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Imperial Steam. Affaire de chemins de fer à faire

Dans Imperial Steam, reliez Vienne à Trieste par les rails et faites fructifier votre entreprise ferroviaire au cœur de l’ère industrielle.


Imperial Steam

Dans Imperial Steam, construisez des rails et des usines, livrez des métropoles, signez des contrats et surtout, vendez des actions à des investisseurs.

Après l’excellentissime Ark Nova, Imperial Steam est le nouveau gros jeu chez Super Meeple. Un jeu exigeant de développement et de logistique d’une compagnie ferroviaire autrichienne, cherchant à relier Vienne à Trieste, au XIXe siècle.

Un peu d’histoire

Les règles d’Imperial Steam placent le contexte, et racontent l’histoire des chemins de fer autrichiens.

En 1830, Franz Xaver Riepl, un géologue et ingénieur en ferronnerie autrichien, émit l’idée de tracer une route ferroviaire qui traverserait plusieurs régions de l’Empire d’Autriche pour relier Vienne à Trieste. L’Österreichische Südbahn (chemin de fer du sud de l’Autriche) était né.

Il devait faciliter l’accès aux destinations populaires, aux vignes, aux mines de charbons, aux industries et aux forêts du pays. En plus des répercussions économiques, un tel projet revêtait également son importance sur le plan politique et militaire.

Neuf ans plus tard, le baron Georg von Sina réussit à sécuriser un permis pour construire le réseau. Il aurait été beaucoup plus simple de passer par la Hongrie pour poser les rails. Mais l’Autriche tenait à ce que toute la ligne reste sur son sol.

Le pouvoir en place émit un décret impérial pour nationaliser les entreprises ferroviaires, mais il se retrouva devant un tel déficit qu’elles furent de nouveau privatisées. En conséquence, le développement du réseau fut complétement erratique par endroit.

De 1848 à 1854, Carl von Ghega, ingénieur, supervisa la construction de la voie ferrée entre Gloggnitz et Müzzuschlag, première ligne de montagne à voie normale d’Europe. Avec 16 viaducs, 15 tunnels et 129 ponts pour seulement 42 km de rail, la ligne est inscrite au patrimoine de l’Unesco.

À partir de juillet 1857, les passagers purent emprunter l’intégralité de la ligne, et voyager librement de Vienne à Trieste.

C’est, dans ce contexte historique, géographique, que vous allez jouer à Imperial Steam.

Comment on joue ?

La partie dure un maximum de 8 manches. La partie s’arrête à la fin d’une manche si au moins une compagnie (joueuse ou joueur) a atteint Trieste.

On commence avec 2 actions à la première manche et on en gagne une à chaque manche jusqu’à en avoir 5. Jouer deux fois la même action en une manche fait perdre 1 d’influence.

On commence avec une locomotive (avec 1 charbon), 3 wagons (avec 1 bois, 1 fer et 1 pierre) et un entrepôt vide pouvant contenir 1 marchandise.

Les actions possibles sont:

  1. Poser des voies ferrées : on peut poser jusqu’à 2 voies ferrées sur les lignes blanches pour un fer, un bois et une pierre. Il faut ajouter un fer par tunnel (ligne orange) ou une pierre par pont (ligne noire). De plus pour construire un tunnel, il faut avoir préalablement engagé un ingénieur des tunnels (que l’on gardera toute la partie), pour un pont, il faut un ingénieur des ponts. Il faut également une force ouvrière égale à la somme demandée par les villes reliées.
  2. Recruter : Engager des ouvriers et/ou des ingénieurs. On ne peut engager des ouvriers que dans les métropoles où l’on a plus d’influence que la métropole en question. Si vous n’utilisez pas vos ouvriers lors d’une manche, ils gagnent en expérience et ont donc une force ouvrière plus grande.
  3. Construire un bâtiment : Construire une gare afin de pouvoir relier plus de 2 rails à une ville et débloquer un entrepôt. Ou Construire une usine afin de pouvoir collecter des ressources ou livrer des métropoles. Attention, construire une usine vous demande d’y placer un ouvrier qui y restera toute la partie.
  4. Collecter des marchandises : Récupérer une marchandise de chacune de vos usine, mais il faut pouvoir les stocker dans les trains (ou entrepôts).
  5. Importer des Marchandises : Commander des marchandises, mais elles ne seront utilisables qu’à la prochaine manche. Au début de la manche suivante, il faut avoir de la place pour les stocker dans ses trains.
  6. Acheter ou améliorer un train : Acheter un train et ses wagons de marchandises et gagner un charbon ou améliorer un train en payant la différence, mais sans gagner de charbon.
  7. Signer un contrat : Prendre un contrat et gagner des investisseurs. Attention un contrat condamne 1, 2 ou 3 wagons pour le reste de la partie. Ils sont réservés pour le contrat, on ne peut donc plus y stocker des marchandises.
  8. Acheter de l’influence : Payer 10 par niveau d’influence que vous voulez gagner.
  9. Manipuler le cours de l’action : Perdre de l’influence pour faire monter le cours de son action (ou le diminuer gratuitement).
  10. Gagner un peu d’argent (florins).
  11. Passer

Comme si on en doutait encore, avec toutes ces actions possibles, on voit bien ici qu’on a affaire à un gros jeu de développement. Imperial Steam est décidément un pur jeu pour Gamers.

Des villes, de l’influence

Lorsqu’on atteint une ville on peut parfois gagner des points d’influence ou des jetons d’amélioration qui permettent de monter le cours de son action sans perdre de l’influence, de retourner un wagon du coté voyageur pour augmenter ses revenus ou gagner des points d’influence.

Il y a encore 3 actions gratuites:

a) Vendre une action : Vendre une action à un investisseur (s’il est prêt à en payer le prix). Attention, chaque investisseur à qui vous avez vendu une action, vous réclamera 10% de vos gains en fin de partie. Bien que ça semble cher, il est indispensable d’utiliser les investisseurs pour ne pas être continuellement à court d’argent.

b) Livrer une marchandise depuis une usine : Un bon moyen de gagner de l’argent pour ne pas toujours en demander aux investisseurs. Attention, il faut dépenser un charbon pour chaque livraison. Chaque livraison fait augmenter l’influence d’une métropole.

c) Racheter une liaison nationalisée : Comme vous l’avez lu dans la partie historique, les liaisons nationalisées en déficit ont été revendues. Vous devez donc racheter certaines liaisons avant d’y construire vos rails.

Décompte final

Une fois la partie finie, on passe au décompte final, qui part un peu tous azimuts.

  1. Collectez les revenus (comme à chaque manche). Doublez ces revenus si vous avez construit la ligne avec le viaduc.
  2. Vendre les marchandises de ses trains et entrepôts.
  3. La livraison de charbon aux métropoles fait gagner des clés au lieu de florins. Convertissez les clés des métropoles en florins en fonction du niveau d’influence de la métropole.
  4. Gagnez des florins en fonction du nombre de métropoles exerçant une influence plus petite (ou égale) à votre influence.
  5. Si au moins une personne a atteint Trieste vos contrats remplis vous rapportent des florins, mais vous en perdez si vous ne les avez pas remplis. Les compagnies n’ayant pas atteint Trieste doivent payer pour utiliser les rails des autres compagnies.
  6. Si personne n’a atteint Trieste, les contrats valent zéro.
  7. Comptez vos florins et payez 10% à chaque investisseur à qui vous avez vendu une action. Si vous avez 10 investisseurs vous donnez tout votre argent. Et comme dit dans les règles si vous en avez plus de 10, engagez un bon avocat.

Alors Imperial Steam, c’est bien ?

Oui, Imperial Steam est un bon jeu. Un très bon jeu, même. Mais très exigeant. Vous pouvez passer à côté de votre partie ou être continuellement à court d’argent si vous n’avez pas assimilé tous les concepts. Prévoyez d’y jouer 2-3 fois pour commencer à en cerner toutes les subtilités, toutes les mécaniques. Imperial Steam est un jeu qui se mérite !

Les règles vous disent d’utiliser l’une de vos 2 premières actions pour engager des ouvriers, de relier votre réseau à une métropole et de commander les ressources que vos usines ne produisent pas. Conseils judicieux, mais aucun conseil sur les investisseurs, ils vous laissent découvrir leur importance à la dure !

D’où, conseil supplémentaire : assez rapidement, faites monter le cours de votre action, prenez un contrat, donc des investisseurs (même si vous ne savez pas encore comment vous allez pouvoir remplir ce contrat) et vendez une action à l’un d’eux, ça vous fera un apport d’argent bienvenu. À vous de juger à combien d’investisseurs vous accepterez de payer 10% de vos gains. Et attention à ne pas condamner tous vos wagons au risque de ne plus pouvoir stocker aucune marchandise.

Les règles sont assez longues à expliquer et la mise en place un peu laborieuse, avec beaucoup de ressources et usines à poser.

La rejouabilité est très importante, car après une première partie où vous posez les tuiles selon leurs numéros, il y a des tuiles pour des mises en place alternatives. Les villes et métropoles ne seront donc pas au même endroit. Il est même possible de mettre les tuiles au hasard. Mais ça peut rendre le jeu très difficile en début de partie.

Le jeu se joue bien de 2 à 4, les tuiles sont différentes selon le nombre de joueurs et de joueuses. À 2, il y aura toutefois moins d’interaction sur les liaisons (construire un rail sur une liaison où il y a un rail adverse demande un surcout).

Imperial Steam, verdict

Imperial Steam est un très bon jeu, mais qui peut être très punitif et donc très frustrant à la première partie.

La boîte annonce 120 minutes. Ajoutez-y plus d’une heure pour les explications et la mise en place de votre première partie.

À conseiller aux amateurs de jeux de gestion. Le jeu a reçu le 3ème prix du Diamant d’or en 2022.

Très bon

Note : 4 sur 5.

  • Création : Alexander Huemer
  • Illustrations : Andreas Resch
  • Édition : Super Meeple
  • Nombre de joueurs et joueuses : 2 à 4 (meilleur à 3-4)
  • Âge conseillé : Dès 14 ans (bonne estimation)
  • Durée : 120 min (+ les explications et la mise en place)
  • Thème : Compagnie ferroviaire autrichienne au XIXe siècle
  • Mécaniques principales : Placement d’ouvriers, construction, gestion de contrats, pickup and delivery. Pour en savoir plus sur les différentes mécaniques de jeux, c’est ici.

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Article écrit par Altaripa. Joueur compulsif. Fondateur d’AccessiJeux Suisse. L’un des responsables du Bar à Jeux de Genève. Animateur pour Gus & Co, Ch’piil et Ludesco.

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