
Jouer à la poupée développerait l’empathie des enfants
Il n’y a pas que les jeux de société dans la vie. Il y a aussi les… poupées. Selon une étude, y jouer développe l’empathie.
Poupée et empathie
Barbie et une équipe de neuroscientifiques de l’Université de Cardiff ont publié les derniers résultats d’une étude pluriannuelle explorant les impacts à court et à long terme du fait de jouer à la poupée sur le développement de l’enfant et sur le développement de l’empathie.
Au cours de la deuxième année de l’étude, les chercheurs ont étudié les paroles des enfants jouant seuls à la poupée. Ils ont découvert que les enfants utilisent un langage riche en pensées et émotions.
Ces recherches ont révélé que les enfants parlaient davantage des pensées et des émotions des autres, un concept connu sous le nom de langage d’état interne, le fait de parler de soi-même, mais également de l’état de l’autre. Cette recherche a découvert que ce langage était plus marqué en jouant avec des poupées qu’avec des jeux sur tablette numérique.
Parler des états internes des autres permet aux enfants de pratiquer des compétences sociales qu’ils peuvent utiliser lorsqu’ils interagissent avec des personnes dans le monde réel. Ce compétences peuvent potentiellement être bénéfiques pour le développement émotionnel global des enfants.
Lorsque les enfants créent des mondes imaginaires et jouent avec des poupées, ils communiquent d’abord à voix haute. Ils intériorisent ensuite le message sur les pensées, les émotions et les sentiments des autres. C’est ce que les chercheurs de cette étude de juillet 2021 ont découvert. De quoi générer des effets positifs à long terme sur les enfants. Ces compétences vont alors augmenter ce qu’on appelle le quotient émotionnel, et l’empathie qui va avec.
Poupée et activité cérébrale
Lors de l’observation d’enfants, les chercheurs ont constaté une augmentation de l’activité cérébrale dans la région du sillon temporal supérieur postérieur lorsqu’ils parlaient comme si leurs poupées avaient des pensées et des sentiments. Cette région du cerveau est fortement impliquée dans le développement des compétences du traitement social et émotionnel. Ce qui confirme les conclusions de l’étude de la première année, à savoir que même lorsque les enfants jouent seuls avec des poupées, cela peut aider à développer des compétences sociales, vitales, comme l’empathie.
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Pour mesurer cette activité cérébrale, non, rassurez-vous, il n’y a pas eu de trépanation. L’étude a utilisé un équipement de spectroscopie fonctionnelle qui ressemble à un infrarouge pour mesurer l’activation du cerveau pendant que les enfants jouaient avec des poupées et sur des tablettes, seuls ou avec une autre personne. Les chercheurs ont découvert que comparé au jeu sur tablette, jouer avec des poupées suscitait davantage le langage d’état interne. Et l’utilisation de ce langage d’état interne était lié à une activation accrue du fameux sillon temporal supérieur postérieur.
Langage interne et empathie
Le langage d’état interne peut indiquer qu’un enfant s’investit des pensées et des émotions des autres en jouant avec des poupées. Ces compétences sont vraiment importantes pour interagir avec d’autres personnes, apprendre des autres et naviguer dans une variété de situations sociales. Une activité importante pour nouer et entretenir des amitiés. Mais également, pour favoriser leur apprentissage à l’école et par les parents.
On ne va pas se le cacher. L’empathie et les compétences sociales sont essentielles, à mesure que les enfants continuent de grandir émotionnellement, scolairement et socialement.
En 2020, Barbie, oui, la célèbre poupée, forcément, a commandé une enquête mondiale indépendante dans 22 pays auprès de 15 000 parents d’enfants âgés de 3 à 10 ans. Les résultats suggèrent que 91% des parents ont classé l’empathie comme une compétence sociale clé qu’ils aimeraient que leur enfant développe. Pourtant, seulement 26 % savaient que jouer à la poupée pouvait aider leur enfant à développer ces compétences cruciales.
Les résultats de cette deuxième année de recherche, intitulée Doll play prompts social thinking and social talking: Representations of internal state language in the brain, ont été publiés dans Developmental Science en juillet 2021.
En octobre 2020, l’Université de Cardiff, et Barbie, ont dévoilé les résultats de la première année de l’étude, Exploring the Benefits of Doll Play through Neuroscience, publiés dans Frontiers in Human Neuroscience.
Cette recherche pluriannuelle explore les impacts à court et à long terme du fait de jouer à la poupée sur le développement. Les prochaines étapes de recherche et de résultats courent jusqu’en 2024.
Empathie et jeux de plateau
Depuis quelques années, on a vu fleurir des jeux de société qui ont deux vocations : celle de divertir, mais également de faire réfléchir aux émotions. C’est le cas du tout récent Ronchonchon par exemple, inventé par des enfants eux-mêmes, ou également Le Monstre des Couleurs ou Feelings, entre autres.
Il n’est pas question ici de poupées, mais de s’intéresser aux états internes de l’autre. Comment les autres se sentent, lorsque confrontés à une situation donnée. Ou lorsque jouer devient formateur. Mais ça, on le savait déjà.
Si vous avez des enfants, est-ce que vous avez observé chez eux ce langage d’état interne lorsqu’ils jouaient à la poupée ?


One Comment
RindalaSemaan
thématique très intéressante!