
Critique de jeu: Unearth. Le jeu qui hype
Somptueux, mais creux
- Date de sortie: août 2017 en VO
- Auteurs: Matthew Ransom et Jason Harner
- Editeur: Brotherwise Games
- Age: dès 8 ans
- Nombre de joueurs: 2 à 4
- Durée de jeu: 30 à 45′
- Mécaniques: dés, majorité, placement de tuiles
Unearth, de quoi ça parle?
D’un univers fantastique. Les joueurs incarnent des tribus qui ont vu leur prestigieuse civilisation détruite et qui décident de la reconstruire
Le thème est plutôt bien rendu puisque les joueurs passeront leur partie à bâtir leurs temples et bâtisses détruites, c’est cohérent
Après, la mécanique repose principalement sur des jets de dés. En fonction de ses lancers on recevra l’un ou l’autre avantage. Donc même si le thème est bien exploité, il ne faut pas se leurrer. On passe sa partie à jeter des dés
Mais
Mais ce qui permet au thème d’être bien rendu, et au jeu d’être autant buzzé et hypé ce sont ses illustrations. Somptueuses. Au style brutalement pompé à l’excellentissime jeu vidéo Monument Valley (dont le second opus est sorti il y a quelques semaines)
Donc y croit. L’espace d’un instant lors de la mise en place. Dès les dés lancés, le tout devient plutôt abstrait
Unearth, comment on y joue?
En lançant un seul dé
A son tour, un joueur peut décider de jouer une carte de sa main pour influencer le jeu, son prochain lancer
Puis, le joueur actif choisit l’un de ses dés à sa couleur, chacun en dispose 5 à plusieurs faces (1d4, 3d6, 1d8) et annonce la bâtisse sur laquelle il va placer son dé une fois lancé
Et là, c’est le drame
Le joueur doit alors assumer le jet. Impossible de changer de dé, de lancer ou de bâtisse. Ce dé est placé sur la bâtisse slash carte et c’est là qu’on évalue le total des dés déjà placés, sachant que chaque bâtisse possède une valeur minimum à atteindre ou dépasser
Si c’est le cas, le joueur qui a placé le dé au plus haut résultat remporte la bâtisse enfin construite
Des règles simples, fluides, expliquées en une minute
Mais mais. Et si je fais un jet pourri, j’ai tout raté? La bâtisse, le dé, ma vie, en général?
Non
Si le jet est tout pourri, 1, 2 ou 3, le joueur reçoit en compensation l’une des tuiles dispo sur la bâtisse. Cette tuile sera alors posée sur la table devant le joueur adjacentes à d’autres pour encercler un vide, vide qui pourra être rempli par un temple dispo. Selon la couleur des tuiles environnantes
Donc non, un mauvais jet de dés n’est pas (particulièrement) handicapant
Et comment on gagne?
On place une carte de fin de jeu à la fin du deck « bâtisse ». Quand elle est tirée, pouf, on passe au scoring
On compte alors ses bâtisses obtenues pendant la partie. Plus on dispose de bâtisses aux couleurs similaires et plus on gagne de points. Avec un bonus pour un set complet (scoring à la 7 Wonders, donc). Mais également les temples qu’on aura réussi à placer sur la table grâce à son ajustement de tuiles
Un scoring simple
Interaction?
Oui, pas mal, avec la majorité des dés, la course aux bâtisses, aux temples. Mais peu d’incidence directe sur les autres joueurs. Une interaction plutôt froide, sans être inexistante non plus
Mais à moins de jouer en solo, TOUS les jeux de société (de société) sont interactifs. Oui c’est vrai
Et à combien y jouer?
A 2-3, bof bof, la tension n’est pas à son comble et il faudra plus de dés pour parvenir à atteindre les minima des bâtisses. C’est vraiment à 4 que le jeu est mieux
Attention, cela ne veut pas dire qu’à 2-3 le jeu est mauvais, juste qu’à 4 il déploie tout son intérêt, sa force, sa saveur
Alors, Unearth, c’est bien?
C’est surtout un très, très beau jeu. Les illustrations sont incroyables. On a juste envie de posséder le jeu pour se laisser transporter par son univers
La boîte est pratique, thermo, et le reste est fonctionnel, sans plus. Ni les dés ni les tuiles sont chatoyants, ils détonnent par rapport aux grandes cartes format tarot des bâtisses
Mais à part ça, Unearth, c’est bien?
Disons que c’est un jeu fonctionnel. Un bon jeu, sans être trépidant non plus. On en fera 2-3 parties, mais pas sûr que le jeu devienne culte pour autant
Il a joui d’un buzz du tonnerre à la Gen Con et juste après. Mais soyons lucides, s’il n’avait pas bénéficié de telles illustrations, pas sûr qu’on en aurait fait un tel foin. Le moine, l’habit, tout ça
C’est un jeu de dés, de majorité, au hasard bien équilibré (cartes, tuiles) et la mécanique bien huilée. La gestion de l’agencement des tuiles pour obtenir les temples et sympatoche, mais voilà, pas un jeu incroyable au point de vouloir se relever la nuit ou de le posséder de toute urgence dans sa ludothèque. Somptueux, mais creux
La hype va passer. Remplacée par une autre
En attendant une hypothétique VF, vous pouvez le trouver en VO chez Philibert (mais attention, il y a quand même pas mal de texte sur les cartes, sur les temples)

6 Comments
Kaisersauze
C est pas juste c’est truqué il était même pas dans la pile!
Gus
Surpraïze
Stéphane
En regardant les photos, j’ai l’impression que le plus gros dé est un D8, pas un D12, non ?
Gus
Absolument. Coquille corrigée. Merci Stéphane !
thegoodthebadandthemeeple
Beau et creux = poubelle
Gus
😂