Critiques de jeux,  Jeux de plateau

Critique de jeu: Rajas du Gange. Et au milieu coule une rivière rutilante

Malgré un plateau très DDR de 1974, un jeu d’une subtilité et d’une grande richesse. L’un des meilleurs de 2017. Tout simplement

  • Date de sortie: octobre 2017
  • Auteur: Inka et Markus Brand (Exit, The Village)
  • Illustrateur: Dennis Lohausen
  • Editeur: R&R Games
  • Nombre de joueurs: 2 à 4 (optimum 4)
  • Age conseillé: dès 12 ans
  • Durée: 90 minutes
  • Mécaniques principales: placement de meeple, tuiles, dés

Rajas du Gange, ça parle de quoi?

Du Gange. De l’Inde. Au 16e siècle. De son territoire à développer en y plaçant des tuiles avec des bâtiments

Ne vous attendez pas à vous sentir transporté·e·s, le thème est creux et pas du tout exploité, on passe sa partie à manipuler des dés et à obtenir des tuiles, des faveurs

Mouaif. Ne cherchez pas à vivre ici une aventure épique

Et, hasard des coïncidences des calendriers, Rajas du Gange est sorti exactement en même temps qu’Agra qui se déroule exactement au même endroit, Inde et Gange, et exactement au même moment, au 16e siècle

Comment on joue?

C’est du placement de meeple. A son tour, on place l’un de ses trois (puis plus, plus tard) meeples sur le plateau pour obtenir une action: acheter une tuile, avancer son bateau qui s’arrêtera sur une faveur, aller au marché pour vendre /activer ses ressources et recevoir des pépètes, aller chercher de nouveaux dés, etc etc etc

Stefan Feld a inventé la salade de points de victoire, où toute action rapporte des points. Inka et Markus ont inventé ici avec Rajas du Gange la salade d’actions. Il y a 217’000 actions possibles. Mais vraiment. Le défi du jeu sera de jongler parmi toutes ces actions, et de les malaxer pour optimiser son tour

Des dés Dédé

Des dés (moches mais fonctionnels) il y en a des palettes, de plusieurs couleurs différentes. Ils permettent de payer une action, en plus de son activation par un meeple, et tout dépendra du tirage. Mais le hasard n’est jamais rédhibitoire à provoquer un blocage. On peut même retourner leur face, voire les relancer

C’est juste qu’ils deviennent une ressource à gérer, car ils ne reviennent jamais à la fin du tour. Il va falloir optimiser ses choix pour ne pas se retrouver à oilpé de dés

Tendu

Addictif

Jouissif

Et comment on gagne?

C’est tout le sel et l’originalité du jeu. La première personne à croiser ses points de victoire avec ses points d’argent remporte la partie. Il y a donc deux pistes, l’une et l’autre opposées. On peut donc concentrer sa partie sur ses PV, principalement acquis via les tuiles et les bâtiments présents, mais la victoire sera trop éloignée. Pareil pour une stratégie purement mercantile et financière

Il faut donc « ménager la chèvre et le chou », le PV et l’argent, pour avancer plus vite. Sachant que les PV comptent pour le double mais s’obtiennent aussi plus difficilement

Bref

Une condition de victoire limpide, tendue et vraiment originale. Incroyable que personne n’y avait pensé avant

Interaction

Oui mais non mais oui

Rajas du Gange est un pur exemple de jeu à l’allemande. Autrement dit, une interaction froide. Mais une interaction quand même. Une interaction de course et non-belliqueuse

On ne peut jamais s’en prendre aux autres en détruisant leurs tuiles, mais on peut les bloquer en posant des ouvriers avant, et surtout, en avançant plus rapidement vers la victoire

Même si l’interaction n’est pas directe et franche, elle est toutefois tendue et efficace

L’erreur, comme souvent dans les jeux à l’allemande à l’interaction froide, serait de jouer dans son coin la tête dans le guidon

Et à combien y jouer?

Au max. A 4 joueurs

Pourquoi?

Parce que du coup la course à la victoire est plus épique. A 2-3 joueurs le plateau subit quelques légères modif, mais pas profondes

Le jeu tourne bien à moins bien sûr, mais c’est à 4 qu’il devient trépidant

Alors, c’est bien

Les règles, le jeu est d’une fluidité et d’une limpidité sidérantes. Tout est clair, instinctif. Les actions, les enjeux, les picto, l’ergo, tout est cohérent et bien intégré. Un excellent jeu

Et malgré sa salade d’actions, le tout fonce et rien n’est jamais bloqué

Mais qu’est-ce que le plateau est laid 😳😳😳

En 2017, proposer un tel plateau avec des illustrations aussi plates aux couleurs fades et fanées est un pur crime de lèse-majesté ludique. Rajas du Gange, c’est un peu le « quand on voit ce qu’il existe, et quand on voit ce qu’on se tape », comme plateau, c’est la soupe à la grimace. Alors oui, « beauty is in the eye of the beholder », tout ça, mais non, là le plateau est d’une mocheté rare. Le seul point négatif du jeu

Déroulez le (trop) petit plateau sur la table, et vous devrez lutter pour ne pas fuir. Vous trouvez que j’exagère (j’appréhende déjà les commentaires assassins 😁), et pourtant, non

Bref

Malgré un plateau très DDR de 1974, un jeu d’une subtilité et d’une grande richesse. L’un des meilleurs de 2017. Tout simplement

Vous pouvez trouver le jeu chez Philibert

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