
Cerbère 🐕 Un jeu Apéro+++
Un jeu aux riches rebondissements et fins possibles. Un jeu d’enfoirés de course. Cerbère, qui crée la surprise avec un nouveau format, l’Apéro+++. Fun
- Date de sortie : novembre 2018
- Auteur : Pierre Buty (qui a déjà créé SOL chez Catch Up Games)
- Illustrateur : Pierre Plès et Jules Dubost
- Editeurs : La Boîte de Jeu et Origames
- Nombre de joueurs : 3-7 (optimum 6-7)
- Age conseillé : dès 10 ans
- Durée : 45′
- Thème : enfer, mythologie
- Mécaniques principales : course, bluff, semi-coopératif, équipes
Cerbère, de quoi ça parle?
Le pitch de l’éditeur:
Votre dernière aventure vous a mené là où vous n’auriez jamais dû aller : dans les enfers ! Vous devez fuir et rejoindre une barque qui vous ramènera en sécurité. Mais Cerbère, le molosse infernal, est à vos trousses et compte bien vous garder à jamais.
Tentez de vous échapper des Enfers, avec Cerbère à vos trousses ! Coopérez pour progresser vers la barque qui vous fera traverser le Styx. Mais attention, les places sont limitées… Combien de temps coopérerez-vous pour échapper à Cerbère, et quand déciderez-vous de trahir le groupe pour vous assurer une place dans la barque ?
Donc oui, comme le titre l’indique, le jeu reprend le mythe de Cerbère, le chien à trois têtes qui est censé garder les portes de l’enfer, empêchant les morts de sortir et les vivants d’aller récupérer des morts
Le jeu arrive assez bien à retranscrire le thème, avec le fleuve infernal Styx à traverser
Donc oui, on « nage » (et c’est le cas de le dire) en pleine mytho grecque
Même si
Même s’il s’agit surtout d’un jeu de course et non pas d’un jeu narratif
Mais en réalité, Cerbère, de quoi ça parle?
Du dilemme du prisonnier
Autrement dit, seul·e on va plus vite, ensemble on va plus loin. Et qu’on a tout intérêt à coopérer, mais comme on ne peut pas communiquer, on finira par trahir l’autre. Chanmé
Cerbère reprend cette théorie (des jeux, d’ailleurs, utilisé en économie) pour l’appliquer à un « bête » jeu de plateau
Mais pas si bête que ça, en réalité
Et comment on joue?
A son tour, on doit jouer une carte qui permet d’avancer vers le but final, de l’autre côté du Styx
Si on joue dans le camps de « gentils », on joue une carte « gentil », et vice versa
Et évidemment, tout le monde commence dans le « bon » camp, c’est après que ça se gâte
Voilà, c’est simple
C’est vraiment tout?
Non
Vous l’aurez bien compris, selon les actions jouées, on avancera plus ou moins vite, seul·e ou à plusieurs
Mais surtout, on risque aussi de faire avancer le pion « cerbère » sur le plateau. Et si celui parvient à pécho des pions des « gentils » humains venus en enfer se taper une petite balade dominicale digestive (faut être con quand même), là, c’est le drame. Les pions capturés font désormais partie du camp des « méchants » aka de Cerbère, et leur but change alors du tout au tout
Et comment on gagne?
C’est là que réside tout le sel du jeu
Cerbère n’est qu’un « bête » jeu de course, on déplace son pion avec ses cartes que l’on joue
Sauf que
Il existe deux fins possibles, selon les configurations, actions, avancées et situations rencontrées dans le jeu
Tout le monde peut gagner ensemble. Mais cela arrive quand même peu, soyons honnêtes
Une fraction des « gentils » humains réussissent à prendre la poudre d’escampette (super expression décodée ici) et à s’arracher de l’enfer. Et ceux incarnant / appartenant Cerbère perdent
La Cerbère-Team, les « méchants », gagnent en empêchant les « gentils » de filer. Les « gentils » humains perdent et se font alors dévorer tout cru par le chien à trois tête. Ça leur apprendra à ne pas utiliser Google Maps et à finir en enfer
Donc tout dépend de la partie, des cartes jouées, des autres joueurs et joueuses à la table
Et c’est tout?
Ouais mais non
Parce qu’en réalité, personne ne connaît l’issue exacte de la fin
Pour se tirer de l’enfer, il faut sauter dans une barque. Dont on ne connaît pas le nombre exact de passagers possibles. C’est la surprise en arrivant. Et là, c’est le drame. Peut-être beaucoup de personnes pourront être sauvées, peut-être juste une
Evidemment, pendant la partie, on peut effectuer une action spéciale pour regarder en secret la barque finale. On peut même mentir aux autres pour leur annoncer le nombre de passagers possibles. Ça va bluffer
Donc surpraïze!
Interaction?
Très forte bien sûr
On commence « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », avec un petit côté « attention Benjamin, derrière toi, c’est affreux! »
Et puis plus tard, ça tourne à la foire d’empoigne avec deux équipes qui s’affrontent, les gentils qui essaient de prendre leur jambe à leur cou et d’atteindre l’autre côté, et les méchants qui essaient de tout faire pour leur mettre des bâtons (de dynamite) dans les jambes
Un jeu évolutif qui fait presque penser au cultissime et JAMAIS TRADUIT Betrayal at the House on the Hill, dont le format Legacy est annoncé pour dans quelques semaines dont on vous a déjà parlé (et qu’on attend de pied ferme!)
On commence tous amis, pas de traîtres infiltrés, et soudain, tout bascule
Cerbère, à combien y jouer?
On peut y jouer à 3-4, mais autant dire que les interactions et changements d’équipe sont faibles et insignifiantes. Autant éviter
C’est au max, à 6-7, que le jeu prend tout son intérêt et devient vraiment fun. Les tours et le jeu ne s’allongent pas pour autant, on ne fait que jouer une carte à son tour. Et toutes les discussions, pour autant qu’il y a, et il y en aura, font partie intégrante du jeu et de son aspect « jeu d’enfoirés » d’apéro
Cerbère, de l’Apéro+++
On connaissait le format Familial+. Des parties de 45′ dès 10 ans, pour des jeux aux règles courtes et fluides
On connaît depuis peu les formats Familial++ (Fertility) et Familial+++ (Orbis)
Avec Cerbère, on est pile poil dans un format Apéro +++. Pas un jeu profond, plutôt un jeu fun d’ambiance à 6-7 joueurs et joueuses. Pas vraiment party-game mais pas loin non plus
Alors, Cerbère, c’est bien? Critique
Oui, vraiment
Fun, dynamique, et surtout, riche en rebondissements. On pensait faire alliance avec ses voisin·e·s de table, et pouf, tout change
Mais cet entre-deux d’Apéro+++, entre party-game d’enfoirés et jeu de course malin, lui confère un côté « cul entre deux chaises et qui risque de ne pas l’aider à trouver son public. Trop brainy pour certains, gestion de Cerbère, tactique, et pas assez juste fun pour les autres
Score:
Anticipation: 5/5: Un jeu de plateau qui reprend le dilemme du prisonnier? Avec du semi-coop aux multiples issues possibles? Pourquoi pas. Et la Boîte de Jeu aux manettes, des éditeurs indé qui cartonnent après leur excellentissime Outlive et leur blockbuster Huns sorti en début 2018
Pendant la partie: 4/5: Balaise, dynamique, fun et riche en rebondissements, aux diverses et multiples issues possibles. Le seul hic: on ne sait pas trop à quel public ce jeu est destiné: « trop » complexe pour un party-game, trop léger pour un jeu de plateau. Pas un jeu facile d’accès, mais une belle réussite toutefois
Après la partie: 4/5. On rejoue? Pourquoi pas. Pour voir quelles tournures les choses vont prendre cette fois, et varier les équipes, les enjeux, les issues
Score: 4/5. Un solide 4/5. Un bon jeu. Mais pas un jeu facile. Certains risquent de le trouver trop lourd, d’autres trop légers. Un titre qui risque de ne pas faire l’unanimité
Et encore une dernière chose
Vous pouvez consulter les règles de Cerbère ici
Cerbère est annoncé pour début novembre, mais vous pouvez d’ores et déjà le précommander chez Philibert ici
Et si vous habitez en Suisse, chez Helvétia Games Shop ici


2 Comments
gROM
Je ne m’inquièterais pas autant pour le public ciblé. Ca m’a tout l’air de présenter un ‘poids’ et une dynamique assez comparables à king of Tokyo par exemple.
Ca rappelle surtout pas mal the Island sur le papier.
En revanche, j’ai ouïe dire qu’une fois tombé dans les griffes de Cerbère, on n’a plus guère de décisions à prendre. Ca n’en reste pas moins tentant 🙂
joscosmac
Je ne connaissais pas, merci pour cette découverte. Je pense que mes enfants vont se faire un malin plaisir à devenir la team méchante juste pour avoir le plaisir de nous avoir après !