
Lueur, le jeu de plateau. Mais pourquoi buzze-t-il autant ?
Est-ce que vous vous êtes déjà demandé pourquoi il y a des jeux qui buzzent, qui font « du bruit » sur la toile, dont « tout le monde » parle, ou à peu près ? Et pourquoi d’autres jeux restent à l’écart des projecteurs ? Lueur, sorti tout récemment en mars 2021, est l’un de ceux qui appartient à la première catégorie. On dirait que la toile et les réseaux sociaux s’affolent et n’ont qu’un seul « en bouche », Lueur ! Est-ce que ce tout nouveau jeu de plateau mérite sa hype ? Nous y avons joué, et voici ce que nous en pensons.
❤️️ Lueur, 3 choses que nous avons aimées
Univers
Si Lueur buzze autant, c’est certainement en grande partie dû à son univers, fantastique, fabuleux et animalier, et surtout, son esthétique si particulière et détonante.
Est-ce qu’il existe une French Touch du jeu de société ? Si c’est le cas, Lueur en serait le digne représentant. Les jeux dits à l’allemand se concentrent sur les mécaniques de jeux, avec des illustrations très mornes. Les jeux à l’américaine se concentrent sur le thème, en jetant souvent une profusion de matériel et de figurines pour favoriser l’immersion. Les jeux à la française, eux, essaient de proposer des illustrations explosives. Le cas ici avec Lueur.
Du noir et blanc, ce qui est très rare sur le marché, avec des couleurs saturées pour faire ressortir certains éléments, comme les pictos. Mais Lueur ne joue pas seulement avec les couleurs, ou l’absence de. Les illustrations sont juste superbes, très gothiques. Lueur, c’est comme si Tim Burton s’était emparé des Fables de la Fontaine. Rarement des illustrations de jeux de société se sont montrées aussi puissantes !
Coté thème, le jeu flirte également avec la grandiloquence, en s’acoquinant d’une double page riche, dense et immersive.

Lueur est un « bête » jeu de parcours, de cartes et de dés. Oui mais. Le tout est servi par un récit passionnant et original !
Rejouabilité
Lueur fait tout pour proposer des parties qui se renouvellent à chaque fois. Avec :
➡️ Un plateau double face, avec un autre parcours, certes, mais pas que. Les règles et le matériel à utiliser son également différentes. De quoi essayer, jouer de manière différente
➡️ De nombreuses cartes, différentes, qui se combinent les unes avec les autres, de quoi créer des combos à chaque fois, à chaque partie différentes, selon ce qui sort, et comment
➡️ Une carte de départ, son personnage, avec ses capacités et dés spécifiques. De quoi essayer différentes stratégies
Bref, Lueur, on n’en fera jamais le tour !
Réinvention
Lueur est donc un « bête » jeu de parcours : on avance son pion sur le plateau, et c’est tout. C’est tout, vraiment ? Non. Rajoutez à cela des dés à lancer pour activer des effets des cartes. C’est tout, vraiment ? Non. Rajoutez à cela des cartes que l’on prend dans un marché, et qui propose divers effets, mais surtout, qui se combinent.
Donc oui, Lueur est un « simple » jeu de parcours, mais pas seulement. Le jeu propose également de nombreuses subtilités, comme des effets négatifs sur les cartes, qu’on est obligé d’activer selon le tirage des dés. Mais alors, pourquoi les prendre ? Parce que ces cartes permettent certaines actions, et on peut trouver le moyen ensuite de s’en débarrasser.
En un mot comme en cent, Lueur est subtil.
💔 Public
Le jeu est conseillé dès 8 ans. Il se vend comme un jeu familial. Alors certes, pour la énième fois, il s’agit d’un jeu de parcours : on avance son pion sur le plateau. Ce qui pourrait convenir aux familles. Sauf que pas du tout ! il faut gérer quantité de pictos, ad nauseam, de quoi refroidir lors de la première partie : qu’est-ce qui fait quoi, quand et comment. Pas si simple pour les familles, et encore moins pour les enfants dès 8 ans. Le jeu devient beaucoup plus jouable et appréciable dès 12 ans, pas moins.
Se pose alors la question du public : pour qui est-ce que Lueur est destiné ? Trop tactique, léger et aléatoire avec les dés pour un public averti à la recherche d’un jeu plus cossus, et en même temps, trop touffu et tarabiscoté pour un public débutant ou familial. Lueur se profile comme un pur Familial++, ce qui ne veut rien dire si on ne maîtrise pas les codes du milieu. Autrement dit, un jeu qui tente le grand écart entre le trop et le trop peu. Et selon où l’on place son curseur et attentes des jeux de plateau, on pourra être surpris, voire déçu.
💔 Pénibilité
Si le jeu démarre en douceur, en première, avec une poignée de dés à peine, et une carte à gérer, tour après tour on commence à amasser d’autres cartes, peut-être d’autres dés, et toutes ces cartes proposent des effets qui s’activent selon les dés lancés. Plus la partie avance et plus le jeu devient pénible à gérer : quelle carte fait quoi, avec quels dés. Avec 1 à 4 cartes, on se dépatouille. Mais comme on peut vite finir par en accumuler 6 ou 8, le jeu suscite une certaine pénibilité à vouloir tout combiner, optimiser : quelle prochaine carte prendre pour créer une synergie avec celles déjà prises, et quelles cartes activer avec quels dés.
Bref, à mesure qu’il avance, le jeu ralentit et finit par se figer. On aurait espéré une apothéose, on obtient une catatonie.
💔 Interaction
Jouer aux jeux de société, c’est, à fortiori, jouer ensemble. Être assis à une table, partager un matériel commun, des règles précises et une lutte pour s’octroyer la victoire. Tout jeu de société est donc de… société.
Oui mais voilà. Tous les jeux ne placent pas la même interaction. C’est tout le principe de l’IGUS, l’échelle de mesure de l’interaction dans les jeux. Et dans Lueur, l’interaction est polaire ! On joue dans son coin, avec ses dés, ses cartes, ses combos, son ou ses pions que l’on déplace sur le plateau.
Le seul semblant d’interaction est au moment de choisir sa carte dans le marché commun : quelle carte prendre, avec son lot de dés, pour s’avantager soi-même et pas les autres.
Le hic, avec le draft et contre-draft, prendre pour soi ou contre les autres, c’est que le contre-draft est rarement lucratif. Prendre contre ne rapporte pas autant que prendre pour. D’autant qu’au vu du chaos ambiant qui règne à la table, qui dispose de quelle carte pour créer quel combo, c’est juste impossible de tout voir, de tout savoir, Au final, on prend donc une carte qui nous arrange, et c’est tout,
Et tout le jeu se joue ainsi, en mode quasi-simultané, chacun dans son coin. C’est glacial, c’est glaçant. De quoi refroidir.
Lueur, verdict final
Très bon
Un jeu de parcours, de dés et de combos décapant, à l’univers sublime. Pas la révélation de l’année. Un jeu qui souffre de quelques écueils, mais un très bon jeu tout de même.
- Date de sortie : Mars 2021
- Langue : Française
- Assemblé en : Chine
- ITHEM: 4 sur 5. Pour en savoir plus sur l’ITHEM dans les jeux de société, c’est ici.
- IGUS : 1 sur 5. Pour en savoir plus sur l’IGUS dans les jeux de société, c’est ici.
- ECOSCORE : E. Pour en savoir plus sur l’EcoScore dans les jeux de société, c’est ici
- Auteurs : Cédrick Chaboussit (déjà auteur d’un autre jeu de parcours et de combinaisons de cartes : Lewis & Clark, réédité tout récemment)
- Illustrateurs : Ben Basso et Vincent Dutrait, qui subliment le jeu
- Éditeur : Bombyx
- Nombre de joueurs et joueuses : 2 à 4 (tourne bien à toutes les configurations). On pourrait même tout à fait imaginer une variante solo. Bientôt disponible sur le site de l’éditeur ???
- Âge conseillé : Dès 8 ans (Non, JAMAIS ! Lueur essaie de se vendre comme un jeu familial, mais selon nous, ce n’est pas le cas ! Pour maîtriser toutes les icônes, les combos, il faut plutôt viser 12 ans, pas en-dessous)
- Durée : 45′
- Thème : Créatures et univers fantastique
- Mécaniques principales : combo, dés, parcours
Par temps de COVID :
- Peut-on y jouer en solo ? Non, pas encore. Mais bientôt ???
- Peut-on y jouer en visio, à distance ? Non, impossible, trop de matériel à gérer, à manipuler.
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