Analyses & psychologie du jeu,  Jeux de plateau

Malchance et jeu. Et si on avait la solution pour quand même s’en sortir ?

Un coup de malchance au jeu ne signifie pas la fin du monde. Et s’il existait un moyen pour s’en sortir ?


Laissez-moi vous raconter une petite histoire rocambolesque qui vient tout juste de nous arriver. Pour les vacances, nous venons tout juste de passer quelques jours à la montagne en famille. En arrivant à la location, quelle ne fût notre surprise découvrir qu’une fenêtre était restée grande ouverte dans le chalet que nous avions loué.

En entrant dans la bâtisse, nous nous attendions à constater un cambriolage. Mais rien. Tout était en ordre. Aucun signe d’effraction. Ouf ! Nous avons refermé la fenêtre. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Ce ne fut pas le cas.

Quelques minutes plus tard, nous constations que le chauffage ne fonctionnait pas. À -10 la nuit, avec deux enfants en bas âge, la suite allait être compliquée. Nous avons aussitôt appelé les propriétaires. N’habitant pas à côté, à distance, ils n’ont pas su quoi faire. La chaudière ne se rallumait pas, les radiateurs restaient froids. Nous avons « dormi » ensevelis sous une lasagne de couverture.

Au petit matin, glacial, nous avons investigué. Les cuves de mazout étaient vides. La fenêtre, restée ouverte depuis la toute dernière location, qui remontait à trois semaines, avait vidé la réserve, poussant la chaudière à fonctionner à coin pour chauffer le chalet. Dans le vide.

Et c’est tombé sur nous ! Pas de chance.

Nous avons dû alors :

Appeler et gérer une livraison en urgence de mazout. Purger la chaudière pour vider les tuyaux de l’air aspiré à vide par la chaudière, qui ne reprenait pas, et d’autres trucs fâcheux et compliqués, tout ça dans un chalet en altitude et pas de plus accessible par camion.

Bref.

Gros coup de malchance pour un début de vacances ! Au final, après deux jours de galère, le chauffage a été rétabli. Tout est bien qui finit bien. Pour s’excuser, les propriétaires nous ont même proposé de revenir dans le chalet et de nous offrir un week-end gratuit.

Et là, je me suis dit, comme dans la vraie vie, coucou pandémie, dans une partie de jeu de plateau ou de jeu de rôle, on tire parfois la mauvaise carte, la mauvaise tuile, on obtient parfois le mauvais tirage de dés, on subit parfois le mauvais événement. Au final, on subit la malchance.

Comment tirer le meilleur parti de ces situations, en jeu (et en… vrai) ? Y a-t-il un moyen de se sortir d’un mauvais pas, d’un pépin, de la malchance ? Et si, au fond, tout n’était que question de point de vue ?

Voici cinq étapes à considérer la prochaine fois que vous vous retrouverez à une table de jeu, embourbé dans une partie aux prises avec la malchance.

Time after time

Pensez long terme. Inutile de ruminer sur la durée. La malchance (pour autant qu’elle existe vraiment) n’est pas éternelle. Les week-ends pourris avec un chauffage moisi, une… pandémie mondiale ou une mauvaise pioche ou lancer de dés ne dure pas « à vie ». Au bout d’un moment, la situation change, évolue, s’améliore, cesse.

Gardez un œil sur l’horizon. Tout passe. Il faut laisser du temps au temps. Si la situation, la malchance vous pourrit votre partie maintenant, ça ne sera pas le cas au prochain tour, à la prochaine partie.

C’est vous le boss

Concentrez-vous sur vos capacités. Qu’est-ce qui est sous votre contrôle ? Les situations, les tours, les pioches, les gestions, les tactiques et stratégies sont souvent aggravées par un manque de pouvoir ou de contrôle.

Dans de nombreuses situations de jeu, nous avons plus de pouvoir que nous ne le pensons. Alors certes, comme dans la grande majorité des deck-buildings par exemple, sauf peut-être dans Les Ruines de Narak qui réussit un beau tour de passe-passe, on ne sait jamais quand la carte que l’on attend va débouler. On n’a alors aucun contrôle.

Vraiment ? Minute, papillon ! On est certes aux prises avec l’aléatoire, tirer cette carte, cette tuile, ce nombre au dé, mais dans la très grande majorité des jeux de société modernes on peut toutefois exercer une certaine influence sur ce hasard : écarter des… cartes, pour épurer sa main, et ainsi augmenter ses « chances », ses probabilités de tomber sur la carte souhaitée. Chercher des avantages, des bonus, pour s’approcher de la valeur attendue ou modifier les dés, comme dans l’excellent et tout récent My Farm Shop.

Prenez les mesures appropriées pour éviter d’empiler les mauvais tirages et de subir la « malchance ». Plus vous augmentez le contrôle, les décisions, et plus vous diminuez la part de hasard et la gravité de son impact sur votre jeu.

Viser la lune. Ou pas

Réduisez vos attentes. Si vous redoutez un événement à venir, une pioche, un lancer de dé, et qu’il se produit – c’est vraiment trop injuste – ne vous enfoncez pas direct dans une rumination qui pourrait vous placer « en tilt », comme on dit au poker. Craquer un pont (expression valaisanne. Parce qu’ils ont beaucoup de ponts).

En diminuant vos attentes, il y a des fortes chances que vous ne serez pas déçu… Et au contraire, même, qui sait, vous pourriez être agréablement surpris par la… surprise.

Le bien est l’ennemi du pas mal

Faites le strict minimum. En pleine partie, on a parfois, souvent envie d’élaborer des stratégies et des combos de ouf. Le cas dans Alma Mater par exemple. Prévoir ses 2, 3, 5, 17 prochains tours, c’est, plus ou moins, possible.

Mais au final, cette pression pourrait bien : 1. Vous paralyser 2. Vous faire partir en tilt quand l’un de vos plans « tombe à l’eau » lorsqu’une pioche, un lancer ou un événement ne tombe pas comme vous l’aviez prévu.

Le cas également dans Trickerion. Même si microscopique, le hasard du lancer des dés au début du tour pourrait mettre vos plans à mal.

Donc prévoyez parfois plus petit. Un plan microscopique qui fonctionne vaut mille fois mieux qu’un plan machiavélique risqué. Va piano va sano. La politique, la stratégie des petits pas. Ambition, 0, réussite, 1.

Casser la voie

Cherchez une issue. Quand au beau milieu d’une partie vous avez l’impression que ça part en cacahouète, parfois, parfois, il suffit de prendre de la distance, de « calmer le jeu » (c’est le cas de le dire) pour analyser et apprécier la situation d’un autre œil.

Dans presque toutes les situations, de jeu (de vie ?), il y a toujours, souvent un je ne sais quoi, un truc, un bidule qui fonctionne. Dans mon histoire de week-end moisi, ma famille était avec moi, les fenêtres étaient en ordre (sauf celle qui avait été mal fermée, mais passons), et le chalet mettait à disposition un… véritable four à raclette. Tout n’était donc pas perdu.

Évidemment, pas besoin de suivre toutes ces étapes pour vous sortir d’un mauvais pas, d’une « mauvaise » malchance. Si vous n’en faites déjà qu’une seule, vous constaterez peut-être que la situation semble un peu moins tragico-dramatique. Vous n’avez pas pioché la carte que vous attendiez ? Et alors. Bonne « chance »

Et vous, comment vous sortez-vous d’une mauvaise passe en partie, d’un coup de malchance ?

Votre réaction sur l'article ?
+1
2
+1
0
+1
1
+1
1
+1
0
+1
1

2 Comments

  • Altaripa

    Merci pour cet article.

    Lorsque le hasard est contrôlable comme dans Troyes ou Les Châteaux de Bourgogne, pas de problème.

    Lorsque le jeu est court ou qu’il y a un autre intérêt le hasard ne me dérange pas, exemple Las Vegas, car on peut embêter les autres ou poser un seul dès en espérant une égalité ou le Mah-jong, le hasard est compensé par l’intérêt d’essayer de faire des combinaisons qui rapportent 8 points ou plus.

    Mais je ne suis pas sûr que cette article soit suffisant pour me faire aimer les jeux (plus longs ou plus stratégiques) où le hasard (pioche ou dès) est incontrôlable.😉😉

  • Bernard Brasme

    Quand elle était plus petite, ma fille me disait, alors que nous jouions au MONOPOLY: « Papa, je ne joue plus avec toi, tu ne joues jamais ». En effet, je ne pouvais pas faire 2 tours de plateau sans devoir « passer 3 tours », étant en prison !
    Plus tard, j’ai passé des après-midis complets à jouer à la belote sans pouvoir faire « l’annonce » d’une simple « belote et re ».
    Encore aujourd’hui, dans un jeu collaboratif je suis capable de sortir l’une derrière l’autre 3 cartes « pandémie » dans le jeu éponyme.
    D’où mes choix de jeux pour tenter d’échapper à ce qu’on appelle la chance ou le sort : BRIDGE pour les cartes et BRUXELLES, LORENZO ou GALLERIST.
    Par contre il arrive que je bénéficie de proche en proche, de moments « extravagants » de coups heureux, bien au-delà du raisonnable. Ainsi je peux piocher à la file 5 « locomotives », ou 2 trajets nouveaux sur 3, déjà réalisés précédemment, aux AVENTURIERS DU RAIL. Cela ‘en est même quasi choquant pour moi et les autres. Cela ne dure pas.
    Y a -t-il équilibre, sachant que toute mesure est impossible ?

À vous de jouer ! Participez à la discussion

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

%d