Critiques de jeux,  Jeux de plateau

LE JEU DU JOUR : THE MAGNIFICENT

The Magnificent, de quoi ça parle ?

De cirque. Dans The Magnificent, vous incarnez une troupe de cirque nommés les Magnifique et tentez de montez le plus beau, des spectacles !

OK, soyons honnêtes, le thème tient sur quelques lignes à peine, et The Magnificent est un pur jeu froid et mécanique. Le thème est juste là pour enrober le tout, conférer une certaine patte visuelle, mais on n’y croit pas un seul instant !

Un 2 sur 5 sur l’ITHEM

The Magnificent, comment on joue ?

Le tour de jeu de The Magnificent est particulièrement rapide et fluide. Enfin, sur le papier, nous y reviendrons plus bas. Le ou la première joueuse commence à lancer une palette de dés colorés, puis dans l’ordre du tour, tout le monde va en prendre un seul de cette réserve ainsi constituée.

On place alors son dé sur l’une de ses quatre cartes action disponibles sur son plateau perso, carte qui confère un petit bonus bienvenu : gagner de l’argent, changer la valeur de son dé, copier une autre carte…

Puis, on effectue une seule action parmi trois : avancer sa charrette pour obtenir des gemmes (parce que…), prendre entre une et deux tuiles puzzles, en fonction de son ou de ses dés disponibles sur son plateau personnel et de la même couleur (les dés blancs sont joker), ou enfin, « réaliser » un spectacle en résolvant l’une ou plusieurs de ses cartes « spectacles », pour autant que l’on remplit ses conditions (tuiles puzzles correspondantes, dépense de gemmes, etc.).

Un dé, une carte, une action.

Un tour de jeu au demeurant extrêmement simple. Mais c’est ici que The Magnificent se complique. On peut payer, utiliser des assistants, activer des bonus par-ci par-là pour améliorer ses dés, ses actions, son tour. De quoi optimiser son tour à extrême. Vous pouvez imaginer le ralentissement que cela implique, et le FOBO de ouf !

Et comment on gagne ?

Après trois manches, chacune constituée de quatre tours, on procède au décompte final :

On prend les points accumulés pendant la partie lors des représentations effectuées au cours de la partie, et également à chaque fin de manche en scorant une et une seule carte spéciale « Master ». Ces points progressifs sont visibles sur une piste tout au long de la partie en mode « course« . Mais également, en tout fin de partie, on reçoit encore des points par-ci, par-là, et notamment pour avoir réussir à remplir ses aires sur son plateau perso en les recouvrant de tuiles puzzles.

Les tuiles de puzzles, la grosse tendance du moment, que l’on retrouve dans de très nombreux jeux depuis que Uwe Rosenberg a exposé cette mécanique dans son Patchwork en 2016. Une mécanique que l’on retrouve d’ailleurs dans deux jeux nommés pour le Spiel 2020 : Cartographers, en mode Roll & Write, et My City, en mode Legacy.

Donc au final, pas de véritable salade de points de victoire, tout est presque visible. Dans The Magnificent on est plutôt face à un jeu de résolution d’objectifs, de « carnet de commande » : gagne des points si tu fais ceci, si tu possèdes cela

Interaction ?

Sur l’IGUS, l’échelle de mesure de l’interaction dans les jeux, The Magnificent atteint un 2 sur 5

Pourquoi ?

Parce que dans The Magnificent, hormis le fait de chouraver un dé par-ci, une carte par-là, une position sur l’échelle de représentation, l’interaction est indirecte, froide. On joue surtout le nez collé à son plateau, ses spectacles, ses objectifs, son développement, ses stratégies. Glacial !

À combien y jouer ?

Le jeu est prévu de 1 à 4.

Selon le nombre de personnes à la table on adapte le nombre de cartes, de dés, mais sinon tout est semblable. La version solo est plutôt plaisante.

Sauf que à 4, le FOBO induit un tel effet d’analysis-paralysis qu’il vaudrait mieux éviter. À tout prix ! Les tours s’enlisent, s’éternisent.

À 2-3, le jeu tourne très bien.

À partir de quel âge y jouer ?

Le jeu est prévu dès 14 ans, et c’est un minimum, au vu du nombre de mécanismes et de picto à gérer dans tous les coins.

Alors, The Magnificent, c’est bien ?

Non, le jeu n’est pas si bien. Alors certes, il ravira un public averti et exigeant qui adore optimiser chaque fragment de décision, chaque brindille de stratégie. Mais est-ce que c’est bien ? Est-ce qu’on y prend du plaisir ? Non ! Et ceci, pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, le thème, très, trop inexistant. Aussi absurde qu’incohérent et artificiel. On a l’impression qu’on essaie de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Ou de nous enfumer avec un thème bidon !

Alors certes, l’aspect esthétique est… particulière. Sombre et colorée en même temps, on se croirait dans un clip de Daft Punk. Cela pourrait plaire, ou pas. Un parti-pris visuel qui essaie de teinter le jeu d’une couche fantasque et féerique. Mais qui ne colle pas au thème. Quel thème, d’ailleurs.

Ensuite, l’autre gros souci du jeu, comme d’autres dans sa catégorie, c’est sa profusion de pictos. Ad nauseam. Le plateau en est recouvert, les cartes aussi. On passe donc sa partie le nez dans les règles à tout comprendre, à tout expliquer. Des pictos ergonomiques, compréhensibles, pourquoi pas. Mais quand le jeu en est truffé, cela devient pénible et douloureux, au point de ralentir le jeu ou juste de pousser à vouloir jouer « les yeux fermés », à la fraîche.

Au final, la force d’une action est dictée par le, par les dés que vous choisissez. Placez des morceaux de puzzles sur votre planche de différentes couleurs et formes, collectez des gemmes et des cartes de spectacle, ou réalisez des perf sous condition d’avoir posé les bonnes tuiles et de pouvoir défausser les bonnes gemmes. Il y a un tas d’actions bonus pour faciliter et optimiser le tout. Certains bonus sont communs, d’autres vous sont privés.

Rajoutez à cela des cartes de mission de score de fin de manche à choisir et à tenter. Dans The Magnificent, ce sont beaucoup d’options à considérer, à retenir et à évacuer. Mais le tout tente de dissimuler un manque flagrant de tension, de frustration. Tout est faisable, tout le temps, d’une manière ou d’une autre. Comme on dit dans le milieu, « pour jouer heureux, jouons frustrés ». The Magnificent ne rend pas heureux, loin de là. Bref, au final, un jeu pas « magnificent » du tout !

🔴 The Magnificent, score final :

Note : 2.5 sur 5.

Ce qui nous a plu ❤️️

✅ Un gros gloubi-boulga de mécaniques actuelles : gestion de dés, sans hasard, tuiles-puzzles pour remplir des surfaces, un peu de deck-building. Le tout tient dans une imbrication de fortune

✅ Un jeu aux actions épurées : un dé, une action parmi trois. C’est tout. Belle perf !

✅ Grande rejouabilité, avec la possibilité de changer de plateau, de rajouter des cartes

✅ Un mode solo plutôt sympatoche

Ce qui nous a moins plu ⛔️

❌ Un gros gloubi-boulga de mécaniques actuelles : gestion de dés, sans hasard, tuiles-puzzles pour remplir des surfaces, un peu de deck-building. Du déjà-vu, ailleurs, partout, tout le temps. Du Zeitgeist facile et peu inspiré

❌ Un choix esthétique peu convaincant, très « daftpunkesque » qui ne colle pas au thème

❌ Un jeu extrêmement froid, mécanique et calculateur

❌ Beaucoup trop de pictos pour être honnête plaisant

❌ Des parties à 4 indigestes

❌ Extrêmement peu de tension, de frustration

❌ Du FOBO à tous les étages

Et encore une chose

Vous pouvez consulter les règles de The Magnificent en anglais ici

Vous pouvez trouver The Magnificent en VO chez Philibert ici

Et la VF est annoncée pour bientôt, déjà en préco chez Philibert aussi

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Et également chez Magic Bazar en préco en VF ici

  • Auteur : Eilif Svensson, Kristian Amundsen Østby
  • Illustrateur : Martin Mottet
  • Éditeur : Aporta Games
  • Nombre de joueurs et joueuses : 1 à 4 (évitez d’y jouer à 4 !)
  • Âge conseillé : Dès 14 ans (pas moins !)
  • Durée : 60-90′ (pas moins, voire plutôt plus)
  • Thème : Cirque
  • Mécaniques principales : Deck-building (pour les cartes « Master », qui définissent les bonus et les points de victoire en fin de manche), draft de dés, tuiles puzzles
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