Critiques de jeux,  Jeux de plateau

Kill the Unicorns 🦄 Un jeu cute, cruel, caustique et cocasse

Clément nous présente ici la critique de Kill the Unicorns, un jeu qui vient de loin, de très loin, édité par Morning, les extrêmement sympathiques mais trop discrets éditeurs toulousains. Déjà annoncé à Essen en 2016 et après de moult changements, une campagne de financement a été lancée sur KS et réussie en décembre 2017 pour lancer le jeu. Et nous voici début décembre 2019, le jeu sort enfin, avec une année et demie de retard (comme souvent avec les jeux financés sur KS, soyons honnêtes). En tout cas aux backers dans un premier temps. Et à quand en boutique ?

Kill the Unicorns, de quoi ça parle ?

De licornes, de chasse et de pâté. Dans cet ordre. Sous des airs tout mignon, le jeu nous propose de partir à la chasse aux licornes, qui seront achetées par des gnomes, pour en faire du pâté. A ne pas mettre entre toutes les mains, donc.

Un thème fun, aussi cute que cruel. Alors certes, le jeu n’est qu’un « simple » jeu de cartes d’enchères secrètes, mais le matériel, les règles, les illustrations, tout s’évertue d’offrir un thème cute, cruel et cocasse. 4/5 sur l’ITHEM

Comment on joue ?

Le jeu se déroule en 4 manches, elles-mêmes découpées en 4 phases. Chaque joueuse reçoit un rôle, avec une habilité spéciale, 8 cartes de ruses, et 8 cartes de chasse, allant de 0 à 4.

Au début du tour, 4 licornes sont placées au milieu de la table. Chaque joueuse va tirer 2 cartes « ruses », en défausser une, et poser l’autre en dessous (ou au-dessus) d’une licorne. Chaque licorne peut avoir au maximum 2 cartes « ruses ». Une fois cette phase achevée, la chasse peut commencer!

La première joueuse décide combien de cartes elle veut mettre en jeu pour la première carte (de 0 à 3). Si elle ne participe pas à la chasse (elle ne pose pas de carte), elle perd son statut de première joueuse pour le reste de la manche, et c’est alors la joueuse suivante qui devient première joueuse. Les joueuses souhaitant participer à la chasse vont poser autant de carte que la première. Une fois toutes les cartes posées face cachée, les joueuses vont les dévoiler. Celle qui a le plus haut score (s’il y a égalité, c’est la joueuse avec le second score le plus haut qui gagne) remporte la licorne. Elle doit alors retourner la carte « ruse » associée à la licorne (s’il y en a une. S’il y en deux, elle en choisit une au hasard), et appliquer son effet (perte de points, perte de la licorne, gain de points, etc.). Les joueuses passent alors à la chasse suivante, jusqu’à ce que les 4 licornes soient chassées ou défaussées.

Voilà. Un jeu d’enchères secrètes. Avec deux twists : les cartes « ruses », qui viennent épicer le tout, et le nombre de cartes à jouer, à choix

La quatrième phase commence alors, avec la possibilité pour les joueuses d’acheter, avec leurs cartes chasses restantes, des bonus pour maximiser leurs points.

Et comment on gagne ?

En ayant zigouillé le plus de licornes / le plus de points 😅

Une fois la 4ème manche finie, on compte les points :

  • Les cartes licornes valent un certain nombre de points (selon la carte), modulé par les bonus/malus éventuels
  • Les pâtés (échangés pendant la phase d’achat) valent le nombre de points marqués sur le jeton (de 1 à 3)
  • Les combinaisons (2, 3, 4, 5 cartes de la même catégorie) scorent en fonction du nombre de cartes
  • Les arc-en-ciel (combinaison de couleurs) scorent 8 points. Un double arc-en-ciel (2 fois les cartes des 4 catégories) et c’est la victoire immédiate, quel que soit le nombre de points des autres

Interaction ?

Oui forcément. C’est un jeu d’enchères, avec le twist des ruses, qu’il va falloir placer correctement, et de bluff, avec les cartes de chasse de valeur 0. 4/5 sur l’IGUS

A combien y jouer ?

Le plus possible. Plus il y a de joueuses, plus il y aura de mouvement et de vie, et plus la course aux ressources (licornes et bonus, en nombre limité) se fera féroce.

Et alors, Kill the Unicorns, c’est bien ?

Oui, c’est bien. Mais.

C’est bien, parce que c’est mignon, les illustrations sont kawaii, complètement décalées par rapport au thème, qui consiste à tuer des licornes 🦄 pour en faire du pâté 🍖

La mécanique de jeu tourne bien, les ruses et le bluff ajoutent un intérêt aux enchères, le changement de première joueuse lors d’une non-enchère évite les joueuses attentistes et force le jeu. En effet, être la première joueuse représente un réel avantage, en particulier lors de la phase d’achat. Le décompte des points n’est pas trop compliqué, et ne vient pas péjorer l’expérience de jeu par des calculs d’apothicaires.

Mais.

Il y a plusieurs mais, qui viennent, à différents degrés, baisser la note, l’expérience, le plaisir du jeu. Premièrement, le matériel. C’est un jeu de cartes tout « bête », mais c’est un jeu kickstarté. Et du coup, on a une grosse boîte, par rapport au contenu, avec un thermo, une licorne en plastique, et des plateaux de jeux en mousse qui n’apportent rien. Le tout assemblé, fabriqué en Chine. Beaucoup de bling-bling cosmétique et inutile.

Le deuxième point, c’est la lisibilité de la règle. Le livret de règle est écrit en fausse cursive, et est d’une lisibilité et d’une clarté relative, en tout cas pour moi. Les règles sont simples, mais la prise en main du livret m’a fait craindre le pire. Craintes qui se sont toutefois dissipées à la lecture.

Si la mécanique des ruses pimente au jeu, c’est aussi sa faiblesse. En effet, elle contribue à l’aspect chaotique du jeu. On participe aux enchères, à l’aveugle, le concept-même d’une enchère secrète, et pouf, retournement de situation. On pensait gagner, on a tout misé pour, et là, c’est le drame. C’est fun 2 minutes. Sur la durée, c’est frustrant, et on se demande bien pourquoi on continue à jouer.

Autre point décevant, le jeu devient répétitif et… ennuyant. Heureusement qu’il est court. Du coup, si on se réjouit que le jeu finisse, c’est à se demander s’il n’y a pas un souci quelque part.

Enfin, l’humour pipi-caca. Ok, le jeu est décalé, mais l’humour de cour de récré était franchement évitable.

Kill the unicorns est un bon petit jeu, qui voit sa note baisser à cause de choix d’édition, qui sont clairement évitables, quel que soit le public visé (au-dessus de 10 ans). Et également, pour son aspect répétitif. On joue une (ou 2, ou 3) carte, on révèle, on résout, voilà. Et le côté chaotique introduit par les ruses peut plaire, ou pas.

Au final, Kill the Unicorns a, selon nous, un souci de positionnement. Trop court, trop chaotique pour un jeu tactique de cartes et en même temps, pas assez fun, pas assez fluide, trop saccadé pour un party-game.

🔴 Kill the Unicorns, score final : 3/5

Le score a fait débat. Au sein de la rédac nous avons hésité entre un 3 et un 4. Au final, c’est son aspect assez répétitif et son « cul entre deux chaises » qui a fait descendre la note.

Ce qui nous a plu ❤️️

✅ Les illustrations, kawaii, toutes cutes

✅ Le thème, décalé

✅ Le packaging, super original : un cube !

✅ La mécanique d’enchères avec les ruses, qui rend le jeu « aléatoire » (mais est-ce une bonne chose ???)

✅ Des… licornes 🦄

Ce qui nous a moins plu ⛔️

❌ La lisibilité du carnet de règles

❌ L’humour de cour de récré à la pipi-caca

❌ Un EcoScore au ras des pâquerettes, pour un petit jeu de cartes qui aurait pu être produit différemment, plus en respect pour la planète

❌ L’aspect répétitif du jeu. Au bout d’un moment, on finit par s’y ennuyer

❌ Un jeu qui laisse perplexe. Est-ce un objet comique, ou un objet ludique ?

❌ Le souci de positionnement : party-game ? Jeu de cartes tactique ?

Et encore une chose

Vous pouvez consulter les règles de Kill the Unicorns ici

Et si vous habitez en Suisse, chez Helvétia Games shop ici.

Pour l’instant, le jeu n’est pas encore dispo en boutique, mais bientôt, certainement, à moins que Morning nous fasse une petite entourloupette à la 7e Continent…

  • Auteurs : Cyril Besnard, Loïc Chorvot, Alain Fondrille
  • Illustrateur : Levi Prewitt
  • Éditeur : Morning
  • Nombre de joueurs et joueuses : 3 à 6 (mais comptez plutôt 5 à 6)
  • Âge conseillé : Dès
  • Durée : 45′
  • Thème : Fantastique, féérique
  • Mécaniques principales : Enchères secrètes
Votre réaction sur l'article ?
+1
0
+1
0
+1
0
+1
0
+1
0
+1
0

7 Comments

  • Alain Fondrille

    Bonjour Gus and Co,
    en tant qu’un des auteurs de ce jeu, je me permets d’intervenir sur cette critique.
    S’il y a des soucis (après tout, quel jeu n’en a pas ?), je ne vous cache pas avoir bondi de ma chaise quand j’ai lu « Si les personnages ont des pouvoirs spéciaux différents, les cartes de ruse sont les mêmes pour tout le monde. »
    Sur les 8 ruses, 5 sont communes, 2 sont partagées avec 1 seul autre personnage, et 1 est unique. Si vous n’avez pas cela dans votre boite, Morning se fera un plaisir d’intervenir en SAV 😀
    Le fait qu’on connaisse globalement les ruses fait qu’on arrive au bout de la 2éme/3éme partie à deviner les pièges par les autres. Mais pas totalement. Ca réduit un peu le chaos, même si celui-ci reste bien présent ^^

    Autre point : « On pensait gagner, on a tout miser pour, et là, c’est le drame. » A vous lire, vous avez joué vos plus fortes cartes sur une seule licorne avec une ruse et découvrez que celle-ci peut retourner la situation (Ce qui est quand même le sel du jeu).
    C’est là où on trouve un point de tension dans le jeu : garder des valeurs assez fortes pour pouvoir continuer la chasse en cas de pépin, et en même temps devoir parier assez pour tenter de remporter la licorne. La stratégie all-in, ça ne fonctionne pas souvent.

    Enfin, si le jeu n’est pas en boutique actuellement, il est bien disponible sur le site de notre éditeur : https://morning-games.com/

    Je suis bien conscient que je ne pourrais pas changer votre ressenti sur le jeu. Mais il me paraissait important toutefois d’apporter quelques éclaircissements à votre critique.

À vous de jouer ! Participez à la discussion

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

%d blogueurs aiment cette page :