Etherium : Stratégie spatiale ou chute libre cosmique ?
🌌 Plateformes flottantes, peuples asymétriques et programmation tactique : Etherium vaut-il le détour ? Notre test.
Etherium

⚠️ Avertissement : Dans un souci de transparence envers notre communauté, nous tenons à préciser que cet article reflète notre opinion personnelle sur le jeu. Nous n’avons reçu aucune contrepartie de la part de l’éditeur du jeu. Nous avons acquis et testé le jeu de façon indépendante, sans lien commercial avec son éditeur. Les avis présentés ici représentent notre analyse honnête et impartiale du jeu, basée sur notre propre expérience.
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L’essentiel en 3 points :
- Programmez vos actions en utilisant les plateformes flottantes à votre avantage
- Un système ingénieux d’actions planifiées, des dés modulables et des peuples asymétriques
- Un design minimaliste et quelques déséquilibres tactiques
Bienvenue sur Etherium
Vous venez de programmer vos six actions avec soin, mais votre adversaire a anticipé chacun de vos mouvements : bienvenue dans l’univers impitoyable d’Etherium.
Etherium propose un jeu de programmation et d’affrontement tactique dans un univers fragmenté, où les peuples se disputent la ressource la plus convoitée de l’univers : l’Éther. Verdict après le décollage.
Etherium n’est pas une planète comme les autres. Fragmentée par un cataclysme ancien, elle flotte aujourd’hui en morceaux, reliés par des couloirs d’Éther. Six lunes en orbite — Mauhéa, Reces, Hivalia, Ertis, Meinas et Psolos — rythment les saisons et influencent la vie des peuples qui y vivent. Chacun d’eux tire son énergie de l’Éther, cette substance mystérieuse capable de plier la gravité et d’altérer l’espace-temps.
Le jeu est signé François Berdeaux, auteur français et gérant du jeune éditeur Le Crapaud Céleste. Le credo du Crapaud Céleste ? « Découvrir de nouveaux horizons » et « tordre le cou aux tours de jeu interminables ». Après Totemix (2022), un coopératif sans tour de jeu, il revient avec un titre cette fois-ci résolument compétitif. Christophe Tritz, dont le compte Instagram regorge de plateformes en 3D peuplées de cités spatiales fantasmagoriques perdues dans des végétations luxuriantes ou des univers minéraux, a été choisi pour l’illustration, et on comprend pourquoi.
Fragments d’univers
Etherium se distingue d’emblée par son concept de terrain en trois dimensions : un plateau composé de boîtes de différentes tailles s’empilant les unes sur les autres, simulant les reliefs et variations gravitationnelles. Ces plateformes flottantes composent le champ de bataille de votre conquête.
Le décor posé, chaque peuple prend position aux coins de ce plateau réellement en 3D avec, au centre, le précieux Éther.
Le cœur du jeu repose sur un enchaînement de programmation secrète, de résolution d’actions dans un ordre d’initiative changeant et de gestion de ressources. Chaque saison, les joueurs planifient jusqu’à six actions derrière leur paravent — déplacement, collecte, augmentation, transformation ou connexion — avant de les révéler dans l’ordre changeant du tour.
Cette structure offre une tension constante : tout repose sur votre capacité à anticiper les mouvements des autres et à déchiffrer leurs intentions.
De la mise en place à l’orbite
Avant même de jouer, Etherium exige une certaine patience. Le plateau est formé de 17 boîtes prémontées, empilées selon les indications du livret. Dommage qu’une erreur d’impression se soit glissée dans cette partie du livret de règles. Sans la mention sur la couverture m’invitant à découvrir du contenu supplémentaire en ligne sur leur site internet, j’aurais pu peiner à trouver la mise en place correcte.
Une fois installé, on se retrouve avec un grand terrain central (la case Éther) entouré de terrains petits, moyens et grands, reliés par leurs coins et répartis sur 3 niveaux de hauteur.
Chaque joueur choisit un peuple et récupère son paravent, ses figurines d’armées et de collecteurs, ses marqueurs de guide et de défense, ainsi que ses jetons d’action.
Le placement du plateau peut d’ailleurs être aléatoire ou tactique, selon le niveau des joueurs : dans les parties avancées, la pose des terrains devient une phase stratégique à part entière, où chaque choix influence les opportunités de déplacement, de collecte ou d’attaque futures.
Le terrain n’est pas très étendu et, comme nous allons le voir, on se retrouve rapidement au contact.
Une année sur Etherium
Une partie d’Etherium se déroule sur sept saisons, de la Nuit à la saison finale.
Chaque tour de jeu suit quatre phases, d’une clarté cosmique :
- Piocher une carte Flash : ces cartes instantanées apportent des bonus ou actions spéciales. Certaines se jouent à tout moment, d’autres uniquement pendant la phase de saison.
- Révéler la saison : chaque carte saison modifie les règles du tour (bonus, malus, ordre d’initiative, pouvoirs activés pour certains peuples).
- Programmer ses actions : le cœur du jeu. Chaque joueur place ses jetons d’action derrière son paravent, dans l’ordre où il compte les exécuter.
- Révéler et exécuter : les paravents tombent, les actions se déroulent dans l’ordre d’initiative.
C’est dans cette séquence qu’Etherium prend toute sa saveur : planifier, c’est déjà prendre un risque. Une mauvaise anticipation, et votre armée se retrouve dans le vide cosmique ou en retard d’une orbite.
La gravité des choix
Les choix de programmation sont à effectuer à chaque tour parmi cinq actions, qui peuvent éventuellement être répétées puisque, si on commence avec 4 jetons d’action, on peut au cours du jeu en acquérir deux supplémentaires.
Les actions sont assez classiques :
- Déplacer une unité
- Collecter une ressource
- Augmenter une unité
- Transformer l’Éther (pour le convertir en bonus)
- Connecter (lancer un dé pour gagner des bonus)
L’originalité réside dans les détails de ces actions.
Déplacement gravitationnel : l’unité se déplace d’une seule case quand elle arrive sur une plateforme située au-dessus d’elle. Par contre, si elle descend, elle gagne un mouvement supplémentaire. Dans tous les cas, la case programmée doit être celle de l’arrivée. Il faut donc bien anticiper ses mouvements possibles et ceux de l’ennemi en permanence pour ne pas arriver sur une case vide sans personne à combattre ou à rançonner.
Augmenter une unité : Chaque peuple ne possède qu’une armée et un collecteur. En transformant les ressources, il peut cependant augmenter, et c’est évidemment crucial, le niveau de son unité. L’armée sera plus puissante et le collecteur plus efficace.
Collecter une ressource : Un collecteur collecte autant de ressources que son niveau, mais celui-ci peut être diminué quand il se fait attaquer par une armée. Et les armées, quand elles entrent en conflit entre elles, perdent aussi un niveau, même en cas de victoire. Autant dire que la gestion de la collecte est impérative.
Transformer l’Éther : Cette action permet de convertir la ressource la plus recherchée en bonus qui peuvent se révéler décisifs.
Connecter : la part du hasard. Le lancer de dé permet de récolter des bonus avec un risque de malus si le lancer est mauvais. Mais nous allons voir que cela n’arrive qu’en début de partie, car après, on peut partiellement contrôler le lancer de dé.

L’attraction de Hivalia
Etherium propose des peuples asymétriques. Certains sont plus orientés vers la collecte de ressources, d’autres ont des avantages en construction, tandis que certains sont plus agressifs grâce à leurs avantages militaires.
Théoriquement, cela enrichit la rejouabilité. Mais il nous a semblé qu’une faction ressort souvent comme potentiellement déséquilibrée : Hivalia.
Le peuple Hivalia est décrit comme ayant une affinité particulière avec l’Éther : il lui est plus facile de transformer ou connecter, et de profiter des actions des autres. Cette connexion biaisée confère un avantage notable, surtout en milieu ou fin de partie.
Les autres factions (Reces, Ertis, Psolos, etc.) sont plus « classiques » ou spécialisées, et certaines stratégies (pillage, défense, production) peinent parfois à rivaliser si Hivalia domine trop tôt l’Éther.
Cet écart ne rend pas le jeu injouable pour les autres peuples, mais il impose un ajustement mental : jouer Hivalia, c’est capitaliser sur la connexion dès que possible. Les autres peuples doivent compenser par une gestion stricte ou des blocages tactiques.
Quatre peuples sont proposés dans la version de base. L’extension qui était incluse dans la version Kickstarter permet d’ajouter deux peuples supplémentaires.
Sous l’emprise du hasard
Lorsque des unités adverses se retrouvent sur la même case, les combats apparaissent. Trois types de conflit : pillage, assaut, siège.
- L’assaut (armée vs armée) est souvent la confrontation la plus directe.
- Le pillage (armée vs collecteur) permet de voler des ressources.
- Le siège (attaque d’une cité) peut rapporter des boosters, de l’Éther ou affaiblir le guide ennemi.
Ces conflits reposent sur des jets de dés, modifiables selon le niveau du guide, des capacités et des relances. Le hasard est donc présent, ce qui peut gêner certains joueurs qui supportent mal les retournements brutaux. De plus, le fort hasard des cartes Flash rend l’anticipation du résultat des combats tactiquement difficile.
On pourrait ajouter que le système de résolution, bien que logique, exige une lecture attentive du livret et une vigilance dans la gestion des déplacements et priorités. Cela alourdit les tours, surtout à 4 joueurs, principalement lors des parties de découverte. Ça s’enchaîne mieux avec un peu de pratique.
Les guides, pivot tactique et levier de puissance
Chaque faction d’Etherium dispose d’un Guide, unité centrale qui influence directement les affrontements et la gestion de l’Éther. Son niveau détermine non seulement l’efficacité de certaines actions, mais aussi les bonus appliqués lors des combats et des connexions.
Au fil de la partie, il peut être amélioré via l’action d’augmentation, pour optimiser les résultats des dés, offrant ainsi un certain contrôle sur la part de hasard omniprésente. De plus, il apporte des points en fin de partie. Son amélioration coûte cher, mais c’est un équilibre délicat entre investissement à long terme et efficacité immédiate sur le terrain qu’il faudra trouver.

Sobriété cosmique
L’idée d’un plateau tridimensionnel formé par des boîtes imbriquées est séduisante : offrir une dimension verticale aux déplacements, simuler la gravité, ou au moins donner de la texture visuelle.
Dommage que, dans la pratique, l’exécution soit plus rustique que grandiose. Le système de boîtes paraît artisanal, presque bricolé, avec des graphismes très simples, des motifs sommaires, et une impression d’outil fonctionnel plus que de pièce d’art. Certains joueurs trouvent que cette esthétique minimaliste passe, d’autres qu’elle peine à soutenir l’immersion.
Quand on voit le talent de Christophe Tritz, exprimé sur son compte Instagram, il est dommage d’être resté aussi minimaliste au niveau des plateaux des terrains d’Etherium alors que les illustrations de la boîte de jeu et des boîtes individuelles des joueurs présentent une personnalité marquée.
On a aimé / On a moins aimé
Astres alignés…on a aimé
- Une mécanique de programmation/anticipation riche, qui oblige à penser plusieurs tours à l’avance
- Un plateau tridimensionnel fonctionnel (malgré une esthétique rustique)
- L’asymétrie des peuples qui introduit de la variété (même si inégalement exploitée)
- Un univers cohérent et porteur, malgré une direction artistique modeste
- Des chemins de victoire multiples (connexion, ressources, combat)
- Une tension réelle quand l’ordre d’initiative se renverse à chaque saison
Orbites instables…on a moins aimé
- Un design graphique minimaliste, avec des boîtes très rudimentaires — l’ambition visuelle ne suit pas toujours l’idée
- Un déséquilibre potentiel : Hivalia paraît trop favorisé dans ses connexions
- Une erreur d’impression dans la mise en place qui crée de la confusion au départ
- Des conflits parfois trop dépendants du hasard et des cartes Flash
Etherium, verdict
Ou : Quand l’Éther promet des sommets, mais laisse parfois filer des fragments
Etherium est un jeu qui a du souffle — de très bonnes idées, une ambiance thématique forte, une tension tactique réelle. Planifier ses actions, exploiter les plateformes flottantes, jouer les peuples asymétriques : ces mécanismes fonctionnent. L’initiative qui change à chaque saison ajoute une variabilité bienvenue, qui empêche les parties de suivre toujours la même routine.
Cependant, ce souffle est parfois freiné par des défauts qu’on ne peut ignorer. Le design minimaliste, voire rudimentaire des plateaux en boîtes, limite l’immersion plutôt qu’il ne la complète. Le peuple de Hivalia paraît souvent bénéficier d’un petit plus dans la connexion à l’Éther, ce qui crée un déséquilibre tactique perceptible en milieu ou fin de partie. Enfin, le hasard — via les dés des conflits et les cartes Flash — joue un rôle significatif, parfois à contretemps des stratégies les plus méticuleusement planifiées.
Produit par un petit éditeur français indépendant, Etherium n’a pas bénéficié de battage médiatique et on en parle assez peu sur les réseaux. Pourtant, le jeu mérite qu’on s’y intéresse, ne serait-ce que pour l’originalité dont il fait preuve. À condition d’accepter ses défauts, on peut valoriser la démarche d’un jeune éditeur en quête d’innovation et profiter d’un jeu dynamique et tactique.
C’est pour vous si…
- Vous aimez planifier vos actions comme un astronaute en mission
- La programmation simultanée et les retournements de situation vous excitent
- Un petit jet de dé malheureux ne vous fait pas perdre votre sang-froid
- Vous avez une tolérance cosmique à la rusticité et voyez la beauté d’un monde dans un cube en carton
- Vous appréciez l’asymétrie comme l’apesanteur, un peu déséquilibrée
Ce n’est pas pour vous si…
- Vous voulez de la science-fantasy avec plus de pixels que de polygones
- Vous détestez que le hasard bouleverse votre trajectoire
- Vous aimez les jeux parfaitement équilibrés et polis au laser
- Vous n’aimez pas les combats incertains car dans l’espace… on ne vous entend pas crier
Conclusion
Etherium est un vaisseau spatial novateur, original par sa conception en 3D et quelques très bonnes idées, mais il ne vole pas parfaitement non plus. C’est un jeu qui ravira ceux qui aiment anticiper, prendre des risques calculés, et accepter que parfois l’Éther décide pour vous. Si vous êtes prêt à composer avec des éléments moins polis — esthétique rustique, perte occasionnelle de contrôle, déséquilibre de faction — alors vous trouverez dans Etherium un titre riche et satisfaisant.
Mais si vous cherchez un jeu à l’équilibre chirurgical, un univers visuel somptueux, ou une mécanique où le hasard est un élément mineur, alors Etherium risque de vous laisser sur votre faim. En définitive, c’est un jeu de conquête, d’anticipation et de gravité changeante : pas parfait, mais suffisamment ambitieux pour mériter une place sur votre étagère.
Etherium, c’est un peu comme partir en mission spatiale avec une fusée bricolée dans un garage : l’idée est géniale, le voyage excitant, mais parfois on se demande si on va vraiment arriver en un seul morceau. Et c’est justement ça qui rend l’aventure fun.
Sympathique.
- Date de sortie : Juillet 2025
- Langue : Française
- Assemblé en : Chine
- ITHEM : 2 sur 5. Pour en savoir plus sur l’ITHEM dans les jeux de société, c’est ici.
- IGUS : 5 sur 5. Pour en savoir plus sur l’IGUS dans les jeux de société, c’est ici.
- EcoScore : C. Si vous voulez en savoir plus sur l’EcoScore dans les jeux de société, c’est ici

- Label Dé Vert : Non. Pour en savoir plus sur le label Dé Vert, c’est ici.
- Création : François Berdeaux
- Illustrations : Christophe Tritz
- Édition : Crapaud Céleste
- Nombre de joueurs et joueuses : 2 à 4
- Âge conseillé : 13+
- Durée : 45-60 minutes (plutôt 90 mn à 4)
- Thème : Bataille spatiale
- Mécaniques principales : Programmation, Majorité, Construction, Dés, Affrontement. Pour en savoir plus sur les différentes mécaniques de jeux, c’est ici.
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