Critiques de jeux,  Jeux de plateau

Critique de jeu: Iquazú. Quand Haba tape dans le jeu pour adultes

Haba, habitué aux jeux pour enfants, continue son incursion dans le jeu pour ados-adultes. Et le résultat est convaincant: simple, savoureux et somptueux. Une surprise de cette fin d’année déjà bien saturée

  • Date de sortie : septembre 2017
  • Auteur : Michael Feldkötter
  • Illustrateur : Stephanie Böhm
  • Editeur : Haba
  • Nombre de joueurs : 2 à 4 (optimum à 4)
  • Age conseillé : dès 10 ans
  • Durée : 45′
  • Mécaniques principales : majorité

Iquazú, de quoi ça parle?

D’une tribu fantastique de Na’vi d’Avatar Schtroumpfs créatures fantastiques bleues qui tentent de retrouver des gemmes dans / autour / derrière une cascade

Mouaif

Le thème est vraiment, mais vraiment capillotracté (=tiré par les cheveux)

Mais fantastique, alors on peut tout lui pardonner

Mais surtout, le matériel est tellement dingue qu’on peut vraiment tout lui pardonner

Iquazú, et comment on joue?

A son tour, on a le choix entre deux seules et uniques actions

Piocher 4 cartes

Jouer une ou plusieurs cartes similaires

Le plateau de jeu rend plusieurs colonnes de cascades visibles, sur lesquelles on va pouvoir poser ses propres gemmes. Pour cela, il va falloir jouer une ou plusieurs cartes semblables correspondant à la couleur de l’emplacement. Sachant que la toute première colonne ne nécessite qu’une seule carte, toutes les autres à chaque fois une de plus

C’est tout

Difficile de faire plus simple. Difficile de faire plus fluide (en même temps c’est normal ça parle d’une cascade d’eau. OK je sors)

Et comment on gagne?

Iquazú est un « bête » jeu de majorité. Dès que la toute première colonne visible est complétée, on procède à un décompte de majo des gemmes

Le ou la joueuse qui détient la majo score les points correspondants indiqués sous la colonne. Sachant que plus on avance dans le jeu et plus les points augmentent. Décompte vertical, donc

C’est tout?

Non

Un décompte horizontal intervient en même temps que le vertical

Chaque extrémité de ligne indique une tuile bonus visible. La couleur de gemme majoritaire reçoit alors cette tuile qui permet parfois de rejouer, de scorer des PV ou de piocher des cartes

Et en cas d’égalité?

C’est tout le sel du jeu

C’est la couleur de gemme / le ou la joueuse qui a posé le plus bas / le plus à gauche. Ce qui va générer alors une âpre lutte pour la majo mais également pour la position la plus décisive

Interaction?

Comme il s’agit d’un jeu de majorité l’interaction est constante. Réussir à placer plus de gemmes que les autres. Partout. Le plus possible. Aux endroits les plus lucratifs possibles

Et à combien y jouer?

Au max, à 4

A moins, la seule chose qui change sont les PV octroyés. Sinon tout est similaire. L’interaction et l’intérêt du jeu s’en trouvent très diminués

Alors, Iquazú, c’est bien?

A la surprise générale, la réponse est: oui

Même si

« Bête » jeu de majorité qui n’apporte rien, mais alors vraiment rien de nouveau. On joue des cartes, on pose des gemmes, on décompte les majorité, on score des PV

Mouaif

Déjà vu 600’000 fois ailleurs, partout

Sauf que

Iquazú n’est pas inintéressant pour autant

D’abord, son matériel est vraiment, mais alors vraiment somptueux: les couleurs, les illustrations, la cascade qui bouge slash évolue au fil de la partie

Ensuite, sa mécanique implique une interaction et une dynamique stratégique tendue. Ne jouer qu’une seule carte pour consolider la première colonne visible et s’apprêter au décompte intermédiaire? Ou déjà préparer la suite et pour se positionner sur les prochaines, toujours plus lucratives?

Enfin, Iquazú est une formidable machine à rentrer dans le jeu de société moderne. Un parfait Gateway Game. Sur l’échelle des Gateway Games, on pourrait le caser entre un Kingdomino et un Ticket to Ride

Haba, habitué aux jeux pour enfants, continue son incursion dans le jeu pour ados-adultes, comme déjà avec Karuba qui a été nominé pour le Spiel 2016, ou avec Meduris et Odyssée, deux titres très moyens. Et le résultat est convaincant: Iquazú est simple, savoureux et somptueux. Une surprise de cette fin d’année déjà bien saturée

Score final

Anticipation: 2/5. Un jeu venu de nulle part. Peu de comm, peu de buzz. Et un jeu Haba, habitué aux jeux pour enfants. Avec une couverture et un univers qui fait très Disney-neuneu. Pas une anticipation de folie, donc

Pendant la partie: 5/5. Un « bête » jeu de majorité, mais extrêmement fluide, rapide, tendu et léger. Enfin, pas si léger que ça, puisqu’on oscille toujours entre court et long terme

Après la partie: 5/5. Finalement, même s’il n’y a aucune courbe de progression et qu’on n’y jouera pas 600’000 fois, Iquazú est un excellent Gateway Game

Pas folle la guêpe. Haba l’a bien compris. Le marché du jeu de société est en pleine expansion et s’adresse enfin aussi aux ados et adultes, pas qu’aux enfants ou pour les dimanches de pluie chez mamie

Haba aurait pu nous proposer un titre plat, facile, raté. Mais Iquazú réussit à plaire et à surprendre. Il ne deviendra pas forcément un titre phare, un titre culte, mais le jeu ne manquera pas de susciter un certain émerveillement pour sa superbe patine. A moins qu’il ne finisse par décrocher un prix en 2018? Pas impossible

Final: un bon 5/5. Un bel objet, un bon jeu. Léger, dynamique

Et encore une chose

Les règles sont multilingues, également en VF

Vous pouvez trouver le jeu chez Philibert

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3 Comments

  • El grillo

    Alors la je suis sur le c*l. Le bien et le malt il y a quelques semaines obtient le titre du jeu inutile de l’annee, et celui ci, une mention plus qu’ honorable. Je reconnais la froideur du premier, votre compte rendu m’avait cependant glacé, alors même que je trouvais le jeu d’une originalité certaine avec courbe d’apprentissage intéressante…et là paf, Iquazu, d’un classicisme absolu, a vos faveurs… je comprends plus rien 🙁

    • Gus

      Oh!!!! Vous avez une lecture fine, précise et aiguisée, bravo 👍🏼

      Je déteste me justifier, chacun est libre de ses choix, décisions, goûts et opinions

      Faut-il se justifier de voter à gauche? De croire en Dieu? Ou pas?

      Mais vu votre assiduité et fidélité une justification est légitime

      Iquazu remporte nos faveurs. Comme Kingdomino. Également d’un classicisme pur et d’un manque cruel d’originalité

      Mais

      Mais

      L’un comme l’autre réussisse là où peu n’y arrivent

      Drainer et plaire à un vaste public. Offrir de multiples ouvertures stratégiques. Et proposer un beau matériel attirant. Pas (toujours) le cas d’autres titres

      Malt est sympa, mais en soi, pour le public auquel il s’adresse, il manque de la passion, une certaine saveur, une exaltation

      Sauf peut-être le choix cornélien « à la lumière » ou à « l’ombre »

      Pour le reste, il ne restera pas comme un titre-phare de 2017

      Pour nous

      Mais nous n’avons pas la prétention de croire et de dire que nous avons raison. Sur tout. Tout le temps

      À chacun ses goûts, ses envies

      Kingdomino nous a ravi. Iquazu aussi

      Merci encore pour votre fidélité et lecture fine et intelligente

      Bonne année 2018 🎉

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