
Critique de jeu: Roll for the Galaxy. Votre empire galactique à la force de vos dés
Épique & Galactique
Roll for the Galaxy vient tout juste à peine de sortir en VF fin mai 2016 chez Gigamic. Mais c’était épique. La VF a connu plusieurs mois de retard. Pour une VO sortie en… 2014.
« Normalement », c’est Ystari qui se charge des traductions de Race for the Galaxy (RFTG), mais là ils ont préféré faire l’impasse. Trop coûteux? Pas motivés? C’est finalement Gigamic qui se sera engouffré dans la brèche. Et tant mieux pour nous!
Créé par Wei-Hwa Huang et Thomas Lehmann (RFTG), ce jeu de dés et de développement spatial se joue de 2 à 5 joueurs pour des parties de 45 minutes environ, dès 14 ans.
Un peu d’archéologie
Roll for the Galaxy, jeu de dés, est sorti en 2014. Produit dérivé de Race for the Galaxy, jeu de cartes, lui-même sorti en 2007. Dérivé de San Juan, jeu de cartes aussi, sorti en 2004. Dérivé lui aussi du cultissime Puerto Rico, jeu de plateau, sorti en 2002. Non, on n’invente vraiment rien de nouveau…
Thème
Dans Roll for the Galaxy on explore la galaxie pour coloniser de nouveaux mondes et en extraire des ressources. Bref, ce qu’on fait déjà sur Terre.
Il ne faut toutefois pas s’attendre à vivre une aventure immersive, car entre les tuiles et les dés, on est loin d’être plongé dans une véritable aventure homérique galactique. Le jeu est très froid, très mécanique, très tactique et stratégique.

Mécanique
Le joue se jeu en simultané, ou presque. Chacun lance ses dés disponibles, puis les affecte sur une planche de programmation à l’abri des autres derrière un écran. L’un des dés ainsi affecté devra également être choisi pour activer une action. Il y en a 5:
- explorer: pour soit recevoir des crédits / pépètes, soit piocher de nouvelles tuiles pour ainsi développer son domaine.
- développer: poser des dés sur sa tuile « développement » en construction. Une fois que le nombre de dés est équivalent au chiffre sur la tuile, elle est alors placée sur sont tableau, finie et prête à être désormais utilisée.
- coloniser: poser des dés sur sa tuile « développement » en construction. Et comme pour le développement, une fois que le nombre de dés est équivalent au chiffre sur la tuile, elle est alors placée sur sont tableau, finie et prête à être désormais utilisée.
- produire: poser un dé sur une planète déjà colonisée pour symboliser une ressource extraite.
- expédier: dégager la ressource d’une planète pour l’échanger contre des crédits ou des PV.
Voilà.
Tout le fun du jeu réside à deviner ce que les joueurs vont choisir comme action, car si tout le monde choisit la même on perdra la possibilité d’en réaliser d’autres.
Et l’argent sert à quoi? A relancer les dés utilisés. Si on est fauché, on n’aura ainsi moins de dés à disposition. Il faudra alors bien savoir gérer son pécule.
La partie s’arrête dès qu’un joueur a construit 12 tuiles, développements ou colonies, soit qu’il n’y ait plus de PV dispo. On compte alors tous les PV=chiffre inscrit sur chaque tuile + PV obtenus pendant la partie.

Et alors, c’est bien?
Oui. Vraiment!
En fait, Roll for the Galaxy est une version (presque) light de Race for the Galaxy. J’ai dit presque. Moins de cartes à disposition, mais surtout, moins de picto de tous les côtés qui font mal au crâne après 2 minutes et demi de partie et qui donnent vraiment envie de broyer le jeu ou son auteur. Roll est plus fluide, plus nerveux, plus simple. Mais pas simplissime et neuneu pour autant. De réels choix se posent.
Et surtout, il va falloir adapter ses décisions à chaque tour en fonction de son tirage. Mais ce hasard n’est pas rédhibitoire, car
1. on peut « cheater » et changer un dé
2. il existe des dés joker
3. des tuiles développement permettent de lisser ce hasard. Bref, même si vous êtes allergiques au hasard vous n’en ferez pas un eczéma galopant.
Interaction?
Puisqu’on joue en simultané, les yeux rivés sur son tableau, on aura tendance à avoir l’impression de jouer tout seul dans son coin, sans se soucier des autres. Erreur de débutant. Il est important de bien surveiller le jeu des autres, rien que pour tenter de deviner leur choix d’action et ainsi éviter les doublons.
Oui, comme dans l’excellentissime mais trop méconnu Coup Royal de Vlaada Chvatil, ou dans les tous récents Happy Pigs ou Fourberies.
Et bien observer le jeu des autres orientera ses choix: développer? Produire? Une interaction froide mais subtile.
Du coup, l’interaction modérée permet des parties à 2 joueurs aussi prenantes qu’à 5. Même si c’est à 4-5 que les choix de programmation se montreront plus douloureux.
Pinaillons
Nuançons notre critique de quelques petits points négatifs:
- Les gobelets pour lancer les dés sont les plus laids de la galaxie! Même les gobelets de Perudo font moins cheap. C’est tout dire! Pensez à investir dans des gobelets plus chatoyants. Même des gobelets en carton pour le café seront moins hideux.
- Aucun thermoformage, juste un carton vide de chez vide. Vous n’aimez pas le thermo? Soit. Mais quelques ziplocks pour ranger tout le matériel auraient été les bienvenus, surtout vu le prix (voir ci-dessous). Parce que là, on a que les yeux pour pleurer des yeux.
- Le prix. Cher. Constaté aux alentours de 50-60 euros. Alors oui, c’est justifié, vu les 217 millions de superbes dés bien finis. Mais pour un jeu de dés, ça pourrait en décourager plus d’un… C’est peut-être la raison qui a refroidi Ystari aka Asmodée à assurer la trad? En tout cas, kudos à Gigamic de se lancer dans l’aventure!
- Des tours et parties parfois répétitifs. Pif je produis, paf j’expédie pouf je recommence. C’est souvent le problème des jeux à combos, dont l’excellent Lewis & Clark. Une fois un combo dévastateur obtenu, on ne fera plus que ça ad eternam ad nauseam. C’est un peu le risque de Roll.
Faut-il ne faut-il pas?
Selon moi, oui, le jeu est excellent. Si, comme moi, vous aimez les jeux de dés profonds, stratégiques, Roll for the Galaxy est clairement pour vous.
Et si vous avez déjà Puerto Rico, San Juan et Race for the Galaxy? Déjà, de 1. il est temps de vous acheter des étagères. Et de 2. Roll for the Galaxy est une version plus dynamique, plus fluide que RFTG. Moins complexe, moins exigeante.
Attention, Roll n’est pas Casu pour autant! Juste moins profond / décourageant que RFTG. A noter, ce qui change entre cette version dés et celles avec les cartes et/ou plateau, dans Roll le joueur qui choisit l’action ne bénéficie pas de privilège.
Enfin, malgré un livret de règles dense et touffu, une fois bien comprises et digérées, elles s’expliquent en 5-10′. D’autant que l’écran sert d’aide de jeu slash résumé. Malin. Pratique.
Mais encore
Tiens, pour fêter les 15-20 ans de Puerto Rico, avec la mode des versions dés, l’ancêtre de Roll for the Galaxy pourrait avoir sa version dés en ultra light, non? Je pose ça là comme ça.
Il existe déjà une extension pour le jeu, mais que en VO (pour l’instant?), intitulée Ambition, avec de nouveaux dés double-classé, de nouvelles tuiles et surtout des objectifs. Une extension hyper riche.
Si vous maîtrisez la langue de Kim Kardashian, lancez-vous. Ou attendez une éventuelle trad de Gigamic.

Vous pouvez trouver Roll for the Galaxy chez Philibert,
et si vous habitez en Suisse, chez Helvetia Games Shop.
Et toutes ces boutiques vendent également l’extension en VO.


5 Comments
Mike_Lg
Salut Gus,
Critique intéressante, comme d’hab 😉
En parlant de jeux de dés, je me souviens que tu avais essayé Discoveries. Un critique est-elle prévue? Si non, qu’en penses-tu?
Gus
Merci Mike. La critique de Disco est là.
Mike_Lg
Et bien… Je l’avais manquée! Merci! Je m’en vais lire ça immédiatement 🙂
toonsisih
Purée oui, c’est quoi cette boite « nue »?…. enfin, c’est (pour le moment) le seul bémol pour moi (enfin, je joue sans les gobelets aussi :-D)
Thomas
Perso, je les aime bien ces gobelets avec les petits logos dessus. Pour l’extension en vf, rien d’officielle mais elle devrait sortir chez Gigamic en fin d’année si je ne me trompe pas (source : stand Gigamic lors du dernier festival Paris est ludique).