
🦉 Critique de jeu: CuBirds. Un jeu vraiment chouette
Des oiseaux qui se posent sur une clôture puis s’envolent. Pas très sexy. Et pourtant, derrière ce minuscule jeu de cartes et de collection se cache une micro-merveille subtile et surprenante
- Date de sortie: Printemps 2018 en VF
- Auteur: Stefan Alexander
- Illustrateur: Kristiaan Der Nederlanden
- Editeur: Catch up Games
- Nombre de joueurs: 2 à 5 (optimum 4)
- Age conseillé: Dès 8 ans (voire plus, pour saisir toute la finesse du jeu)
- Durée: 30′
- Thème: Oiseaux
- Mécaniques principales: cartes, collection
CuBirds, de quoi ça parle?
De ça:
Enfin, à peu près
Pas sur une ligne électrique, mais sur une clôture
Des oiseaux qui se posent peu à peu sur des lignes de clôture, puis pouf, envolée
Si le thème est léger, faut pas se leurrer, CuBirds est surtout un jeu de cartes et de collection, il ne faut pas chercher d’immersion ou d’aventure
Mais
Les illustrations, à coup d’oiseaux cubiques, sont tellement originales qu’elles parviennent à apporter un je-ne-sais-quoi extraordinaire au jeu. Un cachet. Un parfum. On craquera
Et comment on joue?
CuBirds est avant tout un jeu familial
Ou pas
Plutôt ou pas, tellement les mécaniques sont subtiles. La preuve. Attention, accrochez-vous bien:
On commence par préparer une matrice de 4×3 cartes oiseaux, avec chaque rangée abritant des oiseaux différents
Les joueurs et joueuses reçoivent ensuite 8 cartes en main, puis une supplémentaire face ouverte pour marquer le début de la collection personnelle
Et c’est maintenant que ça se complique:
A son tour, on doit poser un ou plusieurs oiseaux semblables de sa main à côté de l’une des 4 rangées communes. On peut alors ramasser tous les oiseaux situés entre ses oiseaux posés et l’oiseau similaire. Le mot-clé est: entre
Exemple, sur la table, dans une rangée et dans l’ordre il y a: un flamand, un perroquet, un moineau. Je pose un flamand. Je ramasse donc… un perroquet
Ces cartes se placent dans sa main. Elles ne se rajoutent pas à sa collection
Et quid si on n’a pas réussi à prendre des cartes, parce que les oiseaux dans les rangées ne correspondaient pas? On peut, si on le désire, pécho deux cartes de la pioche. Au hasard. Moyen, mais ça permet de faire le plein
Et c’est tout?
Non
Comment faire alors pour compléter sa collection face visible devant soi?
C’est l’envolée
Chaque famille d’oiseaux possèdent trois valeurs. Une dans le coin gauche en bas, c’est le nombre de cartes dans le jeu. Les deux autres, dans le coin supérieur droit, correspond à l’envolée
A son tour, si on le désire, on peut jouer de sa main n’importe quel nombre de cartes « oiseau » similaires. Si ce nombre est égal ou supérieur à la valeur de gauche, la petite envolée, on en garde une qu’on place dans sa collec, les autres cartes sont alors défaussées. Si ce nombre égalise ou dépasse la valeur de droite, c’est la grande envolée. Dans ce cas, on en garde deux qu’on ajoute à sa collection, les autres cartes sont aussi défaussées
Et c’est tout?
Non
Quand un ou une joueuse n’a plus de cartes en main, les autres défaussent leur main (pas leur collec face visible) et on recommence une manche en laissant la matrice commune mais en recevant à nouveau huit cartes
Des mécaniques certes alambiquées, mais une fois un tour effectué, tout devient clair et fluide
Un jeu familial, mais pas vraiment. Car on peut vraiment s’amuser à réaliser des stratégies de ouf. Thésauriser, avec le risque de devoir tout jeter quand un ou une autre joueuse dégage toute sa main à la suite d’une envolée? Ou (se) la jouer tactique, opportuniste, furtif et rapide? La fourmi, la cigale, la tortue, le lièvre, tout ça
Et comment on gagne?
Dès qu’un ou une joueuse obtient une collection de 7 espèces différentes ou deux espèces d’au moins 3 oiseaux (= au minimum deux brelans), il ou elle remporte aussitôt la partie
Des conditions de victoire simplissimes
Qui poussent à réinventer sa stratégie de victoire à chaque tour. Viser les grandes envolées pour placer deux oiseaux semblables et chercher les brelans? Ou taper dans les petites envolées pour une collec variée? Voire un mix pour se laisser des ouvertures?
Simple. Fun. Efficace
Interaction?
Pas énormissime, car on ne peut pas s’en prendre à la collection des autres. Et pourquoi pas dans une extension avec un carte « rapace » qui ferait fuir certains oiseaux bien tranquilles en train de prendre l’apéro sur sa clôture?
Mais une interaction bien présente quand même
Car selon les cartes qu’on pose dans les rangées, on offrira des opportunités aux autres. Avec du contre-pick aussi nécessaire. Et surtout, le coup de faire défausser la main des autres
Et à combien y jouer?
A 4
A 2-3, l’interaction et la tension sont moins présentes
A 5, c’est trop le chaos, la matrice change trop, trop souvent, trop rapidement
A 4, c’est le parfait équilibre
Alors, CuBirds, c’est bien? Critique.
Mettre dès 8 ans sur la boîte dessert presque le jeu. Cela le rend familial et risque bien de détourner les joueurs et joueuses plus confirmées, plus exigeantes
8 ans, ça fait un peu: « bouaf, mon petit neveu peut y jouer, ça ne doit du coup pas trop avoir d’intérêt »
La réalité est toute autre
Les mécaniques extrêmement fines et subtiles de CuBirds confèrent au jeu une amplitude, un intérêt insoupçonné
Un jeu fluide, profond, fun, efficace. Mais surtout, surprenant
Et les illustrations sont juste magiques. Avec chaque carte « oiseau » unique: orientation, décor
Bref, coup de cœur pour ce micro-jeu
Score:
Anticipation: 4/5. Des illustrations extrêmement attirantes. Un jeu des Lyonnais Catch Up Games, tout feu tout flamme depuis leur blockbuster Paper Tales. Les 8 ans affichés sur la boîte refroidissent un peu, on se dit qu’il sera « trop » familial, « trop » léger
Pendant la partie: 5/5. Fluide, efficace, à l’intérêt insoupçonné. Une pépite.
Après la partie: 5/5. Une irrésistible envie de rejouer pour prendre sa revanche ou gagner différemment, encore plus rapidement. Un jeu qu’on ressortira souvent
Score final: 5/5. Mettre un 5/5 pour un mini-jeu de cartes, c’est couillu. Et pourquoi pas? Faut-il toujours un déluge de fig, avec un thème de ouf hyper immersif? Non. La preuve avec ce CuBirds, ramassé, original, téméraire. Encore une nouvelle belle réussite pour Catch Up
Et encore une dernière chose.
En parlant d’oiseaux, en printemps 2018 un phénomène inquiétant a été observé dans les campagnes. Une diminution vertigineuse du nombre d’oiseaux. Corollaire à la diminution du nombre d’insectes (les pesticides? Les changements climatiques?)
Vous pouvez consulter les règles du jeu ici
Vous pouvez trouver le jeu chez Philibert ici
Et si vous habitez en Suisse, chez Helvétia Games Shop


6 Comments
Benjamin LEMOINE
J’ai une question sur le jeu, à quel moment considère ton qu’une manche se termine ?
Au moment où je n’ai plus de cartes après une envolée ou bien si je n’ai plus de carte en posant mes oiseaux sur la matrice sans encadrer d’oiseau ? (où normalement j’ai la possibilité de piocher)
Gus
Plus de cartes en main après une envolée Ben
Un coup d’enfoirasse qui empêche les autres de stocker 😝
Ben
Merci !!
Gus
My pleasure Ben
Et bonnes parties!
Gardez un œil 👁 à la main des autres pour éviter de vous faire pécho par cette maniclette
A très bientôt sur Gus&Co Ben 👋🏼
Nicolas
Un excellent jeu!
Une petite précision (tes explications m’ont donné un doute, je suis allé vérifier dans les règles) :
« Il est interdit de dévoiler des cartes si l’on ne peut pas faire d’Envolée. » => donc ce ne serait pas, comme tu le dis, « A son tour, si on le désire, on peut jouer de sa main n’importe quel nombre de cartes « oiseau » similaires. » Un petit détail qui a son importance pour éviter d’accélérer injustement la fin d’une manche ! 😉
Bon, quant à moi, ta très bonne critique m’a permis de me rappeler que l’on était pas obligé de faire des envolées au nombre juste (« égal ou supérieur »), et j’avais oublié la pioche des deux cartes quand aucun oiseau pris. Comme quoi…
Salutations de Belgique !
Nicolas
Gus
Merci pour la précision Nicolas