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LE JEU DU JOUR : EGIZIA: SHIFTING SANDS

Egizia: Shifting Sands, de quoi ça parle ?

Egizia: Shifting Sands est la réédition d’Egizia, sorti il y a plus de 10 ans 2009 et deux ans plus tard en français chez IELLO. À l’époque, Egizia a connu un certain succès, en reprenant la mécanique de Caylus, sorti quelques années plus tôt, en introduisant une subtile contrainte : celle de devoir poser après son précédent pion. Et comme Caylus 1303 sorti en 2019, Egizia: Shifting Sands a bénéficié d’une refonte, d’une modernisation. La mode est donc dans le reboot !

Le pitch :

« L’air vacille dans la chaleur de l’après-midi alors que le soleil frappe les eaux douces du Nil. Le Pharaon vous a envoyé un édit, à vous, ses meilleurs bâtisseurs. Il a besoin de monuments, non pas d’un, mais de cinq monuments glorieux en son nom pour qu’on se souvienne de lui pour l’éternité. Le constructeur dont le travail lui plaît le plus recevra non seulement la richesse, mais la renommée et l’honneur au-delà de toute imagination. Alors rassemblez vos ressources, organisez vos équipages et ornez les rives du Nil de marbre et d’or.« 

Si Egizia: Shifting Sands fait la part belle aux mécaniques et peu à l’immersion, ce reboot, comme le jeu d’origine, propose des mécaniques plutôt cohérentes avec le jeu : utilisation de ressources de construction, crues du Nil, main d’oeuvre, etc. L’équilibre entre thème et mécaniques est plutôt cohérent.

Un 3 sur 5 sur l’ITHEM.

Et comment on joue ?

Egizia: Shifting Sands est un pur jeu de placement d’ouvriers. Ou presque. De placement de barque sur le Nil dans l’Égypte Antique, pour être précis !

À son tour, on doit placer l’une de ses barques dans le sens du Nil, dans l’un de ses estuaires, d’amont en aval. Avec la contrainte précise de ne pouvoir placer sa propre prochaine barque uniquement en aval de sa précédente. On ne peut pas revenir en arrière, on ne peut pas remonter le Nil. Cette mécanique de placement d’ouvriers vous rappelle quelque chose ? Oui, l’excellent Parks par exemple, sorti il n’y a pas longtemps non plus. Ou Maracaibo, dont, hasard des coïncidences, nous vous avons parlé il y a quelques jours à peine.

En effet, ces deux jeux partagent deux éléments similaires : bateaux à placer, piste d’actions successives, mais le comparatif s’arrête là !

Dans Egizia: Shifting Sands, les emplacements possibles sont de trois natures : des cartes, qui permettent d’obtenir divers bonus, permanents ou uniques, des tuiles, comme les cartes, qui font principalement avancer la force de ses quatre ouvriers, et, le cœur du jeu, les ports, qui permettent de construire différents édifices emblématiques de l’Égypte Antique : pyramide, statues, obélisques, colonnades ou sphinx. Ces ports représentent en effet le cœur du jeu, car c’est à ce moment-là qu’on va pouvoir engranger le plus de points de victoire. On va devoir alors dépenser des pierres de construction et mettre la force de sa main d’oeuvre à exécution.

Toute la tension du jeu est de savoir où poser son prochain, ses prochains bateaux. Amont, en mode balade tactique et opportuniste pour bénéficier du plus d’actions possibles, ou en aval, pour se ruer sur une action qui nous intéresse ?

Si la mécanique de base est plutôt fluide et qu’on peut l’expliquer en quelques secondes, c’est après que cela se gâte ! En effet, dans Egizia: Shifting Sands, il y a plusieurs pictos à maîtriser et quantité de nouvelles cartes qui font irruption à chaque manche. Mais surtout, les constructions de bâtiments, le cœur du jeu, sont toutes différentes. Celle-ci demande de faire cela, l’autre de faire ceci, etc. Et comme il y a cinq possibilités, on aura tôt faire de tout mélanger, de tout oublier.

Au final, Egizia: Shifting Sands est un gros jeu, réservé à un public averti, prêt à s’investir 60-90 minutes dans un jeu cossu.

Et comment on gagne ?

On gagne des points de victoire qu’on indique sur une piste tout au long du jeu, principalement en participant à la construction des divers édifices présents sur le plateau. Ces édifices sont plus ou moins coopératifs, puisque tout le monde à la table va pouvoir participer à leur construction en y plaçant un ou plusieurs éléments supplémentaires. Et plus le bâtiment avance, et plus il devient onéreux, mais également plus lucratif en points de victoire.

Au début de la partie, et également au cours du jeu, on obtient des cartes Sphinx. Celles-ci servent d’objectifs secrets et rapportent des PV en toute fin de partie si réussies.

Au final, dans Egizia: Shifting Sands, on n’a pas de salade de points de victoire. Et hormis pour les cartes Sphinx, les points sont visibles, ce qui entraîne une course frénétique aux points. Ne pas construire tôt, souvent, risque de creuser l’écart.

Interaction ?

Sur l’IGUS, l’échelle de mesure de l’interaction dans les jeux, Egizia: Shifting Sands atteint un 3/5.

Pourquoi ?

Parce que Egizia: Shifting Sands est un pur jeu de placement d’ouvriers de navire. L’interaction « directe » repose sur les cases à occuper avant, contre les autres.

Le jeu propose toutefois une toute autre interaction, piquante. La crue du Nil, qui explique le titre sibyllin du jeu, Shifting Sands, des sables mouvants. Pendant le jeu, il existe une phase de nourriture, dans laquelle on doit nourrir ses quatre ouvriers, en fonction de leur force, de leur niveau actuel sur une piste personnelle. Cette force détermine sa capacité à participer à la construction de bâtiments, additionnée à la réserve de pierre possédée. Mais la nourriture est rare. Elle provient de ses cartes Champs obtenues pendant la partie. Ces cartes, cette nourriture dépendent de la crue actuelle du Nil. Le fleuve va en effet évoluer pendant la partie. Et selon la crue indiquée lors de la phase d’alimentation, on va pouvoir obtenir un certaine quantité de nourriture, suffisante ou insuffisante pour nourrir sa main d’oeuvre. Dans ce dernier cas, on va alors perdre autant de PV que la force de ses ouvriers non-alimenté, multiplié par son niveau sur une piste d’alimentation, qui passe de -3 (aïe !) à -1 (ça va encore).

Pendant le jeu, on peut choisir de faire remonter ou descendre cette crue, et s’assurer ainsi que ses propres ouvriers mangent à leur faim. Ou au contraire, bidouiller sur l’échelle de crue pour faire perdre des points aux autres, selon la couleur de leurs cartes Champs. Une interaction piquante, fluctuante, comme une constante Épée de Damoclès qui flotterait au-dessus de sa tête toute la manche.

À combien y jouer ?

Le jeu indique de 2 à 4. À 2-3, on bloque certains ports, et à 2 on n’utilise pas certaines cartes, mais c’est tout.

Egizia: Shifting Sands peut très bien se jouer à n’importe quelle configuration, mais c’est à 4 que le jeu devient beaucoup plus interactif, beaucoup plus tendu. À 2, on peut faire un peu tout, partout, ce qui n’est de loin pas le cas à 4. Tout dépend du type de partie recherchée.

À partir de quel âge y jouer ?

Le jeu indique 14 ans, et c’est une bonne estimation, au vu de sa réelle complexité !

Alors, Egizia : Shifting Sands, c’est bien ?

Oh oui, c’est vraiment, vraiment bien !

Quand le jeu est sorti en 2009, et deux ans plus tard en VF chez IELLO, il était déjà très, très bon. Ce reboot dix ans plus tard réussit à le dépoussiérer et propose deux nouvelles constructions, les colonnades et les statues. Les colonnades désormais offrent des bonus intéressants qui viennent épicer le tout. Ce Egizia: Shifting Sands réussit à transformer un très bon jeu en un excellent titre !

🔴 Egizia : Shifting Sands, score final :

Note : 4.5 sur 5.

Ce qui nous a plu ❤️️

✅ Un très bon titre qui devient encore meilleur

✅ Quantité de choix cruciaux, douloureux : où se placer, que faire, que construire

✅ Quantité de ressources à gérer : pierre, main d’oeuvre, nourriture

✅ Une bonne rejouabilité. Il est en effet impossible de tout faire dans une partie. On aura envie de tenter d’autres actions, d’échafauder d’autres stratégies, de se lancer dans d’autres constructions

✅ Des parties extrêmement tendues, et plutôt courtes. On ne joue que cinq manches. C’est peu ! C’est bien !

✅ Un jeu qui réussit à marier parfaitement tactique (ici et maintenant) et stratégie (plus tard)

✅ Des pictos de tous les côtés, qui demandent de jouer les premières manches le nez dans le règles. Mais au final, ces pictos sont clairs et les mêmes reviennent souvent.

✅ La mécanique piquante de crues qu’on peut adapter pour alimenter ses ouvriers ou ralentir, contrer les autres

Ce qui nous a moins plu ⛔️

❌ Des règles denses, touffues, peu didactiques, pénibles et indigestes ! Non, encore une fois, il n’est pas facile de rédiger des règles de jeu.

❌ Des picto minuscules de cartes à 2 à retirer, pratiquement illisibles. Un détail, mais qui fait toutefois rager, surtout si sa vue n’est pas à 10/10. Penser à sortir ses lunettes ou une loupe pour trier les cartes si on joue à 2.

Et encore une chose

Pour l’instant, le jeu n’existe qu’en anglais. Mais Matagot a annoncé sortir la VF plus tard en 2020. En guise de rappel, nous ressortirons cet article quand la VF sera dispo.

Vous pouvez consulter les règles de Egizia : Shifting Sands en anglais ici

Vous pouvez trouver Egizia : Shifting Sands chez Philibert en anglais ici

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  • Autrice et auteurs : Antonio Tinto, Stefano Luperto, Flaminia Brasini, Virginio Gigli
  • Illustrateur : William Bricker
  • Éditeur : Stronghold Games
  • Nombre de joueurs et joueuses : 2 à 4 (prévoyez plutôt à 4 pour des parties très interactives, plus tendues)
  • Âge conseillé : Dès 14 ans (pas moins !)
  • Durée : 60-90′ (tout dépend si on y joue à 2 ou à 4)
  • Thème : Égypte Antique
  • Mécaniques principales : Placement d’ouvriers, objectifs secrets
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