Jeux de plateau

Passer du temps avec les autres, et jouer, serait bon pour notre cerveau

L’importance des interactions sociales sur notre cerveau.


Jeu, cerveau et interactions sociales

Pourquoi jouons-nous ? On joue également pour gagner, pour se dépasser, pour se mettre au défi, pour découvrir de nouveaux thèmes, de nouveaux univers, pour se divertir et penser à autre chose, loin des écrans prédateurs. Mais surtout, on joue pour passer, partager du temps, ensemble. Pour créer du lien, social, humain, affectif.

À tous les âges de la vie, enfant, ado, adulte, seniors, partager du temps à plusieurs est crucial. Comme bien d’autres espèces, nous sommes des animaux grégaires.

À l’âge adulte, les relations jouent un rôle important dans la santé physique et mentale. Les amitiés viennent et repartent, comme les rencontres amoureuses, professionnelles. Les groupes sociaux se cristallisent autour d’intérêts sociaux communs. Comme le jeu de plateau et le jeu de rôle, par exemple. Pareil pour les intérêts familiaux communs.

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Pour beaucoup d’entre nous, le travail devient une source importante d’appartenance à autrui, par le biais d’intérêts partagés avec des collègues, d’un sens du but que l’on retrouve dans son travail et offrant des interactions sociales avec les autres.

Le jeu de société permet de se retrouver, et l’espace d’une soirée, de se distancier des soucis quotidiens. Autour d’un plateau, nous nous inventons une nouvelle vie. Et surtout, nous pouvons partager du temps à plusieurs en tant qu’adultes en retrouvant un peu son esprit d’enfant.

C’est peut-être bien pour cela que le jeu de société est en plein effervescence depuis une bonne dizaine d’années, et encore plus avec la pandémie. Car il suit les évolutions digitales de notre société. De plus en plus connectée et en même temps, déconnectée. Le besoin de se retrouver, entre humains, sans écran.

Une étude récente vient de prouver que les interactions sociales auraient un impact majeur, et extrêmement bénéfique, sur le cerveau.

Étude, cerveau et interactions sociales

Une étude récente démontre à quel point nos interactions sociales sont importantes. Cette étude, parue dans la revue Science Advances le 13 avril 2022, confirme une nouvelle fois que les relations sociales influencent la structure du cerveau.

Du moins, chez le macaque rhésus, un primate avec qui nous partageons de nombreuses similitudes cérébrales avec son cortex préfrontal très développé.

Depuis quelques années, on pense que l’environnement social est l’un des facteurs clés qui permet d’expliquer l’expansion du cortex chez les primates non humains.

Une équipe internationale a mené cette étude en deux temps. Dans un premier temps, les chercheurs ont étudié la complexité des comportements sociaux d’une centaine de macaques rhésus qui vivent en liberté sur une île des Caraïbes. Puis dans un second temps, sur ces animaux, les chercheurs ont mené des études en neuro-imagerie.

Scans primates

Les scans cérébraux ont révélé que plus la sociabilité d’un singe est élevée, plus il a d’interactions avec les autres ou de partenaires… d’épouillage par exemple, plus certaines zones de son cerveau sont de taille importante.

L’étude en neuro-imagerie a permis de révéler que certaines régions du cerveau, ou leur taille plutôt, est plus importante chez les animaux qui ont un groupe social plus riche, qui ont plus de partenaires. Des amis, en quelque sorte.

Plus particulièrement, l’étude a pu mettre en évidence une incidence des contacts sociaux dans deux régions du cerveau. La première, située dans la partie latérale du cerveau dans le cortex, ou lobe temporal. Une première région qui est très intéressante pour nous, êtres humains. Cette région partage un certain nombre de similarités à la fois en termes de connectivité, mais aussi en termes de fonction avec une région qui, chez nous, est impliquée dans les processus d’attribution de croyance et de pensée à autrui.

Enfin, l’étude a découvert l’impact sur une autre région du cerveau, l’insula, ou cortex antérieure. Chez le singe, cette région stimulée va développer des phénomènes d’empathie.

Je(u) crée du lien

Les résultats de cette recherche ont donc mis en avant l’importance de nos interactions avec l’environnement social.

Pour résumer, cette étude remet un peu l’accent sur le fait que c’est par nos interactions sociales que ces variations, cette variabilité individuelle va se mettre en place. Notre environnement va donc développer une certaine plasticité du cerveau.

Les liens humains sont importants tout au long de la vie. Ils commencent tôt, évoluent constamment et s’étendent ensuite jusqu’à la vieillesse. Or, le jeu de société permet justement de partager du temps ensemble, au point de se demander si ces bouts de carton, de plastique, de papier ne sont pas juste de merveilleux prétextes pour se retrouver, pour échanger, pour créer un contact, un lien, nécessaire. Pour et dans nos vies. Et désormais, pour et dans notre cerveau.


Article écrit par Gus. Rédacteur-en-chef de Gus&Co. Travaille dans le monde du jeu depuis 1989 comme auteur et journaliste. Et comme joueur, surtout. Ses quatre passions : les jeux narratifs, sa ménagerie et les maths.

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