Critiques de jeux,  Jeux de plateau

Sagrada. Un jeu peu lumineux

Un jeu aux mécaniques rodées et ripolinées, mais creux

  • Date de sortie : printemps 2018 pour la VO et été 2018 pour la VF chez Matagot
  • Auteur : Adrian Adamescu, Daryl Andrews
  • Editeur : Floodgate Games pour la VO, Matagot pour la VF
  • Nombre de joueurs : 1-4 (optimum 2-4)
  • Age conseillé : dès 14 ans (à partir de 10-12 ans, c’est aussi possible)
  • Durée : 45′
  • Thème : vitrail
  • Mécaniques principales : dés, objectifs (secrets et communs)

Sagrada, de quoi ça parle?

Des vitraux de la Sagrada Familia, l’imposante et originale basilique à Barcelone construite par Gaudi

Oui, celle-ci:

Si vous l’avez visitée, vous avez certainement été ébahi·e·s devant ses vitraux, juste impressionnants

Si le thème est frais et original, on passe sa partie à placer différents petits dés de couleurs sur son plateau. Pas de quoi susciter un émoi ou une aventure

Le jeu reste très froid, pareil pour son thème

Et comment on joue?

On commence par distribuer 4 vitraux par personne. Tout le monde en choisit un. Chaque vitrail est plus ou moins complexe à réaliser, avec plus ou moins de contraintes

Pour équilibrer le tout, selon la difficulté du vitrail, on obtient des jetons, jetons que l’on pourra ensuite utiliser pour des bonus slash petites modif de règles. Une mécanique intéressante d’équilibrage

Puis, chaque joueur et joueuse reçoit une carte objectif secret, généralement des PV supplémentaires finaux en fonction du nombre d’une couleur spécifique de dé posé

Enfin, on drafte. Le ou la première joueuse pioche d’un sac autant de dés que de joueurs et joueuses x2+1 (donc 7 dés à 3), en prend et pose un sur son vitrail, etc

Le ou la dernière joueuse en prend deux, et on revient en arrière. Le ou la première joueuse aura alors le choix entre deux dés restants

On joue comme ça 10 manches

Limits are the artist’s best friends

Et c’est tout?

Les dés ne peuvent pas se placer n’importe comment. Parce que

Les dés commencent par se placer à l’extérieur de sa bordure, puis les autres doivent être adjacents (diag ou ortho) à un autre dé

Et c’est tout?

Que nenni

Un dé ne peut pas être placé de manière adjacente et orthogonale à un dé précédent de la même valeur et/ou de la même couleur. Argh

Et c’est tout?

Toujours pas

Sur son vitrail, des cases sont déjà pré-imprimées pour y accueillir un dé de la valeur correspondante et pas une autre

Limits are the artist’s best friends, comme on dit. Autrement dit, toutes ces contraintes vont venir titiller et griller du neurone

Des règles claires, fluides et limpides

Et comment on gagne?

Après 10 manches, on procède à un décompte final:

Son objectif secret (généralement un nombre de dés d’une couleur placés)

Les trois objectifs communs visibles (généralement des figures réalisées: lignes, colonnes, sets, etc)

1PV par jeton « faveur » non utilisé

-1PV par case vide sur son vitrail (à la Patchwork slash Indian Summer)

C’est tout. Pas de salade de points de victoire, une tendance actuelle que l’on retrouve dans beaucoup de jeux de société modernes

c78ca3edeb29b884686f069cab75f65a

Interaction?

Inexistante. Ou très, très froide

On drafte les dés de couleur que l’on va tenter de placer au mieux pour compléter son vitrail, mais ce draft est dénué d’interaction pertinente. On ne va pas jauger le vitrail des autres pour mieux drafter, on risque de finir par prendre ce qui nous arrange

Alors oui, on pourrait être tenté·e de contre-picker pour éviter de laisser une couleur ou une valeur de dé aux autres pour leur mettre des bâtons dans les roues par rapport aux objectifs, secret si découvert ou communs, mais ceci risque alors de desservir son jeu. C’est souvent le souci dans les jeux de draft et du contre-pick

D’autant qu’on ne tire que deux dés par manche et que les contraintes (voir ci-dessus) sont suffisamment… contraignantes pour ne pas avoir à en rajouter encore une couche

A combien y jouer?

On peut y jouer en solo, pour tenter de faire péter les scores. Pourquoi pas, en mode pur casse-tête

Le jeu fonctionne autant à 2, qu’à 3 et 4

A 2, on sera en mode full-combat, on aura plus le loisir d’observer, et de contre-picker du dé. Mais à 3-4, « l’interaction » sera un poil plus présente

Au final, tout dépend du ressenti recherché

Alors, Sagrada, c’est bien? Critique

Bof

Un jeu qui ne casse pas trois pattes à un canard et qui ne suscite pas d’appétence particulière. On s’amuse, on s’amuse, puis on commence à y jouer

Un pur casse-tête à plusieurs, mais pas vraiment non plus, on reste le nez collé à son vitrail. Le draft rajoute un semblant d’interaction, mais comme on ne va pas passer 600h à observer les vitraux des autres pour contre-picker, ou choisir des dés chanmé comme dans Huns. On finit par prendre ce qui s’offre à soi

Les contraintes de placement (chiffre, couleur, interdiction de doublon) plus les objectifs (perso + communs) parviennent à peine à passionner. On y jouera 2-3 fois, sans plus. Pas un mauvais jeu, divertissant, mais pas un jeu palpitant non plus. Un jeu aux mécaniques rodées et ripolinées, mais creux

sagrada3

Score:

Anticipation: 4/5: Un jeu dans lequel il faut réaliser le plus beau vitrail dans la basilique de Barcelone? Mais pourquoi pas. C’est frais et original

Pendant la partie: 3/5. Polaire, on reste le nez collé à son vitrail à choisir les meilleurs dés pour réaliser les meilleurs placements. Hyper tactique et opportuniste

Après la partie: 2/5. On en refait une? Oui, peut-être une ou deux, pour essayer d’autres objectifs, mais pas plus

Score: 3/5. Pas un mauvais jeu, mais pas un jeu indispensable non plus. A jouer 2-3 fois peut-être, mais pas plus. Très, trop casse-tête

Et encore une dernière chose

Vous pouvez consulter les règles de Sagrada en français ici

Vous pouvez trouver Sagrada en VF chez Philibert ici

Et si vous habitez en Suisse, chez Helvétia Games Shop ici

Et sinon, Azul 2 est prévu pour dans tout bientôt. Octobre 2018

C’est presque comme Azul, qui vient d’ailleurs tout juste de décrocher le Spiel 2018 hier, toujours du même auteur et éditeur, mais pas vraiment. Pas une extension, mais un spin-off

Et pourquoi on vous en parle ici? Parce que le jeu parle aussi de vitrail à réaliser, tout pareil que dans Sagrada. Pas en Espagne, mais au Portugal, dans le ralais royal (de ouf) de Sintra

Votre réaction sur l'article ?
+1
0
+1
0
+1
0
+1
0
+1
0
+1
0

6 Comments

  • champalaune

    Je kif GUS AND CO,
    enfin un site qui ne cache pas ses mots sur les jeux,
    j’en ai marre des enthousiasme de 3 jours avec un gros buzz sur des jeux moyens !!!!
    tout ça parcer que le système internet avec les geeks en rajoutent : GREAT à tout va !!!

  • Daphné Lemoine

    Bonsoir,

    Alors moi je n’y ai joué qu’une seule fois mais j’ai adoré ! Effectivement pas beaucoup d’interaction avec les autres joueurs mais ça n’a pas enlevé mon plaisir d’y jouer : le matériel est très beau et c’est très grisant d’essayer d’atteindre ses objectifs. Je connais également Azul mais pour moi ce sont vraiment deux jeux différents même si le thème est similaire. Sagrada remue un peu plus les méninges et c’est agréable !

  • Nicolas Coppin

    J’ adore Sagrada…. On y joue parfois, en jeu rapide pour une fin de soirée…. La critique est dure et selon moi injustifiée. D ailleurs une extension est sortie, signe que ce jeu plait et se vend bien.

  • Phil Connors

    Tout a fait d’accord avec la critique. J »y ai joué une fois, en le trouvant agréable mais sans désir d’y revenir : on y joue tout seul à plusieurs. En revanche, l’application est désormais disponible sur android, dans une bonne version numérique, et le jeu fonctionne très bien sur le mode casse-tête solitaire sur smartphone.

  • l-j-marc

    Pour une fois, qu’est ce que je ne suis pas d’accord avec vous ! Ce jeu qui ne « casse pas 3 pattes à un canard », se caractérise par une interaction forte et une grosse dose de stratégie. Ce jeu fait pour moi, partie des must have en termes de jeu abstrait au même titre que les Azul. Jouer à 2, reste la meilleure configuration. Certaines variantes des extensions sont un peu moins fun. Un conseil, ne prendre que le nombre exact de dés nécessaires pour remplir les vitraux des joueurs présents. Celà enlève la petite part d’aléatoire dans le tirage des dés.

À vous de jouer ! Participez à la discussion

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

En savoir plus sur Gus & Co

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading