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1911 Amundsen vs Scott. (C)ourse polaire

Dans le jeu 1911 Amundsen vs Scott, revivez la course folle du pôle Sud. Un jeu à deux aussi froid que son décor.


1911 Amundsen vs Scott, un peu d’histoire

Hasard des calendriers des coïncidences, il y a quelques jours à peine nous vous parlions de The Great Race, un jeu de course se déroulant en Afrique, avec des Citroën en autochenilles. Aujourd’hui, avec l’offensive du bonhomme hiver et les premiers flocons, changeons radicalement de paysage avec 1911 Amundsen vs Scott, un jeu qui se déroule au pôle Sud.

Amundsen et Scott étaient tous deux des célèbres explorateurs de l’Antarctique qui ont rivalisé pour être les premiers à atteindre le pôle Sud. Amundsen était norvégien et Scott britannique.

L’arène

Le pôle Sud est le point le plus au sud de la Terre, situé dans l’océan Antarctique. Il se trouve à 90° de latitude sud et consitue le point où tous les méridiens (longitudes) se rejoignent.

Il est communément appelé le «pôle Sud» ou le «pôle austral». Il est l’endroit le plus froid sur la planète et est entouré d’un climat polaire très rude. Il est aussi le lieu de concentration de la plupart des glaciers et des calottes glaciaires de la planète.

Le pôle Sud est le seul endroit sur Terre où le soleil ne se couche jamais pendant les mois d’été et ne se lève jamais pendant les mois d’hiver.

Roald Amundsen

Roald Engelbregt Gravning Amundsen est né le 16 juillet 1872 à Borge près de Oslo, en Norvège. Son grand-père maternel était explorateur et le jeune Roald était fasciné par les récits de voyages et aventures de sa famille.

À 18 ans, Amundsen a quitté la Norvège pour explorer le Groenland et l’Arctique. Il a mené plusieurs expéditions de reconnaissance au Groenland et à l’île de Spitzberg entre 1893 et 1896. En 1903, Amundsen a lancé une expédition pour être le premier à atteindre le pôle sud. Après avoir étudié les techniques de survie et le tracé des routes des Inuits, il est parti en 1905 et a atteint le pôle sud le 14 décembre 1911, devançant le Britannique Robert Falcon Scott.

En 1914, Amundsen a entrepris une expédition pour traverser le passage du Nord-Ouest. Après avoir navigué les eaux glacées et inhospitalières du passage, il est arrivé à l’océan Arctique, devenant le premier homme à traverser un passage qui, autrefois, paraissait infranchissable.

Après la Première Guerre mondiale, Amundsen a lancé une expédition pour explorer la côte nord-ouest de l’Alaska. Il a été le premier Européen à explorer ces régions et a découvert la côte nord-ouest de l’Alaska et la baie de Bering. Amundsen est décédé le 18 juin 1928 dans un accident d’avion alors qu’il était en route pour le Spitzberg. Il est considéré comme l’un des plus grands explorateurs de tous les temps.

Robert Falcon Scott

Robert Falcon Scott était un explorateur et un officier de la Royal Navy britannique. Il est né le 6 juin 1868 à Devonport, en Angleterre. Comme Amundsen, dès son enfance, il montrait un intérêt pour les sciences et l’exploration.

En 1882, Scott entre à l’école navale de Dartmouth et commence sa carrière militaire. Il sert dans plusieurs navires et participe à plusieurs expéditions polaires, dont la dernière est celle de l’Antarctique. En 1901, Scott est nommé capitaine et est chargé de diriger l’expédition britannique pour explorer l’Antarctique.

Scott et ses hommes partent à bord d’un navire appelé le «Discovery» et arrivent à la terre de la Déception en 1902. Ils traversent plusieurs glaciers et des montagnes et parviennent à la pointe polaire Sud le 17 janvier1912. Malheureusement, ils découvrent que le Norvégien Roald Amundsen les a précédés et atteint la pointe plus de deux mois auparavant. Scott et ses hommes décident de faire demi-tour et de rentrer en Angleterre.

Lors de leur voyage de retour, ils sont confrontés à des conditions extrêmes et à des températures très basses. Malgré leurs efforts, Scott et trois de ses hommes meurent de froid et de faim en mars 1912.

Leurs corps furent retrouvés par une expédition ultérieure et leurs lettres et journaux furent ramenés en Angleterre. Scott devint une figure héroïque et ses exploits furent célébrés à travers le monde. Il est aujourd’hui considéré comme un des plus grands héros de l’exploration et sa bravoure et son héroïsme sont encore célébrés aujourd’hui.

La course

Amundsen avait un avantage sur Scott car il avait plus d’expérience dans l’exploration de l’Arctique, ainsi qu’une équipe mieux préparée.

Amundsen a également planifié soigneusement son expédition et avait une équipe efficace, tandis que l’équipe de Scott était plus… lente et moins organisée.

Finalement, Amundsen a atteint le pôle Sud le premier, avec 5 semaines d’avance, le 14 décembre 1911, alors que Scott l’a atteint le 17 janvier 1912. Comme présenté plus haut, Scott et les autres membres de son équipe sont tous morts lors de leur voyage de retour. Amundsen, en revanche, est revenu sain et sauf.

Dans le jeu de société 1911 Amundsen vs Scott, c’est toute cette histoire, cette course qui est racontée, incarnée. À noter que le jeu est sorti, en anglais, en 2011, exactement cent ans après les événements. Il aura fallu 11 ans (le 11… décidément), pour voir la VF débouler. C’est d’elle dont nous allons parler aujourd’hui.

Course polaire

1911 Amundsen vs Scott est un jeu de course asymétrique. Les deux joueureuses vont chercher à rejoindre le point final, mais chacun sur sa piste. Les pistes sont formées par des points de couleurs, le jaune et le vert étant communs aux deux. La personne qui contrôle le personnage rouge aura également des points rouges, et vice versa.

Les déplacements se feront à l’aide de cartes, au nombre de XX. Ces cartes peuvent également avoir des pouvoirs spéciaux à activer ou non, ou servir de joker (en fonction de la couleur du joueur).

À côté du plateau, on va disposer une pioche, et 3 cartes face visible. À son tour, on pourra, à choix :

  • Prendre des cartes, dans la limite de 7 cartes en main
  • Se déplacer sur le plateau en se défaussant de cartes
  • Faire une crasse à l’autre en se défaussant de cartes

Si on choisit de prendre des cartes, on pourra prendre la carte la plus à droite, ou se défausser d’une carte et prendre les deux cartes les plus à droite, ou se défausser de trois cartes et prendre les trois cartes visibles. Une fois les cartes prises, la ligne est complétée, en ajoutant les nouvelles cartes à gauche.

Si on choisit de se déplacer, on peut jouer une carte de la couleur du point suivant sur sa piste, ou tenter le combo, en jouant une carte de la couleur du point suivant, et deux cartes pour les points qui suivent. Une personne pourra donc se déplacer de 4 points au maximum par tour (puisqu’elle dispose d’au plus 7 cartes en main).

Si on choisit de faire une crasse à l’autre, on peut soit poser une carte à effet devant l’autre (limitant le nombre de cartes en main à 5), soit essayer de le perdre dans le blizzard ou les crevasses (en fonction de la couleur de l’autre). Une personne perdue ne peut plus avancer sur la piste, et doit jouer une carte de couleur pour revenir sur la piste, derrière son point actuel.

La première personne arrivée au pôle Sud est évidemment déclarée vainqueur.

Le jeu est fourni avec 3 modules supplémentaires :

  • Gestion des ressources
  • Gestion des mécènes
  • Retour au bateau

Ces modules permettront de complexifier le jeu pour des publics acharnés qui auraient fait le tour des règles de base.

1911 Amundsen vs Scott, le matériel

Le matériel de 1911 Amundsen vs Scott est plutôt succinct : un plateau de jeu en carton, des cartes, deux meeples, quatre « kubenbois » (c’est comme qu’on écrit ?) et un dé en… plastique (la fausse note). Le tout dans une boite petit/moyen format, qui ne ment pas sur son contenu (et c’est une bonne chose). C’est le bon format pour un jeu à deux, qui ne va pas s’étendre sur la table. On pourra jouer sur une table de salon sans problème, ce qui est pour moi un vrai atout.

Du point de vue esthétique, les dessins sont adaptés au thème, mais ne vont pas laisser un souvenir impérissable qui ferait qu’on se rappellera 1911 Amundsen vs Scott longtemps après y avoir joué. C’est plutôt le contraire, en vrai. L’illustrateur n’a pas cherché à sortir des sentiers tracés, et ça se voit. Ça n’est pas un mauvais point, mais ça ne va pas non plus aider le jeu à sortir du lot.

Le livret de règles est assez dense, avec des changements de couleur de fond un peu perturbants. Les règles sont globalement compréhensibles, mais il va falloir lire le livret en complet avant de commencer à jouer, et même avant de commencer à expliquer les règles à l’autre. 1911 Amundsen vs Scott n’est pas un jeu qu’on va découvrir au fur et à mesure.

De plus, le côté asymétrique du jeu fait que les cartes n’ont pas forcément les mêmes pouvoirs ou utilités selon les joueureuses, et les explications de ces différences sont parfois un peu brouillonnes, aussi bien au niveau des règles que des pictogrammes sur les cartes, ce qui gâche un peu le plaisir de jeu.

Point complémentaire, 1911 Amundsen vs Scott est fourni avec 3 « modules » supplémentaires, qui vont venir épicer le jeu une fois les règles de base maîtrisées.

1911 Amundsen vs Scott, verdict

1911 Amundsen vs Scott est un jeu de course asymétrique. Les deux joueureuses vont devoir rallier le point final en suivant deux chemins différents, certaines cartes n’étant d’aucune utilité pour une personne, et inversement.

Le choix de l’asymétrie est toujours un pari, puisqu’il faut que les personnes ne sentent pas lésées ou défavorisées, ce qui est parfois compliqué. Ce mécanisme est ici plutôt bien géré, avec une gestion des cartes laissée au hasard du mélange de départ. Le jeu offre par ailleurs des possibilités d’interaction et d’utilisation de certaines cartes « inutiles » pour ralentir l’autre.

1911 Amundsen vs Scott offre aux joueureuses la capacité de se déplacer via des combos par accumulation, ce qui va permettre de mettre en place des stratégies différentes. Mais la gestion de la main et de récupération de cartes fait qu’il n’est pas forcément possible de choisir. Ce qui complique la mise en place d’une stratégie à long terme.

Il va falloir savoir faire preuve d’adaptation pour gagner, en sachant tirer le meilleur parti des cartes disponibles. Disponibilité qui dépendra des choix de son partenaire de jeu. Et comme certaines couleurs n’intéressent qu’une personne sur les deux, il faut aussi savoir « perdre » sur un tour pour bloquer l’autre et gagner sur la distance.

On voit donc que le mécanisme de 1911 est bien conçu, et que les créateurs maîtrisent leur concept. Mais les joueureuses ne vont pas en tirer grand-chose. Et certainement pas beaucoup de fun. La course se fait contre le jeu plus que contre son adversaire, et on va passer plus de temps à râler qu’à rire.

Cette course contre le jeu est raccord avec le thème, qui fut un combat contre la nature et les éléments. Selon moi, ce point aurait pu être une force du jeu, si le thème avait été mieux intégré. Je dois dire que je n’ai pas vraiment ressenti le thème. C’est seulement en écrivant le paragraphe précédent que… j’ai compris le pourquoi du comment. C’est dommage, vraiment.

Course asymétrique bien conçue, mais peu passionnante.

Bof bof.

Note : 2.5 sur 5.

  • Création : Perepau Llistosella
  • Illustrations : Pedro Soto
  • Édition : Looping games et Origames
  • Nombre de joueurs et joueuses : 2 uniquement
  • Âge conseillé : Dès 10 ans (bonne estimation)
  • Durée : 20 minutes
  • Thème : Course au Pôle Sud
  • Mécaniques principales : Course, cartes, combos. Pour en savoir plus sur les différentes mécaniques de jeux, c’est ici.

Et encore une chose

Cette illustration fournie par les chercheurs représente Kap København, Groenland, il y a 2 millions d'années.

En parlant de pôles. Pour coller au thème du jeu 1911 Amundsen vs Scott, parlons du pôle… Nord, cette fois. C’est une recherche qui vient tout juste d’être publiée ce mercredi 7 décembre 2022.

Des ADN âgés de deux millions d’années provenant du nord du Groenland ont révélé que la région était autrefois le foyer de mastodontes, de lemmings et des… oies, offrant des informations sans précédent sur la façon dont le changement climatique peut façonner les écosystèmes.

La percée dans l’analyse des anciens ADN recule le registre ADN d’un million d’années à une époque où la région arctique était 11 à 19 ° C plus chaude que de nos jours. L’analyse révèle que la péninsule septentrionale du Groenland, maintenant un désert polaire, comportait autrefois des forêts boréales de peupliers et de bouleaux grouillant de vie sauvage.

Les conclusions de la recherche fournit des indices sur la façon dont les espèces pourraient s’adapter ou être génétiquement modifiées pour survivre à la menace d’un réchauffement global rapide.

Les fragments découverts, et utilisés, sont âgés de 1 million d’années de plus que le précédent record d’ADN prélevé sur un os de mammouth sibérien. L’ADN peut certes se détériorer rapidement, mais les chercheurs ont montré qu’il est présent possible de remonter plus loin dans le temps.

La recherche a duré pendant… 16 ans, pour aboutir enfin sur la séquence et l’identification de l’ADN de 41 échantillons trouvés cachés dans l’argile et le quartz. Les échantillons d’ADN anciens ont été trouvés enfouis profondément dans la Formation Kap København, un dépôt sédimentaire d’environ 100 mètres de profondeur qui s’est formé au cours des 20 000 dernières années.

Le sédiment, niché à l’embouchure d’un fjord de l’océan Arctique au point le plus septentrional de Groenland, a été finalement préservé dans la glace ou le permafrost et est resté inchangé, intouché par les humains pendant 2 millions d’années.

L’extraction et l’analyse de l’ADN ont représenté un processus minutieux qui a impliqué de reconstituer de minuscules fragments de matériel génétique qui devaient d’abord être détachés de l’argile et du quartz sédimentaire.

Ce n’est qu’avec l’avènement d’une nouvelle génération de techniques de séquençage de l’ADN que les scientifiques ont pu identifier et assembler des fragments extrêmement petits et endommagés d’ADN, en faisant référence à d’importantes bibliothèques d’ADN recueillies auprès d’animaux, de plantes et de micro-organismes actuels.

Une image est apparue de forêts peuplées de rennes, de lièvres, de lemmings et de mastodontes, un mammifère de l’âge de glace similaire à un éléphant, qui n’avait été trouvé auparavant que dans l’Amérique du Nord et du Centre. Et tout ceci dans le cercle polaire, donc.

Les échantillons n’ont révélé aucun carnivore – probablement parce qu’ils étaient moins nombreux – mais les scientifiques ont spéculé qu’il pouvait y avoir des ours, des loups ou des tigres à dents de sabre anciens.

Les données suggèrent que plus d’espèces peuvent évoluer et s’adapter à des températures extrêmement variables que ce qui était prévu auparavant.

Cependant, la vitesse du réchauffement climatique mondial actuel, de nombreuses espèces n’auront pas assez de temps pour s’adapter. L’urgence, et la catastrophe climatique restent une menace énorme pour la biodiversité.

Les résultats de la recherche de ce mercredi 7 décembre sont publiés dans la revue Nature.


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Article écrit par Clément. Adepte des jeux rapides, son pire ennemi est le paralyseur. Spécialiste des jeux de plis, des casse-têtes et des ours. Il a deux chats, trop de plantes et une mémoire défaillante. Devise : « Faut que ça poppe ! »

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