Écologie,  Jeux de plateau

En catimini, la Suisse introduit l’Ecoscore

La marque Migros étiquette la durabilité de ses produits. L’Ecoscore est lancé ! Ou presque.


Quand nous avons lancé sur notre blog l’Ecoscore en juillet 2019, notre initiative fit couler beaucoup d’encre numérique, avec pas moins de 100 commentaires ! Un sujet épineux, délicat, mouvementé, mais nécessaire !

Pour rappel, cet Ecoscore est un étiquetage que nous appliquons sur notre blog pour les jeux que nous chroniquons.

Chaque jeu est produit quelque part : Chine, Allemagne, Pologne, US. Ce qui signifie, pour nous Européens et Européennes, un certain kilométrage parcouru. Donc un coût environnemental engendré en matière de rejet de gaz à effet de serre et d’utilisation de pétrole.

L’Ecoscore prend en compte deux aspects :

  • le trajet pour la fabrication jusqu’à son pays de vente
  • le matériel de jeu : bois, papier-carton, des matériaux renouvelables, ou des figurines et pièces en plastique

L’étiquette passe de A à E, du moindre au plus lourd impact du jeu sur la planète. Un jeu uniquement constitué de papier-carton et produit en Allemagne n’aura en effet pas les mêmes impacts environnementaux qu’un jeu bourré de figurines et produit en Chine.

Vous l’aurez relevé, l’Ecoscore s’inspire bien évidemment du Nutri-Score et des étiquettes énergie que l’on retrouve sur les appareils électroménagers, l’immobilier et les voitures, en se focalisant sur les aspects environnementaux du jeu de société. L’idée n’étant pas « criminaliser » les mauvaises pratiques, mais

1. Informer

2. Sensibiliser

3. Valoriser les bonnes pratiques

Et là, on vient tout juste d’apprendre que depuis cette semaine, Migros, l’une des deux plus importantes enseignes de supermarché en Suisse, se met elle aussi à l’Ecoscore en lançant son propre étiquetage.

Migros, M-Check, Ecoscore, éthique et étiquette. Tout un programme

L’enseigne de supermarché suisse veut donc jouer la carte de la transparence sur les émissions de CO2 et sur l’impact de ses produits sur le bien-être animal.

Migros introduit à partir de cette semaine un système de notation pour ces deux critères, allant d’une à cinq étoiles, qui apparaît directement sur les emballages

Cette note ne donne pas d’indication sur la composition alimentaire mais une indication sur l’impact environnemental de l’article.

«L’objectif n’est pas de distinguer les bons ou les mauvais produits mais de donner l’information au client pour qu’il puisse faire son choix», précise le porte-parole de Migros.

Par exemple, un exemple

Sur son site, Migros présente le calcul pour leur crème entière de la marque Heidi. Voici ce qu’ils indiquent sur leur site :

Climat

En Suisse, l’industrie du lait constitue effectivement l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre de l’agriculture. On oublie toutefois dans ce cadre que le lait est en bonne partie composé d’eau. En conséquence, les émissions par litre de lait (1,3 kg CO2 eq/kg de lait) sont au final relativement limitées.

La crème entière Heidi s’est vu attribuer trois étoiles lors de l’évaluation. 96% de ce résultat est dû à la production, le reste au transport et à l’emballage. Selon notre échelle, un produit avec des valeurs de 4,71 kg CO2 eq/kg entre tout juste dans la catégorie des 3 étoiles (2 – 4,79 kg CO2eq/kg).

Bien-être animal

La crème entière Heidi est produite conformément aux exigences Swiss Green Milk, des normes de durabilité et de bien-être animal élaborées par la branche laitière suisse. Ces normes prévoient que l’un des deux programmes de bien-être animal de la Confédération (Systèmes de stabulation particulièrement respectueux des animaux (SST) ou Sorties régulières en plein air (SRPA) doit être respecté. Elles apportent en outre des précisions sur l’utilisation de médicaments.

Voici ce que signifie l’évaluation du bien-être animal

Produit: Crème entière Heidi
Standard: Swissmilk Green

DomainesÉtoilesPondérationPoints [1]
Contrôles248
Flux des marchandises515
Intégrité des animaux 
et prévention de la santé
414
Médicaments428
Nourriture et eau313
Qualité de l’air
température
bruit
éclairage
4,114,1
Place dans l’étable 
et aménagement
5210
Comportement propre à l’espèce212
Élevage313
Transport414
Somme de l’évaluation 1551,1
Calcul [2]3,41  
Évaluation [3]3  

[1] étoiles x pondération
[2] somme des points obtenus / somme pondération (51.1/15)
[3] arrondie mathématiquement

Dans un premier temps, ces étiquettes seront apposées sur les produits laitiers et la viande, et sur les marques propres de la coopérative. Soit 250 marques et labels représentant 80% de son assortiment et environ 70’000 produits.

Pour garantir le sérieux de ces évaluations, Migros s’est associé avec l’entreprise zurichoise spécialisée dans les écobilans Treeze. Cette dernière s’est chargée du classement des produits en fonction de leurs émissions de CO2 en prenant en compte les méthodes de production, mais aussi le transport et l’emballage.

Sur le site dédié à ce nouvel étiquetage, la coopérative donne le détail de l’évaluation de son assortiment. On y apprend que 50% de son assortiment étiqueté n’obtient qu’une étoile, mais que 10% obtient quatre ou cinq étoiles.

Le détaillant précise que tous les produits dépassant les 10 kg d’équivalent CO2 émis par kilo produit se voient attribuer la note la plus basse. Certains produits peuvent aussi avoir une note différente en fonction de la saison puisque le mode de transport de leur acheminement peut varier.

COVID & écologie

Avec la crise sanitaire, nos habitudes de consommation ont changé. On n’a jamais autant consommé local. Marchés fermiers, paniers locaux, produits de saison, les multiples confinements ont modifié notre façon d’acheter. Et c’est peut-être à ces changements que l’enseigne suisse Migros cherche à répondre.

Avec la crise sanitaire, nous, clientes et clients, remettons le système mondialisé en question. Il n’y a qu’à voir le chaos qui règne sur les mers et le commerce maritime pour voir qu’un truc ne tourne pas très rond

Plus que jamais, nous cherchons à connaître avec plus de précision ce qui se trouve dans notre assiette, quel est l’impact de notre alimentation et consommation sur la planète.

Dans les années à venir, le distributeur suisse souhaite également intégrer d’autres domaines tels que l’eau, les pesticides et des conditions de production équitables à son label.

Et pendant ce temps, à Berne

Si les Français réfléchissent à un CO2-Score, le gouvernement suisse, lui, le Conseil fédéral, ne veut pas de label CO₂ obligatoire. Jusqu’à présent, le Conseil fédéral s’est prononcé contre l’étiquetage environnemental obligatoire des denrées alimentaires vendues en Suisse. 

Néanmoins, notre gouvernement considère que les labels utilisés dans le secteur privé sont capables d’influencer l’offre et la demande de produits plus respectueux de l’environnement. 

Si cette démarche d’étiquetage, est, pour l’instant, bien isolée, elle fera peut-être tâche d’huile (bio). C’est en tout cas un baby step. C’est déjà pas mal.

Ecoscore, mais pas vraiment. Bientôt ?

Alors non, cet M-Check n’est pas exactement comme notre Ecoscore. Cette application d’une étiquette environnementale s’adresse dans un premier temps au denrées alimentaires. Avec un aspect éthique, que l’Ecoscore ne poursuit pas. N’empêche. C’est déjà une geste pour informer, sensibiliser et valoriser.

Et quid de l’Ecoscore ? Est-ce que l’industrie du jeu de société va se mettre à afficher notre, ou n’importe lequel, étiquetage pour indiquer l’origine de leur fabrication ? Depuis le lancement de notre idée en 2019, aucun éditeur ne s’est saisi de cette question pour l’indiquer sur leurs boîtes. Et c’est bien dommage.

Si la grande distribution, comme Migros, s’y met dorénavant, les éditeurs de jeux de société pourraient eux aussi s’engouffrer dans la brèche et emboîter le pas.

Quand verra-a-t-on les premières boîtes avec l’Ecoscore dessus ? Qui va se lancer en premier ? Et en pleine crise sanitaire, et toujours environnementale, faire l’autruche n’est bientôt plus possible. Ce n’est plus « si », mais « quand ».

Pour tout savoir sur le M-Check

L’émission de débat politique Forum de la RTS parlait du M-Check ce lundi 22.3.21 :

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