
Histoires de Peluches. La vie secrète de ton nounours 🐻
Un excellent Dungeon-Crawler narratif et immersif à l’ambiance burtonnienne (Tim, pas Jack)
Cette critique a déjà publiée lors de la sortie de la VO en février 2018. La VF chez Plaid Hat/ Asmodée est en approche pour dans quelques jours, mi-décembre 2018
Histoires de Peluches, de quoi ça parle?
Histoires de Peluches est un pur produit narratif. L’accent est en effet mis sur le thème, le récit, la péripétie
Immersif
Un jeu qui vient alimenter la tendance de plus en plus marquée des jeux narratifs
Et alors, ça parle de quoi?
Les joueurs et joueuses incarnent les doudous d’une fille dont on ne connaît même pas le prénom. Nounours, jouets. La fille vient tout juste de prendre possession de son tout premier lit, après avoir jeté son lit de bébé. Elle s’endort. A la Toy Stories, ses doudous prennent vie et décident alors de veiller sur elle
Quand tout à coup, c’est le drame. De vilains monstres apparaissent et se jettent sur le lit. Les doudous s’emparent aussitôt de leur arme (?!) et volent à son secours. Bastooooooon!
Et le récit commence alors, mais nous n’allons pas ruiner la surprise et la suite
Le thème est extrêmement présent et immersif. Nombreux textes d’ambiance et de description à lire, avec des personnages, des situations, des événements à découvrir. On se plonge rapidement dans cette histoire de nounours qui prennent vie et qui se mettent en quête de protéger la fille qui dort
Et comment on joue?
On commence par choisir un scénario. Puis chaque joueur et joueuse choisit un personnage aux compétences particulières. On lit l’introduction, et on commence
A son tour on tire 5 dés de différentes couleurs d’un sac, sachant que chaque couleur correspond à une action particulière: attaque au corps-à-corps, à distance, déplacement dans des cases spécifiques, regain de PV, augmentation du niveau de menace, etc.
A choix, on lance alors les dés par couleur et on choisit quelle action effectuer selon les éléments visibles et disponibles sur le « plateau »
Chaque chapitre du récit est en effet mis en scène par un plateau, en réalité une page d’un gros livre que l’on tourne selon le développement du récit. Et chaque chapitre / plateau / situation place différents éléments et actions à disposition: acheter du matos, fouiller, rencontrer et discuter avec des « PNJ », arrivée de créatures, lieux à visiter
Un exemple du carnet:
Tous ces éléments pourront être alors rejoints et résolus grâce aux dés
Et selon le niveau de menace (les dés noirs), les créatures vont s’activer à la fin de son tour. Autrement dit, plus on joue et plus la menace augmente
Mais pas de panique!
Les créatures attaquent, certes, mais les personnages ne meurent pas vraiment. Ils continuent d’être en jeu, affaiblis, et ils peuvent regagner des PV pendant la partie. C’est juste que la quête est ralentie. Sauf si tous les personnages sont affaiblis. Dans ce cas-là, la partie est pliée
Des règles plutôt simples et fluides qui se prennent en main rapidement. D’autant que les premiers chapitres sont évolutifs, et comme les éléments apparaissent peu à peu on peut tout-à-fait commencer de jouer le nez dans les règles. Tout deviendra de plus en plus clair au fil du jeu
En conclusion, des règles plutôt digestes, qui proposent tout de même quelques subtilités techniques (dés de défense, dés d’actions groupées, évolution / XP des personnages)
Et comment on gagne?
On perd tous ensemble si tous les personnages sont affaiblis
On gagne tous ensemble si on parvient à accomplir la quête principale du scénario
Un seul scénario unique?
Non, il y en a sept disponibles dans le jeu. Sept plus ou moins longs, sept plus ou moins éprouvants
On embarque sur une quête, et c’est parti. Sachant que chaque chapitre propose plusieurs embranchements narratifs
Comme chaque partie dure entre 1 et 2h, ça fait quand même près d’une dizaine d’heures de jeu pour venir à bout des sept scénarios. Pas mal. Et on peut aisément s’attendre à des extensions et futures aventures
Matos de
Le matériel est juste somptueux. Les illustrations plongent les joueurs dans cet univers onirique et les figurines, très cartoon, permettent une identification toute cute
Ce qui surprend, c’est le livre d’histoire, un gros et lourd pavé d’une centaine de pages reliées. Sur une page, la situation, le niveau, le plateau de jeu est dévoilé et sur l’autre, les textes et règles spécifiques liées à ce niveau. Surprenant. Ergonomique
Interaction
Extrêmement forte, évidemment, puisqu’il s’agit d’un jeu coopératif. Il sera crucial de discuter et de coopérer pour monter des stratégies efficaces
Autrement dit, qui fait quoi, quand et comment
Et à combien y jouer?
Pas une question évidente pour Histoires de Peluches
Le jeu est prévu pour 2 à 4
On pourrait dire que le jeu est optimal à quatre, au max, pour une interaction optimale
Oui
Mais
Mais même à deux le jeu est aussi excellent
A deux, il est proposé de prendre chacun deux personnages pour en disposer de quatre sur le plateau et ainsi profiter de plus d’actions. Mais c’est conseillé, pas obligatoire
Mieux vaut alors ne pas le faire, cela pourrait devenir compliqué à gérer. Juste à deux, parent-enfant, le jeu se transforme en véritable aventure épique partagée
Alors, Histoires de Peluches, ça vaut quoi?
Pour résumer et faire très, très simple, Histoires de Peluches est du dongeon-crawling narratif. On débarque sur une mappe, on lamine du monstre, on découvre des lieux, on rencontre divers PNJ, on loote dans la joie et la bonne humeur, on progresse dans l’aventure
Bref, un jeu à la croisée du jeu de rôle, du jeu de figurines et des livres dont vous êtes le héros. Avec une mécanique de cartes « rencontres » qui demandent d’effectuer des mini-choix narratifs, empruntée à Dead of Winter, d’ailleurs créée par le même éditeur, mécanique depuis également reprise dans Scythe et Fallout
N’empêche
Le thème est plus sombre que jovial. Les illustrations, dans les tons sombres, les monstres, les thèmes abordés dans le jeu (agression, solitude, cauchemars…) sont réservés à un public plutôt mature
Au point de se demander à quel public le jeu est destiné
La lucarne idéale est en effet extrêmement limitée, entre 7 et 12-13 ans. Avec un univers trop… enfantin pour des ados et adultes (nounours, jouets), et trop sombre pour de jeunes enfants
Score
Anticipation: 5/5. Le même auteur que Mice and Mystics, déjà une belle réussite (bien qu’avec des règles trop complexes pour des enfants), un thème extrêmement original, un matos de ouf: les fig, les illustrations, le livre de scénarios avec les plateaux qui changent à chaque chapitre
Pendant la partie: 4/5. Fluide, immersif, riche. Peut-être trop de baston qui rendent le jeu un poil répétitif. Mais une riche aventure immersive et intense
Après la partie: 5/5. Une très, très forte envie d’y rejouer et de découvrir les autres scénarios
Score final: 5/5. Un excellent jeu
Mais
Mais à quel public s’adresse ce jeu??? 🤔
Un univers très, trop sombre et inquiétant pour de jeunes enfants. Et peut-être très, trop puéril pour des adultes. Au gameplay très tactique, très hasardeux avec les dés, même si on peut modifier le tirage grâce aux objets
A moins de se prendre au jeu et de trouver un réel plaisir à se laisser embarquer dans ces récits certes enfantins mais ô combien rocambolesques. Retour en enfance garanti en incarnant un nounours, un éléphant et un lion armés d’une fronde ou d’un coupe-papier. Ambiance burtonnienne garantie (Tim, pas Jack)
Et si vous avez des enfants de 7-8 ans et que vous voulez les introduire au jeu de rôle et/ou au jeu de fig, Histoires de Peluches est juste ultime
Pour changer des zombies ou du 600’000e KS CMON avec son déluge de fig (oui, The Others, je pense à toi), Histoires de Peluches est un excellent Dungeon-Crawler narratif et immersif
Et encore une dernière chose
Vous pouvez consulter les règles en anglais ici
Et quelques reco si vous voulez vous lancer dans cet univers enfantin cauchemardesque en jeu de rôle
Little Fears, dans lequel les joueurs et joueuses incarnent des enfants en proie à leurs peurs les plus profondes, sorti en 2001 en VO et en 2003 en VF, aujourd’hui difficilement trouvable
Et sinon, il y a aussi Tiny, un tout nouveau jeu de rôle français sorti en début d’année qui permet justement d’incarner des nounours et de se plonger dans les rêves d’un enfant
Histoires de Peluches sort mi-décembre, pile poil pour les Fêtes. Un beau cadeau. Vous pouvez d’ores et déjà le précommander chez Philibert
- Date de sortie : février 2018 en VO. Mi-décembre 2018 pour la VF. Lla trad a connu du retard, elle avait d’abord été annoncée pour l’été 2018
- Auteur : Jerry Hawthorne (Mice and Mystics)
- Illustrateur : Regis Demy, Kristen Pauline
- Editeur : Plaid Hat Games slash Asmodée
- Nombre de joueurs : 2 à 4
- Age conseillé : dès 7 ans dit la boîte. Les mécaniques ne sont pas forcément super compliquées, déplacement, actions, attaques. Mais les thèmes et situations abordés sont plutôt sombres (cauchemars, monstres, illustrations sombres). Donc 7 ans est plus que conseillé pour ne pas traumatiser votre enfant à vie
- Durée : 1-2h, tout dépend des scénarios
- Thème : fantastique, peluches, rêves, cauchemars
- Mécaniques principales : dés, narratif, coopératif


8 Comments
Nadir
Je suis embêté, je n’ai pas d’enfants, ni d’amis avec des enfants pour trouver une excuse pour acheter ce jeu qui a l’air très bô et sympa.
Sinon, Little Fears, je l’ai et c’est vraiment glauque. D’ailleurs, si mes souvenirs sont exacts, entre VO et VF, un des « grands méchants » a été changé, tant il a été jugé glauque. Après, ça reste un jdr, mais là ce n’est plus sombre, c’est carrément le coeur des ténèbres niveau thème.
DimensionJeux
Pour les adultes, vous pouvez attendre le prochain jeu avec les mêmes mécaniques et du même auteur (Jerry Hawthorne) : Comanauts.
GILLES CARALI
Hello Gus,
Le jeu est pour 2 à 4 joueurs, est ce que c’est avec ou sans Maître de jeu ?
En gros, puis-je y jouer avec ma fille qui a 8 ans ? On s’était 2 donc. Merci
Gus
Sans, Gilles.
Et oui, c’est possible à 8 ans, avec bcp d’adaptations / simplifications.
Nelow
Salut Gus,
Je voulais juste signaler qu’on ne peut finalement pas « choisir le scénario » comme tu le dis dans cet article, car on s’est rendu compte pendant la traduction que ça rendait certains effets impossibles à appliquer si on n’avait pas d’abord joué telle ou telle histoire.
Après un retour à Plaid Hat Games, la décision a donc été prise de modifier la règle et d’indiquer que les aventures doivent être jouées dans l’ordre où elles sont présentées, pour ne pas avoir de problème du tout.
Voilà, c’était juste pour info ^^ Bel article, keep up the good work !
Gus
Oh, merci pour ton intervention Elo
Intéressant et pertinent changement 🙌🏼
François
Un excellent Comics dont, j’imagine, Histoires de Peluches s’est inspiré : The Stuff of Legend
Alexandre
Déjà Mice and Mystics semblait inspiré d’une bd : les Légendes de la garde.
Avec les enfants quand nous auront terminés le tome III de Mice and Mystics, on entamera cette nouvelle série d’aventures !