Lacrimosa Iello jeu boîte
Critiques de jeux,  Jeux de plateau

Lacrimosa : Biopic ludique

🎹 Devenez le mécène d’un génie ! Lacrimosa nous plonge au cœur du XVIIIème siècle sur les traces de Mozart. Un voyage passionnant !


Lacrimosa

⚠️ Avertissement : Dans un souci de transparence envers notre communauté, nous tenons à préciser que cet article reflète notre opinion personnelle sur le jeu. Nous n’avons reçu aucune contrepartie de la part de l’éditeur du jeu. Nous avons acquis et testé le jeu de façon indépendante, sans lien commercial avec son éditeur. Les avis présentés ici représentent notre analyse honnête et impartiale du jeu, basée sur notre propre expérience.


Lacrimosa, le jeu de plateau

En tant qu’amateur chevronné de jeux de société, peu d’expériences m’enthousiasment plus que la découverte d’un titre qui ose explorer des thèmes et des mécanismes innovants. Avec Lacrimosa, l’éditeur Devir Games et les auteurs Gerard Ascensi et Ferran Renalias ont créé une expérience qui construit gracieusement un monde fascinant situé dans la Vienne du XVIIIe siècle.

Lacrimosa transporte les joueurs et les joueuses dans un royaume tourbillonnant de perruques poudrées et de symphonies, devenant des mécènes et des admirateurs cherchant à achever la Messe de Requiem inachevée de Mozart. Grâce à une attention particulière portée aux détails artistiques et à un gameplay stratégique, Lacrimosa offre un portail vers l’un des mystères les plus durables de la musique classique.

Lacrimosa Iello jeu plateau

Lacrimosa, c’est quoi

Lacrimosa est une section de la Messe de Requiem en ré mineur (K. 626) de Wolfgang Amadeus Mozart. Le mot « Lacrimosa » signifie « larmoyante » en latin, et cette partie du Requiem est un hommage poétique et émouvant à ceux qui pleurent les morts. Composée en 1791, l’année de la mort de Mozart, cette œuvre est souvent associée à sa propre mort prématurée, car il est décédé avant de pouvoir achever le Requiem dans son intégralité.

La section Lacrimosa est particulièrement remarquable pour sa beauté mélodique et son instrumentation sombre et poignante. Elle commence avec un chœur chantant des paroles extraites de la Messe des morts et est accompagnée par des cordes et des cuivres. La musique exprime une profonde tristesse et un sentiment d’acceptation de la mortalité. Sa beauté et son caractère émotionnel ont fait de Lacrimosa l’une des œuvres chorales les plus connues et les plus souvent interprétées de la musique classique.

Plonger dans l’époque de Mozart

Ayant beaucoup étudié l’histoire de la musique, l’ambition même du sujet de Lacrimosa a immédiatement attiré mon attention. Le Requiem inachevé de Mozart, entouré d’intrigues sur les causes de sa mort prématurée, sert d’opus aux joueurs et joueuses qui doivent le co-créer.

Le jeu nous immerge avec soin dans l’univers de Mozart. Les visuels somptueux évoquent l’architecture baroque viennoise et les cordes de l’époque. Les illustrations foisonnent de détails. On se croirait en promenade dans le Vienna du 18e. On se presse d’une œuvre à l’autre pour achever le grand Requiem.

Le duo d’auteurs a été particulièrement impressionné par les mécanismes de jeu, qui sont liés à des moments spécifiques de la vie du compositeur. Le voyage de Mozart nous permet de suivre ses traces à travers l’Europe, ce qui ajoute une résonance thématique.

Les cinq époques représentent des périodes distinctes, depuis les premiers succès de Mozart jusqu’à sa mort mystérieuse. La décision de passer du temps à terminer le Requiem offre une méta-narration fascinante.

Bien que certaines actions semblent déconnectées du thème, l’expérience globale est celle d’une présence historique remarquable. En tant qu’amateur éclairé, je reconnais avoir été séduit par cette plongée dans l’univers de Mozart.

Bien que perfectible, l’immersion historique reste un point fort indéniable.

Stratégie « à l’européenne »

Mais le véritable tour de force de Lacrimosa se situe au niveau ludique. Derrière la sublime direction artistique, le jeu propose une expérience robuste. Les mécanismes complexes sauront satisfaire les joueurs expérimentés, sans rebuter les néophytes.

Les plateaux de jeu multicouches offrent des interactions tactiles satisfaisantes tout en organisant l’espace limité. Le fait de tirer deux cartes à chaque tour, l’une pour les actions et l’autre pour les revenus, crée des dilemmes amusants et des puzzles d’optimisation des ressources.

Malgré des mécanismes apparemment… disparates, Lacrimosa les combine en une élégante machine d’engrenages imbriqués. Investir dans la mise à jour des cartes mémoire permet d’obtenir des bonus à long terme, tandis que se concentrer sur l’achat et la vente d’opéras permet d’obtenir des récompenses immédiates. Le défi principal du jeu, le contrôle de la zone, contribue au Requiem pour gagner des majorités. Avec seulement 20 tours au total, les joueurs et joueuses doivent équilibrer leurs objectifs à court et à long terme tout en gardant leurs adversaires à distance.

Le résultat est une expérience remarquablement fluide. Le livret de règles pourrait fournir plus d’exemples et de clarté pour les nouveaux publics, mais après un tour d’apprentissage, l’iconographie devient très fluide. Les tuiles bonus aléatoires et l’ordre des compositeurs constituent un nouveau défi à chaque partie. Les joueurs et joueuses assidues découvriront des profondeurs gratifiantes, mettant à jour des stratégies efficaces au cours de plusieurs parties. Non, décidément non, Lacrimosa n’est pas un jeu fulgurant. Il faudra plusieurs tours, plusieurs parties pour le comprendre, l’apprécier, le… savourer.

Un voyage ludique (unique)

Alors que les dernières notes mélancoliques de Lacrimosa résonnaient dans nos haut-parleurs (oui, je joue souvent avec de la musique) et que nous calculions nos points finaux, je me suis assis pour réfléchir à cette expérience de jeu qui m’a… bouleversé de manière inattendue.

En tant que critique ici sur Gus&Co (depuis peu), j’ai été impressionné par le risque et l’ambition qu’il a fallu pour construire, concevoir un jeu de société stratégique autour de Mozart et de la musique classique. L’intégration transparente du thème et de la jouabilité crée une expérience inégalée en termes de concept. Si le livret de règles et l’iconographie non intuitive peuvent rebuter les publics occasionnels, ceux qui sont prêts à en apprendre les nuances seront récompensés.

Alors que tant de jeux se déroulent dans des univers familiers de fantasy et de science-fiction, le milieu historique de Lacrimosa, délicieusement élaboré, est une véritable bouffée d’air frais. Les mécanismes de jeu évoquent élégamment le cadre, nous propulsant dans la peau du prodige. Il y a eu l’excellent film « Being John Malkovich ». Avec le jeu de plateau Lacrimosa, c’est maintenant « Being Wolfgang Amadeus Mozart ».

Cette immersion donne une nouvelle résonance à ses œuvres et à son héritage. Les défauts tels que la confusion des icônes et les prises de décision répétitives ne sont finalement, à mon avis, que des broutilles au vu des réussites artistiques du jeu en termes de thème et de présentation.

Lacrimosa est une œuvre marquante. Il représente la fusion d’un profond respect pour le sujet musical et d’une exploration ludique. La fusion de la beauté, de l’histoire et d’un gameplay captivant en fait une expérience rare.

Alors oui, soyons lucides et honnêtes, Lacrimosa ne rencontrera peut-être pas le succès auprès du grand public, mais pour le public « de niche » qui apprécie la complexité des mécaniques de jeu et le traitement délicat et imbriqué d’un thème, Lacrimosa est sûr de ravir et d’inspirer. Lacrimosa parvient à nous prouver comment les jeux de société contemporains peuvent transporter et transformer, nous permettant d’habiter, d’habiller brièvement le royaume de génies comme Mozart.

Conclusion

Pour moi, le monde enchanteur de Lacrimosa, ses mécanismes innovants et sa vénération thématique pour son sujet transcendent toutes les aspérités du gameplay. C’est de l’art interactif à son meilleur. Si la courbe d’apprentissage et la répétitivité du jeu peuvent en rebuter certains, les joueurs et joueuses patientes découvriront un gameplay nuancé digne de… l’éclat complexe de Mozart. Pour tout public intéressé par une expérience historique réfléchie qui s’aventure au-delà des terres ludiques classiques, creuses et parfois crasses, Lacrimosa est un must.

En bref : Les forces et faiblesses.

Forces :

👍 Immersion historique réussie

🎶 Mélange harmonieux de mécaniques de jeu

🖌️ Production et illustrations superbes

⚡️ Parties fluides une fois le jeu maîtrisé

👥 Accessible aux nouveaux joueurs et joueuses (si disposées à s’engager pour un jeu plutôt… costaud)

Faiblesses :

❓ Règles complexes au premier abord

🔀 Manque de cohésion narrative par moments

❔ Icônes pas toujours intuitives

🤝 Peu d’interactions

⏳ Profondeur stratégique limitée sur la durée

Lacrimosa, verdict final

Avec Lacrimosa, les auteurs Ascensi et Renalias ont osé s’aventurer sur un terrain inexploré dans l’univers du jeu de société. En prenant le pari audacieux de construire une expérience ludique autour de la figure historique de Mozart, ils signent une création au caractère unique dans le paysage du jeu de plateau contemporain.

Si Lacrimosa pâtit par moments d’un manque de cohésion ou d’une complexité rebondissante, ces imperfections ne sauraient occulter le travail remarquable accompli tant sur le plan artistique que ludique. L’immersion dans l’univers de Mozart séduira les amateurs d’histoire, quand les mécaniques de jeu richement imbriquées combleront les joueurs les plus exigeants.

Grâce à un mélange harmonieux d’ambition, d’innovation et de respect pour son sujet, Lacrimosa s’impose comme une œuvre marquante du jeu de société. Une expérience qui saura trouver son public, aussi prestigieux et restreint soit-il. Car comme le disait Mozart lui-même, « Je cherche les notes qui s’aiment.” Et avec Lacrimosa, c’est dans le langage universel du jeu que s’exprime la magie du grand maître autrichien.

Très bon !

Note : 4 sur 5.

  • Création : Gerard Ascensi, Ferran Renalias
  • Illustrations : Enrique Corominas, Jared Blando
  • Édition : Iello
  • Nombre de joueurs et joueuses : 1 à 4 (tourne bien à toutes les configurations)
  • Âge conseillé : dès 14 ans (bonne estimation)
  • Durée : 90 minutes
  • Thème : Mozart
  • Mécaniques principales : Gestion, deck Building. Pour en savoir plus sur les différentes mécaniques de jeux, c’est ici.

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Article écrit par PEF, alias Pierre-François pour les intimes. Maître incontesté des jeux de société qui durent une éternité. PEF s’est lancé dans les jeux de stratégie complexes dès qu’il a pu tenir un dé dans ses mains. Ses préférés sont ceux qui nécessitent de bâtir des empires et de comploter contre ses adversaires tout en sirotant une tisane. Devise : « Si le jeu dure moins de deux heures, c’est une pause-café ! »

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