
Apprendre en s’amusant : L’étonnant pouvoir des jeux de société
🎓🎲 Jouer pour apprendre : comment les jeux de société peuvent renforcer les compétences mathématiques chez les enfants. Une étude vient de le prouver. 💡
Jeux de société et éducation
Les jeux de société peuvent contribuer à améliorer l’apprentissage des maths. En jouant à des jeux de société spécifiques, les enfants acquièrent des compétences numériques. C’est ce qu’une étude vient de démontrer. Les jeux de société basés sur les nombres peuvent aider les enfants âgés de trois à neuf ans à développer leurs compétences en matière d’addition et de comptage.
On le sait bien, alors que des heures de jeux de société peuvent favoriser une compétition ou une coopération entre la famille et les amis, des jeux de société peuvent aider les jeunes enfants à développer leurs capacités arithmétiques. Selon une petite étude publiée le 6 juillet dans la revue Early Years, les jeux de société qui utilisent des nombres peuvent aider les enfants de trois à neuf ans à améliorer l’addition, le comptage et la capacité à détecter si un nombre est plus grand ou plus petit qu’un autre.
L’équipe de recherche pense que les enfants pourraient bénéficier de programmes d’apprentissage ou de ludothérapies incluant des jeux de société plusieurs fois par semaine, sous la supervision d’un ou d’une enseignante ou d’un ou d’une adulte qualifiée.
Les jeux peuvent contribuer à améliorer l’apprentissage, mais les jeux dans lesquels on déplace à tour de rôle ses pions sur un plateau n’ont pas les mêmes effets que les jeux qui impliquent des paris ou des jeux d’argent. Les règles établies d’un jeu de société limitent également les actions et les mouvements d’un joueur sur le plateau, ce qui peut parfois affecter l’expérience globale du jeu.
« L’utilisation de jeux de société peut être considérée comme une stratégie ayant des effets potentiels sur les compétences mathématiques de base et complexes », a déclaré Jaime Balladares, psychologue de l’éducation à la Pontificia Universidad Católica de Chile et coauteur de l’étude, dans un communiqué. « Les jeux de société peuvent être facilement adaptés pour inclure des objectifs d’apprentissage liés aux compétences mathématiques ou à d’autres domaines.
L’étude en détail
Les chercheurs ont évalué 19 études portant sur des enfants âgés de trois à neuf ans et réalisées entre 2000 et 2023. À l’exception d’une seule, toutes les études portaient sur l’association entre les aptitudes mathématiques et les jeux de société. Les jeunes participants à l’étude ont participé à des sessions de jeux de société dirigées par des adultes deux fois par semaine pendant 20 minutes sur une période d’un mois et demi.
Pour 52 % des activités examinées, ils ont découvert que les capacités arithmétiques s’étaient considérablement améliorées après les séances avec les jeunes. En outre, dans près d’un tiers (32 %) des situations, les enfants des groupes de jeu ont obtenu de meilleurs résultats que ceux qui n’ont pas participé aux activités.
Dans plusieurs des recherches examinées par l’équipe, les enfants ont été assignés soit à des jeux de société basés sur les chiffres, soit à un jeu de société non axé sur la numératie. D’autres études ont utilisé des jeux de société basés sur les nombres, bien qu’ils aient été divisés en deux catégories distinctes, comme les dominos ou le Monopoly.
À l’issue des sessions de jeu, qui visaient à favoriser les premières aptitudes arithmétiques telles que le comptage à haute voix, tous les joueurs et toutes les joueuses ont été évaluées sur leurs compétences en mathématiques. L’équipe de recherche a évalué les résultats obtenus dans quatre domaines : la compétence quantitative, la compréhension des nombres de base, comme « neuf est plus grand que trois », les connaissances plus approfondies, comme « un enfant peut additionner et soustraire », et l’intérêt pour les mathématiques.
La conception et la mise en œuvre de jeux de société, ainsi que les processus scientifiques permettant d’évaluer leur utilité pour aider les enfants à apprendre l’arithmétique, sont des tâches essentielles que les éducateurs devraient créer, selon M. Balladeres.
« De futures études devraient être conçues pour explorer les effets que ces jeux pourraient avoir sur d’autres compétences cognitives et développementales », a ajouté M. Balladeres. « Un espace intéressant pour le développement de l’intervention et de l’évaluation des jeux de société devrait s’ouvrir dans les prochaines années, compte tenu de la complexité des jeux et de la nécessité de concevoir des jeux plus nombreux et de meilleure qualité à des fins éducatives. »
Alors que nous avons discuté de l’influence des jeux de société sur les compétences en mathématiques des enfants, une question qui a toujours suscité un grand débat dans le domaine de l’éducation est la notion de… la « bosse des maths ».
La bosse des maths
Le talent « inné » pour les mathématiques n’est pas donné à tout le monde. En effet, dès l’enfance, une grande disparité se dessine. Certaines et certains élèves, presque instinctivement, comprennent les formules et les théorèmes, empilant les bonnes notes comme des briques. Pendant ce temps, d’autres luttent, rattrapent leurs erreurs, et font face à de nombreuses difficultés. Dans son ouvrage « Mathematica – Une aventure au cœur de nous-mêmes« , David Bessis tente de démystifier cette idée selon laquelle les maths sont une bête noire. Mais bien que son approche, souvent basée sur des analogies, rende les mathématiques plus accessibles, il reste un débat sur l’aptitude innée ou acquise dans cette discipline. Est-ce que la fameuse « bosse des maths » existerait réellement ? Évidemment non.
L’idée d’une « bosse des maths », une zone spécifique du cerveau qui régirait l’intelligence mathématique, est une notion qui remonte au XIXe siècle et qui est issue de la phrénologie, une pseudoscience. Cette théorie a été proposée par Franz Joseph Gall, un médecin allemand qui a observé que certains étudiants dotés d’une grande mémoire avaient les yeux proéminents. Il a examiné les reliefs crâniens de diverses personnes, y compris des musiciens, des poètes et des prisonniers, et a conclu que chaque faculté mentale est localisée dans une zone précise du cerveau, d’autant plus volumineuse que la compétence est développée. Gall a même prétendu qu’une zone plus développée se traduit par un renflement du crâne, d’où la fameuse « bosse des maths ».
Cependant, les recherches modernes ont démontré que cette théorie est infondée. L’imagerie cérébrale a montré que les mathématiques sollicitent plusieurs faisceaux de neurones, dans différentes zones du cerveau. Le neuropsychologue Stanislas Dehaene a montré que le cortex pariétal inférieur des deux hémisphères contenait des circuits neuronaux dédiés à la manipulation des quantités numériques. Cette région n’a rien d’une bosse et se trouve dans la profondeur du sillon intrapariétal. Ainsi, l’idée que l’aptitude en maths dépend d’une zone du cerveau présente ou non à la naissance est une expression de la langue française qui persiste, mais qui n’est pas soutenue par la science moderne.
L’exemple de Sophie Germain est particulièrement frappant. En dépit des obstacles socio-culturels, elle a réussi à s’illustrer dans un domaine où les femmes étaient généralement exclues. Née à une époque où les mathématiques étaient considérées comme une « profession masculine », Germain a surmonté les préjugés et les difficultés pour se faire une place dans ce monde. Non seulement elle s’est déguisée en homme pour suivre les cours de l’École Polytechnique, mais elle a également réussi à convaincre le grand mathématicien Lagrange de la valeur de ses travaux. Ce fut le début d’une carrière brillante qui a vu Germain démontrer la véracité du dernier théorème de Fermat pour certains nombres et découvrir les nombres qui portent aujourd’hui son nom.
En fin de compte, la question de savoir si les mathématiques sont un don ou un talent acquis reste débattue. L’exemple de Sophie Germain montre cependant que la passion, la persévérance et le courage peuvent surmonter les barrières et mener à des découvertes incroyables. Alors que le monde change et que de plus en plus de femmes entrent dans le domaine des mathématiques, il sera intéressant de voir comment cette dynamique évoluera. Le chemin a été tracé par des figures comme Sophie Germain et Emmy Noether, et il appartient à la nouvelle génération de filles passionnées par les mathématiques de le suivre. Et la recherche publiée il y a quelques jours prouvent, à toute petite échelle, que les jeux de société ont… leur carte à jouer (c’est le cas de le dire) dans le processus d’apprentissage des mathématiques.
Jeux, défis et des maths
En dépit des résultats prometteurs de l’étude, la mise en œuvre de ces activités de jeux de société peut poser un certain nombre de défis. Par exemple, il est essentiel de choisir le bon type de jeu, adapté à l’âge et au niveau de compétence de l’enfant, et de mettre en place un environnement favorable pour jouer. Il est également crucial de disposer d’un animateur qualifié capable de guider les enfants à travers les différentes étapes du jeu et de les aider à en comprendre les concepts mathématiques.
Malgré ces défis, l’équipe de recherche soutient fermement le potentiel des jeux de société comme outil d’apprentissage mathématique. Balladares insiste sur le fait que l’objectif n’est pas d’utiliser les jeux de société comme substituts aux méthodes d’enseignement traditionnelles, mais plutôt comme un complément pour enrichir l’expérience d’apprentissage des enfants.
Il existe déjà un certain nombre de jeux sur le marché qui peuvent aider les enfants à développer leurs compétences mathématiques. Des jeux comme « Les chiffres à l’infini », « Le parcours de l’addition », ou « Rush Hour » encouragent le développement de la logique et de la résolution de problèmes. D’autres jeux comme « Jenga Math » permettent aux enfants d’explorer la géométrie, la mesure et l’équilibre tout en s’amusant à empiler des blocs de bois.
Les jeux de société offrent également une grande variété de bénéfices supplémentaires. Ils aident à améliorer les compétences sociales en encourageant la coopération, la prise de décisions en groupe et la résolution de conflits. De plus, ils favorisent la patience et la persévérance en montrant aux enfants qu’il faut parfois attendre son tour ou faire face à des défis pour gagner.
Jeux, éducation, compétences
Voici une liste, non exhaustive, de compétences que les enfants peuvent développer et renforcer grâce aux jeux de société :
- 🧮 Compétences en mathématiques : Les jeux de société basés sur les chiffres aident les élèves à améliorer leur addition, leur soustraction, leur multiplication et leur division. Ils favorisent également la compréhension de concepts tels que la probabilité et la stratégie.
- 📚 Compétences en lecture : Certains jeux nécessitent de lire des instructions ou des cartes, ce qui peut aider à améliorer les compétences en lecture.
- 💬 Compétences en communication : Les jeux de société encouragent souvent la discussion et la négociation, ce qui peut aider à améliorer les compétences en communication verbale.
- 🧠 Résolution de problèmes : De nombreux jeux de société nécessitent des stratégies et des tactiques, ce qui aide à développer la capacité de résolution de problèmes.
- ⏳ Patience : Attendre son tour lors d’un jeu de société peut aider à développer la patience et le contrôle de soi.
- 🤝 Compétences sociales : Jouer à des jeux de société en groupe peut aider à développer des compétences sociales telles que la coopération, la gestion des conflits et la compréhension des émotions des autres.
- 🗺️ Compétences spatiales : Les jeux qui impliquent des mouvements sur un plateau peuvent aider à développer la compréhension des concepts spatiaux.
- 🏆 Esprit sportif / fair-play : Les jeux de société aident les enfants à comprendre qu’il est normal de perdre parfois et qu’il est important de continuer à essayer.
- 🎯 Concentration : Suivre les règles d’un jeu, attendre son tour et planifier sa stratégie peut aider à améliorer la concentration et l’attention.
- 🎨 Créativité : Certains jeux de société encouragent les enfants à penser de manière créative, que ce soit dans le cadre de la résolution de problèmes ou de la conception de stratégies.
Ces compétences sont toutes importantes pour le développement global d’un enfant et peuvent être renforcées grâce à une utilisation judicieuse et régulière des jeux de société.
Une conclusion, pour conclure
Alors que les chercheurs continuent d’étudier les impacts potentiels des jeux de société sur l’apprentissage des mathématiques, il est important de se rappeler que l’objectif principal reste de s’amuser. Après tout, les jeux de société sont avant tout conçus pour le plaisir et l’amusement, un aspect qui est d’autant plus essentiel lorsque l’on parle de l’éducation des enfants.
En résumé, le monde des jeux de société est un domaine en pleine expansion qui recèle de nombreuses opportunités pour l’éducation des enfants. Non seulement ils sont une méthode pédagogique innovante pour renforcer les compétences en mathématiques, mais ils favorisent également une multitude d’autres compétences essentielles. Il sera passionnant de voir comment ce domaine continuera à évoluer à l’avenir et comment il pourra encore plus contribuer à l’éducation des enfants.
Alors, à quand le jeu de société OBLIGATOIRE en classe primaire (et plus tard) ? 😉
👉 L’étude parue le 6 juillet 2023 est à découvrir ici.
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Article écrit par Gus. Rédacteur-en-chef de Gus&Co. Enseigne à l’École supérieure de bande dessinée et d’illustration, travaille dans le monde du jeu depuis 1989 comme auteur et journaliste.
Avec-vous une expérience à partager où vous avez observé une amélioration significative des compétences de votre enfant grâce à un jeu de société ?


2 Comments
maryse
Votre article est vraiment instructif. Je trouve d’ailleurs que vos articles de fond sur les jeux de société sont toujours pertinents et très documentés. Pour le coup, j’avais vu cette information sur france info et du coup, vous venez approfondir la nouvelle que j’avais lu. Merci pour votre travail.
Gus
Chère Maryse,
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