
L’Année des 5 Empereurs : Devenez empereur à la place de l’empereur !
Découvrez l’Histoire et revivez l’année des 5 empereurs à travers ce jeu passionnant. Prendre le pouvoir ou périr ! 🦅🛡️
L’Année des 5 Empereurs
⚠️ Avertissement : Dans le cadre de notre démarche de transparence, nous tenons à vous informer que nous n’avons pas reçu ce jeu de l’éditeur. Nous l’avons acheté ou emprunté nous-mêmes et nous vous partageons ici notre expérience sans filtre. Nous vous indiquons les points positifs et négatifs du jeu selon de nos attentes, critères et expériences.
Après Aurignac, le jeu préhistorique créé en collaboration avec le musée de l’Aurignacien, nous entamons une nouvelle collaboration historico-ludique. Cette fois, c’est le musée Lugdunum qui se prête au jeu avec une petite immersion dans une période trouble de l’histoire impériale romaine. Une nouvelle fois, l’Histoire frappe à notre porte… Doit-on lui ouvrir?
Le contexte historique
Dans le jeu L’Année des 5 Empereurs, nous sommes le 31 décembre 192, dans son palais impérial du mont Palatin, l’Empereur Commode (le méchant du film Gladiator) vient d’être assassiné. Nous entrons dans une nouvelle année propice aux complots en tout genre pour reprendre le flambeau et surtout le titre d’Empereur. Bienvenue dans la course au pouvoir qui va suivre !
Rappelez-vous du film de Ridley Scott sorti en 2000, Gladiator. Marc Aurèle, alors empereur romain, est assassiné par son fils Commode qui monte sur le trône directement après : vive Caesar Commodus ! Il était loin d’être doux dans le film et les textes historiques décrivant son règne semblent confirmer son côté cruel et sanglant. Dans la réalité, Maximus n’existant pas, Commode n’est pas tué dans l’arène et règne près de 12 ans. Il ne semble pas avoir tué son père non plus. Ce dernier meurt d’une maladie foudroyante durant une campagne en Pannonie (province romaine d’Europe centrale).
Le règne de Commode ne sera pas des plus agréables pour son peuple. Finalement, après une tentative d’empoisonnement échouée, organisée par son épouse et le chef de sa garde personnelle, il sera étranglé dans son bain par son esclave. Quand ça ne veut pas…
L’Année des 5 Empereurs… une appellation un peu trompeuse compte tenu du calendrier !
Sans successeur officiel, c’est Publius Helvius Pertinax qui accède au trône grâce au Sénat et à la garde prétorienne. Fils d’un esclave affranchi, sa légitimité sera remise en question par la noblesse romaine. Trop rigide et n’ayant pas versé une gratification suffisante aux prétoriens, ces derniers l’assassinent en mars après moins de trois mois de règne…
Les prétoriens décident donc d’offrir l’empire à celui qui leur fera le plus haut donativum, une prime exceptionnelle versée à chaque prétorien pouvant atteindre jusqu’à dix années de solde ! Cela donne envie de changer d’empereur… Sulpicianus, beau-père du défunt Pertinax, accède au camp des prétoriens pour négocier en direct. L’un de ses concurrents, Marcus Didius Severus Julianus, n’est pas autorisé à entrer dans le camp militaire pour participer à l’enchère. Qu’à cela ne tienne, il se met à crier hors des remparts et surenchérit sur Sulpicianus pour le plus grand plaisir des prétoriens. Ces derniers forcent le Sénat à le nommer Empereur fin mars 193.
Bien qu’issu de l’aristocratie, une partie du Sénat lui reproche d’avoir acheté l’empire. En avril, deux tentatives de coup d’État échouent. La première en Pannonie par Septimus Severus. La seconde en Syrie par Pescennius Niger. Julianus tente de négocier avec le premier mais sans succès. Dans la foulée, Septimus Severus ordonne la destitution et l’assassinat de l’empereur. Ce dernier meurt le 1er juin 193.
Lucius Septimus Severus est proclamé empereur par ses troupes en avril 193. Il marche sur Rome et, reconnu par le Sénat et le peuple, il est déclaré Empereur le 9 juin 193. Voulant fonder une dynastie, il implique ses fils mais aussi son épouse Julia Domna. Ses campagnes militaires se feront en famille, avec ses fils et son épouse qui héritera du titre honorifique de « Mère des camps » par les troupes de son époux. Elle accompagnera politiquement les carrières de ses fils par la suite. Elle est également connue comme mécène de la science, des arts, de la musique et de la philosophie.
Pendant ce temps, Caius Pescennius Niger se fait proclamer Empereur par les légions d’Orient en avril 193. Plutôt que de rentrer sur Rome pour asseoir sa légitimité, il préfère rester à l’abri dans les provinces qui le soutiennent. Il sera déclaré ennemi public par Septimus Severus lors de son accession au trône. Subissant plusieurs défaites à la tête de ses armées, il sera capturé et mis à mort au printemps 194.
Quant au dernier candidat au titre suprême, il s’agit de Decimus Claudius Albinus. Gouverneur de Bretagne (l’Angleterre de l’époque) à la tête de plusieurs légions, il reste potentiellement un danger pour Septimus Severus. Ce dernier décide donc d’en faire son Caesar : son héritier légitime au pouvoir. Mais l’importance politique grandissante des fils de l’Empereur est un problème pour la suite. Albinus se fait donc proclamer empereur par ses armées en 195. Il sera vaincu le 19 février 197, lors de la bataille de Lugdunum. Décapité, piétiné par son propre cheval forcé par Septimus Severus, son corps sera jeté dans le Rhône, accompagné des cadavres de sa femme et de ses enfants. Sa tête sera envoyée au Sénat pour montrer à tous que l’époque des cinq empereurs est désormais terminée !
Quelle belle époque…
Mais il est temps de retourner au jeu (non, pas ceux du cirque).
Nous avons donc entre les mains un petit jeu de deckbuilding historique et, maintenant que nous avons nos cinq prétendants, il est temps de s’intéresser au jeu à proprement parler.
À l’ouverture de la boîte, nous trouvons de nombreuses cartes, un petit plateau de jeu représentant l’empire romain autour de la Méditerranée : Alexandrie, Carthage, Lugdunum, Rome, Carnuntum et Éphèse.
Chacune de ces régions est dotée d’un deck spécifique de ressources en rapport avec les faits historiques : le blé ou le phare d’Alexandrie pour l’Égypte, le vin ou l’Autel des 3 Gaules pour Lugdunum, la flotte de commerce ou les bêtes sauvages pour Carthage, la garde prétorienne ou le Colisée pour Rome, par exemple.
Chaque adversaire récupère l’un des cinq plateaux spécifiques, à double face, représentant un prétendant au trône impérial.
Les alcôves du pouvoir – La montée en puissance
L’Année des 5 Empereurs se déroule en deux phases distinctes : haut dignitaire, puis Empereur.
Chaque personnage commence sa partie en tant que haut dignitaire romain, avec un deck spécifique représentant les avantages et alliés de base du dignitaire.
Durant cette première phase, votre personnage devra effectuer trois actions :
- Développer son réseau d’influences : en achetant des cartes représentant différents personnages ou ressources des pioches localisées dans chacune des provinces ou des esclaves dans la pioche spécifique. Pour cela, il vous faudra défausser des cartes de votre main à raison de 1 carte pour 1 pièce d’or, certaines cartes valant plus lorsqu’elles sont défaussées. Les cartes achetées se retrouvent dans la pile de votre défausse.
- Couvrir les traces de ses actions : récupérer sa défausse, la mélanger et la placer sous votre pioche.
- Préparer le plan à venir : refaire votre main à 5 cartes.
Ensuite, vous passerez la main au personnage suivant. Et ainsi de suite, jusqu’à ce que vous pensiez avoir suffisamment de capacité dans votre deck pour prendre le pouvoir et vous déclarer Empereur !
Les alcôves du pouvoir – In pecto ludunt
Car oui, dans L’Année des 5 Empereurs, c’est vous qui déciderez quand votre course au trône démarre réellement. On entre alors dans la seconde phase du jeu.
Vous vous déclarez Empereur et décidez de faire jouer votre influence chèrement acquise pour avancer vos pions sur l’échiquier du pouvoir. Pour cela, vous retournez votre plateau de personnage sur sa face Empereur et le jeu se densifie. Vous positionnez un castrum (fortin) dans une région inoccupée ainsi qu’une de vos six légions potentielles. Cette fois, vous aurez cinq actions à votre disposition :
- Les conséquences de votre audace : vous pouvez toujours continuer à acheter des cartes pour vos plans machiavéliques à venir. Toutefois, votre soif de pouvoir ne plaît pas à tous… Hormis dans la province de votre castrum, toutes les cartes achetées, esclaves compris, vont vous coûter 2 pièces d’or de plus ! Vos adversaires, vos anciens alliés trahis, ou ceux supportant vos ennemis vont vous mettre des bâtons dans les roues.
- Légitimer vos alliances : vous pouvez maintenant jouer des cartes de votre main afin de prendre le contrôle… pardon, afin que vos alliés sénateurs, plébéiens ou militaires vous assistent dans votre accession au trône. Pour cela, vous allez poser des cartes dans votre zone de jeu impériale. Si vous y accolez une figure d’un certain type, cette influence apparaîtra en haut de votre plateau personnel. Vous allez ainsi collectionner les étoiles de couleur représentant les trois factions pour commencer votre course aux objectifs. À chaque fois que vous êtes en capacité d’en récupérer un, il arrive à côté de votre plateau personnel. Le premier prétendant au titre suprême à obtenir 4 objectifs est déclaré Empereur et la partie se termine immédiatement ! Vous mettez à mort tous les faux empereurs et l’empire vous appartient : Ave Caesar !
- Partir en campagne militaire : vous allez pouvoir renforcer vos légions (en jouant des cartes de votre main) qui apparaissent sur la région sous votre contrôle. Vous pourrez aussi remettre en état vos légions fatiguées en dépensant 2 pièces d’or par légion remise en forme. Mais surtout, vous pourrez les manœuvrer afin de les déplacer, au coût d’une pièce d’or par légion, dans une région voisine contrôlée par un de vos adversaires. Vous déclenchez alors une bataille. Chaque légion participante est fatiguée à la fin du combat et renvoyée auprès du castrum de son commandant, à raison de 1 pour 1. Ces légions ne pourront plus être déplacées tant qu’elles n’auront pas été remobilisées en payant 2 pièces d’or pour chacune d’entre elles…
- Effacer les traces de vos actions : récupérer toute votre défausse, la mélanger puis la placer sous votre pioche.
- Préparer la suite de votre stratégie : refaire votre main à 5 cartes.
Les Objectifs : Les Raisons de votre Accession au Trône
Dans L’Année des 5 Empereurs, de nombreux objectifs sont disposés au centre de la table. Ils sont bien visibles et récupérables à tout moment, mais pas par tous simultanément :
- Suprématie militaire : Si vous possédez une légion dans trois provinces différentes, votre domination militaire est implacable. (Uniquement à trois joueurs ou plus)
- Marcher sur Rome : Si vous avez deux légions sur la province de Rome, vous défilez dans les rues de la cité éternelle.
- Élu par le Sénat : Si vous avez au moins trois points d’influence politique, vos alliés sénateurs vous conseillent et vous appuient.
- Acclamé par les Soldats : Si vous avez au moins trois points d’influence militaire, vos largesses ou vos campagnes avec les soldats vous couvrent de gloire.
- Aimé du Peuple : Si vous avez au moins trois points d’influence populaire, la plèbe vous considère comme juste et intègre.
- Consensus : Si vous avez au moins un point dans les trois factions, vous jouez serré mais tout le monde vous apprécie plus ou moins.
- Adulé : Si vous avez huit points d’influence dans une seule faction, cette faction vous porte aux nues. (Uniquement à cinq joueurs)
- Corruption : Si vous dépensez dix pièces d’or en une seule fois, vous pouvez le récupérer directement des mains d’un de vos adversaires, car vous avez les moyens de vos ambitions.
- Gouverneur de Province, Consul de Rome et Préfet d’Alexandrie : Ces objectifs se trouvent au fond des différentes piles d’achats des provinces. Lorsque la pile est vide, l’objectif est disponible pour celui qui a son castrum sur la province, accompagné d’une légion mobilisée.
Dans L’Année des 5 Empereurs, ces objectifs peuvent être perdus lorsque les conditions ne sont plus remplies et être remis à disposition de tous. Certains sont récupérés lorsque un adversaire est strictement supérieur à celui possédant l’objectif. Bref, ils changent de main plus ou moins régulièrement. Il vous faudra faire attention aux objectifs des autres ainsi qu’aux vôtres…
L’Année des Cinq Empereurs : Verdict
Ne vous attendez pas à un gros jeu. Ici, les parties sont rapides et plutôt serrées. Le jeu est toutefois plus taquin qu’on pourrait le penser au premier abord.
La première phase, où vous agissez en tant que haut dignitaire, peut sembler un peu lente ou ennuyeuse, mais elle sera en fait la clé de votre potentiel succès. Il est crucial de bien observer les cartes disponibles, tant du côté de l’influence que des figures permettant de les mettre en place par la suite. Vous devrez choisir entre une stratégie militaire ou politique, et déterminer si les esclaves seront votre moteur grâce à leur valeur intrinsèque (on perçoit bien ici la puissance non négligeable des esclaves à l’époque, dans leur globalité).
Il y a une véritable mise en place de combo à préparer.
Quelques parties seront nécessaires pour savoir exactement à quoi vous attendre.
La seconde phase est toute aussi importante puisqu’elle vous permettra de développer vos différentes influences tout en surveillant vos concurrents et contrer leurs plans en récupérant certains objectifs sous leur nez. Voir carrément dans leur main… Un vrai petit Machiavel à mettre en marche !
Dans L’Année des 5 Empereurs, Il vous faudra aussi être à l’affût de vos adversaires pour déclencher cette seconde phase. Se déclarer avant eux, tout de suite après, ou continuer d’engranger des cartes pour les avoir au sprint dans les tours suivants…
Un petit livret historique vous explique la situation de l’époque, chaque personnalité en présence ainsi que de nombreux détails sur chacune des cartes du jeu (le pourquoi de leur présence). Vous allez donc vous cultiver tout en jouant.
Un joli petit bonus également : les épouses des 5 protagonistes sont représentées ainsi que la sphère d’influence et le soutient qu’elles eurent pour leurs conjoints. Chaque deck personnalisé possède la carte représentant l’épouse avec des interactions en rapport avec son histoire. Un très bel hommage rendu aux femmes de l’époque qui ont tendance à rester dans l’ombre…et pourtant : Agrippine, Messaline, Livia, Arria, et plus tard Hypatie ou Théodora. Elles furent nombreuses à marquer l’Histoire.
Très bon !
- Date de sortie : Septembre 2022
- Langue : Française
- Assemblé en : Pologne
- ITHEM : 3 sur 5. Pour en savoir plus sur l’ITHEM dans les jeux de société, c’est ici.
- IGUS : 3 sur 5. Pour en savoir plus sur l’IGUS dans les jeux de société, c’est ici.
- EcoScore : A. Si vous voulez en savoir plus sur l’EcoScore dans les jeux de société, c’est ici
- Création : L’équipe ludique, Roméo Hennion, Clément Leclercq
- Illustrations : Zael
- Édition : GameFlow
- Nombre de joueurs et joueuses : 2-5 ( tourne bien à toutes les configurations. Le top à 4-5 )
- Âge conseillé : à partir de 12 ans ( bonne estimation )
- Durée : 30 – 60 minutes
- Thème : Rome antique
- Mécaniques principales : Deck-building, gestion de main, combinaison, objectifs communs. Pour en savoir plus sur les différentes mécaniques de jeux, c’est ici.
2007. Wahou ! Nous avons de la peine à croire que cela fait depuis 2007 que nous sommes derrière l’écran à écrire sur ce blog que nous aimons tant ! Cela n’aurait pas été possible sans votre fidélité.
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Article écrit par Chab. Rôliste devenu platoïste par manque de temps. Pâtissier initié et fan de Robbie Williams. Patriarche de cœur d’un troupeau de gremlins. Aime qu’un jeu lui raconte une histoire.

