
Le retour flamboyant des jeux de société vintage
C’est dans les vielles marmites vintage qu’on fait les meilleurs jeux.
Vintage

Est-ce que vous avez, vous aussi, sur vos étagères, des jeux vintage qui remontent aux années 70 ou 80 ? Des jeux de société qui durent des heures. Des jeux bourrés de figurines en plastique bigarrées. Des illustrations aux couleurs criardes. Des titres plus ou moins glorieux où les jeux de société étaient rares. Il n’en sortait à l’époque qu’une centaine par année. On était loin des milliers d’aujourd’hui.
Ces jeux proposaient des aventures hors norme, avec des mécaniques souvent bancales. Mais ces jeux ont bercé notre enfance et adolescence. Par nostalgie, véritables madeleines de Proust, ils sont devenus une part de nous-mêmes. Aujourd’hui, on les considère comme vintage. Et est-ce que vous vous êtes dit que ça serait sympa de les ressortir, aujourd’hui, 30 ou 40 ans plus tard ? Des les rafraîchir, de les moderniser ?
Dans un monde de jeux de société inondé par les sorties, la recherche de quelque chose de mieux peut nous conduire à jeu vintage. Comme Full Metal Planet ou La Vallée des Mammouths. Le vintage, ce sont des objets provenant d’une époque antérieure. Pour le jeu de société, le vintage remonte surtout aux années 80.
Comment expliquer notre appétit du vintage ? Jeux ou vêtements ? Souvent, l’intérêt est alimenté par l’excitation de la recherche. Il est facile de trouver des jeux ou des habits récents. Pour trouver des jeux qui remontent à 30-40 ans, et en bon état, cela devient une véritable chasse au trésor ! Vide greniers, brocantes, marché de l’occasion sur le net…
La deuxième raison qui explique notre goût pour le vintage est son aspect, évident, de machine à remonter le temps. Jouer à un jeu de années 80 nous plonge en pleine nostalgie. L’objet devient l’incarnation d’une époque révolue. Qui représente peut-être pour nous un moment, des années agréables, mémorables.
Et il y a un éditeur qui s’est fait une spécialité des jeux vintage, Restoration Games.
Hier, mardi 19 octore 2021, le fameux magazine WIRED a publié un article extrêmement intéressant sur cet éditeur de jeux américain Restoration Games. Tout est dans le titre. L’éditeur s’est fait un nom en rééditant, modernisant des vieux jeux, vintage, de notre adolescence. Fireball Island, c’est eux. Le prochain Thunder Road, c’est eux aussi.
WIRED a voulu savoir comment faire pour restaurer un jeu vintage. Nous vous proposons ici une traduction de l’article. Si vous aussi vous jouez à Unmatched, ça pourrait vous intéresser.
Les vieux jeux de société, modernisés
Par Luke Winkie, WIRED, 19.10.2021
Il y a un sentiment, parmi les milléniaux, que le milieu du jeu de plateau était encore à l’âge de pierre jusqu’en 1996. C’est l’année où les Colons de Catan ont débarqué aux États-Unis (Ndt : et une année après en France). Les salles à manger, les dortoirs et les tables de cuisine à travers le pays se sont enflammés pour la miraculeuse création de Klaus Teuber.
Catan reste le jeu de société le plus réussi de l’histoire de l’humanité. Son réseau serré de routes, de ressources et de décisions réfléchies a fermement écrasé le Monopoly et les Candylands qui régnaient avant sans égal dans la conscience populaire. Mais Restoration Games estime que la modernité a ses limites. Quelle que soit la taille de l’industrie du jeu de plateau, peu importe combien d’argent nous déboursons pour des Kickstarters lointains promettant de nouvelles frontières vibrantes en carton, le passé lointain contient encore des trésors enfouis.
Bien sûr, dans ce cas, le « passé lointain » fait référence à cette époque sombre et énigmatique avant 1996.
Restoration Games est l’idée originale de l’avocat et joueur de société passionné Justin Jacobson et du légendaire auteur Rob Daviau. Jacobson donne des conseils juridiques pro bono pour des éditeurs de jeux indépendants.
Star Wars: Queen’s Gambit, l’un des jeux classiques et perdus a jailli lors de la discussion, Queen’s Gambit est une « baleine blanche » dans la communauté des jeux de société : un jeu d’affrontement, coloré et bien taillé basé sur La Menace Fantôme qui est malheureusement épuisé depuis des lustres (si vous voulez y jouer, il va vous falloir lâcher 500 $ sur Ebay.). Afin de proposer le jeu au grand public, Jacobson a lancé l’idée de rééditer Queen’s Gambit sans le thème Star Wars, évitant ainsi certains soucis juridiques compliqués avec Disney. Daviau a hésité. Il n’était pas intéressé à relancer à nouveau Queen’s Gambit, mais il a passé quelques instants à réfléchir aux nombreux grands jeux qui n’ont pas eu la chance de sortir dans notre renaissance en cours qui touche le jeu de société.
« Nous avons commencé à parler des jeux auxquels nous jouions quand nous étions enfants, et de certains de ceux que nous aimerions voir revenir », dit Jacobson. « Je devenais assez malheureux en pratiquant le droit. Mon entreprise avait radicalement changé depuis mes débuts. Je suis donc allé déjeuner avec des amis du lycée, et ils m’ont conseillé d’abandonner ma carrière juridique et de me lancer dans les jeux de société. J’ai fait à Rob [Daviau] une offre qu’il ne pouvait pas refuser, et nous avons immédiatement commencé à réfléchir aux jeux que nous voudrions relancer. »
Restoration Games a été officiellement lancé en 2017, et son catalogue parle de lui-même. Jacobson et Daviau remontent à 1979 et ont ressuscité Stop Thief, un héritage de Parker Brothers abandonné depuis longtemps et qui était célèbre pour être accompagné d’un appareil électronique que les joueurs utilisaient pour traquer les cambrioleurs dans les rues. (Restoration a modernisé ce gadget avec une application pour smartphone.) Il y a Downforce, un merveilleux jeu de bluff et d’enchères sur un circuit de course ensoleillé, qui a rebondi chez divers éditeurs au cours des 40 dernières années. Unmatched est la seule relique du 21ème siècle dans l’inventaire – c’est un module tactique à deux joueurs basé sur un jeu créé par Daviau appelé Star Wars: Epic Duels de 2002. Restoration Games a supprimé tous les personnages du jeu d’origine pour des héros plus connu du public. Vous ne pourrez peut-être pas jouer en tant que Yoda ou Obi-Wan Kenobi, mais Robin des Bois et le roi Arthur collent bien au jeu.
Mais le produit le plus populaire de Jacobson et Daviau pourrait être le reboot et tour de force Fireball Island de 1986. C’est le jeu qui a placé l’entreprise sur la carte mondiale des éditeurs de jeux, et c’est là que j’ai été initié pour la première fois à une sorte d’euphorie révolue très spécifique que seule Restauration Games pouvait provoquer. Ma classe de troisième année était équipée d’une copie de l’original Fireball Island, qui est devenu le point central de toutes mes festivités après l’école.
C’est un jeu très bête. Des aventuriers intrépides escaladent une montagne de plastique, et on y lance des billes orange qui roulent sur le plateau, et je l’avais complètement oublié au fil des années. Mais dès que j’ai vu la boîte de Fireball Island de Restoration, mon cerveau a explosé. Soudain, j’ai été inondé par tous ces souvenirs d’enfance enfouis, limpides une fois de plus, comme si ce jeu de société servait de mot de passe à mon propre système limbique. Selon Jacobson, l’entreprise reçoit ce genre de réactions tout le temps.
« Les gens ont ces petits souvenirs viscéraux qui apparaissent en jouant à certains jeux quand ils étaient enfants. Vous ne pensez pas à eux, jusqu’à ce que quelque chose les déclenche », dit-il. « Nous savons que nous sommes sur la bonne voie en matière de développement lorsque nous obtenons ce genre de réponses. »
Rien de tout cela ne serait possible sans beaucoup de spéléologie juridique. C’est l’un des avantages d’avoir un avocat dans le personnel d’une entreprise de jeux de plateau. Il y a au moins quelqu’un dans la pièce qui peut analyser le langage obscur des licences, de la paternité et des redevances lors du dragage d’un jeu de société de l’abîme.
La première chose que Jacobson fait lorsqu’il lance un nouveau projet chez Restoration est d’essayer de contacter l’auteur d’origine. « Même si nous n’avons pas l’obligation légale d’indemniser certains de ces auteurs, nous le faisons quand même, parce que c’est la bonne chose à faire », dit-il. Une fois que Restoration a pris contact, ces architectes chevronnés du jeu de société sont généralement ravis qu’un éditeur veuille insuffler une nouvelle vie à leur travail. Mais cela n’est pas toujours le cas. Parfois, dit Jacobson, ces auteurs sont morts dans les décennies qui ont suivi. Ce fut le cas avec Indulgence, un jeu de cartes inventé par Jerry D’Arcey en 1966, que Restoration a réédité en 2017. Jacobson a eu du mal à atteindre les héritiers de D’Arcey, alors il a mis de côté un fonds de redevances au nom de sa famille, juste au cas où. Après la publication d’Indulgence, l’un des fils de D’Arcey a contacté Restauration Games. « Nous avons réglé le problème à ce moment-là », dit Jacobson. « Et ça a bien fonctionné. » Le transfert était terminé et l’héritage était sécurisé.
Une fois que tous ces contrats de bonne foi sont en place, Restoration lance son travail. Jacobson et Daviau sont des nostalgiques, mais ils ne sont pas des puristes. Ce n’est pas une entreprise qui publie exclusivement de vieux jeux de société dans leur forme native, avec tous leurs écueils et mécaniques obsolètes que l’on pourrait attendre d’un écosystème de jeux de plateau vintage et pré-Catan. Non, Restoration est heureux d’arracher quelques mécaniques et d’en arroser plusieurs contemporaines. Jacobson note que lors de sa sortie dans les années 70, Stop Thief, était un jeu de dés et de déplacement, à la Monopoly. Cela n’allait tout simplement pas passer dans le même paysage actuel de Haute Tension, Dominion et Scythe. Ainsi, avec quelques mises à jour intelligentes, cette antiquité de Parker Brothers était prête pour les amateurs.
« Nous essayons de trouver l’âme du jeu. Quelles sont les éléments principaux ? De quoi est-ce les gens se souviennent quand ils disent : « Oh, j’adore ce jeu ! » Ils pensent à un aspect fondamental. Lorsque les gens se souviennent de Stop Thief, ils ne s’arrêtent pas au lancer de dé et au déplacement », explique Jacobson, qui a mis en place un système de mécanique de cartes beaucoup plus moderne. « Nous disons: créons un jeu de société moderne en utilisant ces éléments centraux. »
Vous pouvez trouver ces pièges partout dans les archives de Restoration Games. Fireball Island possède maintenant trois extensions différentes. La dernière cible de Restoration est une suite du légendaire jeu The Dark Tower de Milton Bradley de 1981, et l’éditeur a déjà prévu de nombreux rajouts au jeu d’origine. Jacobson adorait The Dark Tower à l’époque, et il arrive maintenant à toucher une nouvelle génération qui est passé de l’analogique au numérique. Une époque avant les bar à jeux pittoresques et une explosion de podcasts Donjons et Dragons, lorsque les geeks assumés se cachaient dans des sous-sols brumeux pour lancer leurs dés en paix.
« Les nouveaux joueurs ont l’occasion de voir certains de ces jeux qui étaient sortis avant leur naissance. Certains de ces jeux présentent des éléments vraiment cool qui n’ont pas été repris ensuite », explique Jacobson. « C’est l’occasion de montrer aux gens ce genre de choses d’une manière neuve et moderne. »
C’est la beauté de la pratique de Restoration. Avec juste un soupçon d’ingénierie moderne et un amour profond pour toute l’histoire du jeu de société, ils prouvent que 1996 n’est que la pointe de l’iceberg.
Et vous, est-ce que vous avez des jeux vintage sur vos étagères ou quelque part dans votre grenier ? Lesquels ? Est-ce que vous y jouez encore ? Laissez-nous un commentaire.


3 Comments
Guillaume
J’ai beaucoup beaucoup joué à Hero Quest chez un ami dans les années 90. Mais j’ai encore l’Ile infernale (Fireball Island) chez mes parents. J’y joue 3-4 fois/an avec mes enfants, qui y jouent aussi sans moi quand ils y vont. Que de souvenirs en effet! ^^ Miracle j’ai encore toutes les pièces et toutes les cartes, qui sont un peu usées on ne va pas se mentir!
J’aimerais bien re-jouer à Hero Quest avec mes enfants quand ils seront plus grands, je sais qu’un voisin l’a! 😉
Stephen Sevenair
Res Publica
Civilization (premier du nom)
Junta
et tant d’autre
Des nuits entières pour un jeu après avoir lu les 50 pages de règles.
BERNARD
Pour ma petite famille avec les enfants c’était Magellan, partie commençait le samedi et finit le dimanche.
Que de bon souvenir !