Critiques de jeux,  Jeux de plateau

DreamQuest, le rêve d’une vie, à l’arrivée clivée

Vous prenez la porte de gauche, ou celle de droite ?


DreamQuest, on croit rêver

DreamQuest est un livre-jeu pour un enfant et un adulte, né du partenariat entre Elixeer, une toute jeune maison d’édition, et Space Cow, le studio de jeux pour enfants d’Asmodee. Longue intro,. Mais comme ça, c’est plus clair.

DreamQuest se vit, se joue à deux uniquement, en principe. Un adulte, ou un grand frère, une grande sœur, dès 10 ans, lit le livre et gère les mécaniques et le matériel de jeu, les cartes, etc. L’adulte devient le Protecteur. Et un enfant, dès 6 ans, le Rêveur.

Mais le rôle de l’adulte ne se borne pas qu’à incarner le rôle du MJ. Il est également impliqué dans l’histoire. Lui et l’enfant vont s’embarquer dans une histoire épique, rocambolesque, dans le monde des rêves. Et des cauchemars, surtout.

Choisissez ensemble votre chemin, prenez les bonnes décisions à l’unisson, combattez les monstres, lancez les dés et parvenez au bout de l’aventure. Une sorte de mélange entre jeu de rôle, livre dont vous êtes le héros et jeu de plateau, à jouer à deux, un enfant et un adulte, ou grande sœur…

Tout le principe, et le plaisir du jeu réside dans son aspect intergénérationnel. Ce n’est pas juste une histoire à lire, c’est également, pour l’adulte, comme pour l’enfant, une histoire à vivre, à partager, ensemble ! Une expérience forte, unique.

Au lieu de rêver ta vie, vis ton rêve

Nous l’avons joué avec nos deux enfants, de 6 et 7 ans. Ils ont surkiffé ! Mais vraiment. Une fois les deux aventures réussies et terminées, ils ont aussitôt demandé la suite. Oui, car il n’y a que deux aventures, deux chapitres d’une grosse histoire qui se déroule et déploie dans un monde onirique, médiéval-fantastique, chacune ne durant que 20-30′. Donc comptez un maximum de 60′ de partie.

Un jeu kleenex ? Pas nécessairement. Au fil de la partie, et selon les décisions prises, on doit coller l’un ou l’autre autocollant dans le livre en mode Legacy. On peut donc y rejouer, pour tenter d’autres choix, et découvrir les nouveaux éléments rajoutés. Donc non, DreamQuest n’est pas un jeu kleenex.

Comme le jeu se joue à coups de dés pour affronter les ennemis rencontrés, pour les éviter parfois, pour les attaquer souvent, il y a un petit côté épique et tendu qu’ils ont apprécié. Si on rate, ce n’est pas si grave, on perd des points de vie rêve (PR) sur sa fiche de personnage et on continue l’aventure. Au pire, on recommence si on tombe à zéro, mais tout est fait pour permettre aux deux personnes de récupérer des PR et de se protéger contre le mauvais sort et les mauvais lancers.

Encore une fois, nos deux enfants ont vraiment, vraiment beaucoup apprécié. 5 étoiles sur 5 pour eux. Une grosse réussite ! Merci Elixeer et Space Cow ! Des jeux comme ça, intelligents, intergénérationnels, on en redemande ! Ils se réjouissent de la suite, déjà prévue en 2022.

On rêve trop souvent les yeux fermés, il faut plutôt rêver les yeux ouverts

DreamQuest, une véritable réussite et un carton ludique ? Oui, si on écoute les enfants. Non, si on écoute les adultes. DreamQuest, c’est un peu le Macdo du jeu. Les enfants, la plupart, en tout cas, adorent y aller. Et les adultes, la plupart, en tout cas, savent que ce n’est pas très diététique. Ça marche aussi avec le chocolat, les glaces, les bonbons, les chips, etc. Les enfants adulent, les adultes abhorrent, ou pas.

Si les enfants apprécient vraiment DreamQuest, il faut dire ce qu’il est, c’est une véritable catastrophe ! Voici tout ce qui fâche (l’adulte) :

Récit

Le récit ne présente aucun intérêt. On progresse dans l’aventure, et on passe sa partie à combattre les ennemis rencontrés. Sans arrêt. Parfois, si on a de la chance aux dés, on pourra les éviter, mais sinon, chaque page retournée, chaque décision prise implique une bataille. C’est baston après après baston après baston. Pour une éducation bienveillante des enfants, on repassera.

Il y aurait pu avoir des rencontres intéressantes, intelligentes, des moments poétiques, oniriques, mais, non ! On ne fait qu’avancer et taper, et recevoir des cartes trésor pour le combat réussi. Quelle leçon est-ce que les enfants en retirent ?

Compétences

Tout jeu pour enfants ne doit pas forcément être un « sérious game ». On peut juste jouer pour le plaisir de jouer. Car oui, le jeu est crucial pour les enfants (et pour les adultes, aussi !).

Donc non, un jeu ne doit pas forcément devenir un substitut ou un véhicule éducatif.

Sauf que là, avec DreamQuest, les enfants n’en retirent vraiment rien, ou très peu. Aucune compétence, ou très peu, la coopération, et encore, l’écoute et un brin d’imagination, à peine. Sinon, c’est tout. L’enfant se contente de prendre quelques micro-choix (on en parle juste après), au pif, et c’est tout. C’est peu.

Choix

DreamQuest est un livre dont vous êtes le héros. On passe donc son aventure à prendre des décisions. À gauche, ou à droite ? Sauf qu’au final, on n’en dispose à chaque fois que de deux, et qu’importe la décision, très peu pertinente ou logique. On finira par avancer, et par finir par attaquer. À gauche, ou à droite ? Qu’importe.

Homme, femme

Nous y avons joué avec mon fils, de 7 ans, qui a beaucoup apprécié, et avec ma fille, de 6 ans, qui a également beaucoup apprécié. Les deux ont chacun incarné le Rêveur. LE RÊVEUR.

Si au tout début du jeu dans les règles on place les deux genres, Rêveur et Rêveuse, tout le reste de l’aventure est au masculin : Tu es LE Rêveur. Le Rêveur fait-ci, cela. Pareil avec l’adulte, c’est LE PROTECTEUR tout du long. Et si c’est une maman, une grande sœur ou une grand-mère qui joue ?

Sérieusement, en 2021 ? Il n’y a que le ministre de l’éducation française qui interdit l’utilisation de l’écriture inclusive. DreamQuest semble sortir tout droit des années 80, quand on ne se posait pas ce genre de questions. Est-ce parce que les gens qui ont créé le jeu, Fabien Vincourt & Nicolas Jarry, sont deux hommes ? Même les illustrations sont signées par deux autres hommes, Yann Thomas & Vincent Powell. Aucune femme n’a été impliquée de près sur le projet. Et ça se ressent !

En 2021, DreamQuest est complètement rétrograde, dépassé. Obsolète, même. Comment permettre aux femmes, aux filles de se trouver une place dans la société quand leurs livres, leurs jeux, comme celui-ci, ne leur laissent même pas une petite, ou une grande place ?

Alors certes, les illustrations sont inclusives, on peut choisir sa face de plateau, de personnage, binaire, mais tout le texte est au masculin neutre masculin.

À quand des postes à responsabilité en inclusivité dans les éditions de jeux de société ?

Mécaniques

Le jeu, en soi, ne présente que peu d’intérêt tactique ou stratégique. On avance, et on se retrouve confronté à des défis. Pour les réussir, on doit lancer des dés, tout simplement, et espérer les faces nécessaires.

Chaque personnage dispose d’une petite compétence spécifique qui s’active si une face du dé l’indique, mais c’est tout. On passe donc sa partie à lancer des dés. C’est tout. C’est peu. C’est plat.

DreamQuest, verdict

Une aventure intergénérationnelle qui ravira les enfants, pas nécessairement les adultes

Au vu du caractère clivé du jeu et de cette chronique, nous préférons éviter de mettre une évaluation au jeu. Les enfants y accoleraient un 5 étoiles, les adultes un 1, sans doute.

Pour nous, en tout cas, c’est un gros flop, un jeu qui fait pschitt. Depuis le temps qu’on l’attendait, qu’on l’espérait, on se réjouissait. Une grosse, grosse déception.

  • Auteurs : Fabien Vincourt & Nicolas Jarry
  • Éditeur : Elixeer et Space Cow
  • Illustrateurs : Yann Thomas & Vincent Powell 
  • Nombre de joueurs et joueuses : 2
  • Âge conseillé : Dès 6 ans (bonne estimation)
  • Durée : 20-30′ par chapitre, et comme il y en a deux, comptez max 60′ pour tout réussir
  • Thème : Rêves
  • Mécaniques principales : Narratif, coopératif, dés

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