Haba plante renouveau
Jeux de plateau

Haba : La lumière au bout du tunnel

🧸 Haba, une histoire de résilience ! ➡️ Après une restructuration drastique, l’entreprise se recentre sur ses jeux et jouets en bois. 🌳


Haba sort la tête de l’eau

Vous en aviez un peu marre qu’on vous annonce toujours de mauvaises nouvelles ? Une faillite par-ci, une arnaque par-là. Eh bien aujourd’hui, pour une fois, on vous raconte une histoire qui finit bien, une histoire de résilience et de renouveau, alors que Haba émerge de l’insolvabilité et se prépare à un avenir (qu’on espère) plus prometteur.

Si vous vous baladez par chez nous, je suis sûr que vous avez forcément entendu parler de l’ascension et de la chute de Haba, le célèbre fabricant allemand de jeux de société pour enfants et familles.

Explorons ensemble les hauts, et les bas, et les hauts à nouveau, de Haba, son parcours vers l’insolvabilité, et comment elle a réussi à se restructurer et à retrouver son éclat. Spoiler : en licenciant 650 personnes. Mais pas seulement.

Haba : ça plane pour moi

(Oui, vous pouvez chanter le tube de Plastic Bertrand de 1977 dans votre tête)

Tout a commencé en 1938, lorsque Haba a été fondée en tant que fabricant de jouets en bois. Au fil des ans, la société a élargi ses horizons et s’est aventurée dans le monde des jeux de société, en proposant des titres emblématiques tels que Rhino Hero et Le Petit Verger que tous les parents de la galaxie (pas moins) connaissent.

Haba a également diversifié ses activités dans la mobilier éducatif via sa marque HABA Pro et les vêtements pour enfants grâce à sa filiale Jako-o. Cette expansion a permis à Haba de se bâtir une solide réputation en tant que leader du marché dans la production de jeux de société et de jouets de haute qualité, favorisant le développement de l’enfant.

Les nuages s’amoncellent

Avec le succès vient la croissance, et Haba n’a pas fait exception. La société a connu une période de forte expansion, mais elle a également dû faire face à des défis économiques et opérationnels. Selon un porte-parole de Haba, certaines décisions prises dans le passé se sont avérées inadéquates, tandis que des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement ont également impacté négativement l’entreprise.

En 2023, post-pandémie, comme de nombreux autres éditeurs de jeux et de jouets sur la planète, Haba a enregistré une baisse de 11% de ses ventes, atteignant 313 millions d’euros. C’est à ce moment-là que la société a pris la décision difficile de se placer sous la protection de l’insolvabilité en choisissant l’administration autogérée, dans l’espoir de se réorganiser et de retrouver sa voie vers la prospérité.

(La protection et la procédure d’insolvabilité) C’est quoi ce charabia ?

La protection de l’insolvabilité est un mécanisme juridique qui aide les personnes et les entreprises incapables de rembourser leurs dettes à restructurer leur situation financière sous supervision judiciaire. Cela permet d’éviter la liquidation des actifs ou la faillite totale en offrant une seconde chance financière.

L’insolvabilité est définie comme l’état d’une personne ou d’une entreprise qui ne peut pas faire face à ses obligations financières avec ses actifs disponibles. Cela peut être évalué par différents indicateurs comme l’accumulation de retards dans les paiements de dettes, l’atteinte des limites maximales sur les cartes de crédit, et l’incapacité à couvrir les dépenses courantes .

Les procédures d’insolvabilité varient selon les juridictions mais incluent généralement la faillite personnelle ou d’entreprise, la proposition de consommateur (pour les dettes inférieures à un certain seuil), et d’autres formes de restructuration. Ces procédures visent à équilibrer les intérêts entre les débiteurs et les créanciers, en permettant aux débiteurs de restructurer ou d’éliminer leurs dettes tout en assurant aux créanciers une récupération équitable des fonds dus.

En Europe, bien que le concept d’insolvabilité soit largement reconnu, il existe une diversité dans la manière dont il est traité légalement d’un pays à l’autre, sans une harmonisation complète. Les initiatives comme la directive sur la restructuration préventive et la loi sur l’insolvabilité visent à créer un cadre plus cohérent pour le traitement de l’insolvabilité à travers l’Union Européenne, en facilitant la libre circulation des capitaux et la stabilité financière.

Et puisqu’on parle de Haba, une société allemande, la procédure d’insolvabilité en Allemagne est conçue pour permettre aux débiteurs (qu’ils soient des entreprises ou des particuliers) de régler leurs dettes impayées dans un cadre légal structuré. Ce processus est régi par la loi allemande sur l’insolvabilité, le « Insolvenzordnung » (InsO), qui vise à assurer une distribution équitable des actifs du débiteur à ses créanciers, tout en offrant, dans certains cas, la possibilité d’une restructuration de l’entreprise ou d’une exonération de dette pour les personnes physiques.

La métamorphose de Haba

Afin de surmonter ces obstacles, Haba a dû se réinventer. La société a pris des mesures drastiques pour réduire ses coûts et se concentrer sur ses activités principales. L’une des décisions les plus difficiles a été d’abandonner sa marque de vêtements pour enfants Jako-o d’ici 2024, pour recentrer ses efforts sur ses racines en matière de jouets en bois et de jeux de société.

Haba a également procédè à des licenciements, réduisant ainsi sa main-d’œuvre de 1 677 à environ 1 000 employés, ce qui représente une réduction de 40% de ses effectifs. Oui, 40%. Dont la fermeture de Haba France. Ces mesures difficiles, mais nécessaires selon la direction, ont permis à Haba d’alléger son fardeau financier et de se concentrer sur son cœur de métier.

Ça sent bon pour Haba

Après des mois d’efforts acharnés, Haba est sortie de l’insolvabilité en mars 2024, plus forte et plus résiliente que jamais. Avec une équipe de direction renforcée par l’ajout d’experts en restructuration et de gestion, tels que Marcus Katholing de Pluta Management et Martin Mucha de Grub Brugger, Haba est désormais bien équipée pour naviguer dans les eaux agitées du marché des jeux de société et des jouets.

Sortir de l’insolvabilité, que ce soit pour une entreprise ou pour une personne physique, implique de suivre des stratégies et des procédures légales spécifiques, souvent en vertu de la loi sur l’insolvabilité du pays concerné. En Allemagne, par exemple, la loi offre plusieurs mécanismes pour surmonter l’insolvabilité, avec comme objectif principal de rétablir la viabilité financière du débiteur ou d’alléger son fardeau de dette. Pour une entreprise, comme Haba, elle a pu compter sur plusieurs approches clés pour sortir de l’insolvabilité : une restructuration par le biais d’un plan d’insolvabilité, un accord amiable avec les créanciers et/ou une injection de capital.

    La lumière au bout du tunnel

    Haba a toujours été réputée pour son engagement en faveur de l’innovation et de la qualité. En se concentrant sur ses activités principales, la société s’est engagée à continuer à offrir des produits qui stimulent l’imagination, favorisent le développement de l’enfant et créent des liens familiaux durables. Claaaasse. Tout ce qu’on aime !

    Et les efforts ont fini par payer ! En mars 2024, HABA a réussi à sortir de l’insolvabilité, tel un phénix renaissant de ses cendres. Oui je sais c’est beau !

    Une victoire qui doit beaucoup au plan de restructuration drastique, mais aussi à l’engagement sans faille des équipes (enfin, celles qui restent…) et au soutien des créanciers. C’est en tout cas ce qu’ils annoncent dans leur communiqué de presse paru ce 1er mars 2024. Voici notre traduction « maison » :

    Grâce à une équipe de conception talentueuse et à un savoir-faire artisanal inégalé, Haba continuera à produire des jeux de société et des jouets qui raviront les petits et les grands pendant des années, on l’espère !

    Car oui, l’insolvabilité n’est pas une fatalité. C’est un processus qui permet à une entreprise de se réinventer, de repartir sur des bases plus saines. En renégociant ses dettes, en se séparant de certains actifs, en réorganisant son activité, une société peut retrouver un second souffle et repartir de l’avant.

    Tout n’est pas rose (chez Haba)

    Oui, mais tout n’est pas rose pour autant chez Haba. Pour se sortir de sa panade, le fabricant de jouets et de jeux pour enfants a décidé de recourir aux licenciements. Massifs. En se séparant de 40% de ses employés et employées. Une tragédie pour toutes ces 650 personnes qui ont perdu leur emploi.

    Oui, mais. Celles qui ont eu la chance de conserver le leur ne s’en sorte pas forcément mieux.

    Les licenciements ont un impact significatif non seulement sur les personnes qui perdent leur emploi, mais aussi sur celles qui conservent leur poste au sein d’une entreprise réduite. Ces employés « survivants » font face à des défis émotionnels et logistiques importants.

    Sur le plan émotionnel, ils ressentent souvent un mélange de choc, de chagrin, de soulagement d’avoir gardé leur emploi, mais aussi de… culpabilité. La confiance envers l’entreprise est ébranlée car les licenciements remettent en question le principe selon lequel un bon travail garantit la sécurité de l’emploi. L’incertitude sur leur propre avenir professionnel grandit.

    Côté logistique, les employés restants doivent fréquemment absorber les responsabilités de leurs anciens collègues dans un environnement de travail transformé, ce qui ajoute au stress. Pas glop !

    La tendance actuelle à procéder par vagues successives de licenciements, notamment dans la tech, maintient les employés dans l’angoisse permanente d’être les prochains sur la liste. Cette approche peut plaire aux actionnaires mais sape (grave) le moral.

    Les licenciements massifs ont des effets délétères à long terme sur la santé des entreprises : chute de moral, baisse de performance et de satisfaction au travail. Est-ce que cela va également se ressentir chez Haba ?

    Le futur, c’est maintenant (et après, un peu, aussi)

    L’un de mes philosophes préférés est Charles Peirce. Il était américain, il a développé la philosophie du « pragmatisme« , selon laquelle les choses ne sont ni les pires ni les meilleures, mais toujours « susceptibles d’être améliorées ». On dirait que Haba s’en est inspirée. Moi y compris.

    Quelle que soit votre situation, il y a toujours quelque chose qui peut être amélioré. Accepter ces luttes inévitables, tout en se concentrant sur ce qui est encore entre vos mains et peut être amélioré, vous permettra de rester actif et plein d’énergie, même dans les moments difficiles. Clairement le cas de Haba qui a bravé la tempête (financière) en 2023-2024.

    Avec un esprit frais et une détermination renouvelée, Haba est prête à entamer un nouveau chapitre de son histoire. La société s’engage à tirer les leçons du passé et à apprendre de ses erreurs, en veillant à ce que les décisions d’aujourd’hui servent les intérêts de demain. Haba continuera à collaborer avec des experts du secteur, des éducateurs et des parents pour créer des produits qui répondent aux besoins changeants des enfants et des familles.

    Selon vous, Haba a-t-il bien fait de se recentrer sur ses jeux et jouets en bois ?

    Franchement, l’histoire de HABA est riche d’enseignements pour toute l’industrie (du jeu de société). Elle nous rappelle que même les plus grands peuvent vaciller, que la diversification à outrance peut être un piège, et que le recentrage sur son cœur de métier est parfois la clé du salut.

    Elle nous montre aussi que l’insolvabilité n’est pas une… condamnation, mais une opportunité de se réinventer. Avec une bonne stratégie, une équipe soudée et le soutien de ses partenaires, une entreprise peut surmonter les pires tempêtes et en ressortir plus forte. Bien sûr, n’oublions pas que derrière ces restructurations, il y a des équipes durement touchées. 650 postes biffés, quand même ! Mais c’est aussi grâce à l’engagement des équipes de Haba que ce rebond a été possible.

    Le parcours de Haba vers la « résurrection » est un témoignage de sa résilience et de sa détermination. Malgré les défis et les obstacles auxquels elle a été confrontée, Haba a su se réinventer et émerger plus forte que jamais. Mais avec des employés sur le carreau, il ne faut pas l’oublier. Comme quoi, même dans les moments les plus sombres, il y a toujours une carte à jouer, un coup de dé qui peut tout changer.


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    Article écrit par Loïc. Breton d’origine et exilé depuis peu en Suisse (pour son chocolat, surtout), Loïc vit et respire jeux de société. Il est toujours prêt à sortir cartes et plateaux pour s’amuser et partager sa passion débordante. Joueur dans l’âme, sa devise est « Une petite partie, entre deux arrêts de bus ? ».


    Selon vous, quelles sont les leçons les plus importantes que les autres entreprises peuvent tirer de l’histoire de Haba ?

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