
Expéditions décrypté : Le digne héritier de Scythe ?
🌌 Expéditions : moins prenant que Scythe ? On fait le point sans concession sur ce jeu d’exploration, à la hauteur de son aîné ou non ?
Expéditions
⚠️ Avertissement : Dans le cadre de notre démarche de transparence, nous tenons à vous informer que nous n’avons pas reçu ce jeu de l’éditeur. Nous l’avons acheté ou emprunté nous-mêmes et nous vous partageons ici notre expérience sans filtre. Nous vous indiquons les points positifs et négatifs du jeu selon de nos attentes, critères et expériences.
Les règles du jeu
Expéditions est un jeu de plateau, développé par Stonemaier Games. En tant que suite autonome du populaire Scythe, Expéditions nous invite à explorer de nouveaux territoires à bord de puissants Mechas, tout en gérant nos ressources pour atteindre la victoire. Voici un guide concis des différentes phases du jeu.
Expéditions est un jeu d’exploration et de gestion de ressources. Chaque tour, les joueurs déplacent leur Mecha sur le plateau, composé de tuiles à retourner. Ils jouent des cartes pour activer des capacités, combattre la corruption ou accomplir des quêtes.
La configuration initiale distribue à chacun un Mecha, des jetons d’action, de gloire, de puissance et de ruse. Le plateau est construit avec des tuiles en nid d’abeille.
Le but est de poser 4 jetons de gloire pour déclencher la fin de partie. On marque des points en amassant des ressources, améliorant son Mecha, collectant la corruption, et accomplissant des quêtes. Le plus riche l’emporte.
De quoi ça parle ?
De ça :
Expéditions s’inspire d’une histoire réelle, la chute de la météorite en Sibérie, pour en créer un jeu.
Le 30 juin 1908, une formidable explosion retentit en Sibérie centrale, dans une région isolée habitée par des Évenks. La déflagration, entendue à des centaines de kilomètres à la ronde, a dévasté 2 000 km2 de taïga dans la vallée de la rivière Podkamennaya Tunguska, ou Toungouska Pierreuse.
Les scientifiques estiment qu’un météoroïde d’environ 60 mètres de diamètre a explosé à une altitude de 5 à 10 km, avec une énergie mille fois supérieure à la bombe d’Hiroshima. L’explosion a couché 80 millions d’arbres sans laisser de cratère, signe d’une désintégration en haute altitude.
Ce n’est qu’en 1927 qu’une expédition a pu accéder au site, caractérisé par une forêt radiale où les arbres sont couchés en direction opposée à l’hypocentre. Malgré des recherches approfondies, aucun fragment météoritique significatif n’a été découvert.
Plusieurs hypothèses ont été avancées sur la nature de l’objet : météorite de fer ou de roche, noyau cométaire, antimatière… Mais le consensus scientifique penche pour un astéroïde rocheux fragmenté par les forces de marée avant l’impact.
Si l’événement s’était produit 4 heures plus tard, il aurait rasé Saint-Pétersbourg avec des millions de morts. Cette météorite est la plus puissante jamais observée. Elle rappelle la menace permanente que représentent les objets célestes pouvant frapper la Terre. Un événement unique pour étudier les conséquences d’un impact cosmique de forte magnitude.
Expéditions s’inspire d’une histoire réelle, la chute de la météorite en Sibérie, pour en créer un jeu. On nage en pleine uchronie. Mais au fond, qu’est-ce que l’uchronie ?
L’uchronie fascine
Genre littéraire fascinant, l’uchronie consiste à réimaginer le cours de l’Histoire en modifiant un événement charnière du passé. Apparue au 19ème siècle, elle s’est popularisée au 20ème avec des classiques comme Le Maître du Haut Château de Philip K. Dick, où les nazis ont gagné la Seconde Guerre mondiale.
Les uchronies célèbres prennent souvent pour point de divergence des événements majeurs, mais celui-ci peut aussi être anodin, comme dans La Part de l’autre d’Éric-Emmanuel Schmitt, où Adolf Hitler devient peintre. Qu’elle soit minimale ou spectaculaire, cette divergence plonge le lecteur dans un monde à la fois familier et étranger.
Certains auteurs documentent méticuleusement leur uchronie pour la rendre crédible quand d’autres l’utilisent comme simple toile de fond à l’aventure. Politiquement, ce genre interroge le sens de l’Histoire en révélant son caractère contingent.
Quelles que soient leurs orientations, les uchronies reposent sur le changement d’un élément identifiable du passé. Ce point de divergence fait basculer le lecteur dans un univers parallèle doté d’une logique interne rigoureuse. Par ce décalage entre connu et inédit, l’uchronie éclaire la complexité de l’Histoire, entre déterminisme et hasard.
Jouant avec le passé, l’uchronie, comme dans Scythe et ici Expéditions, revisite l’Histoire et propose une relecture stimulante du présent. Un genre riche pour explorer des destins collectifs et individuels bouleversés.
Expéditions, verdict
La célèbre maison d’édition Stonemaier Games, à l’origine du phénomène Scythe, nous revient avec un tout nouveau jeu : Expéditions. Situé dans le même univers narratif que son illustre prédécesseur, Expéditions propose une expérience radicalement différente, centrée sur l’exploration et la quête. Examinons de plus près ce que ce titre a dans le ventre.
Expéditions n’est pas Scythe. C’est important de le préciser. Bien que certaines mécaniques de jeu sont identiques, donc attention à ne pas le prendre juste parce que vous avez aimé Scythe. On joue dans le même univers uchronique (voir plus haut), avec les mêmes (somptueuses) illustrations de Jakub Rozalski, mais c’est tout.
Expéditions et Scythe sont très différents. Le second est un jeu de gestion et de baston / contrôle de territoire, avec un soupçon de narration. Le premier est, quant à lui, un jeu d’exploration de tuiles et de cartes avec un rien de gestion. Autant Scythe est/était palpitant, autant Expéditions est, selon moi, beaucoup moins prenant.
La qualité du matériel est irréprochable (malgré qu’il me manquait les ouvriers verts… mais Matagot vient de me les envoyer) et les illustrations sont magnifiques. Dans la version que j’ai achetée Ironclad (premier tirage limité à 500 exemplaires), les Mechas en métal son sublimes.
Bien que les règles (pas très bien structurées au passage) ne sont pas compliquées (score de 3.01 sur 5 selon BGG), la bonne compréhension des cartes et leur choix stratégique est cruciale, ce qui fait que nos premières parties étaient un peu chaotiques.
Sous le capot, Expeditions s’appuie sur un système de draft de cartes et de gestion de ressources. À chaque tour, vous déplacez votre mécha sur la carte, constituez votre jeu de cartes, et activez diverses capacités pour progresser. Votre but : accumuler le plus de gloire possible en accomplissant quêtes, améliorations et autres objectifs avant vos adversaires.
Si les mécanismes complexes de guerre et de contrôle territorial de Scythe sont absents, le cœur du gameplay reste la création synergique d’un moteur bien huilé. Chaque carte jouée débloque des capacités actives ou passives, permettant des combos dévastateurs. Le dilemme entre garder une carte pour son effet prolongé ou la défausser pour son bonus unique est omniprésent. La victoire ira au joueur créant la machine la plus efficace.
Côté univers, on retrouve le charme désuet des années 20 chères à Stonemaier. Mais exit les batailles rangées, place à l’exploration de la mystérieuse Sibérie. Votre mécha parcourt ces contrées hostiles, dévoilant des tuiles au fil de votre route, dont le contenu influencera votre stratégie. Si l’interaction directe est limitée, la course aux ressources stratégiques engendre des frustrations amusantes.
On regrettera cependant le manque de choix narratifs qui donnait corps à l’intrigue palpitante de Scythe. Ici, le thème sert surtout de prétexte à un gameplay maîtrisé. L’attachement aux personnages s’en trouve diminué, même si l’univers graphique reste superbement immersif.
Côté rejouabilité, la variété des cartes, tuiles et combinaisons de méchas comblera les amateurs de défis. Le fort aléa lié au tirage des cartes peut toutefois parfois déséquilibrer une partie. Rien de rédhibitoire pour les habitués du genre, mais un point à noter.
Personnellement, nous avons aimé Expéditions, mais je préfère Scythe, et de loin (malgré qu’il soit plus long). À 4, nous avons cependant trouvé le plateau d’Expéditions petit pour un jeu d’exploration.
Expéditions est un jeu stratégique avec des éléments de gestion de ressources, d’exploration et de combat (mais en PvE, pas en PvP !). Il requiert un équilibre entre la prise de risques et la planification prudente pour obtenir la victoire.
Pour finir, Expéditions s’impose comme un titre aux mécanismes rodés, dans la droite ligne qualitative des productions Stonemaier. Si l’expérience se veut moins épique et immersive que Scythe, le gameplay riche et les parties intenses raviront les fans d’optimisation.
Pas mal. Mais n’arrive pas à la cheville de son prédécesseur.
- Date de sortie : Octobre 2023
- Langue : Française
- Fabriqué en : Chine
- ITHEM : 3. Pour en savoir plus sur l’ITHEM dans les jeux de société, c’est ici.
- IGUS : 2. Pour en savoir plus sur l’IGUS dans les jeux de société, c’est ici.
- EcoScore : D. Si vous voulez en savoir plus sur l’EcoScore dans les jeux de société, c’est ici

- Création : Jamey Stegmaier
- Illustrations : Jakub Rozalski
- Édition : Matagot
- Nombre de joueurs et joueuses : 1 à 5 (tourne mieux à 3)
- Âge conseillé : Dès 14 ans (voire 12)
- Durée : 60 à 90 minutes
- Thème : Uchronie
- Mécaniques principales : Actions, deck building, cartes, exploration. Pour en savoir plus sur les différentes mécaniques de jeux, c’est ici.
Rejoignez notre communauté :
Rejoignez notre chaîne WhatsApp
2007. Wahou ! Nous avons de la peine à croire que cela fait depuis 2007 que nous sommes derrière l’écran à écrire sur ce blog que nous aimons tant ! Cela n’aurait pas été possible sans votre fidélité.
Pour vous offrir une expérience de lecture plus agréable, nous vous proposons un site sans aucune publicité. Comme nous entretenons des relations d’affiliation avec Philibert et Play-in, nous touchons une petite commission lorsque vous achetez un jeu depuis notre site. Ce qui nous permet d’acheter des jeux que nous pouvons ensuite vous présenter.
Aujourd’hui, nous vous demandons votre soutien pour nous aider à continuer à produire du contenu que vous appréciez. Chaque contribution, petite ou grande, nous permet de continuer à faire ce que nous aimons et de vous offrir la meilleure expérience possible. Vous pouvez nous aider à soutenir le blog directement en faisant un don avec Tipee.
Nous vous remercions du fond du cœur pour votre soutien et avons hâte de partager encore de nombreuses années avec vous.
Soutenez Gus&Co sur TipeeeArticle écrit par Daniel, employé de banque (le cliché, le suisse qui bosse dans une banque…) fan inconditionnel du jeu sous toutes ses formes : JDR depuis l’âge de ses 10 ans, jeux de société experts, mais surtout jeux de figurines (Games Workshop et autre). Pour lui, le jeu permet de se rapprocher des autres et de partager réellement quelque chose.


4 Comments
Joelaitou
Bonjour
Merci pour cette review qui permet d’y voir plus clair sur ce jeu (que je ne prendrais pas au final !).
Mais qqchose me turlupine.
À plusieurs reprises, vous dites clairement qu’il n’a pas grand chose à voir avec Scythe.
Et pourtant, vous ne cessez de les comparer. « je préfère scythe », « cette partie là est mieux faite dans scythe »…
Il est clair que ces deux jeux n’ont pour seuls points communs que l’univers et les illustrations.
Pour moi, le premier n’est même pas le « grand frère » du second.
Comme si l’on comparaît dice town et desperados of dice town. Pa’s vraiment besoin de dire que l’ont préfère l’un où l’autre. A priori, on aura jamais à choisir entre les deux vu que ce ne sont pas les mêmes jeux.
Les comparer entretien la confusion du non averti devant les 2 boîtes.
Mais ce n’est que mon avis.
Salmanazar
Je pensais la même chose en lisant l’article.
scharff christophe
Alors moi j’ y joue uniquement en solo, et je le trouve vraiment excellent, une bonne 15aine de parties en 2 semaines ( 3 parties le premier jour !)
Déjà j’ai adoré la simplicité de l’automa, contrairement à scythe justement que j’hésite toujours à sortir à cause de l’automa.
Par contre on a la frustration de devoir faire vite, d’optimiser chaque tour sans pouvoir améliorer, résoudre et fondre comme on le souhaiterais.
J’imagine bien qu’à 5 joueurs, les 4 ème et 5 ème risquent d’être lésés. Du coup je pense ( sans pouvoir tester) que c’est un excellent jeu de 1 à 3 joueurs.
Mais je pense qu’il ne vise pas les fans de scythe ( sauf pour le thème) mais plutôt ceux d’ It’s a wonderful World par exemple, ceux qui aiment engine building.
Voilà pour mon avis de joueur solo.
amnesix77
Merci pour cet article,
je n’avais pas du tout aimé Scythe, trop punitif pour le débutant par rapport au joueur expérimenté et je n’avais pas tant que ca été immergé dans une aventure épique. Peut être que je testerais celui-ci, l’absence de combats en pvp limitera les frustrations, et la mécanique d’exploration m’a l’air sympa.
Et si en plus le temps de jeu est plus maîtrisé, il ne reste plus à ce que le jeu se trouve un jour dans la même salle que moi et je testerai 🙂