
Grève pour l’Avenir. 3 jeux sur les changements climatiques
1°, 1,5°, 2°, 4°. Qui dit mieux ?
Changements climatiques qui piquent et colégram
Je ne sais pas si vous avez remarqué, vous, mais avec la crise sanitaire qui secoue la planète depuis plus d’une année, c’est comme si la crise, l’urgence climatique avaient… disparu. Et pourtant, non. Les changements climatiques continuent de menacer nos sociétés, nos existences.
Les changements climatiques ne vont pas détruire la planète. Elle, elle sera toujours bien là, même si on réchauffe l’atmosphère de 1, 2, 3 ou 5 degrés, le scénario plus que catastrophe. Par nos activités humaines, elle sera modifiée, de manière drastique et importante. Mais c’est nous, au final, qui allons en souffrir ! Et beaucoup, même.
Vous connaissez les conséquences. Elles ont déjà commencé : fonte des glaces, élévation du niveaux des mers, événements et catastrophes climatiques extrêmes et de plus en plus fréquents. La liste est aussi longue qu’une journée sans tofu. Bref, c’est pas jojo. Et pourquoi est-ce qu’on vous en parle aujourd’hui ?
Parce que aujourd’hui, vendredi 21 mai, deux événements particuliers ont lieu un peu partout en Suisse, et à Genève en particulier. La Grève pour l’Avenir, précédemment appelée la Grève pour le Climat, et l’extinction des lumières dans le Grand Genève, i.e. à Genève et dans sa couronne, même frontalière.
La Grève pour le Climat, initiée il y a quelques années par Greta Thurnberg, est devenue un mouvement social majeur. Et en 2021, elle change de nom pour mieux cerner la problématique. Ce n’est plus « juste » une question de climat, mais bien d’avenir, le nôtre et celui de nos enfants et petits-enfants.
Mais ce n’est pas tout. Pour sensibiliser à la pollution lumineuse, ce soir, l’éclairage public des rues, des places, des bâtiments publics et de tout le reste sera éteint. Si vous habitez le Grand Genève, allez vous balader ce soir pour apprécier la nuit, la vraie, celle sans éclairage artificiel, pour apprécier la vue des étoiles, de l’obscurité, profonde, et du bal des chauves-souris. L’événement s’appelle La Nuit est Belle.
Pour rebondir sur cette actu helvético-genevoise, et nous rappeler aux bons soins de la planète, voici 3 jeux qui exposent les enjeux économiques, environnementaux, politiques et sociaux liés aux changements climatiques.
Il faut toutefois relever que si sur le marché du jeu de société s’il existe des palettes de jeux se déroulant dans des donjons, sombres et obscurs (Isabelle s’est cognée contre les murs), s’il en existe encore plus avec des zombies, des villes à ériger, des histoires de roi, de reine, des adaptations de films, etc. le thème des changements climatiques et du réchauffement ne sont pas légion. Un sujet… épineux, trop délicat ? Peur de tomber dans un jeu sermon ou le serious-game ? Pas assez… sexy ? En voici toutefois 3, 3 jeux de société qui mettent en exergue les changements climatiques.
CO₂: Second Chance
Le pitch : Nous sommes dans les années 1970. Les gouvernements du monde ont été confrontés à une demande d’énergie sans précédent et des centrales électriques polluantes ont été construites partout pour répondre à cette demande.
Année après année, la pollution générée augmente et personne ne semble être motivé de la réduire. Aujourd’hui, l’impact de cette pollution est devenu trop important et l’humanité commence à se rendre compte que nous devons répondre à nos besoins énergétiques grâce à des sources d’énergie propres. Si la pollution n’est pas stopée, la partie est finie pour tout le monde. Comme dans la vraie vie, somme toute.
>>> À lire également : Acheter un jeu, planter un arbre. Greenwashing ou solution ?
Dans le jeu CO₂: Second Chance, vous incarnez le PDG d’une entreprise d’énergie répondant aux demandes du gouvernement pour de nouvelles centrales électriques propres. Votre objectif est d’arrêter l’augmentation de la pollution tout en répondant à la demande croissante d’énergie durable, et bien sûr d’en profiter pour faire un max de blé (bio).
Ce gros, gros, gros jeu de plateau, sorti en 2018, peut être joué en mode coopératif, ou pas, et mélange gestion et construction. Vous commencez la partie avec un certain nombre de permis d’émissions de carbone à votre disposition. Ces permis sont accordés par les Nations Unies et doivent être dépensés chaque fois que la région a besoin d’installer l’infrastructure énergétique d’un projet ou de construire une centrale électrique à combustibles fossiles. Les permis peuvent être achetés et vendus sur un marché, et leur prix fluctue tout au long de la partie.
Rajoutez à cela, comme dans le titre, le CO2 qui vient brouiller les décisions, et l’atmosphère. Si vous ne parvenez pas à répondre aux besoins énergétiques mondiaux, les régions auront recours à des centrales à combustibles fossiles polluantes. Et là, c’est le drame. Si le niveau global de pollution dépasse 500 ppm, l’unité de mesure du CO2, le jeu se termine alors pour tout le monde à la table. Dans la vraie vie, on s’en rapproche, à 416 en mars 2021 selon la NASA.
Bref, CO₂: Second Chance se veut réaliste. À relever que les règles sont plutôt… calamiteuses, mal fagotées, mal structurées, denses, et que le jeu se destine à un public très averti, parce qu’il est quand même balaise ! Gestion, pléthore de picto et des parties plutôt longues, il faut avoir le cœur, et la tête, bien accrochés pour y jouer.
Kyoto
Le jeu Kyoto est sorti en anglais à la toute fin de l’année passée, sans bruit ni fanfare. Petite boîte, « petit » jeu qui parle du Protocole de Kyoto signé le 11 décembre 1997 au Japon lors de la troisième conférence des parties. Ce protocole visait à réduire, entre 2008 et 2012, d’au moins 5 % par rapport au niveau de 1990 les émissions de six gaz à effet de serre : dioxyde de carbone, méthane, protoxyde d’azote et trois substituts des chlorofluorocarbones.
Dans le jeu Kyoto, donc, vous incarnez l’une des grandes nations et votre but consiste à trouver un compromis, si c’est possible, entre les intérêts de la planète et ceux de votre propre pays. Oui, comme dans la vraie vie. Le jeu place les changements climatiques au centre des enjeux, à savoir, peut-on polluer dans la joie et la bonne humeur pour faire plaiz à ses finances ?
>>> À lire également : Jeux de société, oser le Zéro Déchet.
Kyoto est un petit jeu de négociation, rapide, pour essayer, ensemble, ou pas, de trouver des terrains d’entente. Sinon la planète en prend un coup. Kyoto est un jeu de négociation, donc, extrêmement cynique. Avec deux issues possibles, selon le cours des négociations. Comme dans le jeu précédent, soit le ou la joueuse la plus riche remporte la partie, soit, si la planète a trop morflé, c’est… personne. S’entendre, ou couler les autres (et la planète avec) ?
Kyoto est malin, méchant, et surtout, terriblement politique !
Daybreak
S’il y a bien un jeu qui buzzé en ce tout début d’année 2021, c’est Daybreak. WIRED Magazine en a parlé, le New York Times en a parlé. Il faut dire que son auteur est archi-connu, et encore plus depuis le covid. Il s’agit de Matt Leacock, bien connu pour son Pandemic et ses palettes d’extensions (coucou Europe).
Avec Daybreak, le titre final, l’auteur de Pandemic nous propose de lutter cette fois non pas contre des épidémies qui dévastent le monde mais contre les… changements climatiques.
Daybreak est un jeu de société jusqu’à quatre personnes qui nous propose la mission, difficile, d’empêcher la température de la Terre d’augmenter davantage et de ralentir, arrêter, si possible, les changements climatiques.
Dans Daybreak , comme dans le jeu Kyoto, vous incarnez les leaders de quatre zones géographiques différentes, les États-Unis, la Chine, l’Europe et les pays du Sud, et vous devez coopérer pour réduire la quantité de gaz à effet de serre émise.
Tout au long du jeu, qui se déroule en une série de tours indiquant une période de quatre ans, vous allez utiliser vos cartes pour appliquer diverses politiques visant à réduire les émissions de carbone. De la période actuelle jusqu’en 2050, vous allez devoir gérer et empêcher des petits cubes bruns, représentant la production des émissions polluants, d’être placés sur le plateau, oui, comme Pandemic, en construisant des centrales d’énergie renouvelable telles que des centrales solaires ou en améliorant les initiatives environnementale comme le recyclage.

Plus il y a de cubes bruns placés, plus la température de la Terre augmente, ce qui aggrave encore les effets du changement climatique. À vous de trouver, ensemble, les meilleures stratégies pour empêcher les émissions à devenir trop importants et produire ainsi des dommages environnementaux irrévocables. Comme dans la vraie vie, somme toute.
Le jeu n’est pas encore sorti. L’auteur, les auteurs, ils sont deux, en réalité, Matt Leacock et Matteo Menapace planchent sur le jeu. Une sortie attendue pour la fin de l’année ? Espérons juste que le jeu, qui se veut à message écologique, ne soit pas produit en Chine. Ça serait vraiment… ironique… Coucou Ecoscore. Le prochain blockbuster de l’auteur ?
PS : et si ces questions de changements climatiques et de pollution atmosphériques vous intéressent, le site français de The Conversation vient tout juste de publier aujourd’hui justement un récit animé sur la qualité de l’air, 10 dates pour raconter une histoire de l’environnement.
Faudrait-il, selon vous, que les jeux de société s’intéressent plus aux changements climatiques comme thème ?


3 Comments
Guillaume
Merci pour cet article. Je ne connaissais pas Kyoto, je vais aller regarder: 6 joueurs, 25€ ça peut m’intéresser.
Je suis très sensibilisé au bouleversement climatique qui nous attend et j’essaie de plus en plus d’en parler et de sensibiliser mes étudiants. Donc à voir, mais j’ai peur qu’aussi bien conçus qu’ils puissent être, des jeux basés sur un tel thème ne m’enthousiasment pas. Mais si ça peut amener une discussion ensuite autour de la table, là ça peut être intéressant!
MiKL
CO² est un jeu de Vital Lacerda, qui comme tout ses jeux est excessivement compliqué mais est en général assez thématique (ce n’est pas un thème plaqué). Pour ma part, je n’ai pas trouvé les règles si copieuses ni calamiteuses que cela… surtout comparé à celle de Mage Knigth.
Petit ironie du jeu, il me semble que ce jeu dénonçant la pollution ait été fabriqué … en Chine (comme malheureusement beaucoup de jeux).
Au lieu de Daybreak qui est encore trop prématuré pour réelement s’y intéresser (#slowplay), je proposerai pour ma part plutôt « Rescue Polar Bears: Data & Temperature » qui est sur la fonte des glaces et la disparition des ours polaires.
Karl
il y a aussi Klimato : https://subverti.com/fr/klimato/
Un jeu d’apero malin et educatif et avec une prod respectueuse de l’environnement 😉