
Le jeu de société comme cure de jouvence
Est-ce que jouer aux jeux de société fait rajeunir ? Selon une étude scientifique parue récemment, oui !
Vieillir, mais pas trop vite
Une étude révèle que l’humeur a un impact sur notre vieillissement. L’objectif de cette étude est de déterminer la variation entre l’âge chronologique, son âge classique et l’âge biologique. C’est à dire l’âge réel de notre corps.
Autrement dit, l’âge est aussi dans la tête. Il n’y a pas que le nombre d’années qui fait vieillir l’organisme. Il y a aussi le fait de ne pas avoir le moral. Selon cette étude parue le 27 septembre, les personnes malheureuses et inquiètent vieillissent… plus vite.
Ça peut sembler intuitif et logique. Mais avec cette étude, on a enfin des chiffres ! Pour arriver à ces conclusions, des chercheurs des universités de Hong Kong en Chine et de Stanford aux États-Unis ont analysé des marqueurs sanguins de près de 4 800 adultes chinois de plus de 45 ans. La plupart était en bonne santé. Ainsi, ils ont prédit l’âge biologique des patients avec un algorithme entraîné par intelligence artificielle.
Ils ont alors établi qu’à partir de cet âge, le fait de se sentir triste, anxieux ou seul se voit dans le vieillissement physique de notre organisme. Selon les chercheurs, un état psychologique négatif ajoute un an et demi à notre âge biologique.
Les scientifiques ont ensuite confronté cet âge à des paramètres individuels. C’est à dire aux maladies déclarées, aux modes de vie et à l’état psychologique du sujet.
Le résultat est sans surprise. Certaines pathologies accélèrent le vieillissement. Comme les antécédents d’un AVC ou les maladies du foie.
Fumer accélère aussi le vieillissement. Les fumeurs ont un âge biologique supérieur de 15 mois par rapport aux non-fumeurs. Il s’agit de données connues jusque-là. Mais ces chercheurs présentent un résultat plus étonnant. Avoir un état mental vulnérable accélère le vieillissement. Se sentir désespéré, malheureux ou seul ajoute un peu plus d’une année et demie à l’âge d’une personne. L’humeur vieillit donc davantage que… le fait de fumer.

Et comment sont-ils parvenus à ce résultat ?
L’étude est basée à la fois sur la date de naissance des participants, sur des questionnaires décrivant leur état psychologique, donc. Mais également, sur leurs antécédents médicaux et leurs modes de vie. Et enfin, sur différents résultats d’analyses : prises de sang, tension artérielle, rythme cardiaque, capacité respiratoire, indice de masse corporelle notamment.
Autant de mesures qui donnent une sorte d’horloge du vieillissement. Et en comparant ces données, les chercheurs ont constaté, ou pas, le décalage avec l’âge inscrit sur la carte d’identité.
La maladie, le tabagisme, le stress accélèrent aussi le vieillissement. Cette équipe a établi que le stress répété peut rajouter 3 ans de vieillissement supplémentaire à l’organisme quand on arrive à l’âge de la retraite.
Plus surprenant, la solitude fait aussi vieillir. Les chercheurs ont établi une corrélation entre la vie de célibataire et un vieillissement supplémentaire de 5 mois.
L’étude ne s’est toutefois pas penchée sur la qualité de la relation entre conjoints. Mais selon cette recherche, la vie de couple permet d’avoir une vie plus régulière et plus équilibrée. De quoi ralentir le vieillissement.
Cette recherche rentre tout à fait dans le cadre de l’OMS qui considère que pour vieillir en bonne santé, il faut tenir compte de cinq aspects :
- La cognition : la capacité de se remémorer, de s’orienter, de réfléchir
- La mobilité : la capacité de se mouvoir
- La nutrition : la capacité de se nourrir correctement
- La santé sensorielle : la capacité de voir et d’entendre
- La santé mentale : son humeur, son bien-être mental. C’est à cet aspect-là que l’étude s’est intéressée
Jeux et jeunesse
Hormis si l’on pratique des jeux de société en solo, et c’est aussi possible, le jeu de société reste une activité… de société. On passe du temps avec d’autres personnes. La solitude est alors moins présente, pesante.
Une autre étude parue en 2022 que l’on vous a déjà présentée démontre à quel point nos interactions sociales sont importantes. Cette étude, parue dans la revue Science Advances le 13 avril 2022, confirme une nouvelle fois que les relations sociales influencent la structure du cerveau.
Du moins, chez le macaque rhésus, un primate avec qui nous partageons de nombreuses similitudes cérébrales avec son cortex préfrontal très développé.
Et non seulement le jeu lie, relie, je(u) crée du lien, mais il a d’autres vertus. Dont celle de faire rire. Et comme nous l’avons déjà relevé ici, le rire crée des liens et augmente l’intimité avec les autres. Les rires interviennent peu lorsque nous sommes seuls. Ce qui prouve que son rôle et aspect social est crucial. Dès le début de la vie, le rire des nourrissons est un signe externe de plaisir qui contribue à renforcer les liens avec les parents.
Une conclusion, pour conclure
Conclusion générale des chercheurs de l’étude de septembre ? La protection de la santé psychologique, des soutiens familiaux, la protection des relations sociales peuvent être considérées comme des mesures anti-âge. Et il est essentiel d’en tenir compte pour la santé des retraités.
Actuellement, il y a un changement rapide, sans précédent de la démographie globale. Jusqu’à présent, le nombre d’enfants de bas âge était supérieur aux personnes âgées. Mais d’ici quelques années, cet équilibre va s’inverser. Le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus sera supérieur au nombre d’enfants de moins de 5 ans.
Cela s’explique par l’augmentation rapide de la proportion de personnes âgées liée notamment à l’allongement de l’espérance de vie et la baisse de la fertilité. En 2017, il y avait environ 962 millions de personnes de 60 ans et plus, soit 13% de la population globale. Une personne sur 5 sera âgée de 60 ans et plus en 2050.
On voit bien que ces aspects sanitaires en lien avec le vieillissement de la population représentent des défis majeurs pour la société. Des enjeux médicaux, économiques, politiques et sociaux.
Autrement dit, pour être de bonne humeur, jouons. Et jouons plus, plus souvent. Pour vieillir moins, moins vite. Pensez-y, la prochaine fois que vous vous lancez une petite partie, de jeu de rôle, de jeu de plateau, de jeu de cartes. Le jeu… ra-jeu-nit. Plus besoin de botox.
Article écrit par Gus. Rédacteur-en-chef de Gus&Co. Travaille dans le monde du jeu depuis 1989 comme auteur et journaliste. Et comme joueur, surtout. Est également pilote de chasse pour l’armée américaine, top-modèle, bio-généticien spécialiste en résurrection de dinosaures, champion du monde de boxe thaï et de pâtisserie végane, dompteur de tricératops, inventeur de l’iPhone et mythomane.

