
One Week Ultimate Werewolf 🐺 Le bonneteau du loup-garou
Un Loup-Garou dans lequel on peut changer de personnage. Chaotique et approximatif. Un jeu de rôles même pas drôle
One Week Ultimate Werewolf, de quoi ça parle?
Dans One Week Ultimate Werewolf, on passe des vacances tranquillou dans le château loufoque de Ludwig
Sauf que
Parmi les convives se cachent des loups-garous. Parce que
Le but: les retrouver. Vous avez une semaine
OK, comme le titre l’indique, c’est du Loups-Garous. Villageois contre lycanthropes. Du Loups-Garous en villégiature dans un manoir cossu et cocasse



One Week Werewolf, c’est le croisement entre One Night Werewolf, un Loup-Garou ultra-court qui ne se joue que sur une… nuit, et Mad King Ludwig, un jeu dans lequel on place des tuiles pour construire un… château, deux jeux de l’éditeur américain Béziers Games (aucun rapport avec la ville française)
Au lieu d’accuser les Loups-Garous et de (tenter de) les éliminer après une seule nuit, dans One Week Werewolf on a donc… une semaine. On joue 4 jours, on accuse au 5e et la partie est pliée
Un thème certes ultra-galvaudé, mais grâce aux pièces un rien délires, on se prend au jeu et on a presque l’impression de jouer à un Cluedo chez les Loups-Garous
Et comment on joue?
Deux phases:
Une phase jour, dans laquelle on joue l’une des cartes de sa main pour se déplacer dans le manoir de la valeur correspondante à la carte
Et
Une phase nuit, pendant laquelle tout le monde ferme les yeux et le ou la joueuse active joue une carte et utilise son pouvoir en l’annonçant à haute voix. Ces cartes permettent d’échanger les rôles (chacun dispose d’un petit jeton caché sur son pion qui se balade dans le manoir)
Voilà, c’est tout
Des règles expliquées en deux secondes
Il faut encore faire le tour des salles pour les expliquer, puisque chacune d’entre elles possède plus ou moins un pouvoir spécifique
C’est vraiment tout?
Oui
Sauf que
Lors de la phase « nuit », lorsqu’on annonce la carte que l’on joue et son pouvoir idoine, on peut mentir
On doit jouer une carte face cachée, n’importe laquelle, et annoncer le pouvoir d’une autre, n’importe laquelle
On peut donc dire que l’on échange un pion « personnage » de deux autres figurines, alors qu’en réalité, on échange son propre pion avec celui d’une autre fig
Malin
Comme pendant ce temps tout le monde a les yeux fermés, on ne peut rien vérifier
Et non, pas de « petite fille » dans One Week…

Mais alors, comment vérifier?
De jour, on peut évidemment interroger le ou la joueuse sur ce qu’il ou elle a vu pendant la nuit grâce à son action. On pourra ainsi essayer de décoder les tells, la communication non-verbale pour voir si on nous ment. Mais bon, comme on le sait bien, la lecture de la communication non-verbale n’est pas une science exacte
Ou
On peut bien observer les cartes jouées de jour pour se déplacer. Ces cartes sont en effet jouées face ouverte, au contraire de la phase « nuit ». Donc on peut bien voir ce qui a été joué, ou pas. Mais bon, comme ces cartes peuvent être reprises en main, cette information n’est pas forcément fiable
Ou
A son tour pendant la nuit, en utilisant une carte, on peut aller vérifier les pions et informations. Mais c’est à l’instant T. Car le ou la joueuse suivante peut très bien tout (é)changer, et c’est reparti pour l’incertitude
Et comment on gagne?
Au 5e jour, on procède à un vote pour découvrir le ou les loups-garous
Oui, parce qu’il y a toujours deux loups-garous en jeu
Mais
Comme il y a également toujours trois membres du personnel, trois joueurs neutres, des sortes d’IA qui se baladent tous seuls dans le manoir d’une case selon une direction à choix, il est possible qu’il n’y ait pas du tout de loups-garous parmi les joueurs et joueuses
Revenons au vote:
Tout le monde va donc pointer quelqu’un à la table. Celui ou celle qui remporte le plus de voix est accusé.e et révèle son pion
Si c’est un loup-garou, les villageois ont gagné. La fête au village
Si c’est un villageois, les deux loups-garous ont gagné. Chérie, ça va trancher
Et comment faire pour n’accuser personne si on pense que les loups-garous sont les membres du personnel? On vote « en rond » pour quelqu’un d’autre. Dans ce cas-là, il n’y a pas de majorité et donc le vote est nul
Rajoutez à cela encore le rôle de tanneur, unique, qui remporte la partie si personne n’obtient de majorité
La fin est vraiment désopilante et pleine de surprise. Qui était qui?

Interaction?
Sur l’IGUS, l’échelle de mesure de l’interaction dans les jeux, One Week Ultimate Werewolf atteint un 5/5

Pourquoi 5 sur 5?
Parce que dans One Week Ultimate Werewolf, on passe sa partie à mentir, à discuter, à communiquer. Une interaction frontale, donc
A combien y jouer?
On peut y jouer de 3 à 7
Mais autant à 3 le jeu n’a aucun intérêt, avec peu d’interaction et de suspicion, autant à 6-7 le jeu devient pénible et indigeste car trop lent et chaotique
4-5 est la meilleure configuration pour le jeu
Alors, One Week Ultimate Werewolf, c’est bien? Critique
Non
Sur le papier, c’est du Loup-Garou. Des rôles cachés, du bluff et de la déduction
Rien d’original
Les salles et leurs pouvoirs spécifiques apportent un petit plus
Les trois membres du personnel aussi
La carte à jouer pour se déplacer et agir la nuit en bluffant, ou pas, également
Mais à force de passer sa partie à mentir et (é)changer les rôles, on ne sait plus trop qui est qui , ça en devient agaçant
Le moment du vote est le point culminant du jeu, on essaie de déduire, bluffer, s’en sortir
Ça rigole et ça couine pendant quelques minutes, puis on vote, puis on découvre. Surprises et fous rires en perspective
Mais cette fin en apothéose ne parvient pas à sauver une partie pénible à avancer dans le brouillard
Un party-game trop long et approximatif
Alors, One Week Ultimate Werewolf , faut-il y jouer?
Non, surtout pas
C’est fun deux minutes, mais au bout d’un moment on a méchamment l’impression de jouer au bonneteau
Ici il y a un loup-garou, je tourne, je retourne, et hop, il a disparu. Il est où le loup-garou maintenant, il est où?
Il devient alors extrêmement difficile de savoir qui a quel rôle où et comment
On passe sa partie à chercher, à bluffer, à déduire, mais tout change tellement vite et souvent que lorsque le vote intervient, c’est au petit bonheur la chance. Surtout si certains joueurs et joueuses ne connaissent même plus leur rôle à coup de changements dans tous les sens
Un jeu qui rappelle furieusement le récent Robin Wood ou l’inconnu Sultans de Karaya de 2011
On commence avec un rôle, villageois, tanneur (qui doit gagner tout seul) ou loup-garou, et on passe ensuite sa partie à regarder les rôles des autres et à les échanger parmi dans la joie et la bonheur
Un seul mot résume One Week Ultimate Werewolf à la perfection: chaos (on aurait pu aussi dire « bordel »)
T’es un loup-garou hop plus maintenant t’es devenu un villageois et hop tu redeviens un loup-garou. Je crois
En fait, on passe sa partie à espérer déduire, trouver, se souvenir, comprendre, mais au final, on ne comprend pas grand-chose et on finit par (faire semblant de) se convaincre que oui, on sait très bien qui est qui
Le seul et meilleur moment du jeu? Le vote. Quand il faut bluffer et faire croire aux autres qu’on est un « gentil ». Alors qu’au final, peut-être, on n’en sait rien et tout a changé au dernier tour
Mouaif
Score:
Anticipation: 1/5
Les deux jeux-parents ne présentent aucun intérêt. Un Loup-Garou ultra-court, bof bof, et Mad King Ludwig, un gros jeu de plateau de tuiles illisible et indigeste. Le croisement entre les deux? Pas convaincu. A voir ce que ça peut donner. Qui a dit que la curiosité est un vilain défaut?
Pendant la partie: 2/5
Beaucoup de bluff. Je joue ce personnage pour faire cette action mais en réalité pas du tout. La seule et unique constante du jeu? Le changement perpétuel. Ça pourrait être drôle de changer de rôle, mais là, sur 45-60 minutes de jeu, c’est long, trop long, trop répétitif et foutraque
Après la partie: 1/5
On rejoue? Non, surtout pas
Trop chaotique et approximatif
Score final: 2/5
Trop chaotique, trop du grand n’importe quoi. Quelques bonnes idées, notamment les pièces qui viennent épicer le tout. Mais qui en rajoutent une couche. Ou le staff, des joueurs neutres qui passent leur partie à se balader parmi les convives pour brouiller encore plus les pistes. Comme si ça ne suffisait pas déjà comme ça…
Et encore une chose
Pourquoi ne pas essayer d’organiser une version Grandeur Nature du jeu? Plusieurs pièces aux pouvoirs spécifiques, plusieurs personnages, plusieurs manches? Sans changer de rôle par contre. Ça pourrait être chouette, non?
Et encore une dernière chose
L’excellent podcast de sciences cognitives La Tête dans le Cerveau a sorti ce 10 décembre 2018 un excellent épisode sur les Loups-Garous, les légendes et notre rapport réel aux lycanthropes. Le mythe du Loups-Garou expliqué
L’épisode dure 11 minutes et est extrêmement intéressant
Et encore une toute dernière chose
Il y a quelques temps nous avions publié un article sur comment capter quelqu’un qui essaie de vous bluffer (dans un jeu de société). Ça peut servir dans One Week Werewolf:
Et encore une toute, toute dernière chose
Vous pouvez consulter les règles de One Week Ultimate Werewolf en anglais ici
Vous pouvez trouver One Week Ultimate Werewolf en anglais chez Philibert ici
- Date de sortie : Novembre 2018
- Langue : Anglais, pour l’instant. Bientôt une VF chez Ravensburger, comme les autres titres « Une nuit machin »?
- Auteurs : Akihisa Okui, Ted Alspach
- Illustrateurs : Greg Bartlett, Gus Batts
- Editeur : Bézier Games
- Nombre de joueurs : 3-7 (optimum: 4-5)
- Age conseillé : dès 8 ans (c’est courageux. Disons plutôt 10-12)
- Durée : 45-60′
- Thème : loups-garous
- Mécaniques principales : déduction, bluff

