Jeux de rôle

Se lancer comme MJ de jeu de rôle avec des enfants

Avec la popularité du jeu de rôle en augmentation, les enfants peuvent se lancer. Voici quelques bases pour faire MJ avec des jeunes.


Du jeu de rôle avec des enfants

Au cours des dernières années, les jeux de rôle comme Donjons & Dragons ont gagné en popularité. Malgré le gros fumble de ces derniers jours. Voici quelques conseils pour vous aider à gérer plus efficacement un public plus jeune. Et commençons par l’essentiel : je vous recommande d’être prêts à répondre à des questions telles que « Puis-je être un chat magique qui pète des bonbecs ? » et « Pourrai-je faire du dada sur un dino ? »

Compte tenu de la popularité croissante des jeux de rôle sur table tels que Donjons et Dragons, un tout nouveau groupe démographique s’intéresse au loisir, les jeunes devenant l’un des groupes de joueurs dont la croissance est la plus rapide du marché. Les jeux de rôle (JDR) sont de plus en plus populaires auprès des enfants en raison d’un certain nombre de facteurs, notamment la pandémie, la possibilité de jouer en ligne et les joueureuses qui élèvent leurs propres enfants.

Étant donné que ce genre de jeu nécessite un ou une MJ (ou DM, dans D&D) pour superviser la partie, la campagne, il est important que la personne en charge de la narration fasse quelques ajustements afin que les jeunes joueureuses puissent comprendre et apprécier l’expérience beaucoup plus facilement.

Le ou la MJ doit utiliser un langage simple lorsqu’il joue avec des enfants, et éviter d’utiliser des thèmes adultes. De plus, la ou le MJ doit limiter les systèmes de règles complexes et se concentrer sur l’histoire et les personnages pour s’assurer que les jeunes joueureuses restent engagées.

Par exemple, au lieu d’introduire un système de combat complexe, le ou la MJ peut utiliser une simple partie de chifoumi (=pierre-feuille-ciseaux) pour décider de l’issue des batailles. le ou la MJ doit également donner aux enfants de nombreuses occasions de prendre des décisions et d’utiliser leur imagination, en leur permettant par exemple de choisir leur propre chemin dans le donjon ou de créer, pourquoi pas, leurs propres monstres. C’est quelque chose que j’ai déjà faite en partie, et c’est trop, trop fun.

Par exemple, le ou la MJ peut créer une rencontre avec une araignée géante dans une toile, et les enfants peuvent choisir de la combattre, d’essayer de la convaincre de ne pas les attaquer, ou d’essayer de se faufiler derrière l’araignée sans se faire remarquer. La baston, c’est en option !

Les JDR sont un loisir complexe, et il est compréhensible que les joueureuses novices puissent être submergés par la quantité de règles et de contenus proposés dès le début. Il vous sera difficile de savoir ce qui est essentiel et ce qui est destiné à des situations plus spécifiques si vous êtes novices dans le jeu. En outre, il est important d’être conscient des aspects d’un jeu qui pourraient mettre les jeunes joueureuses mal à l’aise, car certains aspects d’un jeu peuvent également être effrayants, anxiogènes.

Les individus et les groupes peuvent comprendre et apprécier le contenu du jeu de différentes manières si le ou la MJ rend le contenu du jeu amusant, accueillant, bienveillant pour eux. Afin de créer un environnement sûr et agréable pour toutes les personnes concernées, il est essentiel de prêter attention aux détails dans les deux cas. Dans une nouvelle ville, un voyageur expérimenté aura plus de succès à naviguer et à comprendre son environnement qu’un voyageur débutant. Vous devez toujours vous rappeler la règle la plus importante, quel que soit votre niveau d’expérience : amusez-vous ! Même si vous vous perdez, ce n’est pas grave, prenez un « mauvais » (je mets de guillemets) virage et voyez où cela vous mène ! Qui sait, on pourrait même se retrouver au beau milieu d’une aventure extraordinaire, rocambolesque. Aller ailleurs, c’est essayer autrement.

Identifiez les règles les plus importantes

Parce que la paralysie en lien avec la compréhension et l’utilisation des règles peut amener les joueureuses à mettre une éternité à faire un mouvement ou même à abandonner les parties avant même qu’elles ne commencent, les MJ doivent décider ce qui doit être appliqué et ce qui doit être malléable.

Beaucoup d’actions qui semblent naturelles et simples à jouer pour les vétérans peuvent parfois sembler un peu « too much » pour les jeunes. Choisir si un personnage peut crocheter une serrure devrait sembler simple lorsqu’il lance un d20, mais s’il est plus expérimenté, il peut vouloir lancer un dé pour chaque gâchette de la serrure, ce qui peut être intimidant pour une personne débutante si elle n’est pas familière avec le jeu.

Dans les JDR, il se passe beaucoup de choses, notamment des combats et des lancements de sorts. Même si cela peut sembler compliqué, les jeunes doivent pouvoir comprendre ce que leurs personnages peuvent faire et se sentir balaises.

Si le ou la MJ souhaite permettre aux jeunes d’expérimenter le jeu sans s’embarrasser des nuances des règles, iel peut truquer les jets ou réduire les exigences de certaines actions en fonction des compétences du groupe. Le ou la MJ peut toujours donner un bonus à un ou une jeune s’iel trouve une solution créative, même si elle ne suit pas exactement les règles, même s’il ne les suit pas exactement.

En tant que MJ d’un groupe de jeunes, vous devriez mettre l’accent sur l’histoire plutôt que sur la mécanique. C’est en tout cas mon expérience de joueuse et MJ depuis une bonne vingtaine d’années. Si un ou une joueuse fait un jeu de mots vraiment crétin, offrez-lui un bonus d’expérience. Parce que oui, récompenser la créativité et l’imagination permet de créer un environnement qui encourage les joueureuses à sortir des sentiers battus. Cela les aide à devenir de meilleurs « résolveurs » de problèmes et les encourage à trouver des solutions créatives. De plus, les bonus d’expérience donnent aux joueureuses un sentiment d’accomplissement, ce qui peut contribuer à les motiver et à les maintenir engagés dans l’histoire.

Et si le sujet vous intéresse,

Ce n’est qu’un au revoir

Il est également important pour les MJ de savoir comment gérer la mort d’un personnage dès le début du jeu, car c’est un sujet chargé d’émotion pour les jeunes, qui ont l’impression d’avoir perdu quelque chose. Cependant, il n’est pas rare que les MJ trouvent d’autres moyens que la mort des personnages pour rendre les campagnes plus tendues et difficiles pour les jeunes groupes.

Les MJ peuvent également réduire la difficulté des rencontres à la volée, afin que les joueureuses n’aient pas l’impression qu’une rencontre devient trop dangereuse, mais ce n’est pas le cas. Si la difficulté doit être réduite, la ou le MJ peut, encore une fois, entamer une partie de chifoumi avec les ennemis, mais cela fonctionne rarement !

Les enfants peuvent apprécier les personnages qui perdent des objets ou ne peuvent pas faire certaines choses pendant un certain temps. En effet, perdre un objet ou une capacité de manière temporaire est souvent plus amusant que de le perdre définitivement, car cela donne aux personnages une chance de « mouiller le maillot » pour récupérer ce qu’ils ont perdu, plutôt que de devoir repartir de zéro.

De plus, les MJ peuvent également trouver d’autres moyens de donner aux joueureuses un sentiment d’accomplissement sans avoir à recourir à la mort du personnage, par exemple en donnant des récompenses pour avoir résolu des énigmes, atteint de petits objectifs ou gagné des alliés.

Ces types de récompenses peuvent procurer un sentiment de satisfaction aux joueureuses et les motiver à continuer à jouer, et peuvent également créer un sentiment de camaraderie entre les joueureuses et la ou le MJ. Cela contribue à créer une expérience plus engageante et immersive pour toutes les personnes impliquées.

Mettez votre personnage en valeur

Vous pouvez concevoir la campagne autour des compétences et des capacités des personnages si l’un d’entre eux est exceptionnellement doué pour quelque chose. Par exemple, si vous êtes un Ranger, faites en sorte qu’il se retrouve dans une situation où il pourra utiliser ses capacités de pistage.

Certaines classes sont plus faciles que d’autres en raison de leurs compétences généralisées. Je pense que chaque membre d’un groupe doit avoir l’impression d’apporter une contribution à l’histoire. En créant des scénarios qui prennent en compte les capacités de chaque classe de personnage, chaque personne à la table aura l’impression de contribuer à l’histoire.

Il peut être nécessaire de donner un peu plus de conseils aux classes ayant des compétences plus générales. Cela garantit que chaque classe est utilisée d’une manière qui a du sens pour l’histoire, ce qui permet une meilleure immersion dans le jeu. De plus, cela donne aux joueureuses un sentiment d’appartenance à leurs personnages, d’appropriation, d’identification, leur permettant de sentir que leurs actions sont significatives et rendant le jeu plus agréable dans l’ensemble.

Dans un jeu de rôle avec des jeunes, les enfants peuvent utiliser leur créativité, leur raisonnement et leur esprit d’équipe pour résoudre des défis fun et cool. Ils ont également l’occasion de faire quelque chose de complètement différent de ce qu’ils font en classe ou à la maison. Par conséquent, les enfants ont la possibilité d’explorer de nouveaux mondes et de prendre des décisions qui pourraient avoir un impact durable sur la partie, la campagne.

Ils sont également encouragés à trouver des solutions créatives et à sortir des sentiers battus. De plus, cette approche ludique favorise le développement de compétences en matière de résolution de problèmes et aide à prendre confiance en soi pour prendre ses propres décisions. Par exemple, les jeux de rôle peuvent aider les enfants à apprendre à prendre des décisions difficiles dans un environnement sûr, avec le soutien de leurs camarades. Et si tout échoue, rappelez-vous que la réponse à chaque problème peut toujours être résolue par du chifoumi (encore ?).

Si vous organisez une partie ou une campagne pour les enfants, n’oubliez pas que l’objectif principal est de s’amuser. Pour choisir un jeu qui saura à la fois divertir et « éduquer » les jeunes, leur permettre d’apprendre quelque chose, d’en sortir grandi, il est important de prendre en compte la tranche d’âge du publics et les objectifs éducatifs de la campagne. Pour autant qu’il y en ait. Parce que oui, on peut faire du jeu de rôle dans, sur, autour de l’histoire. Mais c’est le sujet d’un prochain article.

Dans les jeux de rôle, les enfants peuvent faire l’expérience d’une variété de scénarios sans risque. En plus de renforcer la confiance en soi, c’est un excellent moyen pour les enfants de mettre en pratique leur esprit critique et leur capacité à résoudre des problèmes. En plus de favoriser le sentiment d’appartenance à une communauté entre eux et elles, les jeux de rôle leur permettent de former une équipe et de coopérer.

Par exemple, les jeux qui impliquent la résolution de problèmes en coopération et des tactiques au tour par tour, comme Donjons et Dragons, peuvent aider les jeunes à apprendre à établir des stratégies et à coopérer pour atteindre un objectif commun. Les MJ doivent toujours garder cela à l’esprit lorsqu’ils décident de la difficulté d’une campagne ou des règles à appliquer. Pour que les jeunes joueureuses restent engagés pendant des minutes, des heures, des… années, il est important de garder un œil sur ces facteurs tout en s’assurant que tout le monde peut contribuer à l’histoire. Votre public ne doit pas être frustré au point de rouler des yeux plutôt que des dés.

Et encore une chose

Donjons & Chenapans

Si vous voulez vous lancer dans le jeu de rôle avec des enfants, sur Gus&Co nous avons créé notre propre système « maison », Donjons & Chenapans, qui tourne bien avec des enfants dès 4 ans. Et c’est gratuit !

Commerce

Vous avez envie de faire du jeu de rôle avec des enfants mais vous ne savez pas comment ? Par quel jeu de rôle commencer ?

Donjons & Dragons propose une boîte d’initiation pour se lancer dans le jeu de rôle, disponible ici. Il vous faudra certainement adapter le scénario fourni pour le public concerné.

Il existe également dans le commerce quelques jeux de rôle d’initiation pour enfants. L’un des plus connus est sans doute Petits Détectives et Monstres, dans lequel les enfants incarnent des… détectives qui doivent en découdre avec des… monstres. Tout est dans le titre.

Le jeu est prévu dès 3 ans. C’est en tout cas ce qui est indiqué. Je l’ai, mais je n’y ai jamais joué. Je trouve le matériel un petit peu touffu à gérer pour des enfants en bas âge. Il y a des jetons, des trucs, des machins. J’essaierai de m’y mettre dans quelques temps.

Il en existe d’autres, dont un créé par Antoine Bauza, l’auteur émérite de 7 Wonders, Contes Ensorcelés, qui permet d’introduire le jeu de rôle aux enfants dès 6-8 ans.

Si vos enfants aiment les licornes (mais qui ne les aiment pas) et My Little Poney, il y existe la boîte d’initiation à Tails of Equestria, en français malgré le titre (pourquoi en anglais, imprononçable pour des enfants ???). Prévu déjà pour des plus grands, dès 8-10 ans.

Sinon, il y a aussi Tiny, et sa boîte d’initiation, dans lequel on incarne des peluches qui vont protéger leurs maîtres contre les méchants cauchemars, en mode Histoires de Peluches mais en version jeu de rôle. Peut-être un peu trop anxiogène pour des tous petits, mais top dès 6-7 ans.

Et si vous désirez embarquer (c’est le cas de le dire) des enfants dans des aventures pirates, il y a également P’tits Pirates. L’aventure en grand, mais pour les petits. P’tits Pirates est un jeu de rôle destiné aux enfants dès 6 ans.

Comme son nom le laisse supposer, P’tit Pirates parle d’aventure et de flibusterie. Dans un univers, dynamique, coloré et un brin fantastique. Nos moussaillonnes et moussaillons, c’est ainsi que sont nommés les personnages joueurs, sont des apprentis pirates qui vont partir à l’aventure. Ils vont s’embarquer avec l’équipe du « Lointain » qui navigue sur « la grande dame bleue« .

Le monde de P’tits Pirates est bien abouti, spécialement pour un jeu destiné aux enfants. La carte est plutôt étendue, et la mythologie est claire et bien construite. On vous en parlait en détail ici :

Ces quelques boîtes d’initiation sont certes pratiques, parce qu’elles permettent de proposer quelques règles clé-en-main, un univers pour les plus petits, mais elles n’offrent pas tellement de souplesse aux parents. Fais ceci ainsi dans cet univers-là. Si certains parents seront contents d’être aidés dans la démarche, d’autres au contraire préféreront construire leur propre système.

Lien

Enfin, si le sujet vous intéresse, nous vous proposons un autre article détaillé avec beaucoup de conseils sur le sujet :

Vous n’avez jamais fait du jeu de rôle avec des, avec vos enfants ? Lancez-vous !


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Article écrit par Andariel, chroniqueuse et rôliste (JDR, GN) queer qui se consacre au jeux de rôle, aux jeux narratifs et aux sujets LGBTQ+. Elle s’implique pour valoriser la présence des personnes marginalisées dans l’industrie du jeu.


Et vous, quels conseils proposez-vous pour faire du jeu de rôle avec des enfants ?

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6 Comments

  • Sophie

    En JDR où les combats ne sont pas omniprésents (ce que je reproche à dongon et chenapan), c’est Ryuutama. Un univers digne des studios Ghibli <3

  • uvaat

    Super article ! Peux être le connaissez-vous, dans la liste des recommandations il y a aussi – Trouilleville – publié chez makaka qui est sortie il n’y a pas très longtemps. C’est super aussi pour les enfants (ma fille de 7 ans à adorer) et ça prend en main le MJ. Cerise sur le gâteau, le livre est très bien édité et les illustrations sont magnifiques !

  • Stephen Sevenair

    1999 – avec un ami roliste, nous faisions jouer nos enfants de 6, 8 et 11 ans, à un jeu de rôle que nous avions écrit pour être le plus claire et le pus abordable possible : Marmo (https://tsuvadra.blog/tsuvadra/marmo/)
    Dans les années 2010 jusqu’à aujourd’hui des jeux de qualité pour faire entrer les enfants sont multipliés.
    Faites jouez vos enfants, c’est un très beau moment et cela les aide aussi a grandir et à se construire de façon harmonieuse. Et ils nous ont rejoint en grandissant dans des parties plus adulte et ont entrainés leurs amis.

  • MATHELIN

    J’ai commencé avec Taisl of Equestria avec mes filles (à l’époque 6 et 7)
    puis enchainé avec du Seigneur des anneaux à ma sauce puis du ADD (je créé mes scenars) avec mes filles (9 et 10) neveux et nièces (10 et 12) et ça cartonne ! Mais pour Add, franchement, pas de campagne car c’est trop (et que) bourrin…

    • Chab

      Et le bien nommé « No thank you, Evil! » de Monte Cook…mais seulement en anglais…
      Dommage parce que le côté déjanté fait totalement partie du packagé !

      Sinon des petits français ont produit « Roletime » en passant par une PF sur Ulule. On va pouvoir jouer une coccinelle prêtre, un bourdon sorcier ou une libellule barbare, ça promet !
      Il devrait sortir en boutique cet été.

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