteures (on peut également dire « autrices »)

Combien de femmes auteures pour tous les Bruno Cathala, Uwe Rosenberg, Antoine Bauza, Wolfgang Warsch, Eric M. Lang et consœurs confrères?

Souvent, les « seuls » noms de femmes auteures de jeux sont en collaboration avec des hommes, ou même parfois avec leur mari slash compagnon de vie slash frère

Le cas avec les Markus et Inka Brandt (Exit), les Marie et Wilfried Fort (Mr Wolf), Emely et Lukas Brandt, enfants de (Dard Dard, Mito) ou le tout récent Ceylon et les Chris et Suzanne Zinsli

Ou encore, des noms féminins rattachés à leurs parents. Le cas avec les Hoby et Vienna Chou (My Little Scythe) et les Catarina et Vital Lacerda (Dragon Keeper)

Les quelques femmes auteures de jeux de société se comptent sur les doigts d’une main, max

Et pour se convaincre d’un tel désequilibre, il suffit de se pencher sur le palmarès des As d’Or et des Spiel, les deux prix les plus prestigieux du métier

Certes, ces indications ne sont pas révélatrices des chiffres exhaustifs du nombre d’auteures sur le marché, mais elles fournissent toutefois un aperçu d’une certaine réalité (accablante)

L’As des Couilles

L’As d’Or, remis lors du Festival International des Jeux de Cannes en février-mars, existe depuis 1988. 29 prix en tout, puisque 1991 et 2006 ont été sautés

Si j’ai bien compté, la 30e remise de l’As d’Or aura d’ailleurs lieu dans dix jours, jeudi 21 février

Sur ces 29 prix, seules 3 femmes auteures apparaissent dans la sélection de l’As d’Or ou Super As d’Or avant:

  • 1990, avec Véronique Debroise pour son jeu « Fragrances« 
  • 1999, de nouveau avec Véronique Debroise et son « La Route des Epices » en collaboration avec un homme, Victor Lucas
  • 2010, avec Amanda A. Kohout et son « Identik« , en collaboration avec un homme, William P. Jacobson

Et encore, sur ces jeux, deux sont en collaboration avec un homme… Donc un rapport de 1/10. On repassera pour la diversité

Bien entendu, dès qu’on tape dans l’As d’Or pour enfants, sur les 30 ans du FIJ, le nombre d’auteures augmente

Il n’y a qu’à voir les jeux nommés pour 2019. Sur les 11, 4xAs d’Or, 4xAs d’Or pour enfants et 3xAs d’Or pour expert.e.s, on ne trouve aucun nom dans la sélection pour l’As d’Or. Pareil pour la catégorie « expert.e.s ». Mais 3 sur 4 pour l’As d’Or enfants

Est-ce que les femmes en connaissent plus sur les enfants? Un peu sexiste et réducteur, ne trouvez-vous pas?

On pourrait critiquer le jury de l’As d’Or de n’être constitué que d’hommes, et donc de manquer de sensibilité féminine pour nommer et sélectionner un jeu d’une auteure

Et pourtant, non. Parmi le jury de cette année, il y a 3 femmes sur 9. Ce n’est certes pas du 50-50, comme dans la « vraie vie » réelle, mais c’est déjà pas si mal

Mais alors, comment expliquer ce taux si faible de représentation féminine? Est-ce que les jeux créés par des femmes auteures sont moins bons que ceux de leurs homologues masculins?

Le Spiel des Barbes

Si l’As d’Or est LE prix franchouillard, quid du Spiel, germanique et aussi plus international?

Décerné par un parterre de journalistes germanophones spécialisés en jeux de société, le Spiel existe sans interruption depuis 1979. Avec chaque année des nominations en printemps et l’annonce des prix en juillet

Sur les 40 ans de Spiel, on ne compte que quatre noms de femmes auteures. Et encore, 3 d’entre elles sont associées à des hommes

  • 1983, Dorothy Garrels pour Scotland Yard, en collaboration avec cinq auteurs masculins, Werner Schlegel, Fritz Ifland, Manfred Burggraf, Werner Scheereret et Wolf Hoerman
  • 1985, Suzanne Goldberg pour Sherlock Holmes Détective Conseil, en collaboration avec deux auteurs masculins, Gary Grady et Raymond Edwards
  • 2006 (sacré bond dans le temps pour retrouver la prochaine), avec Karen Seyfarth pour L’Aventure Postale, en collaboration avec son mari Andreas Seyfarth
  • 2011, avec Susan McKinley Ross, enfin une femme auteure qui remporte le prix toute seule, avec Qwirkle

Et pareil que pour l’As d’Or, dans le Spiel pour enfants, qui n’existe que depuis une dizaine d’années, on retrouve plus de noms de femmes auteures

Mais alors, comment expliquer ce taux si faible de représentation féminine? Est-ce que les jeux créés par des femmes auteures sont moins bons que ceux de leurs homologues masculins?

Les femmes jouent moins que les hommes

Il y a moins de femmes auteures de jeux de société, c’est un fait.

Mais alors, à quoi est-ce dû?

Est-ce que parce qu’on trouve moins de femmes aux tables? Est-ce que les femmes n’aiment pas les jeux de société? Et que donc, elles seraient moins enclines à se lancer dans la création?

Dans notre Bar à Jeux et dans tous nos événements, nous constatons atteindre la parité, voire même une sur-représentation féminine, avec parfois du 70-30

Il vous suffit de regarder les photos de notre dernier Sherlock Live à Genève (1’6K participant.e.s) pour vous en convaincre

Donc non

Le jeu, de société, de rôle, vidéo, n’est pas une activité réservée aux hommes

Mais alors, si les femmes jouent elles aussi, pourquoi ne créent-elles pas plus de jeux de société?

Les femmes sont moins intelligentes

Euh, faut-il vraiment passer un chapitre à démonter cette affirmation?

D’ailleurs, en passant, ce genre d’affirmations crétines et mensongères est une super technique pour remporter des débats. C’est ce qu’on appelle la technique du Gish Gallop, très connue en politique (actuelle et américaine)

Mais alors, si les femmes sont autant intelligentes que les hommes, pourquoi ne créent-elles pas plus de jeux de société?

Les femmes sont moins créatives

Du Gish Galloping encore une fois

Bien évidemment que non

Dans les industries créatives, ciné, musique, art, littérature, bédé, gastronomie, on retrouve beaucoup de femmes

Mais alors, si les femmes sont autant créatives que les hommes, pourquoi ne créent-elles pas plus de jeux de société?

On a enfin trouvé la réponse. Une piste, en tout cas

Avant de poursuivre la lecture de l’article, voici deux petites questions pour vous:

  • Quand vous étiez au lycée (ou peut-être l’êtes-vous encore), combien de garçons et de filles y avait-il dans votre classe?
  • Et dans votre taf actuel ou précédent, combien de femmes occupent ou occupaient un poste hiérarchique?

S’il n’y a pas plus de femmes auteures sur le marché du jeu société, l’explication tient peut-être dans cet excellent article paru ce jeudi 7 février dans le New York Times

« Pourquoi les filles battent les garçons à l’école et perdent contre eux au bureau »

L’article explique bien que les femmes réussissent mieux à l’école, mais peinent ensuite à occuper des postes de cadres

Aujourd’hui, dans nos sociétés occidentales, on retrouve plus de femmes dans l’éducation post-obligatoire, secondaire II (lycée) et III (université)

Je suis enseignant de lycée depuis plus de 20 ans à Genève. Dans toute ma carrière, j’ai pu observer que nos classes étaient toujours composées d’une large majorité d’étudiantEs. Selon les chiffres officiels, pour la rentrée 2018-2019, mon lycée compte plus de deux tiers d’étudiantes

Plus de femmes, donc

Dans la logique, ces chiffres se retrouvent ensuite dans l’éducation supérieure et tertiaire

Tout dépend bien sûr alors des filières. Les écoles d’ingénieurs attireront plus d’hommes, et l’inverse pour les études littéraires et humaines, psycho et socio

Mais alors, qu’est-ce qui manque aux femmes pour se lancer dans la création de jeu?

Des cojones 🍒

Comme l’explique l’article du New York Times, pour qu’une femme se lance dans une carrière, dans une entreprise, dans un poste ou une aventure différente, peut-être plus complexe ou exigeante, elle devra d’abord être sûre d’être parfaite pour ce job

C’est le syndrome de l’imposteur. Les femmes en souffrent beaucoup plus que les hommes, surtout à haut niveau de responsabilité

Tandis que pour la majorité des hommes, tout est une question de courage, de témérité. Les hommes hésiteront moins à se lancer, à briguer un poste « au bluff » ou pour se poser et relever un nouveau défi

Selon l’article encore une fois, les femmes attendront de posséder toutes les compétences et expériences nécessaires pour se lancer

OK, on aurait tendance à vouloir entrer en résistance pour s’opposer à l’article et à sa vision réductrice et très, trop généraliste

Alors oui, ce n’est pas le cas de toutes les filles d’être de frêles créatures mijaurées. Il y a aussi des pionnières, des inventeuses et des championnes en MMA

Et oui, pareil pour les hommes, tous ne sont pas de sombres crétins téméraires ou fonceurs comme le laisse penser l’article

N’empêche

Les chiffres ont la dent dure

Les filles ont de meilleures résultats à l’école, tandis que les garçons finiront par occuper des positions de cadres plus élevées

Tout lien avec les élections présidentielles américaines de novembre 2016 est une pure coïncidence

C’est peut-être même le sens caché de l’article. Comme on le sait très bien, le NY Times a une position très anti-Trump, et l’article a choisi son camp

En novembre 2016, vous aviez d’un côté une femme candidate, ancienne secrétaire d’Etat, en politique depuis plus de 30 ans, épouse d’un ancien président des Etats-Unis en poste pendant 8 ans. Des qualif de ouf

Et de l’autre, un homme n’ayant aucune expérience de la politique. Ni au niveau législatif, il aurait pu être sénateur, comme Obama l’était avant de devenir président, ni au niveau exécutif, comme Clinton justement, gouverneur de l’Arkansas avant de devenir président, Ronald Reagan en Californie, ou George W. Bush au Texas

Rien. Nothing. Nüüt (c’est du suisse-allemand)

Et pourtant, Trump s’est présenté

Pour finir par remporter le vote du collège électoral (mais pas populaire, à 3 millions près). Mais ça, c’est une autre histoire (les Russes, tout ça…)

Quel lien avec le jeu de société?

Pour créer un jeu, il faut se lancer

Tout et toute auteure de jeu passe par plusieurs étapes. De l’idée, à l’envie, au prototypage, aux multiples tests puis enfin au démarchage d’un éditeur, qui représente 50% du travail, comme dirait Bruno Cathala

Il faut croire à son projet, suffisamment pour avoir envie de le porter à bout de bras pendant 1, 2, 3, voire même 8+ ans. L’interview de l’auteur d’Inis chez Matagot en est un parfait exemple

Une solide dose de persévérance, certes, et un côté « fonce! » et « j’essaie ». Et parfois, ça passe, le jeu finit par être édité, grâce à ses qualités, un coup de chance, de bluff ou de réseautage

Si l’on en croit l’article, les femmes auraient tendance à ne pas se lancer, craignant l’imposture. Les hommes, eux, essaieront. Quitte à se planter. Ils auront au moins essayé. Un truc purement « de mec ». La perf, les records personnels

Un méchant déséquilibre, une grosse pression sur les hommes qui osent moins se lancer (ne venez jamais faire du canyoning avec moi, je suis un trouillon. Et je n’assume pas du tout)

Mais alors, comment changer le marché pour le rendre plus inclusif?

On pourrait commencer jeune. En éduquant les filles d’une manière différente

Avez-vous déjà écouté ce que les parents, les adultes disent des filles? « Oh, elle est tellement choue ». « Oh, cette robe lui va si bien ». Les poupées, les cheveux longs, tout ça

On a beau essayer d’être un parent moderne et pas genré, on se cogne souvent aux stéréotypes. Mes parents, les grands-parents de ma fille de 4 ans, n’ont toujours pas compris que ma fille pouvait vouloir autre chose qu’une poupée à son anniversaire, et que mon fils de 5 ans, lui, aimerait aussi pouvoir de temps à temps jouer à la poupée pour s’en occuper

La tendance sexiste existe de vouloir complimenter les filles pour leur apparence ou pour leurs réussites scolaires, intellectuelles. Les petites filles se doivent d’être choues, calmes et intelligentes. C’est un peu le « sois belle et tais-toi »

Elle est loin, l’image véhiculée par une Lara Croft (récente, dans les reboots moins sexuels) forte, téméraire et volontaire

Les garçons, eux, devraient être forts en sport et courageux. Tu seras viril, mon kid

L’inversion des rôles n’est pas une solution

Les garçons ne devraient pas « devenir de petites filles », ou ce qu’on en attend d’elles, et vice versa. Il faudrait juste commencer par soutenir les filles dans leurs tentatives, dans leurs aventures

Aider, accompagner les filles à devenir des femmes fortes, fières, courageuses, qui essaient, quitte à se planter, quitte à essayer

Learning by doing, comme on dit dans la langue d’Alexandria Ocasio-Cortez

Et non d’attendre d’avoir toutes les compétences nécessaires pour se lancer

Il n’est pas question ici de dire aux hommes de se calmer, mais bien aux femmes de se lancer, plus et plus souvent

Vous êtes une femme? Vous avez une idée, un projet pour un jeu de société? Go! Lancez-vous!

Y aura-t-il bientôt une parité sur le marché du jeu de société? Bientôt une sélection pour l’As d’Or et le Spiel à 50-50, voire à 100% féminin?

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14 Comments

  • Abbadon

    Un article vraiment intéressant !
    (D’ailleurs je suis curieux de voir combien de femmes vont répondre à l’article proportionnellement aux hommes)

    Plusieurs réactions et questionnements à chaud suite à la lecture (Attention pavé en approche !)

    – Aussi loin dont je peux me rappeller, j’ai toujours principalement joué…bah avec des garçons à dire vrai. Non pas que les filles étaient exclues, bien au contraire, mais rien qu’à Magic à l’époque (je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaîtreuuuuh ! La la la laaaa la la la) on comptait plus de paires de testicules que d’ovaires autour d’une table dans ce milieu somme toute fermé.
    Quizz du pourquoi ? Allez savoir, sans doute un peu de tout, et surtout le poids des clichés tel que « les filles ça ne joue pas, ça prépare son avenir ! » imposés par le milieu familial.
    Quelle bouffé d’air frais depuis que ma compagne (avec qui je suis depuis 7 ans) m’a avoué (je vais y revenir) qu’elle aimait les jeux de société !

    « M’a avoué ! » Pourquoi j’insiste autant sur cette partie ? Parce que ce jour là j’ai pris (un peu) conscience du poids que les femmes pouvaient subir dans tous les domaines. Bordel…même dans les jeux de société ! Je vous jure hein, elle se sentait presque honteuse de me dire qu’elle aimerait bien que nous fassions des soirées jeux entre nous (moi j’avais raccroché depuis des années, la vie faisant que toussa toussa).
    Honteuse non pas à cause de moi (ouf !), mais parce que pour elle ce n’était pas commun, dans les normes sociétales….sigh…cela lui avait été inculqué implicitement comme cela.
    Bref, aujourd’hui, nous jouons souvent, nous initions nos petiots communs (J’ai un autre grand enfant pas de la même maman) et je prends plaisir à me prendre des raclées par mon ogresse sur des Blood Rage, Solenia et Terraforming Mars !
    Je vous promets, j’ai gagné une seule partie depuis des mois, tous jeux confondus. Alors je prends plaisir à me prendre des raclées pourquoi ? Parce que je veux la surpasser ! Non pas parce que c’est une femme…mais tout simplement parce que j’ai en face de moi un adversaire (on s’en fout du genre) qui me pousse à m’améliorer, et bordel ça fait du bien ! 🙂

    Pas de la compétition de testosterone ! Juste du plaisir de faire des parties endiablées, tout bêtement.

    Assez parlé de moi. Regardons de plus près aussi un détail.
    Prenons les pubs de jeux de société de l’époque et arrêtez moi si je me trompe (c’est probable mais pas sûr).
    Aussi loin que je me rappelle aussi, dans les pubs nous voyons la gentille famille jouer autour d’une table (vous savez, la gentille famille « modèle » selon les critères de l’époque (sigh) avec 1 papa 1 maman et 2 enfants autour de la table).
    Bon et bien souvent dans ces pubs, qui lance les dés ou avance les pions, souriant (bêtement ?) devant les enfants émerveeeeeillés ? L’homme….
    La femme dans tout cela, si on se remémore les pubs, n’était bien souvent pas active dans la pub, devant se contenter elle aussi de sourire (bêtement ?)

    Triste non ? Implicitement cela ne participait-il pas au fait que la femme ne pouvait pas être présente dans le milieu du jeu de société autrement que par un sourire et une présence passive ? (Je ne sais pas si je suis clair, j’écris toujours en one-shot, désolé)

    Cela commence à changer, doucement…trop doucement. Mais nous ne pouvons qu’encourager ce changement et continuer nos efforts.

    La seule chose que je crains, c’est la discrimination positive. Cela ferait plus de dégâts qu’autre chose.

    Cela questionne aussi sur un point. La femme a t elle besoin de nous pour se mettre en avant dans le milieu ?
    Ma réponse tendrait vers le non, car qui mieux qu’une femme peut savoir ce que veut et a besoin une femme ?

    Il serait d’ailleurs très interessant de connaître les difficultés que rencontre une autrice de jeux par rapport à un homme pour sortir un jeu. Non pas par condescendance ou bienveillance mal placées, mais surtout pour connaître leurs points de vue directement sur le terrain. Afin que nous bougions nos mentalités depuis leurs points de vue et non le notre.

    Arf, il y aurait encore tant de choses à écrire et réagir sur cet article ! Nan vraiment hein, faut arrêter de pondre des articles intéressants, comment qu’on fait nous (les femmes et les hommes) pour ensuite s’atteler et ne pas empiéter sur nos tâches quotidiennes, si on veut réagir et répondre en commentaire ? 😀😉🤣

    Et si le jeu de société n’était tout simplement…pas genré ? Ce ne serait pas mieux ? (Vous avez 2 heures, calculatrice autorisée)
    Perso, que l’auteur/trice soit un homme, une femme, un transgenre, un lapin ou un brocolis, je remercie le créateur, la créatrice pour le moment de joie apporté.

    Bref (Je l’ai pas déjà dit ça ?), j’éspère que les lignes bougeront, à une allure plus rapide qu’actuellement. De manière désinterressée, pour le plaisir de tout le monde, juste parce que l’égalité représentative homme/femme/lapin/brocolis/guéridon amènera plus de joie autour d’une table et d’un bon jeu.
    Et parce que les jeux de société représente…la société, et qu’elle évolue.

    Merci Gusandco pour l’article, une fois de plus ! 😀

    • Gus

      Merci pour votre long et riche et pertinent commentaire

      Je me réjouis de le lire, de le relire, puis de le re-re-relire

      (ps je vous avais prévenu hier de cet article 😉 Content qu’il vous plaise Abbadon)

  • Abbadon

    Ps : Un seul regret sur Gusandco…Je n’ai pas encore trouver comment modifier/éditer un commentaire pour corriger nos fautes quand nous répondons 🤣

  • Crunsk

    Je me demande si il n’y a pas un biais dans votre analyse.
    Vous comparez le pourcentage d’auteures au pourcentage de joueuses qu’il y a aujourd’hui. Et effectivement le résultat est sans appel. Cependant, les joueuses étaient elles autant représentées il y a 10 ans par exemple? N’était on pas sur un 20% de femmes pour 80% d’hommes (chiffre sorti de mon chapeau, si quelqu’un a des vrais stats là dessus…).
    Admettons qu’il y avait effectivement moins de joueuses. Du fait que pour créer un jeu, il faut je pense avoir un bagage ludique non négligeable, j’ai l’impression qu’actuellement, le nombre de femme ayant ce bagage est plus faible que les hommes, et peut être en adéquation avec les pourcentages d’auteures.
    Du coup, je préfère croire à cette hypothèse, car cela signifie quand dans les années qui viennent, quand le pourcentage de joueuses ayant un un bagage ludique important aura augmenté, nous aurons une explosion du nombre d’auteures.

    • Gus

      Merci Franck pour votre intervention pertinente

      C’était tout le sens de mon et de son article (du NY Times)

      Il y a les chiffres, et il y a la réalité

      Les chiffres sont le témoignage d’une réalité actuelle (en passe de changer???), pas leur explication

      Je ne suis pas mathématicien, et plutôt (très) nul en chiffres (demandez à nos testeurs de nos codes (poke Clément)). Je suis prof de sciences humaines et j’ai fait théologie, donc plus sensible aux questions humaines

      J’ai justement essayé d’éviter les équations numéraires if this then that

      Il y a des joueuses, c’est incontestable. Alors où sont les auteurEs??? Selon moi, tout n’est pas question de chiffres

      Cela dit, « marrant », mon fils de 5 ans vient de créer son tout premier jeu. Pas ma fille de 4 🙁

  • Fanny

    J’ai toujours aimé jouer. Mais j’ai longtemps senti que je n’étais pas la bienvenue parmi les tablées masculines, je me suis le plus souvent invitée à défaut d’être invitée. J’ai depuis fait ma place et les mentalités ont fort heureusement changé. Il n’empêche que.
    J’ai longtemps trouvé cela injuste de constater autour de moi que lorsqu’on se réunissait dans un bar, des groupes de mecs se formaient aux fléchettes, au billard… sans inviter les copines.
    Au début je n’osais même pas y jouer. Puis je me suis rendue compte que j’étais pas mauvaise. Puis on a « bien voulu » faire équipe avec moi, j’ai dû « faire mes preuves » (seriously ?).
    C’est ancré dans les mentalités, d’ailleurs vous en voyez beaucoup vous des femmes jouer à la pétanque avec l’ancienne génération ? (Le Mölkky plus jeune, semble plus mixte).

    Pire: lorsqu’elles sont invitées, les femmes refusent, par peur du ridicule, car bien souvent elles n’osent même pas ou si elles ont osé, on s’est (plus ou moins gentiment) moqué d’elles.
    Un dîner, un pique-nique ? Pendant que les hommes jouent, les femmes préparent à manger ou s’occupent des mômes.
    Je vous sors un cliché qui parait fou peut-être aujourd’hui, avec une tonne de contre-exemples mais: j’ai grandi avec cette image là. On m’a dit « va aider ta mère » et on a dit à mon cousin du même âge « viens jouer avec nous », et j’enrageais intérieurement.
    On m’a déjà dit « mais toi t’es pas une vraie fille ». « Ta place c’est pas à la cuisine ? Arrête de jouer, bosse un peu » (haha !)
    Donc oui, on part de loin, de très loin. Dans mon asso de joueurs il y a 10 ans on était 3 nanas. Maintenant on doit être pas loin de 50.
    Dans mon entourage, une petite fille crée des jeux de société à la pelle, (en plus ils sont pas mal), son grand frère n’en a jamais eu l’idée (le commentaire précédent m’a fait sourire).

    J’ai travaillé en tant qu’animatrice auprès d’enfants et d’ados: j’ai dû me battre avec mes collègues,instits etc pour que les filles soient correctement intégrées dans les jeux et sports (d’ailleurs on parle de plus en plus du problème de la cour de récré: https://www.20minutes.fr/societe/2367371-20181108-garcons-centre-filles-cotes-pourquoi-cour-recreation-lieu-inegalites-entre-eleves ). Avant ? on disait « les filles ça n’aime pas jouer au foot ». Ah ben oui, il n’y a qu’à voir aujourd’hui le boom du football ou rugby féminin.

    C’est comme dans tous les autres domaines: on a un sentiment d’infériorité oui, un syndrome de l’imposteur, oui. Et même si le milieu du jeu s’ouvre, c’est pas encore ça.

    Il y aurait tellement à dire… rien que la petite « honte » quand il ne reste qu’un rôle féminin qu’un homme doit prendre dans un jeu (« échange avec moi stp »), ou bien les remarques qui vont autour.

    Je constate néanmoins que beaucoup de jeux à rôles font l’effort de proposer de plus en plus de parité ou bien carrément le choix (Hero Realms qui propose la version féminine ou masculine selon le recto ou le verso).
    Et bien sûr aucune avancée en ce sens ne se fait sans le soutien et l’aide d’ hommes éclairés.

    Et rien que le fait de lire cet article qui pose les bonnes questions, ça me fait respirer et me dire « on avance ». Merci.

  • Marion972

    Merciii beaucoup pour l’article et les commentaires!! J’avais mis j’aime à chaque commentaire mais apparemment il doit falloir être connecté.e pour que ça fonctionnne…
    Pour ma part, je joue beaucoup depuis petite. En famille d’abord, puis beaucoup beaucoup en café jeux et compagnie à partir de la fac.
    Mais c’est vrai que les clichés ont la vie dure… mais camarades de promo à l’école d’orthophonie étaient souvent plus intéressées par les jeux « utilisables en rééducation » que par les jeux plus velus qui m’attiraient lol
    Heureusement aujourd’hui, j’ai fait une belle rencontre en soirée jeux et nous jouons ++ a deux avec mon compagnon depuis 4 ans !
    Mais en orthophonie c’est un peu pareil… 90% de nanas dans la profession et bien plus de 50% d’hommes dans les postes à responsabilité au niveau du syndicat par exemple… ils en parlent, de notre peur de nous lancer, ces chiffres ?!
    Go, girls, go ! 🤓

  • Marion972

    Oups désolée je me suis un peu emballée et ai tout tapé d’une traite… « mais camarades » à lire « mes camarades » donc ! Bouh la mauvaise ortho qui a usurpé sa place !!

  • Ana Gramme

    non ce n’est pas des cojones qu’ils faut aux femmes ! c »est là encore faire la belle part aux hommes, le vocabulaire et notre façon d’écrire nous installent dans une réalité qui n’est pas la notre, ce dont on a besoin c’est qu’on arrête de nous briser menus les ovaires 🙂
    effectivement le monde du jeu est globalement un monde masculin, et pourtant pas mal de ludothécaire sont des femmes 🙂
    et ça on ne le dit pas assez !
    https://www.facebook.com/journalduneludomediathecaire/

    🙂

  • Abbadon

    Je remonte un peu ce sujet afin de montrer le sexysme gerbant que peut subir encore à notre époque les femmes.
    https://youtu.be/KLe4K61hzGk

    Girl Dot Game est une youtubeuse sympa qui parle de jeux de société, avec des vidéos certes pas exemptes de défauts, mais qui transpirent la sincérité et sont toutefois de bonne qualité. Dans cette vidéo toute récente, qui ne traite pas de jeux, elle explique la démotivation qu’elle a eu suite à des attaques vraiment navrantes…
    La question se posait donc l’autre jour où sont les femmes dans le jeu de société ? (Bien que la question ciblait plus les auteures)
    Ma foi…si dès qu’une femme sort le bout de son nez pour parler de notre passion commune, elle se fait allumer et incendier pour rien…on est pas sorti des ronces…

    Mais ne soyons pas défaitistes, je reste convaincu que les choses bougeront petit à petit.

    Bref…Encore une fois merci Gus pour l’article, il redonne le moral et surtout, continuez comme cela, à interroger et nous faire nous questionner sur notre passion ludique, son environnement et sa perception.
    Je n’y vois aucune masturbation intellectuelle à chaque fois, juste des questionnements, honnêtes et sincères aussi, sans contreparties, que ce qoit financièrement ou autres.

    Chapeau bas…sincèrement.

    • Gus

      Un grand MERCI Abbadon pour ton message

      Hallucinant!!!

      Je te conseille sincèrement d’écouter cet épisode de l’excellent podcast Les Couilles sur la Table, qui parle de notre masculinité parfois/souvent toxique

      Je ne peux que te renvoyer vers les 62 commentaires parfois édifiants à la suite de notre article sur l’écriture inclusive dans les jeux de société

      Et pas plus tard qu’il y a quelques minutes, sur le même sujet qui continue de remuer notre masculinité, nous avons reçu ce commentaire, que nous avons jugé inopportun. Nous en recevons plusieurs par jours, totalement déplacés, parfois en mode « haters » slash bashing gratuit. Notre charte est claire sur la question. Les commentaires haineux passent à la poubelle

      pierre

      Affligeant

      Mais vraiment Abbadon, deux choses:

      1. C’est samedi matin, au petit-déj, écoute le podcast, la claque et une grosse, grosse remise en question nécessaire sur nous-mêmes. Et si nous avons des enfants, mon cas avec un fils de 5 ans et une fille de 4, sur les valeurs que nous voulons leur transmettre

      2. Merci pour commentaire. Tu nous as dévoilé.e.s: « juste des questionnements, honnêtes et sincères aussi, sans contreparties » C’est exactement ça, ni plus, ni moins

      Excellent weekend ensoleillé à toi Abbadon

      Si tu as le temps, reviens nous voir demain matin, un (long) article est prévu qui pourra t’intéresser

      Merci pour ta fidélité!

  • Mélanie

    Ce n’est qu’un avis de fille qui cherche sa voie.
    En temps que fille on a tout le temps peur de ne pas être légitime, de recevoir cette fatidique question: « pourquoi tu fais ça dans deux ans tu t’arrêtes pour avoir des gosses? »..
    Ce n’est pas systématique et pourtant dans ma promo (7 mecs sur 19 personnes)les filles osent clairement moins tenter leur chance, c’est comme si on nous avait matraqué trop longtemps qu’on veut moins, qu’on doit faire nos preuves deux fois plus pour être approuvées par la communauté!
    Ce sont des clichés. Et pourtant c’est ce qu’on nous a appris : ne fait pas d’ombre à ton homme car c’est lui qui te défini.
    Les clichés ont la vie dure, difficile de s’autoriser à exister quand on a le sentiment de n’être bonne à rien. Plus de fille se lanceront dans la création quand elles ne seront pas taxées de filles sans cœur, d’émasculatrice ou de je ne sais quoi encore.

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