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La langage inclusif n’a pas la cote dans les jeux de société

🎯 Nous avons demandé aux fans de jeux de société ce qu’ils pensaient du langage inclusif. 73% pensent que ce n’est pas si important. 📊


Langage inclusif, les réponses à notre sondage

Pour faire court et aller à l’essentiel, trois quarts (73%) des personnes interrogées jugent le langage inclusif dans le jeu de société peu importante.

Mardi passé nous avons publié un article sur l’utilisation du langage inclusif dans le jeu de société. Dans l’article, il y avait plusieurs questions auxquelles près de 300 personnes ont répondu. Nous avons laissé les questions ouvertes pendant toute une semaine.

Voici les questions.

  • Avez-vous déjà entendu parler du langage inclusif ?
  • Dans quelle mesure êtes-vous d’accord avec l’utilisation du langage inclusif ?
  • Utilisez-vous le langage inclusif dans votre communication quotidienne ?
  • Trouvez-vous que le langage inclusif rend le texte plus difficile à lire ou à comprendre ?
  • Quelles formes préférez-vous à l’écrit et à l’oral ?
  • Croyez-vous que le langage inclusif aide à promouvoir l’égalité et la diversité ?
  • Quelle est votre opinion sur l’utilisation du langage inclusif dans les médias et la publicité ?

Et voici les résultats.

On observe que l’écriture inclusive est connue par la grande majorité des gens. Et pour cause, c’est un sujet très médiatisé et discuté, débattu ces dernières années.

Si on additionne les deux positifs, tout à fait d’accord et plutôt d’accord, dans ce sondage, à peine un quart des personnes interrogées (27%) jugent le langage inclusif important ou plutôt important. La grande majorité, 73%, ne le jugent pas important.

Ici, sur 355 personnes, seules 22% disent utiliser le langage inclusif, parfois ou tout le temps. Là aussi, la très grande majorité, 78%, disent ne pas l’utiliser. Ce qui rejoint et confirme la question précédente.

Sur 356 participations, seules 15% trouvent que le langage inclusif ne rend pas le texte plus compliqué à lire. Les 85% restants le jugent plus compliqué. Ce pourcentage est en augmentation par rapport aux deux précédentes questions.

Ici, sur 347 participations, 68% des personnes ne pensent pas que le langage inclusif aide à promouvoir l’égalité et la diversité. C’est un aspect intéressant, puisque le but premier, et ultime, du langage inclusif est de diversifier les usages et réduire l’utilisation du neutre masculin pour inclure, intégrer le féminin. Toutefois, selon le sondage, plus de deux tiers des personnes ne trouvent pas le langage inclusif pertinent. C’est élevé, et surprenant.

67% des 340 participantes et participants émettent un avis défavorable quant à l’utilisation de l’écriture inclusive dans les médias et la publicité. Ce qui rejoint, encore une fois, la tendance de rejet déjà précédemment constatée.

Dernière leçon : le point médian n’a pas la cote. Seuls 12% des sondés préfèrent ce choix en écrivant. L’emploi de la majuscule est la plus fortement détestée, à 1% sur les 325.

Mais ce qui est étonnant ici, ce qu’une petite majorité n’utilisent que le masculin, ce qui contredit presque les chiffres précédents qui affichaient des rejets plus nets. Le masculin générique reste toutefois la solution préférée.

Parmi les options possibles, les résultats optent plus volontiers pour le doublet (joueur et joueuse) ou l’utilisation d’une langue épicène plus neutre (les personnes qui jouent).

Conclusion du sondage

Avec plus de 300 participations par question, on constate que l’emploi du langage inclusif dans l’industrie du jeu de société est rejeté, refusé.

L’analyse des résultats de ce sondage sur le langage inclusif peut être réalisée selon plusieurs axes principaux : la connaissance du sujet, l’importance perçue, l’usage, la lisibilité, la promotion de l’égalité et de la diversité, et les préférences en termes de formes écrites et orales.

🔍 Connaissance du sujet : La plupart des répondantes et des répondants sont familiers avec le langage inclusif. Cela démontre une sensibilisation assez forte de la population à cette thématique, probablement due à une couverture médiatique conséquente.

💡 Importance perçue : L’opinion dominante est que le langage inclusif n’est pas important, avec 73% des répondants exprimant cette opinion. Cela indique que, malgré la familiarité avec le sujet, la majorité des personnes ne considèrent pas son application comme une priorité.

💬 Usage : 78% des répondants n’utilisent pas le langage inclusif dans leur communication quotidienne. C’est cohérent avec l’opinion exprimée sur l’importance du sujet. Ce pourrait être une indication que les gens sont réticents à changer leurs habitudes de langage, ou bien qu’ils ne voient pas de bénéfice concret à le faire.

📖 Lisibilité : Une large majorité (85%) considère que l’usage du langage inclusif rend les textes plus difficiles à lire. Ce facteur peut également expliquer une partie de la résistance à son adoption.

🌈 Promotion de l’égalité et de la diversité : 68% des personnes interrogées ne croient pas que le langage inclusif contribue à promouvoir l’égalité et la diversité. Cela suggère que l’objectif principal du langage inclusif n’est pas perçu comme étant atteint par une majorité des répondants.

Préférences en termes de formes écrites et orales : La majorité des répondants préfèrent utiliser le masculin générique. Les formes inclusives les plus acceptées semblent être le doublet (joueur et joueuse) et l’utilisation d’une langue épicène plus neutre (les personnes qui jouent). Le point médian et la majuscule sont fortement rejetés, ce qui pourrait être dû à des difficultés de compréhension ou de lecture.

Globalement, ces résultats suggèrent qu’il existe une grande résistance à l’adoption du langage inclusif parmi les répondantes et les répondants, pour des raisons variées allant de la difficulté de lecture à un scepticisme quant à son efficacité pour promouvoir l’égalité et la diversité.

Ouvertures & manquements du sondage

Pour rendre l’analyse plus complète, il serait toutefois utile et pertinent d’inclure certains éléments additionnels qui manquent actuellement. Ces éléments sont :

📊 Analyse démographique : Il serait utile de savoir qui sont les personnes qui ont répondu au sondage. Quel est leur âge, leur sexe, leur niveau d’éducation, leur profession, leur origine culturelle, etc. ? Ces informations peuvent donner un aperçu des facteurs qui influencent leurs attitudes et comportements vis-à-vis du langage inclusif.

🤔 Motivations et obstacles : Les raisons pour lesquelles les gens n’adoptent pas ou n’apprécient pas le langage inclusif ne sont pas clairement indiquées. Sont-ils préoccupés par la confusion grammaticale, la perturbation de la tradition linguistique, une perception de l’inutilité, ou autres raisons ? Il serait intéressant de creuser davantage ces points.

🔍 Analyse qualitative des réponses : Si des commentaires ouverts étaient autorisés dans le sondage, leur analyse pourrait aider à comprendre plus en détail les sentiments et les attitudes des personnes interrogées.

Et maintenant ?

Ce mini-sondage pourrait mener à d’autres ouvertures :

📈 Suivre l’évolution des attitudes : Refaire le sondage à intervalles réguliers pour suivre l’évolution des attitudes et de l’usage du langage inclusif dans la population étudiée.

🔎 Recherche supplémentaire : Mener des recherches supplémentaires pour approfondir la compréhension des attitudes envers le langage inclusif, en particulier en explorant les motivations et les obstacles à son adoption. Il serait également utile d’étudier les préférences pour différentes formes de langage inclusif, en particulier celles qui n’ont pas été abordées dans le sondage original.

En ajoutant ces éléments à l’analyse, nous pourrions obtenir une image plus complète et nuancée des attitudes envers le langage inclusif parmi la population étudiée.

Comparaison avec d’autres études

Comment nos résultats se comparent-ils à d’autres études similaires, que ce soit au niveau local, national ou international ? Cela peut nous donner une perspective plus large et permettrait de voir si les attitudes envers le langage inclusif changent au fil du temps.

Et pendant ce temps, en Suisse

Lundi passé 22 mai, le groupe de médias suisse Tamedia a publié les résultats d’une analyse sur l’écriture inclusive en Suisse. Voici l’article en PDF.

Cette nouvelle analyse fournit des informations supplémentaires qui ajoutent une couche de complexité à notre compréhension du langage inclusif en Suisse. Voici les principaux points de comparaison et les différences par rapport à la première analyse :

🌍 Différences régionales : Cette analyse introduit une distinction importante entre les régions linguistiques de la Suisse. On observe que les personnes de langue maternelle allemande et italienne sont plus enclines à utiliser le langage inclusif que les francophones. Cela pourrait refléter des différences culturelles, éducatives ou politiques entre ces régions.

👥 Différences de genre : Il est également noté que les femmes sont plus susceptibles de trouver le langage inclusif important que les hommes, ce qui pourrait refléter le fait que les femmes sont plus directement concernées par les questions d’égalité de genre.

📚 Différences d’âge et d’éducation : Les jeunes et les universitaires sont également plus enclins à soutenir le langage inclusif, ce qui pourrait suggérer que l’éducation et l’exposition à diverses perspectives peuvent influencer les attitudes envers le langage inclusif.

🔍 Perception vs. pratique : Alors que la première analyse se concentrait principalement sur la perception du langage inclusif, cette analyse examine également son utilisation pratique. Il est intéressant de noter que bien que beaucoup de gens ne jugent pas le langage inclusif important, beaucoup semblent quand même l’utiliser dans une certaine mesure, même s’ils ne s’en rendent pas compte.

🔑 Importance du contexte : Cette analyse souligne également que l’acceptation du langage inclusif peut varier en fonction du contexte. Par exemple, il est plus accepté dans la vie publique et au travail que dans la sphère privée.

🔬 Interprétations des expertes et des experts : La nouvelle analyse fournit des interprétations des résultats de la part des experts en linguistique et en psycholinguistique, ce qui aide à éclairer les résultats et à proposer des pistes pour de futures recherches ou initiatives.

Comparaison (est raison)

C’est intéressant de comparer ces deux sondages, le nôtre et celui de Tamedia, car ils abordent tous deux le sujet du langage inclusif, mais dans des contextes légèrement différents – l’un est plus général et basé sur la population suisse, tandis que l’autre est spécifiquement axé sur l’utilisation du langage inclusif dans le jeu de société.

📚 Connaissance du langage inclusif : Les deux sondages montrent que la majorité des répondants ont entendu parler du langage inclusif, ce qui indique une sensibilisation générale à ce sujet.

💡 Importance du langage inclusif : Dans les deux sondages, une minorité de répondants considère le langage inclusif comme important. Cela pourrait refléter une certaine résistance ou un manque d’enthousiasme pour l’utilisation du langage inclusif dans la société en général.

💬 Utilisation du langage inclusif : Il y a une corrélation entre l’importance accordée au langage inclusif et son utilisation effective. Dans les deux sondages, ceux qui jugent le langage inclusif important sont également plus susceptibles de l’utiliser.

📖 Compréhension du langage inclusif : Un point intéressant est que dans le sondage sur le jeu de société, une majorité écrasante de répondants (85%) trouve que le langage inclusif rend le texte plus difficile à lire ou à comprendre. Cela pourrait indiquer un besoin de formation ou d’éducation pour améliorer la compréhension du langage inclusif.

🌈 Impact sur l’égalité et la diversité : Dans le sondage sur le jeu de société, une majorité de répondants ne pense pas que le langage inclusif favorise l’égalité et la diversité. Cela contraste avec les points de vue des experts en linguistique et en psycholinguistique exprimés dans le premier sondage.

Préférences d’écriture : Dans les deux sondages, l’utilisation du point médian est très faible, ce qui indique une préférence générale pour les autres formes de langage inclusif, comme le doublet ou l’utilisation de termes neutres.

Ces comparaisons suggèrent qu’il y a des défis communs à surmonter pour promouvoir l’acceptation et l’utilisation du langage inclusif, notamment le besoin d’améliorer la compréhension du langage inclusif et de montrer plus clairement son impact sur l’égalité et la diversité. Pour autant que ce soit une démarche recherchée…

Langage inclusif et éditeurs de jeux

Pour creuser la question, nous avons contacté une trentaine d’éditeurs francophones et germanophones. Pourquoi ces deux langues ? Parce qu’au contraire de l’anglais, une langue plus neutre et générique qui emploie le mot « gamer » ou « player », le français et l’allemand font la différence de genre, avec « joueur » et « joueuse » et « spieler » et « spielerin ».

Voici les questions que nous leur avons soumises :

  1. Question 1: Quelle importance accordez-vous au langage inclusif dans le développement de vos jeux de société ?
  2. Question 2: Le cas échéant, pouvez-vous partager des exemples spécifiques de la manière dont vous avez intégré le langage inclusif dans la conception et les règles de vos jeux ?
  3. Question 3: Le cas échéant, quels sont les défis que vous avez rencontrés lors de l’implémentation du langage inclusif dans vos jeux et comment les avez-vous surmontés ?
  4. Question 4: Comment réagissent vos clients à l’usage du langage inclusif (ou pas) dans vos jeux ? Avez-vous reçu des retours positifs ou négatifs ?
  5. Question 5: Comment voyez-vous l’avenir du langage inclusif dans l’industrie du jeu de société ? Pensez-vous qu’il y aura une augmentation de son utilisation

Quelles fut les réponses ? D’abord, un constat. Sur la trentaine d’éditeurs contactés, seule une dizaine d’entre eux a répondu à nos sollicitations. Par manque de temps ? D’intérêt ? Ou la question est jugée trop délicate, trop sensible ?

Sur les éditeurs qui ont eu l’amabilité de répondre, cinq ont clairement admis ne pas s’intéresser à la question, en tout cas pas au point d’inclure le langage inclusif dans leurs jeux.

Ainsi, un éditeur nous a avoué : « Il se trouve que, reconnaissons-le, nous ne sommes pas vraiment de bons élèves concernant le langage inclusif dans nos règles et textes « ingame »… En cela, nous n’aurons pas de quoi répondre à tes questions, au-delà des reproches qui nous ont été formulés sporadiquement. » Un autre a répondu ainsi : « pas sûr qu’on soit le bon interlocuteur parce que je ne suis pas du tout en phase avec cette mouvance ».

Catch up Games

Le sympathique éditeur lyonnais Catch Up Games (After Us) a lui eu la gentillesse de nous répondre en détail :

Question 1 : Quelle importance accordez-vous au langage inclusif dans le développement de vos jeux de société ?

On pense que c’est important dans les jeux comme partout ailleurs, et on tente de l’inclure de plus en plus dans notre réflexion, même s’il faut aussi prendre en compte d’autres contraintes, notamment de lisibilité, de clarté et parfois tout simplement de place. C’est valable également pour nos textes de communication, qu’on prend soin à rédiger de façon inclusive.

Question 2 : Le cas échéant, pouvez-vous partager des exemples spécifiques de la manière dont vous avez intégré le langage inclusif dans la conception et les règles de vos jeux ?

On a écrit l’intégralité des règles d’After Us, en utilisant des doublets (le joueur ou la joueuse, il ou elle, etc.).

Question 3 : Le cas échéant, quels sont les défis que vous avez rencontrés lors de l’implémentation du langage inclusif dans vos jeux et comment les avez-vous surmontés ?

On a le contre-exemple des règles de Faraway, notre prochain jeu, qu’on n’a pas réussi à rendre suffisamment claires en inclusif. Les formules étaient trop lourdes, ce qui nuisait à l’ensemble. On a donc décidé de rester sur le masculin pour ce jeu, en espérant pouvoir faire mieux sur les prochains.

Question 4 : Comment réagissent vos clients à l’usage du langage inclusif (ou pas) dans vos jeux ? Avez-vous reçu des retours positifs ou négatifs ?

On a pas eu de retours pour le moment, ni sur After Us, ni sur notre communication, ni sur les autres jeux.

Question 5 : Comment voyez-vous l’avenir du langage inclusif dans l’industrie du jeu de société ? Pensez-vous qu’il y aura une augmentation de son utilisation, et comment votre entreprise prévoit-elle de s’adapter à ces changements ?

Ça dépendra clairement de l’évolution dans la langue en général, mais on espère que de plus en plus d’éditeurs s’y mettront.

On pense que l’égalité hommes-femmes et la lutte contre les clichés de genre sont une cause importante, et on fera notre possible pour les prendre en compte dans nos textes (comme on le fait déjà pour nos illustrations), mais on n’est sans doute pas non plus les mieux placés pour être avant-gardistes sur ce combat. On espère que des nouvelles conventions s’imposeront petit à petit et on sera heureux de les appliquer, et d’ici là, on fera notre possible.

Cocktail Games

L’éditeur versaillais Cocktail Games (Trio), bien connus pour ses jeux grand public et accessible a lui aussi eu la gentillesse de nous répondre sur le sujet.

Question 1 : Quelle importance accordez-vous au langage inclusif dans le développement de vos jeux de société ?

Pour le moment, nous n’avons pas/peu mis en place le langage inclusif dans nos règles. Nous prenons cependant, dans les exemples de nos règles de jeux, des noms de joueurs genrés au féminin (tel que dans l’extension Grozilla pour Happy City, Super Mega Lucky Box, où les seuls prénoms utilisés sont féminins). De même que le genre, nous prêtons attention à la connotation des prénoms des joueurs donnés dans tous nos exemples : nous essayons ainsi d’avoir la parité dans le féminin et le masculin mais également pour des prénoms internationaux et générationnels. Par exemple : Martine, Yanis, Juliette, Hadrien… L’inclusivité n’est en effet pas qu’une histoire de genre.

Cependant, par habitude et pour ne pas risquer de perdre la personne qui lit les règles, nous utilisons encore le mot « le joueur ». En effet, voulant rendre nos jeux accessibles au plus grand nombre, nous restons dans une dynamique de facilitation, et même si l’inclusivité nous tient à cœur, il n’est pas vraiment évident de sortir des formulations usuelles pour le grand public. En outre, les jeux de la gamme Cocktail Games étant testés auprès du grand public avant édition et commercialisation, le langage inclusif utilisant le pronom IEL n’a pas été concluant lors de ces tests. Cependant, nous faisons bouger nos curseurs pour favoriser l’inclusion petit à petit.

Question 2 : Le cas échéant, pouvez-vous partager des exemples spécifiques de la manière dont vous avez intégré le langage inclusif dans la conception et les règles de vos jeux ?

En plus des exemples donnés à la question 1, nous aimerions ajouter que malgré la non-utilisation de l’écriture inclusive sur les pronoms, les adjectifs avec les points médians « e·e·s » par exemple, nous nous efforçons au maximum d’utiliser des éléments épicènes (déjà qualifiés ainsi dans l’écriture inclusive). Notamment, dès le premier jeu TOP TEN, nous avons mis beaucoup d’efforts dans la formulation de nos thèmes et si nous pouvions éviter un adjectif genré comme « belle » par exemple, et mettre à la place « magnifique » ou « superbe », nous faisions le choix d’être le plus inclusif possible.

Question 3 : Le cas échéant, quels sont les défis que vous avez rencontrés lors de l’implémentation du langage inclusif dans vos jeux et comment les avez-vous surmontés ?

La réponse que je vais vous donner n’est pas tout à fait celle demandée, mais un gros défi que notre équipe a su relever, a été pour la création de Top Ten 18 +. Il aurait été facile de faire un énième jeu surfant sur les blagues racistes, homophobes, transphobes, sexistes et autres… tels le florilège de jeux associés à la thématique 18+, or il nous tenait à cœur que personne ne se sente évincé par ce jeu.

L’équipe Cocktail Games a donc travaillé sur la rédaction des thématiques qui se veulent neutres. En effet, les thématiques sont au maximum écrites de façon à pouvoir être lues quelque soit son genre. Néanmoins, pour les quelques thèmes qui nécessitaient un genre spécifique, l’équipe de Cocktail Games a travaillé pour que chaque carte genrée féminine ait son pendant masculin et inversement.

Ainsi, les participants peuvent inventer les réponses qu’ils souhaitent, en jouant sur le type d’humour autorisé et/ou validé par le groupe, tout en ayant des thématiques qui n’évincent aucun des joueurs.

Question 4 : Comment réagissent vos clients à l’usage du langage inclusif (ou pas) dans vos jeux ? Avez-vous reçu des retours positifs ou négatifs ?

Cette réponse est toujours par rapport à Top Ten 18 + :

Lors des présentations du jeu en festival, les retours sont positifs et les participants ne se rendent pas forcément compte du travail rédactionnel fait sur ce jeu.

Pour autant, des joueurs faisant partie de minorités nous ont fait des retours très positifs sur ce jeu, étant donné qu’ils ne sont pas la cible, une énième fois, de « blagues » oppressives.

De la même manière, lorsque l’on explique le travail de fond réalisé sur ce jeu, les joueurs ne portent plus le même regard dessus.

Ce travail est notre part de contribution à ce petit déplacement de curseurs qui permettra, dans un futur proche, le langage inclusif pour les jeux destinés au grand public.

Un changement se fait toujours un petit pas après l’autre, et, suivant l’endroit où l’on se positionne, le pas ne peut pas être le même. Nous avons décidé de faire des jeux qui soient accessibles au plus grand nombre, il nous faut donc attendre que le langage inclusif arrive à plus grande échelle pour pouvoir vraiment l’utiliser de façon plus récurrente, mais cela ne nous empêche pas de faire chaque petit changement que l’on estime possible.

Question 5 : Comment voyez-vous l’avenir du langage inclusif dans l’industrie du jeu de société ? Pensez-vous qu’il y aura une augmentation de son utilisation, et comment votre entreprise prévoit-elle de s’adapter à ces changements ?

L’entreprise du jeu de société, est comme les autres entreprises : elle suit l’évolution sociétale. Le jeu de société est un petit monde bienveillant dans lequel, je pense, le langage inclusif sera plus facilement et plus rapidement utilisé que dans d’autres secteurs. Il sera donc logique que le langage inclusif devienne dans un futur proche la norme dans l’écriture des règles de jeux.

Et encore une chose

Pour poursuivre, et creuser sur le sujet, je vous conseille l’excellent Les Couilles sur la Table, qui débat sur la question :


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Article écrit par Gus. Rédacteur-en-chef de Gus&Co. Enseigne à l’École supérieure de bande dessinée et d’illustration, travaille dans le monde du jeu depuis 1989 comme auteur et journaliste.


Que pensez-vous de ces résultats ? Est-ce qu’ils vous surprennent ?

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32 Comments

  • yannick

    Bonjour. Tout d’abord merci pour ce sondage et pour votre honnêteté intellectuelle. Depuis un certain temps, je me demandais si j’allais arrêter de vous lire car l’intégration du langage inclusif me posait un vrai problème.
    En effet le langage inclusif est une vrai galère à lire et n’a à mon sens aucun intérêt à part celui de déformer et dévisager la langue de Molière.
    Ensuite on nous parle de re-écrire certains auteurs (exemple Victor Hugo) afin de rendre accessible leurs oeuvres à une population qui n’a plus les fondements basiques de la langue Française pour pouvoir les lire.
    Alors pourquoi alourdir une lecture avec le langage inclusif alors qu’il faudrait que l’école se remette à faire son vrai travail d’enseignement de la beauté d’une langue.
    A mon avis le langage inclusif fait partie de cette mouvance wokiste dont le but est un nivellement par le bas en détruisant toutes les valeurs ici artistiques que le monde entier nous a envié.
    Devant la qualité de votre contenu je n’ai pas réussi à me désabonner de votre site malgré le langage inclusif utilisé dans vos articles.
    Je vous souhaite une bonne continuation et une longue vie car vous créez vraiment du contenu de qualité.

    • Gus

      Bonjour Yannick,

      Merci infiniment pour votre message et pour votre honnêteté. Nous apprécions que vous ayez pris le temps de nous partager vos préoccupations sur l’usage du langage inclusif dans nos articles, tout en continuant à soutenir notre travail. Votre fidélité nous touche beaucoup.

      Le langage inclusif, tout comme toute autre forme d’évolution de la langue, peut sembler inhabituel ou difficile à comprendre au début. Cependant, son objectif est de promouvoir une plus grande égalité et inclusivité dans notre société, en s’assurant que tout le monde se sente reconnu et respecté dans le langage que nous utilisons.

      La beauté du français, comme celle de toute langue, réside dans sa capacité à s’adapter et à évoluer avec le temps et la société. Chaque innovation linguistique, y compris le langage inclusif, apporte une richesse supplémentaire à notre langue et reflète les changements culturels et sociétaux en cours.

      Mais. Il est vrai que les arguments en son défaveur sont nombreux (rappel du précédent article/épisode) :

      Arguments contre :

      > Complexité et lisibilité : L’une des préoccupations majeures concerne la complexité supplémentaire que le langage inclusif peut introduire dans le texte. Pour certaines et certains, l’ajout de marques de genre pour la féminisation ou la neutralisation peut rendre le texte plus difficile à lire ou à comprendre. Ils suggèrent que cela pourrait particulièrement affecter les personnes ayant des difficultés de lecture ou d’apprentissage.
      > Tradition linguistique : Certaines personnes font valoir que le langage inclusif va à l’encontre des règles traditionnelles de la langue française, où le masculin est souvent utilisé pour désigner des groupes mixtes. Ils estiment que cela pourrait entraîner une confusion et une dégradation de la langue.
      > Praticité : Le langage inclusif peut poser des problèmes pratiques, notamment en ce qui concerne la traduction de textes, l’édition de logiciels de correction automatique, et même la prononciation à l’oral. Par exemple, comment prononcer des mots écrits avec un point médian ? Bonne question.
      > Instrumentalisation politique : Certaines et certains voient l’utilisation du langage inclusif comme un outil de la politique identitaire, plutôt que comme un moyen de promouvoir l’égalité. Ils et elles soutiennent que cela pourrait diviser la société plutôt que de l’unir.
      > Impact limité : Enfin, certaines et certains pensent que l’usage du langage inclusif ne résout pas les véritables problèmes d’inégalité de genre. Ils et elles suggèrent qu’il serait plus utile de concentrer les efforts sur des questions telles que l’égalité salariale, la parité en politique ou la lutte contre les violences de genre.

      Nous comprenons dès lors tout à fait que l’usage du langage inclusif puisse rendre la lecture plus ardue pour certaines personnes. Nous faisons donc de notre mieux pour l’utiliser de manière appropriée, afin de ne pas alourdir nos textes tout en veillant à rester inclusifs. Votre retour nous est précieux pour ajuster notre approche à cet égard.

      Pour ce qui est de l’école et de l’enseignement de la langue française, nous sommes totalement d’accord avec vous. Il est essentiel que l’éducation continue à mettre l’accent sur l’importance et la beauté de notre langue, tout en tenant compte des évolutions contemporaines de celle-ci.

      Cher Yannick, nous vous remercions pour vos encouragements et votre soutien à notre travail. Depuis (septembre) 2007, nous nous efforçons continuellement de créer du contenu de qualité qui réponde aux attentes de nos lecteurs et lectrices (bim le doublet), et nous apprécions votre fidélité malgré vos réserves.

  • Lionel Yon

    Le langage inclusif est destructeur de la langue française et son utilisation comparable à celle de la destruction des bouddhas de Bamiyan par les talibans.C’est une volonté d’attenter à notre culture et à notre histoire.Pour évoluer dans ses pratiques et dans idées il n’est nul besoin de cette « arme »…

    • Gus

      Bonjour Lionel,

      Merci d’avoir pris le temps de partager vos pensées sur l’usage du langage inclusif. Nous comprenons que ce sujet suscite des débats et des opinions variées.

      Nous apprécions grandement votre contribution à cette discussion et continuerons à prendre en compte tous les points de vue dans notre démarche éditoriale.

      Bien à vous,

  • Cynthia

    Bonjour,

    Et merci pour tous vos articles toujours intéressants et pertinents. L’utilisation de l’écriture inclusive est justement l’un des détails qui m’a plu chez vous. Avec le terme joueureuse, enfin on s’adressait aux personnes autres que les hommes, fort nombreux par ailleurs dans cette communauté.

    Je suis désolée d’enfoncer des portes ouvertes mais, que l’on s’en rende compte ou non, chaque langue évolue, intègre de nouveaux mots, de nouvelles règles, sinon elle meurt. Ajouter de nouveaux mots est en fait une norme, libre à nous de les utiliser ou non, puisque la règle de l’usage fait loi.

    Invoquer Molière reste assez drôle sachant que lui-même à intégrer à la langue française les mot tartuffe ou sosie, et était pointé du doigt pour ses barbarismes de la langue française. Toutefois, mes propos n’invitent en rien à réécrire les textes, classiques et autres, car il est important de garder trace de ce qui a été véritablement dit et de faire de la médiation autour.

    Pour en revenir au monde du jeu, l’écriture inclusive y est peut-être d’autant plus importante à la vue de ses résultats, car en effet, il ne s’agit que d’une habitude à prendre, celle de donner une véritable place aux personnes autres que masculines.

    Je vous souhaite une très belle continuation

    • Gus

      Bonjour Cynthia,

      Merci infiniment pour votre message très éclairant et encourageant. Nous sommes vraiment ravis d’apprendre que notre utilisation de l’écriture inclusive vous a plu et que vous partagez notre vision de l’évolution de la langue. Et notre création du mot « joueureuse » que vous relevez.

      Vous avez parfaitement raison, chaque langue est en constante évolution et l’intégration de nouveaux mots ou de nouvelles règles est essentielle à sa survie. Votre référence à Molière est très pertinente et nous rappelle que l’innovation linguistique a toujours été partie intégrante de l’évolution de la langue française. Il suffit de voir le nombre de nouveaux mots qui se sont « infiltrés » dans la langue, et ce surtout en 2020-2021 avec la pandémie et les « confinement », « reconfinement », « cluster », « distanciation », « coronapéro »…

      Dans le domaine du jeu, nous convenons également avec vous que l’inclusion est particulièrement importante. Nous souhaitons faire en sorte que chacun et chacune (bim, doublet) se sente accueillie et représentée, quels que soient son genre ou son identité.

      Nous sommes reconnaissants pour votre soutien et votre contribution à cette importante discussion. C’est grâce à des échanges comme le vôtre que nous pouvons continuer à apprendre et à grandir.

      Nous vous remercions de votre soutien et vous souhaitons une très belle continuation à vous aussi.

      • Olivier14

        Bonjour, je ne suis pas étonné des résultats de ce sondage. Il montre bien le raidissement ultra-conservateur d’une bonne partie de l’opinion, qui accompagne son vieillissement démographique d’ailleurs. Et c’est le même phénomène de déni ou dénigrement qui déferle lorsque des acteurs du monde du jeu osent évoquer les questions de la représentation des femmes, des préoccupations écologiques dans la production ludique… La question de la langue, percue uniquement sous son aspect identitaire, anxiogène et crispé, n’est plus abordée comme un vecteur évolutif de communication. Ce sondage ne peut cependant pas être utilisé scientifiquement car effectivement il ne s’appuie pas sur un panel représentatif ou ne peut corroborer les réponses obtenues en fonction de déterminants sociaux. Imaginons un instant que les répondants soient, au pif hein, des hommes blancs, bac+, CSP+, de plus de 40 ans, voire babyboomer, vous obtiendriez un résultat… similaire ou encore plus rétif. Avec les mêmes argumentaires anti-woke pompés sur les chaînes d’infos en continu en prime. Plus sérieusement je tiens à vous dire que vos articles sur ces questions sociales, sociétales sont brillants et assez uniques dans la blogosphère. C’est ce qui vous distingue au sens noble du terme, dans un monde du jeu qui pourrait se permettre de favoriser toutes les inclusivités et pour une fois être d’avant-garde.

  • danthesan

    Bonjour,

    Je ne peux partager qu’un exemple de règles de jeu écrites en langage inclusif : celles de Alice is missing. Après dix minutes de lecture, à relire trois fois les phrases pour en comprendre le sens, le jeu a fini au placard. C’est désormais un de mes critères d’achat : si le jeu est proposé en langage inclusif, je ne l’achète pas. Une règle du jeu est un mode d’emploi, dont la lecture est parfois technique. J’imagine que les lecteurs de gus and co sont rompus à l’exercice, mais ce n’est pas le cas du plus grand nombre. Ajouter une complexité ne me semble pas opportun. Depuis des années la tendance est à la simplification des règles, avec des exemples, une mise en page aérée,… et les joueurs n’en sont que plus nombreux. Ne revenons pas en arrière, dans un élitisme qui fera fuir le grand public.

    • Gus

      Bonjour Daniel,

      Merci pour votre commentaire et d’avoir partagé votre expérience avec « Alice is Missing ». Nous comprenons que l’écriture inclusive peut nécessiter une certaine adaptation pour certaines personnes, surtout dans un contexte technique comme celui des règles d’un jeu, vous avez raison.

      Dans un autre ordre d’idées, vous pourriez être intéressé par le jeu « After Us » mentionné dans l’interview, qui a réussi à intégrer le langage inclusif tout en maintenant des règles claires et simples. Il a été très bien reçu par de nombreuses personnes (tout bientôt notre critique !), et pourrait être une bonne introduction à l’écriture inclusive dans les jeux.

      Nous apprécions grandement votre point de vue et nous continuerons à réfléchir à la meilleure façon d’aborder ces questions à l’avenir.

      • David40

        Bonjour Gus,
        je pense que vous vous égarrez. Les joueurs et les joueuses (vous voyez j’essaye d’être inclusif) veulent avant tout jouer, pas avoir une démarche militante (en ce qui me concerne, quelqu’un qui confond ma table de jeu avec une tribune politique n’y est plus le bienvenu et oui, je pense que l’écriture inclusive est un acte politique). Si l’argument pour essayer After Us est qu’il est écrit de manière inclusive, je pense que vous avez raté le principe fondateur du JdR: s’amuser. En ce qui me concerne, je rentre dans les cases dénoncées par Olivier14 (+40ans, blanc, cadre sup…), et j’avoue ne pas voir l’intérêt de l’écriture inclusive, tout au contraire je trouve que cette approche est contre-productive. Si l’on veut favoriser l’égalité et une meilleure représentativité autour de nos tables, c’est avant tout nos comportements qui doivent évoluer. Je me souviens par exemple d’un créateur de jeu francais qui nous avait fait un scénario découverte à RPGers il y a quelques années et qui n’avait pas pu s’empêcher de faire plusieurs commentaires sallaces et très déplacés à l’égard d’une jeune joueuse de 14 ans. Nous l’avons recadré rapidement, mais je pense que c’est ce genre de comportements qu’il faut bannir, pas nous faire c***er avec des formulations toujours plus lourdes et qui n’apportent rien, ni à l’histoire, ni aux règles.
        Amicalement

  • Siegfried

    Bonjour, et grand merci pour ces articles passionnants qui – malgré une longueur qui peut rebuter les personnes déjà hostiles au sujet malheureusement – permettent d’exposer, analyser, comparer et recadrer le sujet sur quantité de points importants. Je me permets également de répondre aux questions posées aux éditeurs en tant qu’ancien responsable éditorial des Lucky Duck Games pendant deux ans et demie, poste auquel je prenais donc également les décisions quant à l’inclusivité du matériel des jeux que nous créions et localisions pour le marché francophone.

    1. J’estime essentiel de trouver des manières de rendre le matériel ludique toujours plus inclusif. On sait le pouvoir excluant de la langue, et je suis donc persuadé que même si les langages inclusifs ne sont pas la panacée, on ne peut pas à la fois vouloir une société plus inclusive et vomir l’inclusion linguistique.

    3. On est confronté.e.s à deux grands défis quand on cherche à avoir une démarche inclusive dans la langue du jeu de société. Le premier est d’ordre pratique : la plupart des stratégies inclusives ajoutent des caractères, ce qui va à l’encontre de l’efficacité recherchée… ou n’est parfois simplement pas possible, surtout quand on est un éditeur faisant 100 % de localisations (même les jeux originaux des Lucky Duck sont conçus en polonais/anglais et doivent donc passer par la case traduction). Le français est déjà naturellement plus long que l’anglais, ce qui pose régulièrement problème, de sorte qu’on ne peut simplement pas commencer à ajouter des doublons partout, à plus forte raison dans des énoncés aussi courts que les cartes et plateaux par exemple. Le deuxième… est que le milieu du jeu de société francophone semble encore particulièrement réactionnaire – ou peut-être juste que sa frange réactionnaire est particulièrement vocale, mais les sondages que vous avez effectués semblent souligner qu’il n’est pas pressé d’évoluer (encore que je m’attendais à pire), sans permettre de mettre à jour la toxicité pouvant accueillir parfois les démarches inclusives. Or non seulement le matériel ludique doit par essence conserver clarté et efficacité (alourdir du matériel ludique par militantisme va contre l’essence de ce qu’est un bon matériel ludique), mais il est difficile malheureusement de se couper d’une large part de sa communauté ou de susciter trop de réactions hostiles par militantisme.

    2. Rapidement après mon arrivée chez les Lucky Duck j’ai opté pour la solution qui me paraissait déjà la plus consensuelle, aussi faible qu’elle puisse sembler (de l’extérieur et à moi, mais il fallait bien commencer quelque part) : garder les règles au masculin prétendument neutre, mais ajouter au début de chaque livret de règles un encart bien visible « Dans ces règles, le mot « joueur » désigne toute personne jouant à X, quel que soit son genre. » En outre, je m’appliquais à réduire le nombre d’occurrences du mot « joueur » quand c’était possible sans trop alourdir les phrases (deuxième personne du pluriel, tournures impersonnelles…). Enfin, vers la fin de ma mission, j’ai commencé à réfléchir plus profondément aux prénoms donnés dans les exemples, pour les remplacer de temps à autre par des prénoms moins connotés « vieille France » (ne pas remplacer Jane par Jeanne mais par Fatou par exemple). J’avais été assez fier de remplacer tous les prénoms donnés en exemple dans le jeu Roll Camera (Ça tourne !) par des prénoms… de réalisatrices françaises, dans une démarche à la fois militante et cinéphile qui avait beaucoup plu à l’éditeur original (avec lequel je discute toujours des remplacements des prénoms au cas où il aurait choisi des prénoms ayant du sens pour lui). Chacune des personnes auxquelles nous faisions appel pour la traduction ou la relecture de nos jeux recevait un document de conseils et consignes comportant entre autres des conseils en ce sens, et leur laissant la liberté de suggérer d’autres idées et stratégies.

    4. Si les prestataires avec lesquels je travaillais, puis les nouvelles responsables éditoriales, étaient pour l’essentiel ravies de ces mesures, j’ai vu très peu de retours de la communauté, probablement parce que lesdites mesures restent trop légères pour mériter des retours spécifiques, au point que certaines n’ont sans doute même pas été remarquées. Je me souviens néanmoins d’un post récent sur facebook demandant « innocemment » ce que les gens pensaient de l’encart « dans ces règles le mot « joueur » désigne toute personne jouant à X, quel que soit son genre », et puisque le but de ce post était de réveiller les pires instincts de la communauté, ça n’a pas manqué – et je dois confesser que malgré mon peu d’optimisme, j’avais encore été surpris qu’une mesure aussi insuffisante et finalement respectueuse des personnes les plus conservatrices en termes de langue parvienne encore à susciter pareille hostilité de la part de gens violemment décidés à ce que rien ne change parce que le jeu aurait une vocation apolitique et ne devrait donc pas être contaminé par les combats du monde (et on sait d’où viennent ces fantasmes d’arts « apolitiques ».

    5. Je pense qu’il y aura une augmentation de recours à des stratégies inclusives parce qu’on peut de moins en moins se prétendre vaguement progressiste en tant qu’éditeur de jeux de société sans recourir à quelque stratégie que ce soit. J’admire beaucoup les éditeurs allant au bout de la démarche d’ailleurs, et appliquant une écriture pleinement inclusive avec points médians en sachant pertinemment qu’ils seront attaqués pour ce choix, écrivant des règles au féminin, ou faisant la moitié des règles au féminin et l’autre au masculin (« félicitations, vous avez une fille ! »), ou parvenant à ne parler qu’à la deuxième personne du pluriel dans les règles et à trouver des formules impersonnelles sur les cartes – un enjeu de l’avenir étant d’éviter de trop renforcer la binarité en cherchant à être inclusif, ce à quoi on devrait déjà commencer à réfléchir sans griller les étapes. Le monde du jeu de société doit continuer de progresser en ce sens et faire toujours mieux pour associer progressisme social et efficacité intrinsèque au matériel ludique, et même si cela prend un temps infini, je me réjouis profondément de chaque nouve.lle.au act.rice.eur œuvrant en ce sens et de chaque modeste retour positif des ludistes elles/eux-mêmes. Il ne s’agit pas juste d’un féminisme radical et marginal, ou de refléter une culture woke parce qu’on y serait contraint.e.s, mais d’aider les personnes pratiquant nos jeux à s’y retrouver. Après tout, l’un des objectifs premiers du jeu de société est de nous aider à faire agréablement société, et on n’y parviendra donc qu’en essayant de mettre toute la société autour de la table, loin de l’image encore trop vraie d’une culture pour trentenaires mâles blancs.

    • Gus

      Wow !
      Wow !
      Wow !
      Siegfried !

      Merci infiniment pour votre commentaire long, riche et approfondi. Nous apprécions grandement le temps et l’effort que vous avez consacrés à partager vos réflexions et expériences personnelles. Mais franchement.

      Votre perspective, en tant qu’ancien responsable éditorial chez Lucky Duck Games, offre un aperçu unique des défis et des préoccupations liés à la mise en œuvre d’une langue plus inclusive dans le monde des jeux. Vous avez souligné plusieurs points pertinents, notamment la nécessité d’équilibrer l’inclusion linguistique avec l’efficacité du matériel ludique, ainsi que les obstacles pratiques et culturels à l’adoption de l’écriture inclusive.

      C’est particulièrement intéressant de lire votre approche progressive et vos stratégies pour rendre le langage des jeux plus inclusif, comme l’usage du mot « joueur » pour désigner toute personne jouant au jeu, indépendamment de son genre, et l’incorporation de prénoms plus divers dans les exemples de jeu.

      Votre engagement envers l’inclusion linguistique, malgré les obstacles, est admirable et pourrait inspirer d’autres personnes dans le milieu du jeu. Nous sommes convaincus que des discussions et des partages comme le vôtre contribuent à la progression de l’inclusivité dans le secteur.

      Encore une fois, merci pour votre contribution à cette conversation. Nous avons hâte d’entendre davantage de vos réflexions et expériences dans le futur. N’hésitez pas à réagir à d’autres commentaires postés ici.

      En tout cas, WOW (pas le jeu vidéo, je précise, mais ma réaction suite à votre riche commentaire !)

    • Gus

      Bonjour,

      Merci pour votre suggestion. Nous comprenons que cette proposition peut sembler une solution simple, et pratique, pour certaines personnes. Mais. Le choix d’accorder tout au féminin pourrait également être perçu comme exclusif pour ceux qui s’identifient au masculin ou à d’autres genres.

      L’objectif avec l’écriture inclusive est d’essayer d’offrir une représentation équilibrée et respectueuse, indépendamment de leur genre. C’est un défi complexe ! Mais intéressant. À débattre, déjà.

      Nous apprécions votre contribution à cette discussion.

  • Stephen Sevenair

    Bonjour
    Merci pour cet article.
    J4ai 61 ans et derrière j’ai été bousculé par ma fille de 24 ans (danseureuse) et un certain nombre d’article d’une paléontologue sur le néolithique est la phrase « l’Homme chassé » écrit dans toutes les publication ancienne et récentes. Mais l’Homme est devenu l’homme ! Le langage a dégradé le sens.
    Au moyen âge tous les métiers avait le mot au masculin et le mot au féminin, c’est le 16 et 17ème siècle qui vont structuré la Français en supprimant tous les mots au féminin.
    Oui il y a nécessité de redonner toutes les dimensions à l’humanité et cela passe par des mots comme joueureuses et autres danseureuses. C’est difficile et cela doit prendre du temps. Le · point centrale n’est pas forcément ce qui facilite le plus la lecture. On doit prendre le temps de ramener une écriture et une dénomination existant au moyen Age dans nos habitudes, car si on ne prend pas le temps alors le temps se chargera de tout détruire.
    Des gens se montreront ultra-résistant, mais cela passera mieux par le douceur que par le jugement et la condamnation.
    Prenons le temps, les objets humains ont en mouvement et se transforme, accompagnons cela gaiment.
    Merci à vous 1001 fois.

  • Beardou

    C’est rigolo, le fait que 68% des personnes interrogées disent ne jamais utiliser le langage inclusif, prouve qu’une énorme part des gens n’ont pas compris ce qu’est le langage inclusif.
    Le point médiant et les tournure du type « joueureuse », ne sont pas le langage inclusif, se sont des outils parmi d’autre. Le simple fait de dire « madame, monsieur », ou de dire « joueur, joueuse », c’est pratiquer le langage inclusif.
    Il y a des études sérieuses qui montrent de manière scientifique via des expériences sociales que OUI ça a un impact positif sur la diversité.

    Ce n’est pas le langage inclusif, mais c’est les même leviers sur la représentation, il y a une anecdote que je trouve super intéressante sur « Question pour un Champion » (titre pas très inclusif d’ailleurs :p), dans une interview, le présentateur actuel, Samuel Etienne, explique qu’il n’y avait même pas 1/4 de candidates féminines à l’émission quand il est arrivé, il en a parlé à la production qui lui ont répondu qu’il y a même moins que ça de candidature féminine en proportion.
    Il a insisté pour qu’ils se démerdent comme ils veulent mais qu’il veut plus de femme à l’écran dans les émissions, en expliquant que s’il y a plus de femme à l’écran, il y aura plus de femmes qui candidaterons à l’émission. Et… c’est ce qu’il s’est passé ! Ils ont mis plus de femme, et plus de femme ont naturellement candidaté à l’émission. La représentation EST importante et permet aux gens de plus facilement et naturellement s’identifier et se sentir légitime. Et le langage inclusif est un outil qui permet d’augmenter cette représentation.

    PS : et pour les gens qui défendent le sacro-saint français qu’on détruit avec le langage inclusif, dites vous que ce que vous considérer comme du vrai français immuable serait probablement un ramassis de barbarisme incompréhensible pour des français d’il y a 2 ou 300 ans. ^^

    • Samuel

      Bonjour,
      Merci pour votre site rempli de critiques de jeux toujours de très bonne qualité.

      Concernant le sujet du langage inclusif, et plus particulièrement du point médian, sa lecture n’est pas chose aisée puisque nous n’avons pas appris comment se prononcent les mots qui utilisent le point médian. J’ajoute que son écriture au clavier n’est pas non plus évidente puisque le caractère n’existe pas sur un clavier QWERTY ou AZERTY ordinaire. Sous Windows il faut taper Alt+250 pour ajouter un point médian. La route paraît longue pour le faire ajouter par les fabricants de clavier.

      Je commence à m’habituer au terme joueureuse parce que je le lis beaucoup chez vous. L’inclure dans des règles de jeu demande peut être une petite explication en début de règle.

  • Matthieu

    Bonjour,
    Je suis le plus souvent la voix de Cocktailgames sur ce site. Mais, sur cet article précis, rendons à César ce qui est à César, car c’est Florence qui est responsable événementielle chez Cocktailgames qui a pris la voix de l’entreprise. Et ses propos sont beaucoup plus pertinents que ce que j’aurais pu écrire.
    Matthieu

  • Gzh

    Merci pour cette synthèse intéressante. Maintenant peu importe les arguments des uns et des autres, on peut simplement constater que l’écriture inclusive ne l’est pas (inclusive) tellement elle divise.
    Au final l’utiliser c’est juste une question de choix : veut-on faire un acte militant et parler à certains ou veut-on parler à tous.

    • Seb

      Je pense que l’utilisation de l’écriture inclusive dans le but de promouvoir une meilleure égalité homme/femme est un faux débat. Outre le fait que ce soit une horreur (pour rester poli) à lire et à écrire, je ne peux m’empêcher de penser à la langue anglaise qui comprend finalement assez peu de mots genrés (ou du moins énormément moins que le français). L’Angleterre ou les pays anglophones plus généralement sont ils plus à la pointe de l’égalité homme/femme? J’en doute fortement … Tenter d’imposer ce style d’écriture/langage, d’autant plus au vu du rejet assez massif à priori (même si ce sondage n’est réalisé que sur 300 personnes), ne fera que cristalliser les tensions et augmenter le rejet de cette forme d’écriture.

    • Daniel

      Avant de parler d’écriture ou de langage inclusifs, parlons et écrivons correctement le français. L’utilisation de l’expression « au final » repérée dans un commentaire est tout simplement un barbarisme insupportable émanant des écoles de journalisme relayée par l’éducation nationale et dont l’acceptation s’est faite par le plus grand nombre depuis une dizaine d’années. Il s’agit ici de se servir d’un adjectif au lieu d’un adverbe comme finalement, en définitive, au bout du compte, tout bien posé etc.. ou tout autre locution adverbiale proposée par la diversité et la richesse de la langue française.

      C’est tout de même effarant que certains qui ne maîtrisent pas correctement la langue française s’obstine pourtant à vouloir la dévoyer au nom d’un pseudo égalitarisme de salon. Si nous étions tous égaux, cela se saurait depuis longtemps. En revanche, nous avons le droit et le devoir de nous battre dans l’existence pour gommer quelques-unes de nos différences ou insuffisances pour nous diriger vers ce que nous voulons de mieux pour nous mêmes. Pas besoin pour cela d’écriture inclusive. Cela s’appelle l’affirmation de soi-même au lieu de la victimisation.

      Pour l’utilisation de « au final », voir l’article de Didier Pourquery dans Le Monde du 7 février 2014 intitulé à juste titre : « Pour en finir avec l’expression au final ».

      • Gus

        Cher Daniel,

        Merci pour votre commentaire. Je comprends que vous placez une grande importance sur l’utilisation correcte de la langue française et je respecte votre point de vue.

        Il est vrai que la langue française possède une richesse et une diversité qui méritent d’être préservées et utilisées correctement. Cependant, il convient de noter que les langues évoluent constamment, et les expressions comme « au final » sont devenues courantes dans l’usage quotidien, bien que certains les considèrent comme des barbarismes. Ou comme « Du coup ». Ou comme « Par contre » au lieu de « En revanche » ou comme le A en début de phrase au lieu de « À » poke Aline. Ou « PIRE », comme QUOICOUBEH 😅

        Concernant l’écriture inclusive, le débat est vaste et chaque personne a sa propre perspective. Ce n’est pas seulement une question d’égalitarisme, mais aussi de représentation et de reconnaissance des différentes identités.

        Votre référence à l’affirmation de soi plutôt qu’à la victimisation est un point de vue intéressant. Mais. Le langage joue un rôle crucial dans la façon dont nous nous percevons et comment les autres nous perçoivent. L’écriture inclusive vise à reconnaître cette diversité et à donner à chacun et chacune un espace linguistique. Je vous invite, cher Daniel, à écouter / voire le lien YouTube cité dans l’article. Extrêmement intéressant.

        Sincèrement, nous apprécions votre contribution à cette discussion. Mieux vaut clairement en débattre que s’enfermer. Débattre, c’est déjà s’ouvrir. C’est se confronter à l’autre, aux autres, à soi-même. Les résultats de ce sondage ont eu le mérite de lancer le débat, de fond. Et maintenant, on fait quoi ? La balle est dans le camp des éditeurs.

        • Gus

          Bonjour,

          Puisqu’on est sur le sujet, l’évolution de la langue est un processus constant et parfois, certaines expressions ou utilisations peuvent devenir courantes même si elles sont considérées comme non standard ou discutables par les puristes.

          Comme vous l’avez mentionné, il y a de nombreux exemples similaires à « au final ». « Suite à » est souvent utilisé pour signifier « à la suite de » ou « après », mais certains puristes préfèrent l’expression « à la suite de ».

          « Par contre » est souvent utilisé comme synonyme de « mais », bien que l’Académie Française recommande de l’utiliser uniquement pour signifier « en revanche ».

          Concernant l’utilisation du A majuscule sans accent (À), il est préférable d’utiliser un accent même sur les majuscules pour respecter les règles orthographiques, bien que dans l’usage courant, surtout dans les messages électroniques, cette règle ne soit pas toujours respectée.

          D’autres exemples pourraient être :

          1. « Au jour d’aujourd’hui » : une tautologie souvent utilisée mais qui est généralement mal vue par les puristes de la langue française. Il est préférable d’utiliser simplement « aujourd’hui ».

          2. « Demander à quelqu’un de faire quelque chose » : cette construction est devenue courante mais l’Académie Française préfère l’expression « demander à quelqu’un qu’il fasse quelque chose ».

          3. « En fait » : souvent utilisé pour signifier « en réalité », alors qu’il devrait signifier « dans le fait ».

          4. « Du coup » : une expression qui est devenue extrêmement courante en français moderne, souvent utilisée pour remplacer « donc », « par conséquent », ou « alors ». Cependant, certains puristes peuvent trouver son utilisation excessive ou inappropriée dans certains contextes. « Du coup » vient du vieux français où il signifiait « du choc », en référence à l’impact d’un événement. De nos jours, l’expression est utilisée pour indiquer une conséquence ou une suite d’événements, parfois sans véritable relation de cause à effet, ce qui peut être source de confusion ou de débats sur son utilisation appropriée.

          Mais ce n’est pas tout !!!

          Dans le système typographique français, il existe une règle concernant l’espacement avant et après certains signes de ponctuation. Cette pratique, qui diffère de celle en anglais, peut parfois causer de la confusion. Voici quelques exemples :

          1. Les deux-points (:) et le point-virgule (;) doivent être précédés d’une espace insécable et suivis d’une espace.

          2. Les signes de ponctuation doubles, comme le point d’interrogation (?), le point d’exclamation (!), les guillemets (« ») et les chevrons (> <), doivent être précédés d'une espace insécable et suivis d'une espace. 3. Les signes de ponctuation simples, comme la virgule (,), le point (.) et les points de suspension (...), ne doivent pas être précédés d'une espace, mais suivis d'une espace. 4. Il n'y a pas d'espace autour du tiret (-) dans un mot composé, mais il y a une espace avant et après le tiret lorsqu'il est utilisé comme un trait d'union dans une phrase. Il est important de noter que ces règles peuvent parfois ne pas être respectées dans les messages informels ou les textos, mais elles restent la norme en typographie française formelle. Bref, c'est une des beautés de la langue que de pouvoir évoluer et s'adapter avec le temps, même si cela peut parfois causer des débats passionnés. Merci d'avoir soulevé ce point intéressant 💙

  • Jean-Louis

    Le sujet est assez fascinant, je trouve.
    Mine de rien, à travers l’écriture inclusive, je me suis posé une foule de questions. On veut promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes, comment peut-on être contre cette volonté ?
    Néanmoins ce n’est pas simple. Déjà il y a un manque d’harmonisation (majuscule, point, etc …) sur la façon de procéder.
    Il y a aussi des personnes qui prônent la création de nouveaux mots (exemple: heureuxe pour remplacer heureux et heureuse).
    Bref, c’est un joyeux bordel à la française.
    L’écriture inclusive est une horreur à lire, pourquoi ne pas être plus ambitieux et réécrire les règles de l’orthographe et de la grammaire ?
    Et puis, il convient de se poser la question pour les personnes non binaires.
    Elles revendiquent une place dans notre société et notre orthographe.
    Est-ce que l’avenir n’est pas vers une forme de neutralité ???
    Mais lorsque l’on propose un Lo, à place de Le et La, je me dis qu’il faudra 1000 ans pour assimiler cette nouvelle façon de faire.
    J’ai surtout le sentiment, que l’on se trompe de combat.
    Les femmes méritent mieux qu’une mesurette !!!

  • Mark

    Le langage inclusif est encore socialement très connoté et usé par des pans de la société trop peu représentatives.
    Au delà de l’objectif qu’il sert, il y a un énorme marqueur philosophique, social et politique… de ce que je vois, c’est quasi une écriture « communautaire ». D’aucuns pourraient caricaturer cette écriture, comme le langage de petits intello branchouilles, bobos, urbains et de CSP+… Cela ne parle pas aux catégories modestes ni à d’autres aisées. Les enjeux que s’attachent à traiter l’écriture inclusive ne parlent pas à une trop grande partie de la population… Même si ses desseins sont louables (pour certains mais pas pour d’autres), au regard du contexte, l’écriture inclusive est pour le moment, à mon sens un diviseur plus qu’un rassembleur.

    Mais… il me semble pertinent d’intégrer une dimension inclusive dans la rédaction de règles ou de cartes. Comme ecrire « joueur et joueuses » ou mettre tout simplement parfois « la joueuse » à la place de « le joueur » sur une carte…
    Au lieu de l’écriture inclusive, écrire les choses comme ça me semble très intéressant comme option et je vois pas mal d’articles ou de nouveaux jeux qui intègrent cela.

  • Maïwenn

    Bonjour,
    Comme déjà lu dans un des commentaires, peut-on parler d’écriture « inclusive » si son usage divise autant… premier point clivant. Le deuxième point d’une longue liste, selon moi, c’est que cette écriture n’est précisément pas inclusive.
    Les personnes en situation de handicap (troubles neuro, mentaux, malvoyants, etc.) ne sont pas, le plus souvent, en capacité de lire des formulations comme « toustes » (sans point médian, donc, car on est bien d’accord que le point médian est une catastrophe pour le braille, le FALC et les troubles dys, entre autres) ou « concepteurice ». De même, les formulations épicènes ne sont pas toutes compatibles avec le FALC. Une écriture qui exclut le handicap ne fait pas notre affaire, certainement pas la mienne en tout cas.
    Le troisième point, et je m’arrêterai là, c’est que le problème même soulevé par l’écriture dite inclusive, càd « le masculin l’emporte sur le féminin », n’a pas grand sens. Nous avons un genre neutre en français moderne, et il s’avère qu’il se décline (en grooos résumé, le français n’ayant plus de déclinaisons) comme le masculin. C’est l’héritier du neutre latin, et il a donc une histoire, n’en déplaise aux soi-disants « puristes » qui souhaiteraient revenir à la règle de proximité. Règle qui, d’ailleurs, était loin d’être utilisée par tous.

    Bref. Team jeune, côtoyant un milieu féministe militant, milieu professionnel qui utilise l’écriture inclusive (point médian) et éducation supérieure +++… mais pour autant, team « pas du tout convaincue par l’écriture inclusive ».

  • joe

    J’ai longtemps réfléchi pour savoir si je devais ou pas répondre à votre article et aux commentaires.
    Tout d’abord je tiens à souligner que j’utilise madame, monsieur depuis tout jeune. Que je tiens la porte aux dames, que j’ai travaillé et fréquenté pendant longtemps des milieux très majoritairement féminins et que j’accueille depuis toujours aussi bien femmes, hommes ou enfants à ma table de jeux.
    Donc difficile de dire que je ne suis pas sensible au respect de tous.
    Mais trop de choses me mettent mal à l’aise dans votre article et certains commentaires et surtout dans cette pseudo-volonté « d’inclusion ».

    Plus de 70% disent ne pas être d’accord avec l’utilisation de cette forme de langage. Et la réponse c’est qu’ils n’ont pas compris, que cela peut sembler inhabituelle et qu’il faut du temps pour s’habituer ?
    On croirait entendre le gouvernement français face aux manifestations contre la réforme des retraites qui réponds que les gens n’ont pas bien compris et qu’il faut faire preuve de pédagogie et expliquer.
    Non je suis désolé quand 70% rejette une idée, ce n’est pas simplement une histoire de manque d’habitude ou de compréhension.

    Cette approche de « l’inclusivité » n’est pas contrairement à ce qui est écrit, un ajout de quelques nouveaux mots comme cela a toujours existé. C’est très différent de vouloir forcer une modification grammaticale dans un but partisan, de transformer des mots et les rendre imprononçables à l’oral. Normalement ce qui s’écrit doit pouvoir se prononcer sans différence.

    80% disent que cela rend la compréhension plus difficile ; 68% disent que cela n’aide pas à promouvoir l’égalité. Et pourtant il y a clairement une volonté de l’imposer. Donc ce qui devrait ouvrir à un plus grand nombre finalement devient un obstacle qui en plus n’atteint pas son but, bien au contraire. Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut voir. Si l’intention (de l’égalité et de faciliter l’accès) est louable, le moyen est en train de crisper et de diviser. Tout l’inverse du but visé.
    Outre le terme « inclusif » qui est mal choisi, car dans le cas de votre article c’est plus une volonté de féminiser le vocabulaire pour « donner leur place aux femmes ». Mais alors que fait-on pour les autres publics minoritaire et invisible ?

    66% utilisent déjà le doublet ou les mots épicènes. Donc bien avant cette approche revendicative inclusive. Beaucoup de monde avait déjà une approche sans que cela fasse débat ou ne braque qui que ce soit. Pourquoi insister pour les mots contractés et illisibles ou le point médian qui sont sources de problème ?

    Quant à parler de raidissement ultra-conservateur et de discours des hommes blancs, bac+, CSP+, de plus de 40 ans, voire babyboomer. Bel exemple de tentative de culpabilisation de ceux qui n’accepte pas cette approche linguistique. D’ailleurs utiliser la jeunesse contre les plus ancien n’est pas une bonne idée pour inclure. De plus si la jeunesse, de part sa moindre expérience et son enthousiasme naturel, est plus perméable. Elle accepte parfois tout et n’importe quoi et pas uniquement ce qui serait positif pour eux ou la société.
    Mais rejeter la démarche de l’écriture inclusive ce n’est pas forcement rejeter une démarche de respect et de la place des femmes. Il ne faut pas tout confondre.
    L’objectif avec l’écriture inclusive est d’essayer d’offrir une représentation équilibrée et respectueuse, indépendamment de leur genre dit Gus.
    Peut-être est-il tant de se rendre compte que cela produit le contraire et que le moyen n’est pas pertinent.
    Pour ce qui est des éditeurs, je trouve la démarche biaisée. C’est tellement à la mode que personne n’oserait dire vraiment qu’il rejette cette forme d’écriture de peur de se prendre un bad buzz sur le net et de perdre des clients. Vous en avez montré plusieurs exemples.
    Mais le pire c’est que plus on dira que ce n’est pas la bonne approche, plus les partisans forceront le trait. Créant encore plus de divisions.
    Pour ma part, alors que je suis sur le fond à 100% pour l’égalité et le respect. Cette forme de communication et son imposition a fini par créer chez moi un rejet, alors que j’aurai plutôt été un terrain fertile.
    De mon côté mon choix est clair. Oui à l’accueil de toutes et tous à ma table mais non à ce style d’écriture.
    Dorénavant un jeu écrit ainsi c’est clairement, pas d’achat de ma part et un site qui l’écrit ou le prône c’est blacklisté.
    La réponse au problème de la place des femmes, qui est différent de l’inclusion des minorités (handicap, etc.) n’est pas la modification forcée de l’écriture, c’est l’éducation de tous depuis le plus jeune âge.

    • Gus

      Cher Joe,

      Merci pour le temps que vous avez pris à écrire cette réponse détaillée et réfléchie. Votre point de vue sur ce sujet complexe est extrêmement apprécié et je suis sûr que beaucoup d’autres membres de notre communauté en tireront des perspectives précieuses.

      Je reconnais et respecte votre engagement envers le respect et l’égalité dans votre environnement de jeu et dans la vie quotidienne. Je vois aussi que vous avez des préoccupations légitimes au sujet de l’écriture inclusive et de son impact sur la lisibilité et la compréhension. C’est un sujet qui, comme vous l’avez clairement montré, divise beaucoup de personnes.

      Vous avez souligné que le langage inclusif semble parfois être imposé malgré les préoccupations exprimées par une majorité de personnes dans certaines enquêtes. Je peux comprendre pourquoi cela peut sembler frustrant et semer la confusion. Cependant, il est important de se rappeler que le but de l’inclusion linguistique n’est pas d’exclure ou de diviser, mais de faire en sorte que tout le monde se sente représenté et valorisé.

      En ce qui concerne votre point sur le fait que l’écriture inclusive semble davantage féminiser le langage, il est vrai que certains aspects de l’écriture inclusive cherchent à mettre en évidence les femmes qui ont été historiquement sous-représentées. Cependant, il est également important de noter que l’inclusivité va au-delà de la féminisation du langage. Elle cherche également à inclure ceux qui ne se retrouvent pas dans les catégories traditionnelles de genre.

      Je tiens à préciser que l’objectif de cette discussion n’est pas de culpabiliser ou de blâmer ceux qui sont en désaccord avec l’écriture inclusive. Le débat est nécessaire et il est important d’écouter toutes les voix, y compris les vôtres.

      Je suis d’accord avec vous sur le fait que l’éducation est essentielle pour promouvoir l’égalité et le respect. L’éducation peut aider à promouvoir la tolérance et l’empathie, ce qui peut à son tour créer un environnement plus inclusif.

      Merci encore d’avoir partagé vos réflexions. Il est clair que vous vous souciez profondément de cette question et votre voix est une contribution précieuse à cette discussion.

      Bon weekend (orageux à Genève. Enfin de la pluie ?)

  • Narnokatt

    J’admire votre patience face à tant de déclarations intempestives et péremptoires.
    Heureusement que certains éditeurs sont en phase avec leur époque.
    Pour que votre sondage soit complet il eut fallu demander le genre et l’âge des votants, je suis sûr qu’il n’y pas de parité chez les votants 😉

    D’ailleurs, ce pourrait être un sujet d’article de recenser les éditeurs ayant choisi d’utiliser un langage plus inclusif, lequel ne se limite au point médian, dans leurs boîtes.

    • Gus

      Bonjour Narnokatt,

      Je suis tout à fait d’accord avec vos réflexions. Vous soulignez bien la nécessité d’une plus grande inclusivité dans le secteur du jeu de société.

      Vous avez raison de souligner que la patience est une vertu essentielle dans ces discussions. Le respect et l’écoute sont des valeurs clé chez Gus&Co et permettent pour avancer dans ce débat important.

      Concernant l’adoption du langage inclusif, c’est bien la question de la poule et de l’œuf. Les éditeurs de jeux, en montrant l’exemple, peuvent certainement encourager une utilisation plus large de ce langage dans leur communauté. En même temps, les joueuses et les joueurs ont un rôle actif à jouer en demandant ces changements et en adoptant eux-mêmes un langage inclusif.

      Votre suggestion d’intégrer l’âge et le genre dans le sondage est très pertinente. Cela pourrait nous aider à mieux comprendre les différents points de vue au sein de notre communauté. Et bien sûr, le recensement des éditeurs qui adoptent un langage inclusif serait une excellente idée pour un futur article. C’est une façon de reconnaître leurs efforts et d’encourager d’autres à suivre leur exemple. À la suite de votre intervention nous allons y réfléchir.

      Merci de participer à cette discussion importante et de partager vos idées éclairées.

À vous de jouer ! Participez à la discussion

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