Critiques de jeux,  Jeux de plateau

It’s A Wonderful Kingdom : la guerre, c’est mieux à deux

It’s A Wonderful Kingdom. On se fait un petit caprice à deux ?


It’s A Wonderful Kingdom. La guerre, à tout prix

Alors que la Dynastie Gahelm, s’éteint, les Duchés de Valados et Teressie luttent pour le trône. Ils développent leurs cités, conquièrent de nouvelles terres, et préparent leur peuple

Après l’excellent It’s A Wonderful World sorti en 2019 et ses extensions toutes aussi passionnantes, autant dire que It’s A Wonderful Kingdom était une des grandes attentes ludiques de la fin d’année 2021.

Ce jeu, proposé par la même équipe, auteur, illustrateur, éditeur, après une campagne largement réussie sur Kickstarter au printemps 2021, est arrivé tout chaud sous le sapin de Noël 2021.

It’s A Wonderful Kingdom se joue à 1 à 2, à l’instar du jeu de base prévu pour 2 à 4 et jusqu’à 7 avec son extension « It’s A Wonderful World : Corruption Et Ascension ».

« La guerre, c’est mieux à deux »

Si vous cherchez à passer du temps de qualité avec votre partenaire de vie, enfant, nièce, collègue ou pote, un jeu de société à deux est toujours un excellent choix pour passer du temps, ensemble, de qualité.

Parce que oui, les jeux de société ont la capacité surprenante de renforcer les relations, tout en la mettant à l’épreuve, tout en nous mettant nous-mêmes à l’épreuve. Et ceci en nous plongeant, nous et notre partenaire, dans un bras de fer tendu pour remporter la victoire. Ce qui est clairement le cas ici dans It’s A Wonderful Kingdom.

En-dehors de cet aspect de micro-compétition, jouer à des jeux ensemble renforce les compétences en communication et crée de bons souvenirs. C’est aussi une idée de rituel potentiel : lancer une partie un soir par semaine, par jour, chaque midi… Et jouer reste une activité beaucoup plus stimulante que de s’affaler sur un canapé et regarder un écran.

Alors que de nombreux jeux de société nécessitent plusieurs personnes pour y jouer, parfois même des groupes de 4, 5, 8, il y en a beaucoup qui ne sont prévus que pour deux. Car soyons honnêtes, quand il est indiqué de 2 à 4, ou de 2 à 5, ou de 2 à 6, ou de… vous avez compris, la version à 2 est une sorte de pis-aller. Avec des règles spéciales qui introduisent souvent une sorte d’IA toute moisie, un « joueur neutre » qu’il faut gérer en plus. Et ces jeux à deux uniquement offrent de réelles expériences ludiques intenses et passionnantes.

It’s A Wonderful Kingdom est donc la version pour 2 (ou en solo). Repensée, retravaillée, cette adaptation n’est pas juste cosmétique ou commerciale.

« À la guerre comme à la guerre. »

Dans It’s A Wonderful Kingdom vous vous retrouvez à la tête d’un duché et devrez lutter pour vous emparer du trône du royaume.

On se retrouve ici face à un jeu de gestion de ressources. Qui implique des choix stratégiques afin de pouvoir développer rapidement votre royaume en rapportant un maximum de points de victoire. La mécanique est très proche de son prédécesseur.

La grande nouveauté réside principalement dans le système de draft qui est ici remplacé par une toute nouvelle mécanique de « split and trap ». Comprenez,  «  divisez et piégez ». Une mécanique qui ajoute une part importante de bluff– Elle intègre beaucoup plus d’interaction et de tension dans le jeu que le jeu d’origine.

It’s A Wonderful Word vous faisait déjà des nœuds au cerveau pour tenter de sélectionner les meilleures cartes, optimiser vos ressources et construire au mieux vos bâtiments ? Avec It’s A Wonderful Kingdom préparez-vous à monter d’un cran en difficulté stratégique.

« Celui qui sait vaincre n’entreprend pas la guerre. »

La partie se déroule en 4 manches pendant lesquelles vous recevez à chaque fois 7 cartes + 1 carte calamité. Chacune des manches se décline en 3 phases de jeu :

  • Phase de choix

Au début de chaque manche, deux cartes sont déjà disposées des deux côtés du plateau de jeu. À raison de 16 tours successifs, en alternant un tour dans lequel vous proposez 2 cartes à votre adversaire et un tour dans lequel vous récupérez les cartes de celui-ci, vous allez constituer votre main.

  • Phase de planification

Vous décidez quelles cartes vous gardez en construction et lesquelles vous recyclez pour bénéficier de sa valeur marchande (ressources).

  • Phase de Production

En 4 étapes de production successives vous récoltez les ressources correspondantes aux cartes déjà construites dans votre zone de développement « Duché ».

« Si tu veux la paix, prépare la guerre. »

Les cartes Calamités sont des cartes spéciales. Elles ne peuvent pas être recyclées et sont automatiquement ajoutées à votre Duché. Elles vous feront perdre des points de victoire lors du décompte final.

Au début de chaque manche vous et votre adversaire allez récupérer une carte Calamité. À tour de rôle lors de la phase de choix, 2 jetons Espion en votre possession et renouvelables à chaque manche, vous permettront de disposer vos cartes face visible ou face cachée. Le but est bien entendu de vous débarrasser de vos cartes calamités et de les refourguer à votre partenaire de jeu. Pour, finalement, lui faire perdre un maximum de points de victoire.

Tout va très vite dans It’s A Wonderful Kingdom ! Les 4 manches passent très vite et il va falloir faire preuve d’efficacité et de tactique pour rapidement étendre votre suprématie sur l’ensemble du royaume tout en déjouant les pièges de votre adversaire.

Chaque partie se joue avec l’un des 3 modules proposés avec à chaque fois une interactivité et une difficulté de jeu plus ou moins élevées  :

  • Module Quête
  • Module Conseillers
  • Module Menace

À noter qu’un mode solo est également proposé.

Pour les avoirs testés tous les trois, les modules sont très bien pensés et très bien équilibrés. Ces trois façons de jouer amènent chacune un mode de jeu légèrement différent.

« Faites l’amour, pas la guerre »

Notre préférence se porte sur le module Conseillers. Il permet, selon nous, de mieux réguler les difficultés liées aux cartes calamités. Et peut-être également, d’être moins en contact direct avec, contre son adversaire. Un mode conseillé pour la paix des ménages… Si vous jouez avec votre partenaire.

Le choix des cartes de notre main, que nous décidons de mettre à disposition de notre adversaire, constitue un véritable casse-tête décisif. Comment s’assurer de récupérer les cartes convoitées ? Tout en l’appâtant sur d’autres choix ? Tout en évitant les cartes négatives qu’il va tenter de nous forcer à prendre ? Argh.

Il ne faut pas s’y tromper, It’s A Wonderful Kingdom n’est pas un gentil jeu coopératif ! Pour espérer sortir victorieux, il va falloir faire chauffer son cerveau, mais pas seulement. Préparez-vous à vous embarquer dans des conflits sanglants. Tout en surpassant votre adversaire en ruse. Si vous n’êtes pas prêt à en découdre, restez avec It’s A Wonderful World. Car dans cette adaptation-ci uniquement à deux, vous allez forcément y laisser des plumes !

It’s A Wonderful Kingdom est un jeu vif, rapide, à forte interactivité. Il demande de la stratégique, de l’anticipation et des remises en question rapides. Le jeu est extrêmement tendu voire frustrant… mais que c’est bon !!! Le cocktail parfait pour avoir envie de rejouer pour améliorer sa tactique. Ou tout simplement racheter son honneur. Par le choix des différents modules et les stratégies élaborées ce jeu présente une forte rejouabilité.

D’un point de vue illustration et matériel, on reste dans le même esthétisme très réussi de It’s A Wonderful World. L’anatomie des cartes est très claire et lisible et les jetons et ressources sont agréables et facile à manier.

Les règles sont clairement détaillées pour une prise en main rapide des modules différents. L’immersion dans le thème se retrouve finalement assez secondaire face à une mécanique de jeu forte.

It’s A Wonderful Kingdom, verdict

Une grande réussite pour ce jeu très attendu ! Il a toutes les qualités de son prédécesseur tout en ayant ses atouts propres qui créée la nouveauté.

Un très bon jeu à deux…. À ne pas mettre entre toutes les mains néanmoins car la bataille ardue ne fait pas de quartier ! Nous, on adore ! Même si après y avoir joué on ne se parle plus que pas l’entremise de nos avocats.

Un jeu à deux vif, tendu, espiègle et taquin. On adore.

Grandiose !

Note : 5 sur 5.
  • Auteur : Frédéric Guérard
  • Illustrateur : Anthony Wolff
  • Éditeur : La boîte de Jeu
  • Nombre de joueurs et joueuses : 1 à 2
  • Âge conseillé : Dès 14 ans (pas moins)
  • Durée : 30-45′ max
  • Thème : Médiéval
  • Mécaniques principales : Cartes, affrontement, gestion de ressources, bluff

Pour vous offrir une expérience de lecture plus agréable, nous vous proposons un site sans aucune publicité. Nous entretenons des relations d’affiliation avec Philibert et Play-in. Ainsi, lorsque vous achetez un jeu en cliquant sur les liens menant aux boutiques, vous nous soutenez. Grâce à vous, nous pouvons obtenir une petite part des revenus. Ceci nous permet alors d’acheter d’autres jeux et de continuer à pouvoir vous proposer de nouveaux articles.


Article écrit par Aline. Elle travaille dans le domaine social. Elle est tombée toute petite dans la marmite du jeu sous toutes ses formes (plateau, jeux vidéo, escape room, murder). Écrire sur le blog lui permet de découvrir de nouveaux jeux et partager de vrais coups de cœur.

Votre réaction sur l'article ?
+1
0
+1
2
+1
1
+1
2
+1
0
+1
0

6 Comments

  • Lindingre

    Bonjour

    Ce jeu fait partie de mes récentes acquisitions, j’y ai trouvé de nombreux points positifs, mais pas que.

    Commençons par les points positifs:
    Cela change de wonderfull world, avec un peu de tension et de mystères… les cartes piéges.
    Le côté gestion de cartes ressources, les trésors (double ressources en défausse), les modules. C’est plutôt sympa.

    Mais cela rend le jeu plus compliqué. Difficile de pouvoir récupérer à coup sûr une carte que l’on a en main, même avec des pièges ou autres, cela peut être frustrant.
    Et même avec les modules, la renouvabilité n’est pas si grande que cela… on tourne quand même souvent sur les mêmes cartes.

    Pour tout cela, je lui préfère (même à deux) wonderfull world, avec l’extension bien sûr, qui donne une profondeur bien plus grande que le jeu de base.

    Je ne dis pas que je n’aime pas ce jeu, bien au contraire, mais j’aurais du mal à dépasser le 8/10, les stratégies gagnantes ne m’apparaissant pas bien nombreuses. (Après plus de 10 parties…)

  • Sacha

    Bonjour,
    Pour ma part j’ai adoré It’s a Wonderful World (auquel je joue sur game-park.com en ce moment).
    J’attendais avec impatience cette version à deux pour jouer avec ma femme. Je trouve le jeu très bien, mais je déplore le fonctionnement des soldats, qui sont une nouvelle ressource et ne donne pas de points de victoire. Je préférerais le fonctionnement des financiers et générales, avec des cartes qui pouvaient multiplier leur points.
    J’espère voir une extension pour It’s a Wonderful Kingdom qui apportera un module et des cartes pour revenir sur le même fonctionnement que son prédécesseur sur ce point. Et si en plus on pouvait avoir le mécanisme des ressources négatives de l’extension de son prédécesseur, ce serait super !

  • amnesix77

    Merci pour votre article. J’avais passé Wonderfull world que je pensais trop mécanique et complexe pour mon groupe de joueurs. J’hésite sur Wonderfull kingdom en lisant votre article.

    Il me semble y retrouver les choix ardus et la bonne frustration que je vis sur 7wonders duel. Peut être donc que je pourrais y’y amuser avec ma sœur (qui me bat systématiquement à 7 wonders duel 🙂 ).

    Je sais bien que les 2 jeux n’ont rien à voir mais je serai preneur d’avis comparatif entre les 2 : nervosité, fun, durée. Je pense déjà que Wonderfull Kindom est moins thématique ce qui n’est pas un bon point mais peut être peut il quand même tenir la comparaison sur les autres aspects.

    Merci par avance.

  • Pierre

    Pour ma part, j’ai commandé la version Legends d’It’s a Wonderful Kingdom sur Kickstarter après avoir dévoré la version Kickstarter d’Its a Wonderful World achetée sur le tard.

    On retrouve bien les sensations de son grand frère avec sa mécanique de pose de cartes identique. Le thème s’y prête un peu moins selon moi. Je trouve les étapes de IAWW plus organiques, avec la production puis l’énergie, etc…

    La grosse différence vient dans la mécanique du « Split & Trap » et dans les différents modules qui requièrent l’acquisition de soldats.

    Et ce sont dans ces mécaniques, pourtant intelligentes, que selon moi le bât blesse. Le « Split & Trap » est intéressant et le fait de pouvoir cacher ses intentions ajoute une mécanique de bluff indispensable pour un jeu à deux. Mais c’est frustrant de commencer avec une main dont on sait que la plupart des cartes, ou du moins les cartes intéressantes, partiront chez l’adversaire. Même si c’est ce qui fait le sel du jeu en nous questionnant sur ce qu’on est prêt à faire ou faire croire, pour obtenir la carte que l’on veut.

    Quand aux modules, que ce soit les quêtes, les conseillers ou les menaces (pas encore testé le mode Conquête), je trouve qu’ils manquent un peu d’originalité et surtout, qu’ils imposent d’axer la stratégie sur la prise de soldats.

    Au final, sur la dizaine de parties effectuées, je n’ai encore jamais vraiment eu l’occasion de viser multiplicateurs, trop occupé que j’étais à rassembler des soldats pour remplir les objectifs des conseillers ou des quêtes, ou encore d’éliminer les menaces.

    Mon avis sur le jeu est paradoxal. J’ai l’impression qu’il est plus profond que son ainé et j’apprécie qu’il y ait de nouvelles mécaniques qui en font un vrai jeu à part. Mais au final, à deux, nous le sortons avec moins d’entrain qu’IAWW.

    Un dernier point qui a un peu ajouté à la déception, même si tout était annoncé dans le Kickstarter (campagne exemplaire par ailleurs, avec beaucoup de suivi et une livraison en avance !). Le contexte Fantasy d’IAWK aurait tellement collé avec les campagnes comme celles d’IAWW. J’aurais adoré que chaque module nous raconte une petite histoire de la grande histoire des guerres entre les duchés. Et j’imagine déjà des quêtes plus dynamiques (pénurie de telle ressource ou malus à la récolte, obligation de prendre les calamités visibles tant que l’objectif de la quête n’est pas atteint par exemple) qui s’inscriraient dans 4 histoires. Avec les bonus sous forme de blisters de pochettes (l’un de mes plus gros kifs ludiques l’ouverture de celles-ci dans IAWW) à la fin de chaque campagne.

    Bref, It’s A Wonderful Kingdom est un bon jeu, plus exigeant qu’It’s A Wonderful World mais aussi un peu moins… fluide et évident. Un peu comme Kingdomino VS Queendomino. Ou 7 Wonders VS 7 Wonders+Armada.

    A choisir dans cette gamme, je conseille plutôt l’édition intégrale Kickstarter, toujours dispo dans la boutique de La Boîte de Jeu (certes, à 100€). Vous y retrouverez aussi plusieurs manières de jouer, avec le frisson des campagnes en plus.

    Quant à la comparaison avec 7 Wonders Duel, elle a du sens. Les deux jeux ont sensiblement la même durée, des mécaniques de choix de carte à se faire des nœuds au cerveau et un potentiel « Divorce » certain. 7 Wonders Duel est cependant plus immédiatement fun.

    PS je crois bien que c’est mon premier commentaire sur le site. Merci pour toutes ces découvertes au fil des ans. C’est un plaisir de lire les chroniques en tous genres. Et surtout merci de m’avoir fait découvrir Targui, le jeu à deux ultime pour moi !

À vous de jouer ! Participez à la discussion

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

En savoir plus sur Gus & Co

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading