
Le Flow, ce bonheur à l’état pur. Comment les jeux nous saisissent
Jouer nous fait tout oublier. Ou quand le jeu de société nous plonge dans le Flow.
Je vais vous poser une question incongrue. Est-ce que vous vous souvenez de votre dernière partie de jeu, de rôle, de plateau, de vidéo, et de la fois où vous l’avez interrompue pour vous rendre aux toilettes ? Ou vous déplacer à la cuisine pour vous servir un verre d’eau ? Ca vous dit quelque chose ? Si vous ne vous en souvenez pas, c’est soit que vous ne vous en souvenez pas, tout simplement, soit que vous ne l’avez pas fait. Parce que vous étiez plongé dans le Flow.
Le Flow, c’est cet état de concentration et d’activité intense qui nous fait oublier le temps, qui nous plonge dans un état mental second. Le Flow est un mot que l’on retrouve associé aux sports extrêmes ou aux expériences artistiques. Et oui, le jeu suscite également cet état de Flow. Pourquoi ? Comment ? Et qu’est-ce que le Flow nous procure ?
Qu’est-ce que le Flow ?
Le Flow est un état cognitif où l’on est complètement immergé dans une activité – de la peinture et de l’écriture à la prière et au surf. Cela implique une concentration intense, un engagement créatif et la perte de conscience du temps et de soi. On est tellement plongé dans une activité que l’on oublie, que l’on résiste contre son envie, besoin de boire, manger, se reposer ou… se rendre aux toilettes.
Le Flow est un terme inventé par le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi dans son ouvrage de 1990. Csikszentmihalyi a proposé huit caractéristiques du Flow :
- Concentration complète
- Des objectifs clairs à chaque étape
- Un sentiment d’intemporalité
- Récompense intrinsèque, voir les fruits de ses actions, feedback immédiat
- Sans effort apparent ressenti, ée processus est ce qui est agréable, pas le résultat
- Équilibre entre défi et compétences
- Fusion de l’action et de la conscience, disparition de la conscience de soi, des distractions
- Sentiment de contrôle sur la tâche.
Pourquoi le Flow est important
Les jeux nous plongent dans des univers, des thèmes, qui nous émeuvent, qui nous… transportent. Les jeux sont souvent passionnés, passionnants, épanouissants. Les jeux proposent également des défis à surmonter : comprendre les règles, gérer les mécaniques, gagner, en coop ou en compét. Et si tout s’imbrique, si le plaisir ressenti lors de la partie est au rendez-vous, le jeu parvient à nous plonger dans cet état second, dans le Flow. Et peut-être, au final, c’est l’un des facteurs qui nous pousse à jouer. Chercher à atteindre cet état.
Les personnes qui s’engagent dans des activités qui produisent un état de Flow ont tendance à rapporter un plus grand bien-être général et à se sentir plus heureuses. Si vous êtes ici sur Gus&Co, ce n’est, évidemment, pas par hasard. C’est que vous aimez jouer. Vous appréciez les jeux de plateau, de cartes, de rôle. Le jeu, pour nous, pour vous est une activité régulière : une fois par jour peut-être, par semaine à peu près, par mois au pire. Est-ce que vous avez déjà ressenti cet état de Flow ? Est-ce qu’un bon jeu, une bonne partie, un bon scénario n’est justement pas ce que nous recherchons, d’être emmené dans ce Flow ?
Pourquoi le Flow est-il si agréable ?
Quand nous nous engageons dans des activités qui engendrent un état de Flow, nous éprouvons des sentiments de réussite, de fierté et d’accomplissement, ce qui encourage davantage l’apprentissage et le développement. Le Flow peut déclencher en nous un relâchement de dopamine, l’hormone de la motivation.
Une activité effectuée en Flow est considérée comme agréable ou même… extatique, bien que la joie ou le plaisir ne passe pas toujours au premier plan. Nous sommes alors trop occupés à nous sentir plongés dans l’expérience.
Expériences ludiques optimales
Nous sommes tous et toutes capables d’atteindre cet état de concentration et de plaisir sans effort appelé Le Flow. Ce Flow nous plonge dans un état de bonheur à l’état pur, de béatitude.
Certains sports, la méditation, jardiner, jouer de la musique, la lecture, l’écriture, dessiner, jouer, justement, nous proposent une immersion totale dans l’expérience. Le Flow peut aussi produire si vous aimez votre travail. Le Flow peut également se produire lors d’une interaction sociale, en parlant avec quelqu’un ou en jouant avec un enfant. Des moments comme ceux-ci fournissent des instants de vie intense.
Ces moments d’exception sont ce qu’on appelle justement des expériences de Flow. La métaphore du Flow est celle que de nombreuses personnes ont utilisée pour décrire le sentiment d’action sans effort qu’ils ressentent dans des moments qui se démarquent comme étant souvent considérés comme les plus agréables de leur vie. Le Flow, c’est l’extase, c’est être « dans la zone ». C’est la pleine implication dans l’activité. Au point de nous faire perdre des repères, dont temporels. Le Flow nous permet de ressentir un certain bonheur.
Le Flow a tendance à se produire lorsque nous faisons face à un ensemble d’objectifs clairs qui nécessitent des réponses appropriées. Il est facile d’entrer dans un état de Flow dans des jeux, car ils ont des objectifs et des règles qui nous permettent d’agir dans le jeu, sans avoir trop d’efforts à fournir pour savoir ce qui doit être fait, et comment. Pendant toute la durée du jeu, nous, joueurs, joueuses, vivons dans un univers spécifique, spécifié, à la clarté des objectifs : comment jouer, comment marquer des points, comment gagner. Contrairement à la vie normale, ces «activités de Flow», comme le jeu, nous permettent de nous concentrer sur des objectifs clairs et compatibles, et de nous fournir une rétroaction immédiate. En jouant cette carte ici, il se produit cela.
Le Flow se produit également lorsque nos compétences sont impliquées dans la résolution d’un défi qui est à peu près gérable. C’est le « à peu près » qui est important. Le défi doit être un juste équilibre entre le ni trop, ni pas assez. Ni trop compliqué, ni trop facile, de sorte qu’on puisse acquérir de nouvelles compétences, de nouvelles connaissances. Que les défis et leurs difficultés augmentent avec le temps. Plus on améliore et augmente ses compétences et connaissances, et plus on a besoin de progresser, ce qui nous plonge alors dans cet état second d’intense concentration qu’est le Flow.
Le Flow est une source d’énergie mentale. Il concentre l’attention et motive l’action.
Flow et Jeu
Le temps libre dans notre société est occupé par trois grands types d’activités : la consommation des médias, coucou Netflix, le grand gagnant de la pandémie depuis une année, ou flâner sur les réseaux sociaux, la conversation et les loisirs actifs, comme les hobbies, la musique, sortir au restaurant (quand ils étaient encore ouverts…) et au cinéma (quand ils étaient encore ouverts…) , le sport et l’exercice (quand les salles de sport étaient encore ouvertes…).
Toutes ces activités de temps libre ne sont pas les mêmes dans leur potentiel de Flow. Par exemple, regarder la télévision, streamer, bingewatcher ne procure par le même plaisir que la lecture ou le jeu de société. On regarde souvent une série, un film pour se détendre. On lit un livre ou on se lance une petite partie pour vivre une expérience plus intense. L’investissement personnel diffère entre ces diverses activités. Pour certains d’entre nous, jouer n’est pas se détendre, Si on est trop fatigués, ou anxieux, surtout en période de pandémie mondiale, coucou troisième vague, la discipline, la force de surmonter l’obstacle initial de nous lancer dans une activité qui va nous demander plus d’efforts risquent de nous manquer. Et c’est bien dommage, car jouer, lire, écrire, faire de la musique, même si plus « exigeant » que s’affaler sur son canap, nous offrent des moments plus intenses, plus prenants, nous procurent cet état de Flow.
Le Flow est un état précieux. C’est le moment où les connexions créatives sont établies. L’esprit se permet de penser, sans les contraintes et les attentes et atteintes du monde extérieur. Selon l’auteur du Flow, le psychologue Csikszentmihalyi, les états de Flow ont plusieurs caractéristiques clés comme listées plus haut. Ils impliquent avant tout une concentration intense dans la résolution de la tâche. Comme finir la rédaction de cet article par exemple, ou sa « petite » partie de Twilight Imperium…
À notre époque de distractions multiples, coucou les réseaux sociaux et les infos (anxiogènes), il devient de plus en plus difficile de se glisser dans un état de Flow. Souvent, au milieu d’une activité, d’une partie, plongés dans le Flow, on s’arrête pour vérifier son portable. Que s’est-il passé dans le monde, ailleurs ? Ces interruptions, souvent intempestives, brisent le Flow. À nous de ne pas saboter notre propre bonheur, notre propre Flow.
Temps, Flow et pipi
De toutes les expériences associées au Flow, celle qui est peut-être la plus intrigante, et qui rejoint la question incongrue de départ, est la façon dont notre sens du temps change. C’est presque comme si le temps lui-même s’arrête, se déforme ou se modifie. La magie dans tout cela est que, tout en s’écoulant, le temps semble ralentir. On se sent alors être plus productif en moins de temps. Hors Flow, le temps passe vite et on arrive à accomplir moins de choses. Dans un état de Flow, cependant, on se sent beaucoup plus productif. Le temps s’ouvre, ralentit, génère de l’espace créatif et productif. C’est un ressenti. Car en vrai, le temps ne s’altère évidemment pas. Ce qui change, c’est notre expérience du temps.
La prochaine fois que vous êtes plongés dans une partie, et que vous avez une grosse et sérieuse envie pressante depuis 10-20-30 minutes, et que vous n’arrivez pas à lâcher vos cartes, vos dés, vos pions, votre manette, lucky you ! Vous avez atteint le Flow, le bonheur à l’état pur !
Bon je vous laisse, maintenant que l’article est fini, je vais enfin pouvoir aller courir aux toilettes, ça fait 2h que je dois aller aux toilettes.
Et vous, avez-vous avez déjà ressenti cet état de Flow ? En jouant ou ailleurs ? Racontez-nous une anecdote.


2 Comments
Frédéri Bac
Alors donc c’était le Flow ! Le nombre de mes expériences de « sensation de compression » relative du temps sont nombreuses même récemment alors merci d’avoir mis une image sur ce qui me pousse à garder/prendre le temps de jouer et de faire jouer !
– La plus marquante date d’il y a bien longtemps (avant les enfants)… Nous nous affrontions avec ma douce sur « La Guerre de l’Anneau, bataille épique en Terre du Milieu » => Un jeu long, immersif voire parfois oppressant => A la fin de la partie, « En fait, il est pas si long ce jeu »… Puis un regard sur l’horloge… Il est 3h du matin… « Demain, c’est 7h c’est ça ? »
– La plus récente en mode pitch : 10h début d’écriture pour une petite session -> 11h30 « Zut les enfants mangent pas à la cantine ce midi » 🙂
wietzel
Oui j’ai connu le flow – et lu je crois avoir lu un bouquin de l’auteur qui en cause, je me vante un peu 🙂
Surtout en pratiquant la musique assistée par ordinateur. L’écriture aussi, moins souvent. Dans les jeux encore moins souvent : les conversations d’une part et les difficultés du jeu lui-même d’autre part m’ont fait sortir de cet état ou interdit d’y accéder.
En sport : sûrement au tennis lors des rares échanges qui durent où la concentration apporte un peu de succès.
C’est une sensation dont on ne prend conscience qu’à sa disparition, je trouve. Les joies du cerveau !
Merci pour ces articles qui vont chercher un peu – beaucoup – plus loin que le game play !