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Tag Team : L’uppercut ludique

🥊 Street Fighter sans manette ? On a testé Tag Team : des combos, du bluff et 12 héros pour des bastons de 15 min. L’auto battler ultime ?


Tag Team

⚠️ Avertissement : Dans un souci de transparence envers notre communauté, nous tenons à préciser que cet article reflète notre opinion personnelle sur le jeu. Nous n’avons reçu aucune contrepartie de la part de l’éditeur du jeu. Nous avons acquis et testé le jeu de façon indépendante, sans lien commercial avec son éditeur. Les avis présentés ici représentent notre analyse honnête et impartiale du jeu, basée sur notre propre expérience.


Vous pouvez écouter cet article sous forme de podcast ici, généré par IA. Et nous sommes également sur Apple Podcast & sur YouTube Podcast ici :

L’essentiel en 3 points :

  • Un mélange bluffant et réussi entre deckbuilding et auto battler où l’on ne mélange jamais ses cartes.
  • Une mécanique de « deck-programming » qui transforme la chance en pure stratégie d’anticipation.
  • Des parties ultra-rapides (15 min) avec une rejouabilité énorme grâce aux 66 duos de personnages possibles.

L’odeur de la transpiration, le cliquetis des boutons et les néons qui grésillent : et si on ramenait l’ambiance des salles d’arcade sur votre table de salon ?

Avez-vous déjà rêvé de retrouver les sensations électrisantes d’un Street Fighter ou d’un Tekken, mais autour d’une table, sans manette ? Le Scorpion Masqué, éditeur québécois, écurie Hachette, toujours à l’affût de concepts novateurs, relève le défi avec Tag Team. Et attention, préparez-vous à une véritable claque dans le jeu d’affrontement. Dans le jeu, tout court !

Derrière ce titre qui sent bon les néons des salles d’arcade se cache un duo d’auteurs que nous connaissons très bien : Corentin Lebrat (Faraway) et Gricha German (City Tour). Ils changent radicalement de registre pour nous proposer un jeu d’affrontement exclusivement pour deux, qui réussit l’improbable mariage entre deckbuilding et auto battler.

Le résultat ? Un concentré d’adrénaline, de tactique et de « mind game » (=j’essaie de savoir ce que tu vas jouer, tout en te cachant ce que je vais jouer) servi par des parties explosives de 15 minutes chrono. Alors, protège-dents en place. Round 1. FIGHT !

L’auto battle pour commencer

Tag Team porte parfaitement son nom. Chaque joueur et joueuse sélectionne deux combattants parmi les 12 disponibles dans la boîte. Un casting hétéroclite et charismatique, mêlant mythologie, histoire et folklore (de Jeanne d’Arc au Golem, en passant par la pirate Ching Shih ou le puissant Shango).

On mélange les cartes spécifiques de nos deux combattants pour former une réserve unique. Mais le cœur du jeu, c’est votre « deck de combat ».

Au début de la partie, ce deck est minuscule : il ne contient que deux cartes (la carte de départ de chacun de vos deux héros et héroïnes). Vous décidez dans quel ordre les placer. Et c’est tout. Le combat commence.

C’est là que l’aspect auto battler entre en scène. Simultanément, les deux joueurs et joueuses révèlent la première carte de leur Deck de Combat. On applique les effets immédiatement : attaque, défense, soin, montée en puissance, ou effets spéciaux retors. Le personnage dont la carte est révélée est le combattant actif pour ce tour.

C’est rapide, nerveux, sans aucun temps mort. On assiste, spectateur fasciné (et parfois horrifié), à la chorégraphie qui se déroule sous nos yeux.

Bienvenue dans le deck-programming

Jusqu’ici, vous pourriez penser : « Mais Loïc, si c’est automatique, on ne contrôle rien, le jeu joue tout seul ? » Détrompez-vous. Le génie de Tag Team réside dans ce qui se passe après le combat, lors de la phase de « Build ».

À la fin de chaque round, vous piochez trois nouvelles cartes de votre réserve et en choisissez une. Cette carte, vous allez l’ajouter à votre Deck de Combat. Et voici les deux règles cruciales qui changent TOUT :

  1. Vous ne mélangez JAMAIS votre Deck de Combat. L’ordre des cartes est fixe.
  2. Vous insérez la nouvelle carte EXACTEMENT OÙ VOUS VOULEZ dans la séquence existante.

C’est ouf. Absolument ouf.

Soudain, Tag Team n’est plus un jeu de deckbuilding classique où l’on espère piocher la bonne carte au bon moment. C’est un jeu de programmation de combos. Vous ne construisez pas un moteur aléatoire, vous programmez une chorégraphie martiale. Ce n’est plus du deckbuilding, c’est du deck-programming.

Mind game et tension explosive

Cette mécanique transforme le jeu en un duel cérébral redoutable et crée une tension psychologique. Vous savez (ou vous pensez savoir) que votre adversaire a un gros coup d’attaque en troisième position dans sa séquence. Allez-vous insérer votre carte de blocage juste en face pour l’annuler ?

Mais votre adversaire sait que vous savez… et peut-être a-t-il modifié sa propre séquence pour contrer votre contre !

C’est un jeu de bluff, de mémoire et de tactique pure. Chaque insertion de carte est un dilemme cornélien. Round après round, votre deck s’étoffe, passant de 2 à 3, puis 4 cartes… Les séquences deviennent plus longues, les combos plus complexes, et la tension monte crescendo jusqu’au K.O. final (il suffit de vaincre un seul des deux personnages adverses).

Quand vous réussissez à anticiper parfaitement la séquence adverse, le sentiment de satisfaction est immense. C’est un pur moment « Eurêka ! ».

Un casting qui a du punch

Le travail d’édition du Scorpion Masqué est, comme souvent, impeccable. Le matériel est de qualité, et surtout, la direction artistique, assurée par Xavier « Naïade » Gueniffey Durin, est chatoyante et dynamique. Le style est résolument moderne et arcade, ce qui sert parfaitement le thème.

Avec 12 personnages radicalement différents, le jeu offre 66 combinaisons possibles. La rejouabilité est phénoménale. Chaque personnage apporte sa propre mécanique. Shango tente d’incinérer ses adversaires avec des jetons de flamme, Milady utilise la ruse et les pièges (schemes), le Golem protège son partenaire.

Trouver les synergies entre deux personnages est un pur délice ludique. Le jeu possède ce fameux « goût de reviens-y » qui caractérise les grands jeux d’affrontement. Les parties sont si rapides qu’il est impossible de ne pas les enchaîner.

Tag Team, verdict

Ou : Tag Tame, un K.O. technique

Le Scorpion Masqué frappe un très grand coup avec Tag Team. Corentin Lebrat et Gricha German réussissent à marier deux mécaniques antinomiques pour créer une expérience unique, tendue et jouissive. C’est clairement l’une des propositions ludiques les plus rafraîchissantes de l’année.

L’innovation apportée par le « deck-programming » renouvelle complètement le genre, en y injectant une dose massive de programmation et de « mind game ». La profondeur tactique qui émerge d’un design aussi minimaliste est impressionnante. Vaccharino a innové en inventant la mécanique du deck-building avec Dominion en 2008. Lebrat et German auront, eux, inventé le deck-programming avec Tag Team en 2025. Kudos, la gang !

Mais alors, pourquoi pas la note maximale ? Il faut reconnaître que l’aspect « mémoire » est central. Pour exceller, il faut impérativement tenter de mémoriser la séquence adverse. Cet aspect « memory » pourra rebuter les joueurs et joueuses allergiques à ce type d’effort cognitif. De plus, l’asymétrie étant très marquée, il faut quelques parties pour bien cerner les forces et faiblesses de tous les personnages.

Mais ces réserves pèsent peu face au plaisir ludique intense procuré. Tag Team est malin, accessible, profond et incroyablement addictif. Un incontournable de 2025. L’un des meilleurs jeux à deux de l’année, pas moins. Nerveux, tendu, addictif.

On a aimé :

  • Se prendre pour un génie quand notre combo passe crème.
  • Pouvoir faire « la belle », « la belle de la belle » et « l’ultime revanche » en moins d’une heure.
  • Les dessins de Naïade qui donnent envie d’acheter le jeu juste pour la boîte.
  • Une mécanique innovante et passionnante qui dépoussière complètement le genre.
  • Des parties nerveuses et tendues de 15 minutes, sans aucun temps mort grâce à la résolution simultanée.
  • Ces moments de tension psychologique où chaque choix tactique est crucial pour piéger l’adversaire.
  • Avec 12 personnages uniques et 66 duos possibles, la rejouabilité est juste colossale.
  • Une direction artistique percutante signée Naïade qui donne une identité forte au jeu.
  • Un potentiel d’extensions évident (et, soyons honnêtes, on les attend déjà de pied ferme !).

On a moins aimé :

  • C’est le propre du genre auto battler. Une fois la phase de combat lancée, vous ne prenez plus de décisions, vous révélez les cartes et appliquez les effets. Si vous aimez avoir un contrôle total à chaque instant (type Échecs), cela peut être frustrant.
  • Certains « match-ups » (combinaisons de personnages contre d’autres) peuvent sembler déséquilibrés lors des premières parties si l’on ne connaît pas encore bien les contres spécifiques.
  • Avoir la mémoire d’une huître et oublier que l’adversaire a posé un piège il y a 3 tours.
  • Se faire rouler dessus par un combo « abusé » (jusqu’à ce qu’on trouve la parade).

C’est plutôt pour vous si… Vous aimez Mindbug, Challengers!, ou si vous avez toujours rêvé de programmer une baston de rue sur un tableur Excel (mais en fun).

Ce n’est plutôt pas pour vous si… Vous avez besoin de contrôler chaque micro-détail à chaque seconde, ou si pour vous, retenir une suite de 4 cartes demande un effort surhumain.

Si vous cherchez un jeu de duel dynamique, tactique et rapide, avec une forte identité visuelle et une envie de « refaire une partie tout de suite », Tag Team est une valeur sûre. C’est un excellent choix si vous aimez des jeux comme Mindbug ou Challengers! mais en format duel plus maîtrisé.

Tag Team, c’est la preuve qu’on peut se taper dessus violemment tout en restant de grands stratèges. Un K.O. technique magistral !

Excellent !

Note : 4.5 sur 5.

  • Label Dé Vert : Non. Pour en savoir plus sur le label Dé Vert, c’est ici.
  • Création : Gricha German, Corentin Lebrat
  • Illustrations : Xavier « Naïade » Gueniffey Durin
  • Édition : Le Scorpion Masqué
  • Nombre de joueurs et joueuses : 2 (exclusivement)
  • Âge conseillé : Dès 10 ans
  • Durée : 15-20 minutes
  • Thème : Combat, Arcade, Fantaisie
  • Mécaniques principales : Deckbuilding séquentiel (Programmation), Auto battler, Asymétrie, Mémoire. Pour en savoir plus sur les différentes mécaniques de jeux, c’est ici.

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6 Comments

  • Newton

    Testé sur BGA et grosse déception. Le jeu est top, c’est vraiment bien pensé et exécuté. Mais c’est un vrai jeu expert en fait. Insortable avec un débutant ou un non-fan de ce style.

    Ca me fait penser à un FIFA ou un jeu de combat sur console. Que tu montres à ton pote pour le déchirer parce que toi tu as le jeu et pas lui.

    • Gus

      Merci pour votre retour, Aurélien.

      « un vrai jeu expert » ? On n’a pas eu la même expérience. C’est fun, c’est fluide, c’est frénétique. Et très familial, aussi (pour autant qu’on apprécie mettre des tatanes. En jeu)

        • Gus

          Cher Oscar,

          C’est marrant que vous les compariez, car ils ont le même « moteur » sous le capot, mais pas du tout la même conduite !

          En gros, voici la différence :

          Le point commun : Dans les deux jeux, vous ne mélangez jamais votre paquet. Le hasard, c’est fini. Si vos cartes sortent dans le mauvais ordre, c’est de votre faute !

          La différence de sensation :

          Aeon’s End, c’est de la « File d’attente » (Lent et cérébral) Vous jouez vos cartes, et quand vous avez fini, vous les rangez dans votre défausse dans l’ordre que vous voulez. Quand votre pioche est vide, vous retournez simplement le paquet.

          Le feeling : Vous calculez sur le long terme. Vous vous dites « Je range mes gemmes ensemble maintenant pour pouvoir acheter un gros sort dans 3 tours ». C’est de la planification coopérative.

          Tag Team, c’est du « chirurgical » (rapide et bluffeur) Ici, vous avez votre petit paquet en main. Quand vous gagnez une nouvelle carte, vous venez l’insérer physiquement n’importe où dans votre paquet existant.

          Le feeling : C’est du duel immédiat. Vous vous dites « Je sais qu’il a une grosse attaque qui arrive en 3ème position, donc je vais glisser ma carte ‘Esquive’ juste avant, en 2ème position ». C’est un jeu de mémoire et de « je sais que vous savez ».

          En résumé :

          Aeon’s End : Vous construisez une machine bien huilée qui deviendra forte plus tard.

          Tag Team : Vous bidouillez votre moteur en plein milieu de la course pour faire trébucher l’autre tout de suite.

          « Ce deck programming n’est il pas l’héritage du système Aeon’s end? », héritage est peut-être le bon terme en effet, vous avez raison, Oscar. Comme le deck-building de 2008 est peut-être l’héritage des TCG…

          « Belle » journée (si vous êtes une grenouille)

  • Oscar de Jarjayes

    Bien noble ami, votre comparaison entre les moteurs me paraît totalement pertinente en tout cas elle m’éclaire bien sur ce que ce jeu peut apporter.

    Merci encore pour votre indépendance et la qualité de vos articles que je fais lire autour de moi y compris à des gens qui ne sont pas de l’univers ludique,c e que vous proposez démontre à chacun que la vie elle-même est un jeu.

    Quand à mes origines batraciennes, elles ne seront être satisfaite par le climat du jour à Jarjayes, qui satisferaient davantage un renne ou un caribou.

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