
Architectura. Pile, ou face?
Chaotique, indigeste, pénible
Architectura, de quoi ça parle?
Le pitch:
« Dans Architectura, les architectes les plus célèbres du royaume construisent une cité resplendissante, remplie de parcs, théâtres, tavernes et bien d’autres édifices. Chaque architecte veut devenir le plus influent de la ville, et leur ambition mène vers une compétition acharnée….«
Autrement dit, on « incarne » des architectes pour « construire » des bâtiments
« Incarner », le mot est exagéré. On passe sa partie à poser des cartes de sa main
Pour « construire », c’est pareil, nul besoin ici de ressources
Pas un jeu au thème fort, immersif. On pourrait jouer avec des bouquets de fleur ou un marchés de fruits et légumes que ça serait pareil
Et comment on joue?
A son tour, on doit poser une carte, et c’est tout
Oui, c’est tout
En suivant une mini-règle:
La carte doit se poser soit à droite d’une carte déjà posée, soit sur une carte retournée, soit sur l’emplacement libre le plus élevé
C’est tout

C’est tout?
Une fois la carte posée, le cas échéant, elle impacte alors la carte située à gauche. Si la nouvelle carte est plus élevée, la carte de gauche diminue de valeur (elle tourne d’un quart de tour). Si la nouvelle carte est beaucoup plus élevée, du double de la valeur, la carte de gauche et « détruite » slash retournée. Si la nouvelle carte est de valeur plus faible, c’est cette nouvelle carte qui diminue de valeur. En cas de valeur égale, rien ne se passe
Une fois les valeurs ajustées en fonction de la comparaison, on active alors le pouvoir de la carte: échange, retourner des cartes, etc.
Des règles très courtes, très fluides. Il faut juste quelques minutes pour se familiariser avec les symboles parfois étranges de valeurs, qui s’indexent en fonction de leur position
Et comment on gagne?
Quand plus personne ne peut jouer de cartes, parce que le bled est complet, on joue autant de rues slash lignes que de personnes présentes à la table, on procède au décompte final:
On reçoit autant de points que la valeur actuelle de ses bâtiments joués, face visible
« Actuelle », c’est le mot-clé. On passe sa partie à upgrader ses propres bâtiments pour s’octroyer plus de points en fin de partie, mais également pour les « protéger » contre les autres. Car plus un bâtiment dispose d’une valeur élevée et il plus il lui sera difficile de diminuer de valeur
On passe également sa partie à downgrander les bâtiments des autres, pour leur conférer moins de points en fin de partie
Des conditions de victoire transparentes. Mais qui fluctuent constamment et sur lesquelles on n’a au final que très peu d’emprise. Autant jouer à pile ou face
Interaction?
Sur l’IGUS, l’échelle de mesure de l’interaction dans les jeux, Architectura atteint un 5/5

Pourquoi 5 sur 5?
Parce que dans Architectura, on passe sa partie à « taper » sur les bâtiments des autres pour diminuer leur valeur voir pour les « détruire » slash retourner pour les empêcher ainsi de scorer
Ca va couiner dans les chaumières. Et je ne dis pas ça seulement parce qu’on va justement en construire, des chaumières
Un jeu à l’interaction directe
A combien y jouer?
On peut y jouer de 2 à 4
Mais autant le jeu à 2 est « gérable », autant à 3-4 le jeu devient indigeste et incontrôlable, les cartes, bâtiments, changent constamment, ça en devient du grand n’importe quoi
À éviter!
Alors, Architectura, c’est bien? Critique
Non, Architectura n’est vraiment pas bien
Le jeu est extrêmement tactique, à son tour on essaie de faire au mieux, de poser la meilleure carte possible pour faire le meilleur coup, mais comme tout change rapidement, et constamment, il devient impossible de calculer, d’imaginer ce qui peut arriver ensuite
Et le pire, c’est de commencer une nouvelle ligne, une nouvelle colonne, car on s’expose alors à la comparaison de la prochaine carte
Chaotique, indigeste, pénible
Il ne faut pas se leurrer. Depuis quelques années, le marché du jeu de société est en pleine effervescence, avec pas moins de 3K sorties par année. Il n’y a qu’à voir les chiffres d’Essen 2018
Y a-t-il trop de jeu?
Autant la qualité des jeux, en termes mécaniques et artistiques, connaît une réelle amélioration, autant, parfois, on peut tomber sur des bouses comme cet Architectura
Pour poursuivre la discussion sur l’effervescence (saturation?) du jeu de société actuelle, voici un article qui pourrait vous intéresser:
Alors, Architectura, faut-il y jouer?
Non, vraiment pas
A 3-4 le jeu est indigeste au possible
Et si c’est pour n’y jouer qu’à 2, il y a de bien meilleurs jeux à deux sur le marché du jeu de société. La preuve:
Score:
Anticipation: 3/5
Un jeu de pose de cartes avec une interaction forte? À voir ce que ça vaut. Mais aucune attente particulière
Pendant la partie: 1/5
Tout change constamment, avec de gros retournements de situation insupportables, improbables et ingérables
On passe sa partie à « éteindre des feux », sans maîtriser le jeu
Relou
Autant jouer à pile ou face
Après la partie: 1/5
On y rejoue?
Non, jamais
Score final: 2/5
Quelques idées sympathiques, notamment la comparaison qui mène à l’activation, mais pas de quoi se relever la nuit pour y jouer
Et parlons également des illustrations, fines, colorées et réussies
Mais la mécanique est bien trop indigeste pour donner envie d’y jouer plus qu’une ou deux parties
Et encore une chose
Le jeu propose un mode avancé. Au lieu de commencer avec le même deck, on reçoit des cartes aux effets plus balaises, et on procède à un petit deck-building de départ pour les ajouter et en retirer d’autres
Pas mal, mais pas au point de relever un jeu foutraque
Et encore une dernière chose
Vous pouvez consulter les règles de Architectura en français ici
Vous pouvez trouver Architectura chez Philibert ici
- Date de sortie : Octobre 2018
- Langue : Française
- Auteur : Pavel Atamanchuk
- Illustrateurs : Marina Kunakasova, Uildrim
- Editeur : Game Brewer
- Nombre de joueurs : 2-4 (optimum: 2. Que à 2)
- Age conseillé : dès 8 ans (très optimiste. Disons plutôt 10)
- Durée : 30-60 (pénibles) minutes
- Thème : Architecture, construction
- Mécaniques principales : comparaison, cartes, construction


5 Comments
Munshine
Du coup je vais me permettre une question.
Par an, il y a des centaines de jeu qui sortent (1k, 2k, 3k, …).
Pas le temps de les chroniquer tous.
Pourquoi s’embarrasser à faire une critique négative d’un jeu alors que la place aurait pu être prise par la critique positive (ou super positive) d’un autre ?
(notre temps et notre énergie n’est pas illimitée)
Je n’ai aucune critique à faire de ce jeu (je ne le connais pas) mais je m’interroge sur la démarche et (sans aucune arrière pensée) j’aurais souhaité connaitre ta raison ….
Attention, pas de polémique dans mes propos, simplement de la curiosité.
Merci
Gus
Bonjour,
Excellente question, vraiment
« Par an, il y a des centaines de jeu qui sortent (1k, 2k, 3k, …). » 3K en effet, très juste
« Pas le temps de les chroniquer tous. » Très juste aussi
« Pourquoi s’embarrasser à faire une critique négative d’un jeu alors que la place aurait pu être prise par la critique positive (ou super positive) d’un autre ?
(notre temps et notre énergie n’est pas illimitée) » Plus que juste, tu as raison
À mon tour de te poser plusieurs questions. Prêt.e? C’est parti:
Pourquoi ne parler que des « bons » jeux?
Et comment définir un bon jeu? Que des jeux avec 5/5 sur notre blog selon nos critères d’éval à nous? Je t’invite à lire les commentaires parfois slash souvent contradictoires avec nos critiques. Nous avons aimé, d’autres pas, et vice versa. Et tant mieux, nous détestons avoir raison. Alors?
Et comment trouver ces « bons » jeux?
Et si le jeu n’atteint pas le 5/5, on n’en parle tout simplement pas et on passe à un autre jeu?
Quel serais-ton appréciation slash jugement slash opinion d’un blog slash site qui ne parlerait que des jeux incroyables dingues super cool vraiment trop bien avec tous des 5/5?
Voilà, un gros paquet de questions
Je me réjouis de découvrir ta réaction
En tout cas, merci d’avoir soulevé cette discussion
Munshine
Alors, je vais essayer de répondre à toutes ces questions 🙂
Première chose, un jeu n’est pas bon ou mauvais, (enfin, si pour certain c’est le cas) mais dans la plupart des cas, on aime ou on aime pas, c’est très différent.
Du coup, mettre en avant ses coup de coeurs, c’est légitime, quitte à se faire descendre dans les commentaires, c’est (presque) fait pour cela.
Je ne critique pas (loin de là) le fait de ne pas aimer un jeu et de le dire, mon interrogation était plutôt, « pourquoi celui là ». Parce que avec tout ce que l’on a évoqué, il y a plus de jeux que l’on aime pas ou qui nous laissent indifférent que de jeux que l’on adore.
J’aurais donc tendance à dire qu’il faut parler des jeux qui sortent du lot pour des choses que l’on aime ou qui sortent du lot pour des choses que l’on déteste. Et bien entendu cela reste ton avis, pas la vérité absolue.
Architectura est donc peut être dans cette dernière catégorie, un jeu qui intègre tout ce que tu n’aimes pas …. et pas un jeu lambda que tu n’aimes tout simplement pas.
En fait, ma question était plus la dessus : pourquoi descendre ce jeu parmi tous les autres qui mériteraient de l’être 🙂 alors qu’il y a plein de jeux merveilleux à chroniquer.
Après il y a ce que peuvent attendre les lecteurs ….
Personnellement, j’ai envie de savoir ce que les gens pensent des jeux qui buzzent, en positif ou en mauvais et j’ai envie également qu’on me conseille des jeux qui passent sous le radar et qui méritent notre attention. Qu’un jeu lambda soit moyen ou mauvais, je ne trouve ça pas vraiment interessant.
Voila, mes réflexions sur le sujet, en tous cas, merci pour l’échange !!
Bernard Torres
Bonjour et merci pour cette chronique,
Perso, dans le cadre de la préparation du festival Alchimie de Toulouse les 3/4/5 mai, on découvre /teste les jeux que nos bénévoles vont devoir présenter à notre public.
Et Architectura en a fait partie, pas plus tard qu’hier soir. Joué à 3.
Première grosse déception, la lecture de la règle qui est plus qu’indigeste… Mauvaise traduction, contradiction ou flou, termes qui devraient aider à l’immersion (!) mais qui ne sont plus repris par la suite… Un vrai massacre en 6 petites pages.
Ensuite le jeu en lui-même où dès que la 1ère carte doit être posée, on se pose tous des questions sur la faisabilité de l’action…
Et par la suite, chacun fait au moins pire et non pas au mieux pour avancer…avec son deck.
In fine, la partie se termine avec un décompte qui donne des résultats surprenants dans le classement.
Pour nous, après cette 1ère partie qui nous a permis de comprendre ces foutus règles, le jeu en lui-même nous a laissé sur notre faim, même si on se dit qu’il y a peut-être quelque chose à en tirer, mais pas sûr qu’on fasse une autre partie : il y a beaucoup de jeux a découvrir et certainement plus intéressants et agréables 😁
Gus
« il y a beaucoup de jeux a découvrir et certainement plus intéressants et agréables »
Tout est dit 😊