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Orichalque. Aventure en Atlantide

Dans Orichalque, la prophétie de l’Atlantide se réalise, le cataclysme arrive ! Partez à la recherche d’une nouvelle terre d’accueil.


Orichalque

Vous êtes à la tête d’une expédition. Vous aurez comme mission d’attirer l’attention des Titans, de construire des temples et forger des médailles d’Orichalque.

Sur l’Atlantide, le tonnerre gronde, le sol tremble et des pans de terre entiers disparaissent sous les flots ! Les Oracles sont sans équivoque : la prophétie des Anciens est en train de se réaliser et l’île entière va être engloutie.
Face à l’imminence du cataclysme, le roi a envoyé ses explorateurs à la recherche d’une nouvelle terre à même d’accueillir le peuple atlante. Il en va de la survie de toute votre civilisation !

Votre objectif, pacifier votre île et obtenir 5 points de victoire avant tout le monde.

Pour cela vous allez explorer, exploiter et combattre des créatures afin de pouvoir offrir une nouvelle île comme terre d’accueil pour le peuple des Atlantes.

Orichalque est le nouveau jeu de Bruno Cathala et Johannes Goupy, qui cette fois nous entrainent dans les contrées mystérieuses de l’Atlantide et de ses Dieux.

Orichalque, mécaniques de jeu

Orichalque est une course qui utilise la mécanique de jeu des  4X : eXploration,  eXpansion, eXploitation et eXtermination.

4 X ?

Un jeu 4X est un jeu de stratégie, ou plus souvent désigné comme jeu de gestion, dans lequel vous devez contrôler un empire utilisant les 4 mécaniques précitées. Cette mécanique est principalement connue dans les jeux vidéo, même si certains jeux de plateau l’utilisent également. On peut citer Scythe, Twilight Imperium, Eclipse

On pense inévitablement au titre vidéo le plus connu, Civilization, qui, sans dévoiler l’intimité de ma vie de couple,  a été dans les années 90 un de mes grands rivaux en partageant, à ma place, de nombreuses nuits avec mon mari. Depuis, j’ai trouvé heureusement d’autres subterfuges pour m’assurer la primeur.

Les jeux 4X sont en général connus pour être long et complexe. Ce qui n’est pas le cas d’Orichalque !

Une des prouesses d’Orichalque est de proposer cette mécanique en jeu de plateau, mais dans une proposition familiale et accessible, avec des règles relativement simples et rapides à intégrer.

Oriquoi?

L’orichalque, comme le titre du jeu, est une matière légendaire qui a été mentionnée par des auteurs grecs anciens et qui serait une sorte de métal précieux extrêmement durable et brillant. Selon certaines légendes, l’orichalque était utilisé pour construire la mythique Atlantide, et aurait été perdu lors de sa destruction. On pense que l’orichalque n’est qu’une légende, mais certains pensent qu’il pourrait s’agir d’un alliage de bronze et de zinc.

L’orichalque était un mélange de cuivre et de zinc de couleur jaune doré qui était utilisé pour fabriquer des pièces de monnaie durant l’Antiquité. Les Romains avaient été attirés par sa ressemblance avec l’or, bien que Platon ait considéré que cette valeur était moindre. Les auteurs de l’Antiquité avançaient des arguments contradictoires quant à son origine, certains le considérant comme un minerai naturel et d’autres le voyant comme un mélange de différents métaux.

L’orichalque était un alliage de cuivre et de zinc, qui avait une couleur si proche de celle de l’or qu’on le confondait souvent avec ce dernier. La composition chimique de l’orichalque comportait généralement 80 % de cuivre et 20 % de zinc, ainsi que de petites quantités de plomb, d’étain et d’autres métaux. Ce métal était malléable, plus solide que le cuivre et résistant au ternissement. Se référant à l’orichalque, Cicéron a dit que les gens le confondaient facilement avec l’or.

Le mot orichalque est composé des mots grecs oros (« montagne ») et chalkos (« cuivre » ou « bronze »), ce qui signifie « cuivre de montagne ». Les Romains le désignaient sous le nom d’aurichalcum, qui est dérivé du latin aurum (« or »).

Il est suggéré que les Grecs anciens connaissaient l’orichalque avant les Romains, car il est mentionné dans la littérature grecque ancienne par Homère et Hésiode. Toutefois, ce sont les Romains qui ont frappé les premières pièces en orichalque, les plus courantes étant le sestertius et le dupondius.

Les empereurs romains Néron, Vespasien, Trajan et Hadrien ont également fait frapper des pièces en orichalque. Ces pièces étaient plus légères et de plus petit diamètre que leurs homologues en cuivre et aussi plus difficiles à trouver. La fabrication de l’orichalque a été réduite après le règne de l’empereur Antonin le Pieux et encore plus sous les règnes de Marc Aurèle et Commode.

Des preuves numismatiques et archéologiques ont montré que l’orichalque était principalement utilisé pour créer des pièces de monnaie et que sa production était un monopole d’État. Les quelques artefacts non numismatiques fabriqués à partir d’orichalque avaient une composition similaire aux pièces de monnaie et étaient de petite taille et peu lourds. Certains Romains (y compris des personnalités connues) ont profité de la ressemblance de l’orichalque avec l’or en volant l’or des temples et autres lieux publics et en remplaçant l’or volé par de l’orichalque.

L’orichalque, l’Atlantide et le jeu

Retour au jeu. Qui parle de l’orichalque et de son lien avec la célèbre Atlantide.

Le mythe de l’Atlantide et de son orichalque sont mentionnés dans le Critias de Platon. Le Critias est un dialogue de Platon qui fait partie de la série des « Dialogues de l’Atlantide ». Il raconte l’histoire d’une île mythique située au-delà des colonnes d’Hercule, appelée Atlantide, qui a été submergée par une catastrophe naturelle il y a 9 000 ans. Dans le dialogue, Critias, le grand-père de Socrate, raconte l’histoire de la cité à Socrate et à Timée, et décrit sa grandeur et sa puissance. Il décrit également la mainmise de l’Atlantide sur les populations des îles de la mer Egée et de la Méditerranée, et sa lutte contre la cité de l’Attique.

Le dialogue se termine avant que la catastrophe qui a submergé l’Atlantide ne soit racontée. Platon décrit l’orichalque comme un métal qui recouvre les bâtiments de l’Atlantide, y compris le palais royal et le temple de Poséidon, ce qui leur donne une lueur rouge. De plus, il affirme que les lois de l’Atlantide ont été gravées sur un pilier d’orichalque.

En 2015 et 2017, des découvertes révèlent la présence de 47 et 39 lingots d’orichalque respectivement, au large de la côte sud de la Sicile. Les analyses ont montré que les lingots étaient composés de 75 à 80 % de cuivre et de 15 à 20 % de zinc, avec un mélange d’autres métaux. Ces découvertes confirment que les lingots sont bel et bien faits d’orichalque. Pourtant, la vérité sur l’Atlantide demeure toujours un mystère.

L’Atlantide

Le jeu Orichalque se déroule donc dans l’Atlantide. Mais de quoi parle-t-on, exactement ? Son histoire remonte à l’Antiquité et reste l’un des plus grands mystères de l’humanité. Selon la légende, l’Atlantide était une civilisation riche et prospère située sur une île située au milieu de l’océan Atlantique.

L’Atlantide était peuplée par une peuplade d’êtres humains supérieurs qui possédaient une technologie avancée et une forme de gouvernement démocratique. Selon la légende, l’Atlantide a été submergée par une catastrophe naturelle, le plus souvent attribuée à un tremblement de terre et à un raz-de-marée. Ce qu’on retrouve par ailleurs dans ce jeu de plateau.

D’après des récits antiques, l’Atlantide a été complètement engloutie sous les eaux de l’océan Atlantique, ce qui en fait une légende encore plus teintée de mystère. Depuis des siècles, des chercheurs et des explorateurs ont essayé de découvrir l’Atlantide, mais aucun n’a jamais réussi. Bien qu’il existe de nombreuses théories sur l’emplacement de l’Atlantide, en vrai, personne ne sait réellement où elle se trouve. Pour peur qu’elle ait véritablement existé…

Comment on joue ?

La première personne à réunir 5 médaillons de précieux Orichalque et débarrasser son île de tous ses monstres remportera la partie et le respect des Dieux.

Pour cela vous aurez 4 actions par tour à mener.

À votre tour :

  • Choisissez une des cartes actions disponibles
  • Disposez sur votre plateau personnel la tuile terrain qui s’y trouve. 4 sortes de terrains sont représentées avec chacun son Titan attitré : les forêts, les lagons, les desserts et les montagnes ainsi que des terrains volcans sur lesquels se trouvent les monstres à combattre
  • Résolvez l’Action de votre carte (action facultative) parmi les 4 possibles ; combattre des créatures, construire, recruter des Hoplites qui sont vos soldats ou produire de l’Orichalque
  • Jouez une action supplémentaire (facultative)

Vous aurez 3 manières de gagner les précieuses 5 Orichalques nécessaires à la victoire :

  • Attirer l’attention des Titans. En réunissant 3 zones terrains identiques adjacentes vous attirez les faveurs du Titan référent
  • Ériger des Temples. Un temple se construit obligatoirement sur 4 terrains différents
  • Forger des médaillons d’Orichalque. En fondant 5 de vos pépites d’Orichalque.

Pour parvenir à la victoire, il ne vous restera plus qu’à vous débarrasser des monstres présents sur vos terrains volcan. Pour cela vos soldats, les Hoplithes, devront menez un combat de dés acharné.

Orichalque, verdict

Le matériel proposé est de qualité et varié (sac pour le tirage des pièces, pépites, personnages et monstres sur support, dés,  etc.) avec un graphisme que je trouve plutôt agréable et collant bien au thème.

Les tours de jeu sont relativement fluides, même s’ils réclament de faire plusieurs choix avec une anticipation des coups suivants pour mener à la victoire.

Les interactions sont toutefois peu présentes au-delà du fait de se faire « voler » une tuile action ou construction par ses adversaires.

Avec tous les éléments présents dans le jeu, la mise en place du plateau prend un certain temps. C’est à compter dans le temps que vous aurez à disposition pour jouer.

En résumé, ce jeu est beau, fluide, avec une mécanique de choix  et de gestion qui font partie de mes jeux préférés. Donc banco ?

Eh bien non ! Et je n’en reviens toujours pas !

Je me suis profondément ennuyée à chaque partie, avec son apogée lors des parties à 2 joueureuses.

La première fois j’ai mis cela sur le compte de l’intégration des règles, la suivante sur le fait que le jeu ne devait pas être au mieux à 2. Je me suis donc acharnée, car, au-delà de l’ennui ressenti, je n’arrivais pas à définir de manière claire et factuelle les raisons de ce sentiment. Est-ce par son manque d’interaction ? Par le côté très mécanique et répétitif des actions à mener ? Le manque peut-être de profondeur, avec un besoin d’actions plus complexes et impliquantes à mener ?

J’ai dû me rendre à l’évidence, parfois c’est comme cela, tout semble parfait mais la flamme ne prend pas.

Ce jeu peut être une introduction pour les novices à des jeux de stratégies requérants plusieurs actions, plusieurs choix. En ce sens, il est probable qu’il arrive à toucher un certain public. Néanmoins, parmi les nombreux jeux de gestion et exploration qui sortent chaque année sur le marché, pour moi Orichalque n’offre pas la petite étincelle nécessaire pour rester dans les mémoires et les ludothèques, au contraire, par exemple, des Tribus du Vent, qui m’a au contraire dernièrement totalement transportée.

Orichalque soulève un débat intéressant que nous avons eu à la rédaction. Qu’est-ce qui fait qu’un jeu de société soit bon, soit excellent ? Qu’il parvienne à se démarquer parmi la masse des milliers de jeux qui sortent chaque année depuis les années 2010 ?

Un bon jeu de société offre un thème et des mécanismes de jeu intéressants, une bonne durée de jeu, une bonne interprétation des règles et des choix stratégiques. Il devrait également offrir un certain niveau d’interaction entre les joueureuses et être adapté à différents types de publics, des débutants aux plus expérimentés. De plus, un bon jeu de société doit offrir une variété de défis et de surprises qui maintient un certain degré d’intérêt, d’engagement et de variabilité entre les parties.

Dans l’idéal, vous allez me dire, le jeu devrait proposer un matériel plaisant, et, top du top, si c’est possible, un rapport qualité-prix convenable. Plus un jeu est chéros et plus il a de chances de se fermer à certains publics qui rechignent à claquer trop de pépètes. Et rajouter la comm, aussi, extrêmement nécessaire pour augmenter son succès et le hisser au sommet des ventes, des intérêts (le cas récent de District Noir, ultra-buzzé).

Si un jeu coche toutes ces cases, c’est banco ! Hormis l’aspect interaction, Orichalque n’est pas loin de réussir le Grand Chelem. Mais finalement, pour moi en tout cas, la sauce n’a pas pris. Et pourtant, persévérante (certains diraient « obstinée ») que je suis, je ne me suis pas laissé abattre. Nous avons re-re-re-re-rejoué pour voir si je n’étais pas passée à côté de quelque chose. Mais non. Après toutes ces parties, ce fut toujours la même impression de…. non-impression.

Ce jeu ne m’a pas convaincue, ne m’a pas transportée. Je l’ai trouvé… plat. Est-ce qu’il suffit à un jeu de cocher toutes les cases ? De remplir toute la check-list citée ci-dessus pour plaire et devenir un best-seller ? Avec Orichalque, on voit bien que cette grammaire ne suffit pas.

Orichalque, un jeu qui remporte beaucoup de points positifs, mais qui n’a pas réussi à me faire grimper sur l’Olympe.

Sympathique, sans plus.

Note : 3 sur 5.

  • Création : Johannes Goupy et Bruno Cathala
  • Illustrations : Paul Mafayon
  • Édition : Catch Up Games
  • Nombre de joueurs et joueuses : 2 à 4 (tourne mieux à 4)
  • Âge conseillé : dès 12 ans (bonne estimation)
  • Durée : 45 minutes
  • Thème : Antiquité fantastique
  • Mécaniques principales : 4X, Ressources, exploration, conquête. Pour en savoir plus sur les différentes mécaniques de jeux, c’est ici.

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Article écrit par Aline. Elle travaille dans le domaine social. Elle est tombée toute petite dans la marmite du jeu sous toutes ses formes (plateau, jeux vidéo, escape room, murder). Écrire sur le blog lui permet de découvrir de nouveaux jeux et partager de vrais coups de cœur.

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