Critique de jeu : Le Dernier Banquet. Chaises musicales
Ce jeu nous a été offert par l’éditeur pour test et critique sur notre site.
Le Dernier Banquet (LDB) est sorti en vf chez Edge en novembre 2014, pour 6 à 25 (!) joueurs, d’une durée de 10 à 20′ minutes, créé par Michael Nietzer, Oliver Wolf et Britta Wolf.
Dans LDB, les joueurs se trouvent à la Cour d’un Roi et y incarnent différents personnages de la Renaissance: Sénéchal, Baron, Duc, Roi, Princesse, Marchand, etc. Prenez le même « univers » que Mascarade, mais là où Mascarade faisait l’économie d’un thème détaillé, LDB essaie de proposer des personnages et des scénarios enrichis.
Mais bon, il ne faut pas s’imaginer non plus des personnages au long background, l’attitude du perso est résumé en deux lignes, avec à chaque fois deux choix, une attitude conciliante et fidèle à la royauté, et une autre, plus rebelle et taquine.
LDB est un crossover entre jeu de rôle grandeur nature et jeu de société, puisque pour peu que les joueurs se prennent au jeu, on peut littéralement avoir des parties épiques, immersives. Mais comme de nombreux jeux narratifs de société, Il Etait une Fois, Fabula, tout dépend des joueurs.
La mécanique est extrêmement simple. On place en cercle autant de chaises qu’il y a de joueurs, et tous les joueurs restent debout devant leur chaise.
A son tour, un joueur peut soit utiliser une action de son personnage et ensuite s’asseoir pour indiquer qu’il a joué, soit passer et directement s’asseoir. Voilà.
Une fois que tous les joueurs sont assis, on passe à la phase « objectif » et on regarde si les conditions de victoire ont été atteintes.
Conditions de victoire? Il faut savoir que LDB est livré avec 6 scénarios différents: assassinats, magouilles et intrigues, marchandises à faire tourner.
Les scénarios vont du plus simple au plus compliqué, mais ils proposent plus ou moins toujours les mêmes conditions de victoire, faire asseoir un personnage spécifique avec un objet spécifique à côté d’un autre joueur spécifique. Voilà.
Et que se passe-t-il quand on a joué aux 6 scénars, est-ce que le jeu devient inutilisable? Non point du tout, car s’ils portent le nom de scénario, il s’agit en réalité de modes de jeu, de variantes, pas d’aventures au sens propre du terme qui, une fois jouées, sont épuisées. Non, une fois un scénario joué on peut très bien y rejouer, tout sera différent.
Mais dit plus haut, les différents scénarios ne sont finalement pas si différents que ça, juste qu’il intègrent certains éléments et personnages.
Comme le jeu se joue par factions, il y a des colliers avec une attache métallique pour préciser les groupes. Joli.
Les illustrations des cartes de personnages sont aussi superbes, très baroques.
Bref, un joli matériel qui tient dans une boîte plutôt petite pour Edge / FFG (mais il faut croire que c’est la tendance actuelle de proposer une boîte de taille moyenne avec Warhammer 40K Conquest).
Une interaction extrêmement forte puisqu’on joue par factions, donc on se réunit en cachette hors de l’aire de jeu à préparer ses stratégies et magouilles.
LDB est un vrai jeu d’enfoirés puisque les pouvoirs permettent de déplacer et échanger les joueurs de place, donc on fait tout pour avantager sa faction.
Party Gamers : oui, à donf. LDB a le mérite de pouvoir réunir jusqu’à 25 joueurs pour une ambiance riche et tendue du slip, avec quantité de retournements de situation.
Familles & Casual : sans aucun problème, mais en n’utilisant alors que les actions basiques de personnages, les actions avancées sont plus compliquées à gérer.
Hobby Gamers : pourquoi pas, pour changer un peu des jeux de plateau statiques.
Core Gamers : non, pas vraiment, LDB est plutôt chaotique et fun. Deux aspects qui ne plairont pas forcément aux Gamers.
LDB est une bonne alternative aux Loups-Garous, puisqu’il permet de réunir beaucoup de joueurs. Mais si dans les LG on passe clairement sa partie à bluffer et à tchatcher, dans LDB on est plutôt à se regarder dans le blanc des œils pour élaborer les tactiques les plus sournoises afin de faire gagner sa faction.
Mais LDB n’est pas facile à jouer, ceci pour plusieurs raisons: les actions avancées sont tellement subtiles que les joueurs peuvent avoir de la peine à les exploiter à bon escient, et il règne un chaos constant puisque les joueurs changent constamment de place autour de la table des chaises.
Jouer à LDB (nous y avons joué entre 9 et 20 joueurs) me fait un peu penser aux Sultans de Karaya, ou à Mascarade, mais version grandeur nature puisqu’on ne fait pas tourner les cartes mais les joueurs eux-mêmes. Joyeux bordel.
Alors, LDB, un bon jeu? Son principal avantage est de pouvoir réunir beaucoup de joueurs sans beaucoup d’explication, surtout si on se limite à jouer les premiers scénarios, plus abordables, et les actions basiques, plus fluides et simples. Et oui, un bon jeu car l’interaction est très forte, et on aura envie de refaire une partie juste pour tenter d’autres stratégies.
Maintenant, il faut savoir que le jeu est vraiment chaotique, on ne contrôle rien, la victoire est souvent obtenue « au petit bonheur la chance », mais c’est surprenant et fun.
Il faut également rajouter qu’à partir de 18 joueurs, LDB peut devenir long, surtout pour les joueurs qui sont assis et qui attendent que la partie prenne fin. Une fois qu’on a joué on n’a en effet plus grand-chose à faire à part observer le jeu, qui peut devenir long. Du coup les joueurs peuvent commencer à s’embêter et se sentir désinvestis. Je l’ai souvent observé lors de mes parties, tristoune. Préférer y jouer à 8-14 joueurs. Pouvoir faire jouer beaucoup de joueurs.
Changer des jeux de plateau en proposant une config différente (debout, en cercle).
Plusieurs modes / scénarios différents.
Des règles expliquées très rapidement.
Un jeu d’enfoirés. Et sur Gus&Co, on aime les jeux d’enfoirés.
Très tactique.
Peut être joué partout, même pas besoin de chaises au final, on peut juste s’asseoir parterre.
Très bonne interaction, surtout celle avant la partie elle-même lors des discussions internes et secrètes au sein des factions.
Une bonne alternative aux sempiternels Loups-Garous.
Pas besoin de maître de jeu, tout le monde joue, pas comme dans les LG ou Illegal.
Très bon matériel: colliers, illustrations des cartes.
Le tout premier scénario, efficace, fluide. Faire asseoir un assassin à côté du roi, c’est tout, et ça marche.
Un bon jeu à sortir pour les fêtes de famille / fin d’année.
Une fois son tour passé on attend que la partie prenne fin, et ça peut devenir long selon le nombre de joueurs.
Des scénarios très « tarabiscotés » et trop complexes (notamment le 6) qui sont sympa sur le papier, mais trop difficiles à gérer en live.
Pas beaucoup de tchatche une fois la partie commencée, les joueurs se regardent en chiens de faïence.
Des actions avancées parfois trop complexes à jouer.
Trop long à 18-25 joueurs.
Finalement assez répétitif puisqu’on ne fait que passer sa partie à déplacer les gens autour de l’aire de jeu.
