Critiques de jeux,  Jeux de plateau

Sherlock Q-System. Chérie, j’ai rétréci Sherlock

Du mini-micro-nano Sherlock. Minuscule mais costaud, un concentré de densité et d’intensité ludique

Sherlock Q-System, de quoi ça parle?

Sherlock Q-System est / sont sortis début 2018 chez l’éditeur espagnol GDM Games

Il s’agit en réalité d’enquêtes policières qui tiennent à chaque fois dans de tous petits decks de 32 cartes, légers, fins, plus petits qu’un iPhone 3G (si vous vous en souvenez encore, avant la mode des phablets)

Les Espagnols ont déjà sorti six de ces micro-enquêtes, 3 début 2018, 3 fin 2018

Et ces coquins Wallons de Geek Attitude Games (Not Alone) se sont saisis du jeu pour sortir la VF

Et comment on joue?

Pour chaque jeu, chaque paquet, chaque scénario, chaque affaire, on joue de la même manière

On commence par sortir les cartes, il y en a toujours 32

On peut ensuite flasher un code QR qui explique la mise en place ou lire les règles qui tiennent sur 2 mini-pages, voir ci-dessous

La mécanique est simplissime: on place une première carte face visible sur la table, l’exposition de la situation, puis on mélange toutes les autres cartes. On en distribue ensuite un certain nombre en fonction du nombre de participant.e.s

A son tour, on peut

  • soit poser une carte face visible sur la table
  • soit en défausser une face cachée

Puis on pioche une carte qu’on rajoute à sa main

⚠️ Mais attention

Pendant toute la durée de la partie on peut communiquer sur ses cartes en main, sans jamais ni les montrer, ni les lire aux autres

⚠️ Mais attention aussi

Chaque carte contient des mots soulignés qui traitent d’un sujet. C’est la seule information qu’on a le droit de communiquer

Exemple: « j’ai une carte qui parle de… » mais jamais: « cette carte dit que… »

Donc de la communication et de l’interaction, oui, mais sous contrainte et en moins brouillon que Fuji

Les règles. Ultra-simples

Et c’est tout?

Sherlock Q-System repose sur sa capacité à trier le bon grain de l’ivraie

Autrement dit, quelle carte garder pour construire la résolution de l’affaire, et quelle carte défausser qui pourrait être une fausse piste ou une information inutile

Plus on pose de cartes et plus l’affaire s’étoffe, mais plus elle est également noyée sous une somme d’informations pas toujours cruciales

Et comment on gagne?

Comme c’est un jeu coopératif, c’est surtout:

Et comment on perd?

Dès que le deck est épuisé et que les 32 cartes ont été révélées ou défaussées, la partie s’arrête

⚠️ Mais attention

Si la défausse ne contient pas au moins 6 cartes, la partie est perdue. Bim

Donc il va quand même bien falloir se défausser de cartes pendant la partie. On ne peut pas toutes les poser sur la table non plus, ça serait évidemment bien trop facile, faut pas pousser Watson sous la calèche

Et comment on gagne, alors?

Si la partie n’est pas perdue, comme dans Sherlock Holmes Détective Conseil, on doit alors répondre à une dizaine de questions sur l’affaire

Les réponses sont également fournies dans le jeu. On peut alors confronter ses propres réponses à celles du jeu, et calculer son score:

  • 2 PV par bonne réponse
  • -1PV par carte jouée non pertinente

Encore une fois, le bon grain, l’ivraie, toussa. En jouant tout et n’importe quoi, on risque de perdre des points en fin de partie

Le but ultime: réussir à scorer le max, 20PV

Mais bonne chance pour y arriver, les scénars sont balèzes

Encore une chose: questions + réponses sont cachetées dans les règles, impossible de tomber dessus par hasard, il faut véritablement « déchirer » slash décoller le sceau pour accéder aux 10 questions puis ensuite aux 10 réponses. Malin

Interaction?

Sur l’IGUS, l’échelle de mesure de l’interaction dans les jeux, atteint un 5/5

Pourquoi 5 sur 5?

Parce que dans Sherlock Q-System, à moins d’y jouer en solo, on va devoir communiquer, écouter et déduire toutes et tous ensemble pour y arriver

A combien y jouer?

On peut y jouer seul.e et jusqu’à 8

En solo, ces micro-enquêtes sont vraiment bien. On perd évidemment tout le côté échange et communication limitée, mais on doit quand même bien choisir quelle carte choisir pour construire la résolution de l’affaire et quelle carte défausser. Un pur plaisir solitaire. Surtout que pour une (rare) fois, la mise en place ne dure pas des plombes mais plutôt un quart de secondes

A 2, le jeu est également excellent, on maîtrise beaucoup plus les informations échangées

A plus, ça devient du grand n’importe quoi, on aura de la peine à se faire entendre et écouter. Plus il y a de monde à la table et moins les informations circulent. Mieux vaut oublier

Alors, Sherlock Q-System , c’est bien? Critique

32 cartes, un prix ridicule, et pourtant, dans ces trois petits paquets de cartes qui ne paient pas de mine se cachent un concentré de densité et d’intensité ludique. Minuscule, mais costaud

Comme quoi, ce n’est vraiment pas la taille qui compte (c’est ce que je m’efforce de dire à ma femme depuis bientôt 15 ans)

Sherlock Q-System ravira les joueurs et joueuses qui partent en vacances ou qui prennent le TGV pour se rendre au FIJ cette année. Format compact et léger, peu de place nécessaire pour y jouer

Tiens, ça me rappelle cet article paru il y a… 6 ans. Ça date

Alors, Sherlock Q-System, faut-il y jouer?

Oui

Mais oui

Mais vraiment oui

Trois mini-parties de 60 minutes max, trois paquets au prix ridicule, moins de 10 euros

Et quel est le meilleur paquet, scénar?

Les trois

  • Mort un 4 Juillet, une histoire de fête nationale qui tourne mal, un cadavre est retrouvé dans un bosquet
  • Dernier Appel, un cadavre est retrouvé dans un vol long courrier
  • La Tombe de l’Archéologue, un cadavre d’un professeur est retrouvé dans son bureau en 1923. Très Lovecraft. D’ailleurs, le prof s’appelle Edward Carter, un clin d’œil à Randolph…

Chaque paquet donne l’indication de difficulté du scénar. Mort un 4 Juillet est le plus exigeant des trois, les deux autres se valent avec une difficulté moyenne

Score:

Anticipation: 2/5

Un mini-micro Sherlock qui tient sur 32 cartes? T’es sérieux là? Hashtag curieux hashtag suspicieux

Pendant la partie: 5/5

Grosse, grosse claque. Quelle carte jouer, quelle carte défausser, quelle info échanger pour résoudre l’affaire? Un SHDC ultra-dense

Après la partie: 5/5

On rejoue? Oui. Mais à d’autres scénars, puisque Sherlock Q-System est à usage unique. Encore un jeu kleenex. Mais au vu du prix doux et du concentré de plaisir ludique, on ne regrettera pas son achat

Score final: 5/5

5. Sur. 5

Tout est dit

Vous nous connaissez sur Gus&Co. Quand nous trouvons un jeu raté ou moyen, nous n’hésitons pas à le dire. Quand un jeu est top, nous le disons aussi. C’est le cas ici avec ce Sherlock Q-System

Grosse perf des éditeurs et auteurs espagnols d’avoir réussi à faire tenir une enquête palpitantes sur 32 cartes. Et kudos aux Wallons de Geek Attitude Games d’en avoir assuré la trad

Vivement les trois prochains scénarios traduits

Et encore une chose

Le jeu est indiqué dès 8 ans

Mais faut pas pousser Sherlock dans une cascade dans les montagnes

Vu le thème policier et anxiogène, à chaque fois un cadavre retrouvé, et la construction cognitive exigée pour gagner, 8 ans semble ambitieux et cavalier

Mieux vaut prévoir le jeu dès 12-14 ans, pas moins

Et encore une dernière chose

Le jeu sort le 15 février, et vous pouvez déjà le précommander sur Philibert ici

  • Date de sortie : Février 2019 en VF
  • Langue : Français
  • Auteurs : Joseph Izquierdo, Marti Lucas
  • Illustratrice : Alba Aragon
  • Editeur : Geek Attitude Games pour la VF, Enigma Studio pour la VO
  • Nombre de joueurs : 1-8 (optimum: 1-2)
  • Age conseillé : dès 8 ans (plutôt 12-14 ans)
  • Durée : 60 minutes
  • Thème : policier, enquête, Sherlock
  • Mécaniques principales : coopératif, cartes, déduction, communication, observation, narration
Votre réaction sur l'article ?
+1
0
+1
3
+1
0
+1
0
+1
0
+1
0

10 Comments

  • Paul

    Bonjour Gus et merci pour cette découverte.
    Question sur la rejouabilité :
    Peut-on faire l’enquête avec plusieurs groupes ou une fois en solo et une fois avec un groupe (une fois ! désolé je suis à Bruxelles ces jours-ci) ou alors dès que c’est fini, on connait les bonnes cartes et ce n’est pas rejouable ?

    Comme tu as dû le comprendre, j’aime autant les jeux solos qu’en groupe donc si on peut faire d’une pierre deux coups..

    Merci

    • Gus

      Salut Paul

      Comme dit dans l’article, il s’agit de « jeux kleenex »

      Une fois l’affaire finie, on prend connaissance des réponses et des questions. C’est mort pour les prochaines parties. Ou juste pour voir les autres équipes se dépatouiller et prendre un malin plaisir (sadique) à les voir s’embourber

      Salutations au Mannekenpis sous la neige

  • M.

    Hello! Merci pour l’article qui nous a permis de découvrir le jeu.
    Nous avons dévoré les 3 scénarios ce week end
    (avez vous noté la signature de l’artiste dans les différents paquets de cartes?)

  • JiDul

    Je viens d’y jouer… un très bon moment passé.
    Par contre un il y a un point de règle un peu flou pour moi.

    Il est dit qu’une fois les cartes posées on peut y aller et même parler des cartes défaussées… comme il n’y a pas de point « positifs » en fonction des cartes jouées, n’a-t-on pas intérêt à plutôt défausser beaucoup de carte et de miser sur la mémoire pour résoudre l’enquête ?

    Je dis ça, mais on a fait tout à fait l’inverse, on a tellement envie de communiquer toute l’histoire aux autres joueurs qu’il est difficile de sacrifier une carte 😀

    Dans tous les cas un très bon moment, à lire un livre à plusieurs 😉
    Merci pour ce conseil.

    • Gus

      Bonjour Jeremie,

      Oui en effet c’est étrange. Mais miser sur la mémoire pour X cartes, ça commence à être chaud, on risque d’oublier de nombreuses informations.

      Tout garder n’est pas la bonne solution. Il faut trier le bon grain de l’ivraie, comme dans une véritable enquête. Faire ou suivre toutes les pistes, comme dans un Sherlock Holmes Détective Conseil, n’est de loin pas optimal !

      Merci pour le retour Jeremie !

      • JiDul

        « Mais miser sur la mémoire pour X cartes, ça commence à être chaud, on risque d’oublier de nombreuses informations. »
        😀 Pas du tout d’accord, il suffit de faire défausser les cartes aux enfants et pas aux adultes (on a joué en famille), ça se rappelle de tout ces petites bêtes, ça peut être utile ! 😀

  • Noe

    Bonjour,
    j’ai joué à « Le majordome » l’un des derniers parus et on a perdu avec un très mauvais score. Je préfererai maintenant m’orienter vers un Sherlock de la gamme originale, de préférence plus facile. Plutôt « Dernier appel » ou « La tombe de l’archéologue » ?

À vous de jouer ! Participez à la discussion

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

%d blogueurs aiment cette page :