
Les Charlatans de Belcastel 🥣 Juste. Passionnant
Le Kennerspiel 2018. Le prix du meilleur jeu « complexe » de l’année décerné par un parterre de journalistes. Le problème avec les prix, c’est qu’ils ne font pas toujours l’unanimité. Avec Les Charlatans de Belcastel, ils ont tapé juste. Très juste. Un jeu passionnant, varié, surprenant
- Date de sortie : sorti en printemps 2018 en VO, en automne en VF
- Auteur : Wolfgang Warsch (Très Futé!, The Mind)
- Illustrateur : Dennis Lohausen
- Editeur : Schmidt
- Nombre de joueurs : 2-4 (optimum 2-4)
- Age conseillé : dès 10 ans (c’est peut-être un peu optimiste, comptez plutôt 12 ans)
- Durée : 45′
- Thème : alchimie, potions
- Mécaniques principales : stop-ou-encore, bag-building
Les Charlatans de Belcastel, de quoi ça parle?
De marché aux ingrédients tous plus fantasques les uns que les autres
De potions à composer toutes plus loufoques les unes que les autres
Le thème est plutôt original, incarner un charlatan, au matériel et mécaniques de jeu cohérents
Et marrant que l’auteur, un scientifique (biochimiste) propose un jeu sur l’alchimie et les charlatans…
Alors, certes, on ne vit pas une aventure tumultueuse, mais on se prend vraiment « au jeu » à brasser des trucs et des machins dans son chaudron pour en sortir des potions abracadabrantes (je défie quiconque à dire et à écrire ce mot en une fois sans se reprendre)


Et comment on joue?
Chaque joueur et joueuse dispose d’un sac qu’on remplit de quelques jetons. Des jetons de couleur, et des jetons blancs moisis et inutiles qui viennent « polluer » son jeu
Tous les jetons du jeu ont des valeurs comprises entre 1 et 4
On puise alors un jeton après l’autre de son sac, « à l’aveugle », jeton qu’on place alors à la suite dans son chaudron
Un jeton de 1 se pose à une case du départ, un de 2 de… deux, et ainsi de suite. Plus on avance et mieux c’est. Plus de PV, plus de pépètes pour acheter ensuite de nouveaux jetons supplémentaires
Des règles simplissimes qui s’expliquent en une poignée de minutes
C’est tout?
Non
Parce que toute la tension du jeu réside dans une mécanique de stop-ou-encore. Comme du Black Jack
Le but est d’éviter de dépasser 7 points de valeur avec ses jetons (tous moisis) blancs. On peut donc s’arrêter de piocher quand on veut
Si on dépasse le 7, c’est le drame, on ne pourra pas tout faire, tout gagner
Continuer de piocher pour espérer avancer sur la piste / chaudron pour sortir des jetons de couleur qui vont déclencher des actions en prenant le risque de dépasser 7? Chaud
C’est vraiment tout?
Non
Les couleurs de jetons placés dans son chaudron vont activer certaines formules, formules indiquées sur des grimoires
Sachant qu’on commence avec certains grimoires, et que d’autres apparaissent au fil de la partie selon les manches jouées. Une mécanique qui offre un aspect évolutif bienvenu au jeu
Sachant qu’on peut varier les niveaux de difficultés de ces grimoires et de leurs actions correspondantes. Il y a quatre niveaux différents, niveaux qu’on peut ensuite très bien s’amuser à brasser
Alors, c’est vraiment, vraiment tout?
Non
Chaque début de manche, on tire une carte « divination » slash événement qui va affecter la manche en cours, avec des changements de règles parfois avantageux, parfois pas
Ce qui va alors affecter le jeu et impacter ses prises de décisions
Alors, c’est vraiment, vraiment, vraiment tout?
Non
Une autre mécanique incroyablement subtile permet aux joueurs et joueuses « à la traîne » de remonter aux points
En effet, les joueurs et joueuses ayant moins de points reçoivent un petit coup de pouce, un petit bonus pour rattraper le ou les joueurs en pole position
Une mécanique vraiment bienvenue pour éviter le win-to-win tout dégueu, i.e. plus je gagne et plus je gagne et tant pis pour les autres
Et comment on gagne?
Après 9 manches, on peut encore grappiller quelques points par-ci par-là, mais les points affichés sur la piste de score permettent de déterminer le ou la vainqueure
Simple, évident, efficace. On est loin d’une salade de points de victoire
Interaction?
Très modérée
Quelques majorités par-ci par-là, et bien sûr la course aux points, mais sinon, chaque joueur et joueuse est en prise directe avec ses propres ingrédients et chaudron, le nez collé à son sac
A combien y jouer?
On peut y jouer de 2 à 4. Et comme les interactions sont plutôt mineures et les manches fluides puisqu’on joue pratiquement toujours en simultané, qu’on y joue à 2, 3 ou 4 ne change rien, le jeu est tout aussi bon à chaque fois
Les sensations, interactions et durée de jeu sont pareilles
Il y a du hasard?
Oui
Beaucoup
Evidemment, puisque les jetons sont tirés du sac, et on ne sait pas lesquels vont sortir
C’est du Black Jack, mâtiné de deck-building. On sait ce qu’on rajoute, on ne sait pas comment ça va ressortir
Alors certes, on va pouvoir compter, toucher les jetons, mais on ne saura jamais lesquels sortiront et si on peut / doit continuer et taquiner le 7
Un hasard plus ou moins contrôlé, en tout cas très fun
Et même si le hasard « joue » en sa défaveur et qu’on dépasse le maximum autorisé en points de valeur des jetons blancs, de 1. c’est parce qu’on se sera montré trop gourmand, et de 2. ce n’est vraiment pas punitif, on pourra continuer de jouer
Alors, Les Charlatans de Belcastel, c’est bien? Critique
Oui
Oui
Oui
Mais vraiment OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
Il a gagné le Kennerspiel des Jahres 2018, et c’est vraiment, vraiment mérité
Pas un gros jeu non plus, mais un jeu passionnant:
Quel jeton de quelle valeur acheter? Quel jeton de quelle couleur pour quelle action acheter pour tenter quelle stratégie?
S’arrêter ou continuer de piocher pour fricoter avec le 7?
Beaucoup de décisions douloureuses et exaltantes à prendre
Les Charlatans de Belcastel, une véritable réussite
Orléans 2️⃣?
On voit bien l’inspiration du jeune auteur autrichien pour les jeux de deck-buildings et surtout Orléans, déjà un gros carton à sa sortie en 2014. Le premier (?) à avoir introduit une mécanique de « bag-building »
Alors oui, cette appellation laisse à désirer puisqu’on ne construit pas de sac mais de pool de jetons. Il faudrait en effet plutôt parler de « pool-building ». Mais ça fait alors un peu piscine
Si Les Charlatans reprend le même principe qu’Orléans, il parvient toutefois à proposer un jeu plus fluide, plus léger, qui se prend plus rapidement et facilement en main. Pas mieux, juste différent
Et quid d’Altiplano, sorti à Essen en octobre 2017 et qui propose également une méca de bag-building? Pareil. Mais Les Charlatans de Belcastel est une proposition ludique beaucoup plus digeste
Mais
Deux petits hic toutefois:
un hic surprenant pour un éditeur aussi « ancien » et reconnu que Schmidt, les règles sont très… 90s
Comprenez par-là, ni très claires, ni très didactiques, plutôt denses
Étrange, pour un éditeur aussi reconnu
Autre souci, une trad VF qui laisse quelque peu à désirer
Rien de chanmé, mais qui peut parfois prêter à confusion
Dont:
Mais au final, ces deux hic ne gâchent en rien le plaisir et l’intérêt du jeu
Score:
Anticipation: 5/5: Le Kennerspiel? OK pourquoi pas, bien que parfois, les lauréats étaient plutôt… surprenants. Exit en 2017. Lol. Mais un jeu signé par le Wunderkind du jeu de société? Super emballé
Pendant la partie: 5/5. Passionnant. Un « bête » jeu de stop-ou-encore à la Black Jack, avec du bag pool bag-building, avec de réels choix stratégiques. Quelle couleur et quel jeton prendre pour quelles actions. Démentiel
Après la partie: 5/5. On rejoue? Oui, toute sa vie. Pour essayer d’autres stratégies. Et surtout, pour découvrir de nouvelles possibilités, de plus en plus complexes, de niveau 1 à 4
Score: 5/5. Un solide 5/5. J’aurais bien mis un 6/5 mais on me souffle dans l’oreillette que cette expression est vraiment toute moisie et surtout que mathématiquement ce n’est pas tellement possible. Alors certes, nous avons déjà « cassé » d’autres jeux pour leur manque notoire d’interaction parfois bien trop polaire pour plaire. Le cas ici dans les Charlatans de Belcastel. Mais le jeu présente une telle variété, de telles surprises que nous sommes sous le charme. Certainement dû à l’un des philtres d’amour de Quedlinbourg
Et encore une dernière chose
Le jeu sorti en été en allemand s’appelle Die Quacksalber von Quedlinburg. Quacksalber vient de « quack », du « flan », du faux. Et Salber, parce que « faiseur de baume »
Mais alors pourquoi Quedlinburg? Parce que c’était, enfin, c’est toujours une ville médiévale allemande au centre du pays
Et que surtout, ça sonne bien avec Quacksalber / charlatan. Ca fait couac couac
Mais alors, pourquoi avoir choisi Belcastel, cette petite commune rurale et pittoresque de l’Aveyron? Belcastel = beau château. Qui n’a aucun lien avec des charlatans… Mais comme il y a un château sur la couv… Paf
Pas facile de choisir un bon titre de jeu, et encore moins de les traduire. La preuve ici
Et encore une toute dernière chose
Vu le succès rencontré par le jeu et son prix, on peut s’attendre à des extensions. Et pourquoi pas une nouvelle couleur de jeton / ingrédient / grimoire qui rajouterait encore plus d’interaction franche et chafouine à la table?
Mais surtout, avec la possibilité d’y jouer à 5, voire même à 6? Car après tout, même à 6 le temps de jeu ne serait pas rallongé, à l’instar d’un 7 Wonders par exemple
Si vous ne devez acheter que 2-3 jeux cette année, craquez pour ces Charlatans insolents et passionnants
Décidément, Wolfgang Warsch, son auteur, est vraiment à surveiller de très, très près
Vous pouvez consulter les règles (en anglais et pas officielles) du jeu ici
Vous pouvez trouver Les Charlatans de Belcastel chez Philibert ici
Vous pouvez également voir le jeu ici avec sa présentation officielle en allemand chez Schmidt


27 Comments
JiDul
Bonjour,
« Si vous ne devez acheter que 2-3 jeux cette année […] ».
cette phrase me laisse rêveur.
Fabien ThegoodthebadandtheMeeple Ducat
il manque un zéro ^^
yoda37
Pas encore joué, mais j’ai lu les règles. C’est vrai qu’on frise le 0 pointé… Peu d’illustrations, des références sur les images qui ne se reportent à rien dans le texte, gros pavés indigestes. Un bel exemple de ce qui faut pas faire!
John Rimbaud
Voilà qu’on cite Orléans et je m’émoustille… on va tenter ^^
snaketc
Je ne m’attendais vraiment pas à tant d’éloge pour ce jeu. Je vais devoir le tester alors Merci
Gus
Franchement, on a tous kiffé à la rédaction
Guillaume
L’article m’a vendu le jeu : j’ai la boite sous les yeux (avec Splendor que j’ai acheté aussi du coup).
Par contre, je dois dire les régles m’inquiétent : je peux en trouver des réécritures (VF ou anglais) sur les internets ?
Guillaume
Bon, y en avait déjà une dans l’article, et un résumé en deux pages sur BGG. (ca fait beaucoup pour un stop ou encore : enfin, a voir)
Simon
Joué mardi et rejoué mercredi. A Toulouse on a adoré. C’est fun, bourré d’aléatoire et de retournements de situations.
Effectivement Schmidt s’est pas foulé pour la règle et pour les illus (mon dieu que ces cartes événements sont Old School). Et niveau visuel, on trouve péniblement 2 images sur le net…
Gus
😱😱😱 les cartes « divinations » tellement laides en effet
Merci Simon pour votre retour
Beurge
Ce qui m’avait gené dans Orléans c’était ces petits bouts de carton qui se mélange mal dans le sac et qui reste coincés dans les cois… Apparemment c’est en carton ici aussi? j’aurais préféré des meeple en bois… Je compte néanmains essayer de l’acheter.
Gus
??? 🧐 dans Orléans il s’agit de petits disques en bois
Dans Belcastel il s’agit en effet de pièces carrées de cartons. Qui peuvent se « bloquer » dans le sac. Mais rien de méchant, il suffit de bien remuer de la main 🖐🏼
Merci pour votre réaction
Beurge
Je pense que vous aviez l’édition Deluxe alors 🙁
Ok je vais voir s’il est dispo sur Bienne / Neuch (je crois). J’organise une soirée ludique demain pour des débutants et il peut faire l’affaire. Le concept est que les gens choisissent un jeu déjà préparé et qu’il démarre directement la partie après 1min d’explication et ensuite coaching durant les première tours de jeu.
Merci en tout cas pour les tests Gus, j’adore. Continuez comme cela.
Beurge
Gus
Oups au temps pour moi
Vous avez 💯 % raison j’ai la version Deluxe d’Orléans avec les disques. Je me souviens maintenant avoir passé 617h à coller les autocollants sur tous les disques 😁
Nicolas
Tiens ça me titille cette bonne critique. J’avoue que c’est un jeu qui semble loin de moi : beaucoup de matériel à sortir (et d’après ce que vous dites, certaines cartes bien laides), règles peu claires… ça ne me fait pas rêver. Je vais me renseigner un peu et regarder une ou deux parties sur Youtube.
Gus
Nicolas, vous avez raison sur toute la ligne
Pas très sexy en effet
Mais
Mais
Imaginez Belcastel comme un resto dans un quartier pas folichon, à la devanture pas appétissante. Vous rentrez. Vous goûtez. Et là, surprise. Une cuisine succulente, des plats savoureux. À 6’000 reprises vous avez failli faire marche arrière. Et pourtant, en mangeant vous vous dites que vous avez bien fait de persévérer
Illustrations laides. Inondation de matos. Règles peu ragoûtantes (mais on est quand même loin d’un jeu Portal…)
Mais le jeu est tellement fun
Merci pour votre fidélité Nico
Guillaume Jay
Au final, j’ai lu une fois les régles en francais, une fois en anglais, et une fois le résumé en anglais de deux pages dispos sur BGG, et le jeu s’est joué sans difficulté.
Le plus « complexe », c’est sans doute la phase de décompte de fin de tour, et il suffit de bien suivre les étapes sur le tableau de score, et ça passe vite.
Le matériel est très correct, au final. Les cartes de toute façon, on en joue qu’une par tour. (et j’ai joué sans a la première partie, par peur). L’iconographie des éléments de jeu est simple, et aide bien à la compréhension (par exemple, les livres de sorts), tout en étant clairement explicité dans les régles.
Moonloop
Je viens de redécouvrir ce qu’est un véritable bon jeu.
Vous savez le genre de jeu qui vous rend un peu tout émoustillé ! On en redemande. Encore.
Et surtout, on y repense. Après. Le lendemain.
Il me tarde de le faire découvrir vendredi à mon association de jeux.
Pour info dans le genre « jeu au design vraiment (mais vraiment vraiment tout moisi pour le coup) de bag building mais purée qu’il est bon », il y a Coffre Roaster.
Jeu où l’on choisit en début de partie le type de café que l’on doit réussir à torréfier correctement (i.e ni trop peu, ni bruler).
C’est un jeu solitaire terriblement addictif.
Qu’il soit ré édité : un rêve.
https://boardgamegeek.com/boardgame/196526/coffee-roaster
Moonloop
Gus
Voilà Moonlop. Belcastel, c’est tout ça. Bien résumé
Merci pour la réf de Roaster 🙌🏼
Cousin Machin
Bonjour. Auriez-vous un lien internet proposant les règles en français ? Merci !
Pelletier
Bonjour,
Mes amis allemands m’ont offert ce jeu et nous y avons joué chaque soir des vacances. Chaque jour, on attendait avec impatience la soirée pour se refaire une partie. Ce jeu est terriblement addictif … on refait la partie dans sa tête, on imagine de nouvelles stratégies pour aller plus loin la prochaine fois, etc. C’est un excellent jeu !!! Pourtant, depuis qu’il a eu son prix, on en parle relativement peu en France (suffit de voir que les gens n’en parlent pas sur les forums dédiés aux jeux de société). C’est dommage ! J’espère qu’il rencontrera le succès qu’il mérite dans l’hexagone. Sinon, j’ai acquis récemment son extension (« les sorcières s’en mêlent »), mais je n’ai eu l’occasion d’y jouer qu’une seule fois pour le moment … mais il semble réellement apporter plus de maîtrise au jeu.
Gus
En effet
Polo Mystico
Salut les Ludiques ! Ma copine m’a offert récemment ce jeu venu tout droit d’une boutique de jeu à Leipzig non très loin de Quedlinburg ce qui le rend encore plus charmant mais… Du coup les grimoires et les cartes divination sont en allemands. J’aurais aimé imprimer la version fr des cartes pour les sleever et pouvoir prêter le jeu à des non germaniques. Par contre impossible de mettre la main sur une version pdf des règles Fr ! Quelqu’un a t il un filon pour une version scannée ?
Barisele
A tester car chez nous, on a vraiment détesté. Répétitif, hasardeux, parties qui se ressemblent même en changeant les pouvoir des ingrédients, long … bref. 🤮
Gus
Merci pour votre retour
balty
Juste pour préciser que le lancé de dé se fait par la ou LES personne.s qui a/ont été le plus loin dans ce tour. Donc la première carte de divination donnée en exemple est très claire.
Par contre, la deuxième, je ne la comprends toujours pas…
Fets
je pense que 2 ans après tu as trouvé la réponse.. Au cas où, tu cherches encore, j’ai compris comme ça (je viens pour ma part de faire mes premières parties à ce jeu) :
Avant de déterminer le ou les premiers joueurs de la manche, chaque joueur sort 5 jetons de son sac (ou moins si certains n’en n’ont plus 5), et à tour de rôle, en pose 1 à la suite de son chaudron.
Ensuite, on peut donc déterminer le ou les 1er de la manche qui lanceront le dé 😉